ETUDIER LA VILLE ANTIQUE DE BORDEAUX niveau sixième élevé
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Niveau: Secondaire, Collège, Sixième

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1 ETUDIER LA VILLE ANTIQUE DE BORDEAUX niveau sixième (élevé) 1) objectifs : Commenter un compte-rendu de fouille archéologique. Sommaire : p.1-2.-3- : document source p.5 : bibliographie p.6 : exercice élève Frédéric Gerber: Le Port de Bordeaux: Antiquité - Moyen Âge : Etat de la question. Les fouilles de Bordeaux-Parkings Textes rédigés par Frédéric Gerber , Responsable d'opération et de recherche , Inrap Grand Sud-Ouest « Les fouilles archéologiques réalisées en bord de Garonne tout au long des années 2002 et 2003 sur la place de la Bourse et la place Jean Jaurès à Bordeaux ont permis de compléter de manière considérable le tableau qui avait pu être dressé jusqu'alors de l'histoire de la ville et de l'évolution des rives du fleuve dans ce secteur. Une vision globale de l'évolution des aménagements de berge est aujourd'hui disponible depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. Ces recherches ont été réalisées dans le cadre de la construction par la société BP 3000 (groupe Fayat) agissant pour le compte de la Communauté Urbaine de Bordeaux, d'un vaste parking souterrain (11775 m2 dont 8500 m2 fouillés). Menées par l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) avec le Service Régional de l'Archéologie (DRAC Aquitaine), elles ont rassemblé un grand nombre de spécialistes (archéologues, sédimentologues, xylologues, topographes, photographes, céramologues, restauratrices…).

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  • berges de la garonne

  • port antique

  • chais du port de tropeyte

  • vaste parking souterrain


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Langue Français

Extrait

1
ETUDIER LA VILLE ANTIQUE DE BORDEAUX
niveau sixième (élevé)
1)
objectifs : Commenter un compte-rendu de fouille archéologique.
Sommaire :
p.1-2.-3- : document source
p.5 : bibliographie
p.6 : exercice élève
Frédéric Gerber: Le Port de Bordeaux: Antiquité - Moyen Âge : Etat de la question. Les fouilles de Bordeaux-Parkings
Textes rédigés par Frédéric Gerber , Responsable d'opération et de recherche , Inrap Grand Sud-Ouest
« Les fouilles archéologiques réalisées en bord de Garonne tout au long des années 2002 et 2003 sur la place de la Bourse
et la place Jean Jaurès à Bordeaux ont permis de compléter de manière considérable le tableau qui avait pu être dressé
jusqu'alors de l'histoire de la ville et de l'évolution des rives du fleuve dans ce secteur. Une vision globale de l'évolution
des aménagements de berge est aujourd'hui disponible depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours.
Ces recherches ont été réalisées dans le cadre de la construction par la société BP 3000 (groupe Fayat) agissant pour le
compte de la Communauté Urbaine de Bordeaux, d'un vaste parking souterrain (11775 m2 dont 8500 m2 fouillés).
Menées par l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) avec le Service Régional de
l'Archéologie (DRAC Aquitaine), elles ont rassemblé un grand nombre de spécialistes (archéologues, sédimentologues,
xylologues, topographes, photographes, céramologues, restauratrices…). Elles ont permis d'engager plusieurs conventions
avec les Universités de Bordeaux I et III, dont de nombreux étudiants ont été accueillis en stage (DGO : sédimentologie,
diatomées, CRPAA : pétrographie), l'Université de Paris X (diatomées) et également avec le Centre national de
Préhistoire de Périgueux (palynologie), le Laboratoire d'Analyses et d'Expertises en OEuvres d'art et Archéologie de
Bordeaux (datations dendrochronologiques), l'Atelier Bell (cuir), le BRGM (pétrographie), le Port autonome de
Bordeaux, et l'Université Libre de Bruxelles à Nivelle en Belgique (carpologie).
" Burdigala : Port fluviomaritime des Bituriges Vivisques "
Les données des fouilles de la Place de la Bourse à Bordeaux
L'emporion protohistorique :
Même si les traces d'occupation durable et de bâtis les plus anciennes, retrouvées à Bordeaux, ne sont pas antérieures au
VIe s. av. J.-C., l'origine " mythique " de la cité, comme celle d'autres ports de l'estuaire girondin, remonterait à l'Âge du
Bronze. Le commerce maritime de l'étain venant de Cornouaille et du cuivre en provenance d'Espagne serait à l'origine de
cette fondation. La présence humaine pour cette période, et même bien avant, n'est perceptible jusqu'à présent
qu'indirectement, à travers l'impact de celle-ci sur le système écologique. Les études palynologiques et
géomorphologiques montrent en effet une déforestation notoire qui débute dès le néolithique.
Les premiers aménagements anthropiques découverts sur les berges de la Garonne ne semblent pas antérieurs aux années
30 av. J.-C. La zone est alors encore marécageuse. Aussi, après un premier défrichement et déboisement, a t'on cherché
par endroits à assainir le terrain par un léger apport de remblais damés en surface. Un chemin est aménagé depuis les
zones hautes qui sont bâties jusqu'à la rivière. Un peu plus tard, des planchers en bois servent de zones de circulation. Il
n'est pas certain que l'objectif soit alors de gagner du terrain sur le fleuve. Les indices récoltés lors des dernières fouilles
montrent même que les périodes d'occupation sont régulièrement entrecoupées d'inondations, qui compte tenu des
altitudes auxquelles sont situées ces niveaux étaient inévitables. Les occupants des lieux s'adaptent encore alors au fleuve
et ne cherchent pas à le dompter. Néanmoins, la situation va changer rapidement à la fin de la période augustéenne,
lorsque la véritable urbanisation " à la romaine " va débuter avec la mise en place de la cadastration orthonormée et
l'établissement d'un port digne d'un chef-lieu de cité.
Le port antique :
Le bassin principal de ce port, connu essentiellement par les textes du Bas Empire d'Ausone et de Paulin de Pella se
situait sur l'embouchure d'un petit affluent, la Dévèze. Le bassin s'ouvrait largement sur la Garonne. Les deux
caractéristiques essentielles de ce port sont alors qu'il se situe au coeur de la ville et qu'il est sensible au flux et au reflux
de la marée. Cependant, il est peu probable qu'il soit resté enfermé au Haut Empire dans ce bassin qui ne couvre guère
que 1,5 ha. Les berges longeant la civitas des Bituriges Vivisques devaient également comporter des aménagements
portuaires (quai, entrepôts…). Une partie de ces aménagements de berge a été identifiée récemment place de la Bourse.
C'est au tout début du Ier s. qu'apparaît un premier renforcement de la berge à l'aide de pieux de faible diamètre, en aulne
pour la plupart, plantés les uns à côté des autres le long du fleuve. La quasi-totalité a été retrouvée pliée ou cassée en
deux, suite à un effondrement de la rive. Une grande partie des blocs calcaires qu'ils retenaient en arrière a été retrouvée
dans les argiles par-dessus ces pieux. Aucun dépotoir n'est associé à ce tout premier aménagement, probablement du fait
de ce même phénomène d'effondrement, qui pourrait être du à une crue importante.
De nouveaux quais sont construits vers 80 ap. J.-C. selon les datations fournies par les études dendrochronologiques
(datation à partir des cernes des arbres) et céramologiques (datation à partir des vases dont les dates de production sont
connues). Ce nouvel aménagement, conservé sur un mètre de haut, se compose en façade d'un alignement serré de gros
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pieux en chêne, profondément enfoncés dans l'argile, contre lequel vient se caler un empilement de madriers et de
planches. L'espace entre cet alignement et la terre ferme est comblé par des troncs flottés et un amas de blocs calcaires. La
hauteur d'origine de ces quais peut être restituée entre 3,50 et 3,80 m, grâce aux altitudes qui ont pu être relevées sur les
niveaux d'occupation antiques au sommet des berges. Cependant, la variation importante de la hauteur d'eau due au flux et
au reflux, implique un dégagement complet de cette construction à marée basse. Un important dépôt, composé d'argile de
Garonne et de sable grossier se forme aux pieds de ces aménagements, et tapisse peu à peu le fond du fleuve. Il comporte
un grand nombre de déchets domestiques : céramiques, déchets de cuisine (os, coquillages), etc., témoignant de l'usage du
fleuve comme décharge.
On trouve à côté de cet aménagement, un quai massif monté à partir de grosses poutres de chêne assemblées à mi-bois et
formant des caissons. L'espace interne de ces derniers était comblé par d'énormes blocs calcaires. Ce quai semble avoir
été démontés et abandonnés dans la première moitié du IIe s. ap. J.-C., peut-être pour la construction d'une grève donnant
accès au fleuve quelque soit son niveau.
Les autres aménagements semblent avoir été régulièrement entretenus. Une reconstruction est perceptible dans un nouvel
alignement planté à quelques dizaines de centimètres devant le précédent, dans la seconde moitié du IIe s. ap. J.-C. Par
endroits, le fond du fleuve est renforcé au devant des quais par l'aménagement d'un véritable sol composé de petits blocs
calcaires, de fragments de tuiles disposés à plat, et d'amphores, le tout étant fortement compactés. Le phénomène
d'envasement et de constitution du dépotoir reprend néanmoins très rapidement.
Le Bas Empire
Les réparations les plus récentes, datées par dendrochronologie, interviennent à la fin du IIIe s. et au début du IVe s. La
dernière construction antique correspond à une série de pieux disposés en carré, dont seules les pointes ont été retrouvées,
figées dans les dépôts antérieurs. Les cinq échantillons étudiés fixent une datation de l'ensemble vers 355 ap. J.-C. Ces
derniers travaux sont peut-être à mettre en relation avec le nouveau système d'accès au port intérieur. L'embouchure de la
Dévèze est en effet alors fermée par la construction d'un môle, l'accès au port se faisant par un chenal longeant la muraille
qui enserre dorénavant la cité.
Par un phénomène encore mal expliqué, le fleuve semble avoir emporté probablement au XIIe s., une grande partie des
aménagements qui caractérisaient ses abords à la fin de l'époque romaine et durant le haut Moyen âge. Le port médiéval
étant caractérisé par ses grèves en pente douce, il faudra attendre le XIXe s. pour voir à nouveau des quais d'amarrage à
Bordeaux.
Physionomie d'un port médiéval : les cales et les chais du port de Tropeyte à Bordeaux (XIIIe-XVe s.)
Au XIIIe s., Bordeaux, qui fait alors parti du royaume d'Angleterre suite au mariage d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri
Plantagenêt en 1153, voit son économie poursuivre l'embellie amorcée au siècle précédent. Le commerce du vin avec
Londres est à l'origine d'une bonne part de cette prospérité. Les faubourgs se développent rapidement, notamment au sud
de la cité, où le quartier situé à l'extérieur de la muraille du bas empire devenue trop étroite, est à son tour protégé par une
nouvelle enceinte. Le port intérieur tant loué par Ausone et Paulin de Pella n'est plus qu'un ruisseau envasé (la Dévèze).
L'activité marchande de la ville, qui est un des principaux ports fluviomaritimes de la côte atlantique, s'est donc
concentrée sur les berges de la Garonne. Plus que d'un seul port, il convient de parler alors des ports de Bordeaux. Chaque
quartier donnant sur le fleuve a en effet une ou plusieurs installations plus ou moins spécialisées dans certains types de
marchandises. Au nord de la cité, naît vers le milieu du XIIIe s. un nouveau quartier et un nouveau port majoritairement
consacré au commerce maritime, parfois qualifié de port du vin : Tropeyte.
Le quartier de Tropeyte
Depuis la fin du Bas Empire et le début du haut Moyen âge toute la zone marécageuse, les " palus ", qui s'étend au nord
de la cité est restée vide de toute urbanisation. Il en est de même pour les abords immédiats de la ville, ancien coeur de la
ville antique, complètement désertés. Le secteur se couvre peu à peu de prés et de vignes à partir du XIe s.
Vers 1230, la construction d'un couvent dominicain sur la voie du Médoc (allées de Tourny) annonce la naissance d'un
nouveau quartier. A la limite sud de ce secteur, le percement de la porte des Paux dans l'enceinte du Bas Empire avant
1260 témoigne d'un besoin pressant d'un accès direct entre les berges de Garonne et la zone nord-est du castrum.
En 1287, Edouard Ier fait construire une manufacture de draps dans le faubourg de Tropeyte ; la draperie bordelaise est
alors en pleine prospérité. Bien que n'ayant fonctionné que quelques années, l'implantation d'une industrie polluante dans
ce secteur montre qu'il demeurait probablement alors encore peu peuplé.
Le nom de Tropeyte apparaît dans au moins trois actes antérieurs à 1260, où il désigne un chemin. Il réapparaît en 1262
dans le Livre des Bouillons. Il est utilisé alors pour localiser les installations portuaires au nord du port Sent Pey (Saint-
Pierre). Le nom Tropeyta désigne dans ce document une tour " neuve " située sensiblement au centre de l'espace borné par
ce qui reste de l'embouchure de la Dévèze au sud et la maison de Michel de Médoc au nord (vers les actuelles allées
d'Orléans). Il sert ensuite aux XIIIe et XIVe s. à désigner l'ensemble du quartier.
Cette zone est englobée dans la troisième enceinte de Bordeaux dans le courant du XIVe s.
Le port
Le port de Tropeyte est à la fin du Moyen âge le véritable port du vin. C'est là que les navires anglais chargent le précieux
breuvage bordelais pour l'exporter dans toute l'Europe du Nord. Des chiffres record sont atteints en 1308-1309, avec
102.000 tonneaux de vin vendus.
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Même si une certaine prudence doit être gardée lors de l'interprétation des sources, un certain nombre de constructions se
trouvent indéniablement localisées sur les berges de la Garonne à travers tout le XIVe et le XVe s. Les sources historiques
signalent des chais principalement dans le quartier de Tropeyte. Formant une file quasi-ininterrompue des fossés de
Tropeyte à la tour de l'Audeloye, la plupart semblent bâtis intra-muros. Certains néanmoins doivent être édifiés
directement sur la berge. Ils servent à stocker céréales, bois et vendanges.
Ce que les fouilles archéologiques ont révélé
Durant l'Antiquité, les berges de la Garonne sont munies de quais en bois dès le début de notre ère. La zone est alors
située très près de l'entrée du port intérieur.
Par un phénomène encore mal expliqué, le fleuve semble avoir emporté une grande partie des aménagements qui
caractérisaient ses abords à la fin de l'époque romaine et durant le haut Moyen âge.
En effet, on constate sur tous les sites un important hiatus stratigraphique entre les niveaux du IIe s. (pour les plus récents
conservés) et ceux du XIIIe s. Les limites de berges identifiées pour la période antique tant sur la place de la Bourse que
sur la place Jean Jaurès sont situées entre 15 et 25 m plus en avant dans le fleuve que celles du début du XIIIe s. Et il
faudra attendre le XVIIe s. pour que l'espace perdu soit de nouveau conquis.
Les premiers aménagements du port médiéval apparaissent au début du XIIIe s. Des atterrissements ou grèves sont
construits à l'aide de galets de lest abandonnés par les navires venus charger à Bordeaux. La plateforme portuaire ne
comporte pas de quais. Elle se compose de trois zones : Une zone haute, toujours hors d'eau, correspondant à la berge.
Une zone médiane, plus ou moins plane, située hors d'eau une bonne partie de l'année, pouvant servir à la circulation et au
stockage provisoire des marchandises, des bateaux en cale sèche, etc. Et enfin, une zone en pente douce, appelée "
atterrissement ", qui sert à accueillir les vaisseaux venant s'échouer sur les rives à marée basse pour faciliter les
manoeuvres de transbordement. La marée se fait en effet sentir encore très fortement à Bordeaux, où le fleuve peut avoir
jusqu'à plus de 5 m de débattement entre la marée basse et la marée haute. A l'extrême fin du Moyen âge, les gros navires
qui ont alors un profil beaucoup plus marqué que les nefs médiévales, ne viennent plus s'échouer sur les rives. Ancrés au
milieu de la Garonne, ils laissent les bateaux à fond plats faire la navette avec le port.
Dans le dernier quart du XIIIe s., après une série de remblaiements conséquents des berges, destinés sans aucun doute à
reconquérir du terrain sur le fleuve, des constructions sur pilotis apparaissent. Composées de pieux, de traverses et de
planches, elles forment le soubassement de plateformes qui accueillaient fort probablement les chais évoqués dans les
archives notariales. Erigées à cheval sur la zone haute et la zone médiane, elles étaient régulièrement battues par les flots.
Dans la seconde moitié du XIVe s., la construction du rempart de la troisième enceinte marque profondément la
physionomie du quartier. Elle amène la destruction de l'ensemble des chais alors bâti sur la berge.
Les textes indiquent que les chais sont reconstruits assez rapidement sur les berges contre le rempart. Malheureusement,
les différents aménagements réalisés aux époques modernes et contemporaines ont détruits la plus grandes parties de ces
vestiges qui n'ont pu être de ce fait étudiés.
A partir du XVIe s., une grève en pente douce recouvre l'ensemble des vestiges antérieurs, depuis le pied du rempart
jusqu'au niveau des basses eaux. L'essentiel de l'activité portuaire s'est déplacé depuis la fin du siècle précédent vers le
quartier des Chartons situé immédiatement au nord du faubourg remparé.
Physionomie du port de Tropeyte
Le site de la place Jean Jaurès couvre environ un tiers du port médiéval de Tropeyte. Au milieu du XIVe s., l'équipage
d'une nef arrivant d'Angleterre ou bien d'un courau, gros chaland fluvial, descendant du haut pays, apercevait en premier
la large plateforme érigée au débouché du chemin de Tropeyte, artère principale du quartier. Cet aménagement mis en
place vers le milieu du XIIIe s., avait été agrandi aux alentours de 1300. Sa construction avait nécessité un imposant
apport de remblais retenus par un alignement de pieux en chêne sur lesquels étaient clouées de grosses planches.
Juste à côté, on pouvait peut-être apercevoir encore les restes d'une grosse maçonnerie quadrangulaire soigneusement
parementée en petits moellons calcaires, reposant sur les remblais de galets de lest du début du XIIIe s. Peut-être bien les
vestiges de la tour neuve de Tropeyte, mentionnée en 1262 et a laquelle aucun texte postérieur ne fait plus référence. A
moins qu'il ne s'agisse de la base d'un chai particulièrement soigné.
Puis, en remontant vers le nord, la berge n'était plus qu'un alignement de vastes chais en bois reposant sur des
soubassements de pieux et de planches. Leur facture est recherchée, bien que la construction utilise de nombreux
fragments de bateaux en réemploi. Le principe de construction est identique sur l'ensemble du site. Des pieux de chêne
sont enfoncés sur 2,50 m de profondeur, tout les 2,50 m environ, parallèlement au fleuve. Ils sont réunis par des traverses
servant à maintenir des planches disposées verticalement contre celles-ci. Des jambages disposés en oblique consolident
l'ensemble. La zone comprise entre la berge et cet alignement est légèrement remblayée pour maintenir les planches
parfaitement plaquées contre les traverses. Ce dispositif vise essentiellement à contrecarrer le travail de sape que pourrait
exercer le fleuve. Un escalier, partiellement conservé, permettait d'accéder aux chais depuis la zone d'atterrissement. Une
série d'extension sont apparues au devant de ces constructions dans le dernier quart du XIIIe s. et au début du XIVe s. Les
pieux ont alors été enfoncés dans les argiles sur 3 à 4 m de profondeur.
Si les enfants ou petits-enfants de ces navigateurs étaient revenus 100 ou 150 ans plus tard, ils auraient très certainement
eu beaucoup de mal à reconnaître le port décrit par leurs aïeuls. La ville disparaît derrière un haut rempart qui longe le
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fleuve. Son érection est précédée par la mise en place d'un glacis. Celui-ci, à la fois fondation et talus défensif est
construit à l'aide de gros troncs flottés, arrimés par des pieux de chênes, qui retiennent un remblai de galets de lest.
L'ensemble est renforcé par endroits par un quadrillage de poutres assemblées à mi-bois, fixé aux troncs par des découpes
en queue d'aronde. Les grands chais ont donc disparus. Quelques constructions sont bien revenues s'installer contre le
rempart, mais elles ne semblent plus avoir l'ampleur des constructions d'autrefois. Le chemin de Tropeyte est devenu une
large rue que l'on appelle alors cours du Chapeau Rouge en référence à une auberge célèbre qui la borde. La plateforme
existe toujours mais elle a été fortement arasée. Et surtout, elle est séparée de la ville par une énorme tour dans laquelle
s'ouvre la porte de Corn, dorénavant accès principal du fleuve sur la ville.
Des fragments de bateau en réemploi
Le phénomène d'érosion des berges antérieur au XIIIe s. et l'entretien de la zone portuaire par la suite rendait peu
probable la découverte d'épave in situ. Deux fonds de pirogues du XIVe s. ont toutefois été dégagées, l'une sur le site de
Saint-Rémi (place de la Bourse) et l'autre sur celui de la place Jean Jaurès. Ces deux éléments semblent marquer le
démantèlement d'épaves dont l'essentiel du bois a été récupéré. Celui de la place Jean Jaurès est en hêtre et semble
appartenir à un chaland fluvial à fond plat construit selon la technique du monoxyle assemblé*, long de 4 m minimum.
Celui de Saint Rémi est en chêne et semble appartenir à une embarcation à fond plat, longue d'au moins 5 m, dont les
bordés* seraient montés à clin*. Ces deux pièces relativement similaires sont des témoins précieux de l'architecture
navale de Garonne à la fin du Moyen Age.
Les aménagements servant d'assise aux chais médiévaux de la place Jean Jaurès ont livrés plus d'une centaine de
fragments de bateau en remploi, datés par dendrochronologie des XIe et XIIe s. Bien qu'il soit impossible aujourd'hui de
définir à quel type précis de bateau ils appartenaient, ils représentent une source de données capitale pour l'étude de
l'architecture navale médiévale sur la cote atlantique. En effet, le nombre d'épaves médiévales connues est infime, et
chaque nouvel élément, même très partiel, permet d'avoir une idée un peu plus précise des techniques de construction
employées. Ces pièces se répartissent en fonction de trois modes d'assemblage : à clin*, à franc bord*, et à l'aide de
queues d'arondes*. L'analyse technique et l'étude dendrochronologique permettent de savoir que le nombre d'épaves
représentées est relativement restreint (4 ou 5 embarcations tout au plus). Il est intéressant de noter par ailleurs que bien
que toutes les pièces n'ont pas encore été datées, les trois techniques semblent coexister dans un même lapse de temps. Si
l'assemblage à l'aide de queues d'arondes* appartient plutôt à la tradition d'architecture navale fluviale, le clin* et le franc-
bord* peuvent appartenir à des bateaux de haute mer. D'ailleurs, les pièces montées à clin*, qui ont été étudiées en
dendrochronologie, proviennent toutes du nord de l'Europe (Angleterre probablement).
Lexique :
Bordage : désigne chacune des planches recouvrant la charpente de la coque.
Bordé : ensemble des bordages formant la coque.
Clin : assemblage où les bordages sont fixés chacun en recouvrement sur le précédent à l'aide de rivets.
Franc bord : assemblage où les bordages ne sont pas fixés les uns aux autres, mais simplement joints par leur champs.
Monoxyle assemblé : assemblage composite réalisé à partir d'une pièce monoxyle (taillé d'un seul tenant dans un arbre),
sur laquelle est ajoutés des bordages, ou que l'on découpe afin d'ajouter des pièces intermédiaires.
Queues d'arondes : assemblage en dent évasée de deux pièces de bois, dont la forme rappelle une queue d'hirondelle.
Des éléments de pressoir à vin
Outre les chais et les aménagements portuaires médiévaux, une des découvertes majeures réalisées lors des fouilles de la
place Jean Jaurès est sans conteste les quatre montants d'un pressoir longs de plus de 3,40 m et les nombreux pépins de
raisins trouvés aux pieds du glacis mis en place lors de la construction de l'enceinte du XIVe s.
La grève en pente douce, composée d'argile et de gros galets, sur laquelle ont été installés ces éléments associés à deux
grosses pièces de bois dont la fonction reste à déterminer, a été légèrement creusée à l'ouest pour créer une surface plane.
Est-ce un aménagement lié au fonctionnement des nouveaux chais du XVe s., ou des pièces attendant un embarquement
qui ne s'est jamais produit ?
La description même de ces éléments très lourds et peu maniables, lestés par deux gros blocs calcaires, serrés les uns
contre les autres, après qu'on ait pris la peine de préparer le terrain pour les disposer, indique clairement qu'il ne s'agissait
pas de pièces simplement stockées là. Le besoin de disposer d'une plate-forme plane et solide, qui ne risquait pas d'être
emportée à la première marée, semble être à l'origine de cet aménagement.
L'étude dendrochronologique conduite par le LAE a permis de fixer la date d'abattage des arbres utilisés pour la
réalisation de ces pièces de pressoir entre 1397 et 1408. L'aspect général des pièces, la présence de chevilles en place et le
travail que représentent les quatre montants ou jumelles donnent plutôt l'impression d'éléments ayant servi un certain
temps. Leur réemploi sur le terrain doit donc être envisagé un peu plus tard dans le courant du XVe siècle, la stratigraphie
rendant une date plus récente fort peu probable. Ces datations sont en accord avec celles obtenues par le mobilier
archéologique.
Ces pièces revêtent un caractère exceptionnel du fait qu'il s'agit de l'unique exemple de pressoir à levier médiéval
conservé dans le Bordelais. Seulement deux pressoirs de ce type sont conservés à ce jour ; ils datent tout deux du XVIIIe
s.
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Les nombreux pépins de raisins, trouvés non seulement dans les mêmes niveaux que celui du pressoir, mais également
dans les remblais antiques et modernes, vont faire l'objet d'une étude carpologique (étude des graines) et ADN afin de
tenter de restitué l'évolution des cépages bordelais depuis le début de notre ère jusqu'au XVIIIe s. »
Bibliographie :
Sur les fouilles archéologiques :
GERBER (F.). — Bordeaux et son fleuve : 2000 ans d'Histoire. Premier compte-rendu des opérations archéologiques des
places de la Bourse et Jean-Jaurès. Le Festin. Revue des patrimoines, des paysages et de la création en Aquitaine, n° 44,
janvier, 2003. Bordeaux : Le Festin, 2003, p. 8-9.
GERBER (F.). — Bordeaux Parkings : places de la Bourse, Jean Jaurès et Gabriel. Bilan scientifique d'Aquitaine, 2002.
Bordeaux : Service régional de l'Archéologie, 2004, p. 67-68.
GERBER (F.). — Compte-rendu du colloque international de Pise (Italie). Mar Exterior, l'Occidente Atlantico in eta
Romana : 6-8 novembre 2003. Archéopages, n° 12, mars, 2004. Paris : Inrap, 2004, p. 34-39.
GERBER (F.). — Physionomie d'un port médiéval : les cales et les chais du port de Tropeyte à Bordeaux (XIIIe-XVe s.).
In : DEMOULE (J.-P.) dir. — La France archéologique : vingt ans d'aménagements et de découvertes. Paris : Hazan,
2004, p. 194-195
GERBER (F.). — Burdigala : Port fluvio-maritime des Bituriges Vivisques. Les données des fouilles de la Place de la
Bourse à Bordeaux. In : L'Archéologue / Archéologie Nouvelle, t. 73, août-septembre, 2004. Paris : Ed. Epona, 2004, p.
10-11.
GERBER (F.). — Les aménagements de berge antiques à Bordeaux (France) : Les fouilles de Bordeaux-Parkings 2002-
2003 : premières approches. In Arkeolan – publication des actes du colloque international de Pise : Mar Exterior,
l'Occidente Atlantico in eta Romana : 6-8 novembre 2003. 7 p. + ill. A paraître.
GERBER (F.), GRANCHA (C.), SILHOUETTE (H.). — Bordeaux-Parkings - Place de la Bourse, chantier Saint-Rémi.
Bilan scientifique d'Aquitaine, 2003. Bordeaux : Service régional de l'Archéologie. 1 p. + ill. A paraître
Sur l'histoire du quartier :
REGALDO-SAINT BLANCARD (P.). — Le quartier de Tropeyte à Bordeaux : Essai de synthèse historique et
archéologique. Revue archéologique de Bordeaux, t. XCI, 2000. Bordeaux : Société archéologique de Bordeaux, 2001, p.
41-97.
REGALDO-SAINT BLANCARD (P.). — A propos de l'angle nord-est de l'enceinte antique de Bordeaux. Revue
archéologique de Bordeaux, t. XCVIII, 2002. Bordeaux : Société archéologique de Bordeaux, 2004, p. 103-115.
Sur la façade garonnaise et le port antique :
BARRAUD (D.), REGALDO-SAINT BLANCARD (P.). — La façade orientale de l'enceinte antique de Bordeaux :
nouvelles données et nouvelles hypothèses. In : BOST (J.-P.), RODDAZ (J.-M.), TASSAUX (F.) dir. — Itinéraire de
Saintes à Dougga. Mélanges offerts à Louis Maurin : Textes réunis par Jean-Pierre Bost, Jean-Michel Roddaz et Francis
Tassaux. Bordeaux : Ausonius (CNRS, UMR 5607), 2003, p. 115-129 (Ausonius-Publications ; Mémoires 9).
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6
1.
Présenter le document :
i.
nature
ii.
date
iii.
auteur
iv.
sujet
2.
Expliquer un compte-rendu de recherche archéologique :
Introduction
i.
Où la fouille a-t-elle lieu ? Pourquoi ?
ii.
Qui ont mené les recherches ?
iii.
Quels spécialistes ont travaillé aux recherches ?
" Burdigala : Port fluviomaritime des Bituriges Vivisques "
iv.
Quand et pourquoi le port (emporiom) de Bordeaux est-il fondé ?
v.
Quelles contraintes géographiques gênent les aménagements humains?
Le port antique :
vi.
Comment est aménagé le port ?
vii.
Son accès est-il facile ?
3.
Conclure sur le document :
i.
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