Quels usages se développent et comment Ce bilan de l observation de huit collègesd un même district sur l année scolaire vise donner une vision synthétique et pratique de cette question L observation n est pas neutre puisqu elle est issue d un travail d ani mation TICE de proximité dont une partie de la mission consiste aider les établissements mettre en place le B2i et plus généralement encourager tous les projets pédagogiques inté grant les nouvelles technologies
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Quels usages se développent et comment Ce bilan de l'observation de huit collègesd'un même district sur l'année scolaire vise donner une vision synthétique et pratique de cette question L'observation n'est pas neutre puisqu'elle est issue d'un travail d'ani mation TICE de proximité dont une partie de la mission consiste aider les établissements mettre en place le B2i et plus généralement encourager tous les projets pédagogiques inté grant les nouvelles technologies

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Description

Niveau: Secondaire, Collège, Troisième
Quels usages se développent, et comment ?Ce bilan de l'observation de huit collègesd'un même district sur l'année scolaire 2005-2006 vise à donner une vision synthétique et pratique de cette question. L'observation n'est pas neutre, puisqu'elle est issue d'un travail d'ani- mation TICE de proximité, dont une partie de la mission consiste à aider les établissements à mettre en place le B2i et, plus généralement, à encourager tous les projets pédagogiques inté- grant les nouvelles technologies. Dans les quatre communes du district concerné de la Seine-Saint-Denis, Bobigny, Pantin, Le Pré- Saint-Gervais et Les Lilas, le B2i est très inégale- ment pris en compte d'un collège à l'autre, mais, globalement, aucun ne prétend laisser partir tous ses élèves de 3e avec le B2i niveau collège, et peu avec le B2i niveau école. Pourtant, sur les huit établissements observés, cinq ont développé des usages, parfois importants, dans d'autres disci- plines que la technologie. Usages et validation Entrons dans les salles multimédias des collèges du quartier, et voyons si les enseignants y vont souvent, quelles disciplines on y enseigne ici et là, et comment. L'observation du terrain nous mon- trera que ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de vali- dation du B2i qu'il n'y a pas d'usages des TICE.

  • jet de réalisation de films documentaires

  • salle

  • personnes-res- sources

  • logiciel pédagogique

  • usage des tice

  • mation tice de proximité


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Langue Français

Extrait

Q
uels usages se développent, et comment ?
Ce bilan de l’observation de huit collèges
d’un même district sur l’année scolaire
2005-2006 vise à donner une vision synthétique
et pratique de cette question. L’observation n’est
pas neutre, puisqu’elle est issue d’un travail d’ani-
mation TICE de proximité, dont une partie de la
mission consiste à aider les établissements à
mettre en place le B2i et, plus généralement, à
encourager tous les projets pédagogiques inté-
grant les nouvelles technologies.
Dans les quatre communes du district concerné
de la Seine-Saint-Denis, Bobigny, Pantin, Le Pré-
Saint-Gervais et Les Lilas, le B2i est très inégale-
ment pris en compte d’un collège à l’autre, mais,
globalement, aucun ne prétend laisser partir tous
ses élèves de 3
e
avec le B2i niveau collège, et peu
avec le B2i niveau école. Pourtant, sur les huit
établissements observés, cinq ont développé des
usages, parfois importants, dans d’autres disci-
plines que la technologie.
Usages et validation
Entrons dans les salles multimédias des collèges
du quartier, et voyons si les enseignants y vont
souvent, quelles disciplines on y enseigne ici et là,
et comment. L’observation du terrain nous mon-
trera que ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de vali-
dation du B2i qu’il n’y a pas d’usages des TICE.
Au collège Jean-Jacques-Rousseau
du Pré-Saint-Gervais
Dans le cadre d’un IDD, une classe de quatrième
a réalisé trois films documentaires
. Quatre ensei-
gnants de disciplines différentes (français, docu-
mentation, histoire, technologie) ont décidé de
Radiographie
Un document informé,
qui montre des TICE davantage
pratiquées que le B2i.
S’en faudrait-il de peu ?
Caroline d’Atabekian
ANIMATRICE POINT MÉDIA CONSEIL
ACADÉMIE DE CRÉTEIL
i
l est à vrai dire assez difficile d’apprécier le
degré de déploiement du dispositif B2i-C2i et le
contenu des témoignages dépend sans doute
autant de la diversité du terrain que de la position
du témoin, face à son établissement, à son district
ou à son académie.
Les enseignants, animateurs et conseillers qui
s’expriment ici et qui relaient l’expression de leurs
collègues, proposent en tout cas des tableaux, des
récits, des méthodes et des documents susceptibles
de stimuler l’imagination et de s’adapter à d’autres
situations.
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d’un district ordinaire
travailler autour de l’image. Enthousiastes, ils
ont su mobiliser la DAC, en entrant dans le dis-
positif « Écoute sur paysage », le Point média
conseil, qui leur a prêté matériel et assistance,
notamment pour le montage, une réalisatrice,
pour la préparation et le tournage, et une associa-
tion d’aide aux projets audiovisuels scolaires. En
octobre 2005, ils présentent aux élèves leur pro-
jet de réalisation de films documentaires : trois
groupes d’élèves vont chacun en réaliser un. Le
travail commence sur l’analyse de l’image mobile
avec la réalisatrice, qui leur donne quelques clés
pour l’analyse d’un film documentaire, leur fait
découvrir les subtilités du montage et le jeu des
points de vue et leur montre des films. Après
avoir été familiarisés avec le documentaire et
notamment le portrait (comment traiter un sujet
à travers un portrait), les élèves ont choisi leurs
thèmes, proches de leurs préoccupations quoti-
diennes. Le premier choix s’est porté sur la vie
des personnes âgées de la maison de retraite
située derrière le collège ; le deuxième, sur la vie
scolaire du collège privé Saint-Joseph de Pantin
(d’abord partis pour faire des interviews, les
élèves ont finalement produit des présentations
commentées des élèves du collège privé) ; le troi-
sième, sur les origines de l’une des élèves de la
classe et son rapport à sa culture et à son pays
natal (la Roumanie).
Aidés de la réalisatrice, les élèves ont filmé
avec des caméras numériques. Puis les ensei-
gnants, formés par les animateurs du Point média
conseil, leur ont appris à dérusher et à monter le
film, avec le logiciel Studio. Comme cela est sou-
vent le cas dans les projets TICE d’envergure,
«
il aurait fallu avoir plus de temps. On a com-
plètement débordé l’IDD
», explique Michèle
Viaud, la documentaliste de l’équipe. La longue
période du montage est frustrante, car si les
élèves l’ont vécu de près, ils étaient globalement
passifs au début. C’est petit à petit qu’ils s’y sont
mis et, au montage, ils n’ont pas vraiment
« décollé » de l’image. C’est lors de la séance
bilan, quand on leur montrera les films terminés
– très honorables – et qu’ils feront le point de ce
qu’ils ont appris, qu’ils prendront du recul.
«
Si j’ai validé le B2i ? Non ! Je ne sais
d’ailleurs pas trop ce que je pourrais valider
avec ça
… », répond Michèle Viaud. Elle sait pour-
tant bien ce qu’est le B2i, puisqu’elle en a fait
l’objet de son mémoire professionnel et qu’elle a
elle-même validé quelques items les années pré-
cédentes. «
Il m’arrive de valider le B2i quand
les élèves me le demandent, mais la plupart ne
savent pas ce que c’est. Quelques profs le font
dans leur coin, en validant sur la base de don-
nées en ligne ou sur les livrets
[feuilles de posi-
tion]. »
Toujours sans penser au B2i, elle coordonne
dans son CDI
le journal du collège
, avec l’aide du
professeur de technologie. Trois numéros ont paru
cette année et un quatrième est en préparation.
Les journalistes sont des élèves de 3
e
et, cette
année, quelques élèves de 6
e
. Ils se servent des
ordinateurs pour saisir leurs textes, rechercher
des informations sur Internet et mettre en page le
journal avec Publisher. Tout ne se fait pas non plus
sur l’ordinateur : ils fabriquent aussi des collages,
par exemple, et ont recours à des documents
imprimés. Le journal évoque la vie du collège,
publie des interviews d’enseignants, des articles
sur des thèmes de société (l’environnement, le
tabac, les voyages scolaires, la mode, les livres,
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Collège
J.-J.-Rousseau,
Le Pré-Saint-Gervais.
l’actualité culturelle…). La documentaliste, exi-
geante, amène les élèves à apprendre, petit à petit,
à ne pas copier-coller, à citer leurs sources, à res-
pecter le droit d’auteur… «
Oui, j’aurais pu vali-
der le B2i en faisant cela,
continue-t-elle,
mais
je ne vois pas l’intérêt de valider dans mon
coin. Tant qu’il n’y a pas une volonté de l’éta-
blissement, c’est inutile. Si tout le monde s’y
mettait, je le ferais aussi
.
»
Au CDI, d’ailleurs, on
apprend beaucoup de choses aux élèves, dans leur
travail quotidien
: comment imprimer, manipuler
l’ordinateur, adopter un esprit critique, recher-
cher et trier l’information, etc.
D’autres usages, dans d’autres disciplines, sont
mis en oeuvre tout au long de l’année
: plusieurs
enseignants vont régulièrement dans la salle mul-
timédia, occupée en moyenne trois ou quatre demi-
journées par semaine. Si c’est bien entendu le cas
des professeurs de technologie,
les professeurs de
mathématiques y vont aussi pour travailler sur
Mathenpoche et Géoplan ; les professeurs de fran-
çais y font de la remédiation ; l’un d’entre eux a
fait réaliser à ses élèves des portraits chinois, s’est
servi d’Internet pour réfléchir avec eux à leur orien-
tation avec les conseillers d’orientation et a tra-
vaillé avec la classe de CLA (élèves non franco-
phones)
.
On apprend par le professeur de
technologie que, sur les 540 élèves, 30 % sortent de
3
e
avec le B2i école, et que trois autres enseignants
valident (en mathématiques, allemand et français).
Au collège République de Bobigny
Au collège République, pour des raisons histo-
riques vraisemblablement, outre les professeurs
de technologie qui ont leurs propres salles infor-
matiques et un enseignant de SVT impliqué dans
un IDD, ce sont très majoritairement les profes-
seurs de français qui utilisent la salle multimédia.
Cela est aussi lié au fait que l’équipe de français
est surtout constituée d’enseignants en poste
depuis plus de cinq ans dans le collège, ce qui
est rare dans le département, qui connaît un
important
turn-over
. Qu’y font-ils ?
Un professeur de français et de FLE utilise la
salle avec ses élèves de 3
e
pour travailler sur leur
orientation
; avec ses 4
e
et 5
e
, il
prépare l’ASSR
;
avec les plus jeunes il utilise
des logiciels exerci-
seurs
. Ses élèves non francophones font
des
recherches sur Internet à propos de leurs pays
d’origine et constituent des dossiers
.
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?
«
Ah oui, on nous en a parlé une fois, on nous
a montré comment valider. L’an dernier, j’ai
même validé quelques items sur la base en
ligne, mais cette année je n’en ai pas entendu
parler
. » Son impression est que les personnes-
ressources – les professeurs de technologie –
n’ont pas vraiment la volonté de promouvoir les
usages dans les disciplines. La salle multimédia
est malgré tout souvent occupée, surtout par des
professeurs de français et d’histoire-géographie.
Du côté des professeurs de technologie,
quelque peu désabusés, les choses s’éclairent
sous un autre angle : peu d’heures de décharge,
beaucoup de maintenance, peu de soutien de la
part de l’administration…
Hélène Laprevotte, également professeur de
français, a réalisé avec ses élèves de 4
e
un web-
zine dans le cadre de l’opération Zebrock
1
.
L
e
travail comprenait des textes à rédiger : un édito-
rial et des rubriques telles que chroniques, paro-
dies, sujets libres, reportages. Il a fallu les saisir,
insérer des images mais aussi réaliser
des films
documentaires pour les reportages
. Les élèves
ont rédigé les scénarios, ont un peu filmé, un peu
monté, mais pas la totalité des films. Le bilan ?
Malgré deux documentaires réussis (dont un, fic-
tif, par dérision), Hélène se dit «
un peu déçue
parce qu’en salle multimédia les élèves ont
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Collège République, Bobigny.
Photo prise sur le
canal de l'Ourq à
Bobigny par les
élèves d’Hélène
Laprevotte.
perdu beaucoup de temps à naviguer sur
d’autres sites au lieu de faire leur travail. Ce
n’est pas facile à repérer, d’autant qu’ils
manient bien le navigateur
». En dehors de
cette opération, elle a peu exploité la salle mul-
timédia, sauf
pour les fiches de l’Onisep pour
l’orientation de ses 4
e
, pour faire faire une
recherche documentaire aux élèves de 3
e
sur
l’histoire du canal de l’Ourq (qui traverse Bobi-
gny) ainsi que sur le site de l’Académie française,
pour découvrir cette institution et, avec elle, les
règles et réformes de l’orthographe
.
Quatre autres professeurs de français utilisent
régulièrement la salle, pour travailler sur des
exerciseurs, des logiciels de lecture, Internet
.
L
e
B2i ? «
On a été briefés en fin d’année dernière
mais je n’ai rien fait cette année. Si quelqu’un
m’avait poussée un peu j’aurais validé, mais
j’ai oublié
», dit Hélène.
Au collège Auguste-Delaune de Bobigny
Le collège Delaune, toujours en reconstruction,
est dans des préfabriqués depuis près de cinq
ans, ce qui ne favorise bien entendu pas les TICE,
la « salle multimédia » étant elle-même dans un
préfabriqué, sans câblage et avec une connexion
internet à débit inconstant. Elle sert pour toutes
les disciplines y compris la technologie, contient
seize ordinateurs dépareillés, mais les profes-
seurs de SVT bénéficient aussi de huit postes
dans leur salle. Quelques collègues vont réguliè-
rement en salle multimédia : ceux de technologie
bien entendu, ceux de
mathématiques pour
Mathenpoche. En SVT et physique, deux ensei-
gnants se servent de l’EXAO dans le cadre d’un
IDD sur le système solaire en 5
e
. Quelques pro-
fesseurs de technologie valident le B2i. C’est cet
établissement qui a été choisi par le conseil géné-
ral pour une expérimentation d’ENT à partir de
la rentrée prochaine (l’établissement entrera alors
dans des murs tout neufs et câblés).
Au collège Jean-Jaurès de Pantin
Le collège Jean-Jaurès n’a pas véritablement d’ex-
périence des usages pédagogiques des TICE, en
dehors des traditionnels programmes de techno-
logie. Circonstance atténuante, au début de l’an-
née la salle multimédia comptait cinq postes en
panne (une épidémie de plantage des cartes
mères, due à un défaut de fabrication). La salle
contient à présent 14 à 15 postes valides, mais il
n’y a pas de serveur de fichier (contrairement
aux deux premiers collèges déjà évoqués) ni de
logiciels pédagogiques : seules quelques applica-
tions bureautiques sont installées.
Du côté des usages,
un professeur d’anglais
utilise Internet en classe pour de la recherche
documentaire ; les professeurs de SVT et de chi-
1. www.zebrock.net
/encemoment/406
.shtm
mie vont également de temps en temps sur Inter-
net pour des animations Flash. Au CDI, où il y a
quatre machines, un club « Journal » est animé
par quatre enseignants (de SVT, de français, deux
d’anglais) en plus de la documentaliste
.
Malgré ces usages et malgré une réunion avec
l’ensemble des professeurs pour présenter le
fonctionnement de la base de validation, seule
une enseignante de technologie a validé quelques
items du B2i cette année.
Au collège Jean-Pierre-Timbaud
de Bobigny
En novembre 2005, le Point média conseil est
appelé au collège Jean-Pierre-Timbaud, jusque-
là réputé pour son absence de salle multimédia et,
par conséquent, d’usage des TICE. La nouvelle
personne-ressource, Sami Meddeb, professeur
de technologie, et la principale adjointe du collège
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Collège Jean-Jaurès, Pantin.
Collège Auguste-Delaune, Bobigny.
cherchent le moyen d’inciter les enseignants à
utiliser la nouvelle salle multimédia et à valider le
B2i. Une réunion d’information est organisée, à
laquelle six enseignants se présentent (sur 40).
L’accueil du B2i est mitigé. Les questions posées
ne sont pas toujours les bonnes, on sent quelques
résistances, mais pas d’opposition franche. Puis
le Point média conseil n’est plus sollicité, malgré
des propositions d’animations disciplinaires, et
c’est à l’occasion du bilan de fin d’année que la
suite est connue : quelques enseignants ont uti-
lisé la salle régulièrement (en mathématiques et
SVT) ou ponctuellement :
en SVT, pour des animations Flash
(sur le
corps humain, la géologie) ;
en mathématiques, pour Mathenpoche
;
en français, pour fabriquer des recueils de
textes avec les élèves
;
en anglais, pour des recherches ponctuelles
sur Internet
;
en technologie, pour des recherches sur
Internet également. Avec les 4
e
(et les 3
e
quand
cela n’a pas été fait), les professeurs ont montré
comment créer une adresse de courrier électro-
nique et comment utiliser la messagerie (pièce
jointe, destinataires multiples), ce qui corres-
pond au programme de la discipline en 4
e
.
Le B2i ? Malgré la réunion de début d’année et
l’installation du logiciel Gibii, il ne s’est pas passé
grand-chose : quelques élèves ont obtenu le B2i
école grâce à Sami, qui a été le seul à valider.
Trois points névralgiques
Quels sont les problèmes qui se présentent de
manière récurrente dans les établissements ? On
n’abordera pas celui de l’équipement : chacun sait
qu’un collège mal équipé aura plus de difficulté
qu’un autre à mettre en place des usages. Mais on
sait aussi qu’un collège motivé parvient toujours,
cahin-caha, à s’équiper. Globalement, tous ces
collèges (sauf un) ont une salle polyvalente com-
posée de postes de tous âges en plus des salles de
technologie. Ces salles (sauf une) ont au moins 12
à 14 postes (ce qui est suffisant pour mettre deux
élèves par poste, puisque bien des collèges du
département, classés en ZEP-sensible, ou « ambi-
tion réussite », n’ont pas plus de 23 élèves par
classe). Les difficultés ponctuelles liées à des cir-
constances particulières (collège en travaux de
puis cinq ans, cartes mères défaillantes…) ralen-
tissent bien entendu le processus de développe-
ment des usages. Malgré tout, on a bien vu que,
dans la plupart de ces établissements, des usages
se développent, plus ou moins timidement. En
dehors de l’équipement, quels sont donc les freins
à leur développement, et à la validation du B2i ?
Choisir entre la technique et la pédagogie
Même si l’état des usages et le degré de validation
du B2i diffèrent largement d’un collège à l’autre,
on observe dans la plupart des établissements les
mêmes difficultés, notamment celles liées à la
maintenance du réseau et au rôle de la personne-
ressource.
Au collège République
, où les enseignants de
français, histoire et SVT vont souvent en salle
multimédia, seuls quelques professeurs de tech-
nologie, qui sont aussi les personnes-ressources
pour l’informatique, valident le B2i. Que les fron-
tières entre la techno et les disciplines sont peu
poreuses, c’est ce que nous fait comprendre l’un
des professeurs de français. Ce n’est malheureu-
sement pas le seul établissement dans ce cas. Il
est très fréquent, c’est même le cas de figure le
plus courant, de voir la fonction de personne-res-
source informatique attribuée à l’équipe de tech-
nologie, parce qu’elle est globalement plus
experte techniquement. Les chefs d’établisse-
ments montrent ainsi clairement qu’ils estiment
que la priorité de la personne-ressource est la
maintenance du réseau et non l’animation péda-
gogique. La position est défendable, puisque sans
réseau il n’y a pas d’usages. Le risque, malheureu-
sement trop souvent vérifié, est l’enfermement
dans la technique au détriment du déploiement
des usages pédagogiques. Il est amplifié par le
manque de temps accordé aux personnes-res-
sources. Le remède, double, à cette situation
consiste :
– à trouver une solution globale – au niveau
des collectivités territoriales sans doute, ou des
rectorats – à la maintenance des réseaux pédago-
giques ;
– à partager la fonction de personne-ressource
entre au moins deux enseignants de disciplines
différentes, dont la mission serait exclusivement
pédagogique.
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Collège
Jean-Pierre-Timbaud.
Même observation, dans des circonstances plus
difficiles encore,
au collège Lavoisier de Pantin
la fonction de personne-ressource est occupée
par un professeur de technologie et un professeur
d’EPS. Lorsque nous les rencontrons en début
d’année, il n’est question que d’aspects tech-
niques : les deux enseignants, passionnés d’in-
formatique, ont installé un serveur Linux (Samba
Edu 3) en juin dernier ; la salle de techno compte
huit postes et la salle polyvalente, destinée à tous
les autres enseignants, en compte… sept. Mais
que faire avec une classe et sept postes ? Plus
embêtant encore mais caractéristique, les cinq
ordinateurs tout neufs livrés l’an dernier par le
conseil général et destinés à un usage pédago-
gique exclusivement ne sont pas là. Pourquoi ?
«
Comme on ne pouvait pas mettre des postes
équipés de Windows XP sur le réseau avec le
serveur Linux, deux sont en salle des profs, un
à l’infirmerie et deux à l’administration.
»
Du côté des logiciels installés ? Pas de logiciels
pédagogiques, à l’exception de Cabri et Smao,
pour les professeurs de mathématiques. Le B2i ?
Quelques professeurs (en techno, EPS, maths et
au CDI) valident quelques items niveau école ou
collège, avec des feuilles de position imprimées
(aucune base n’étant installée sur le serveur
Samba Edu). Mais, nous dit-on, aucun élève, sur
les 600 que compte le collège, n’est jamais sorti
avec le B2i en poche.
Une des conséquences du confinement du B2i
à la technologie est la validation d’items par le
professeur de techno exclusivement (c’est le cas
des collèges Jean-Pierre-Timbaud de Bobigny et
Jean-Jaurès de Pantin), c’est-à-dire des compé-
tences validées dans le cadre de l’enseignement
de l’informatique, et non d’une discipline (voir,
par exemple, l’apprentissage de l’utilisation de la
messagerie à J.-P.-Timbaud). L’informatique n’est
plus un outil au service des apprentissages, mais
devient un objet d’apprentissage en soi, ce qui
est bien entendu l’opposé de l’objectif du B2i.
Pourtant, la plupart des professeurs de techno-
logie qui sont personnes-ressources ne souhai-
tent pas cet isolement et voudraient bien que les
autres enseignants s’impliquent aussi. Ainsi, au
collège J.-P.-Timbaud
, Sami est bien décidé, pour
l’an prochain, à procéder méthodiquement pour
inciter les collègues : rappel de l’organisation du
B2i par le chef d’établissement à la prérentrée,
réunions d’information, aide du PMC (pour des
animations disciplinaires notamment). Mais ce
n’est pas toujours facile d’impliquer les ensei-
gnants des autres disciplines…
Se sentir impliqué ou pas
Ainsi, au
collège Jean-Pierre-Timbaud
, Sami est
tout de même un peu désabusé en cette fin d’an-
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Collège Lavoisier, Pantin.
née scolaire. Selon lui, les enseignants se deman-
dent comment valider concrètement les items et
appréhendent cela comme un travail compliqué
qui leur prendra leur temps : «
une grosse cor-
vée
». Ils se demandent sur quel temps prendre
pour valider ou pensent qu’il faut tout faire en une
séance, voire pour tous les élèves en même temps.
Et puis, «
cela les dérange de changer leur
pédagogie, c’est ce que j’ai cru comprendre en
parlant avec eux. Cela les dérange d’aller dans
la salle info : ils ont des cours bien ficelés et ça
n’entre pas dans leur projet. Ils n’en perçoi-
vent pas l’intérêt
.
C’est dur, de changer le
train-train !
»
Au
collège Jean-Jaurès de Pantin
, une réunion
avec les enseignants a eu lieu en début d’année
pour leur expliquer le principe du B2i et leur
montrer comment fonctionne la base de valida-
tion. Cette réunion a suscité peu de réactions,
pas de polémique ni de discussions. Une dizaine
d’enseignants sont venus, sur les quarante que
compte l’établissement. La première réunion
n’ayant eu aucun impact, une seconde est pro-
grammée quelques mois plus tard, avec convoca-
tion, sur le temps de concertation des ensei-
gnants. On leur montre comment se connecter à
la base, comment valider. On distribue à chaque
professeur principal un bilan de sa classe ainsi que
des codes d’accès à la base, des exemples de
séquences intégrant les TICE dans quelques dis-
ciplines et de bonnes adresses sur le Web. Bilan
de fin d’année : seule la personne-ressource et
professeur de technologie a validé quelques items
cette année.
Cette absence d’implication des enseignants,
même lorsque le principal manifeste son intérêt
pour le B2i, entraîne parfois les personnes-res-
sources au découragement. Si nous n’avons pas
de bilan pour le
collège Pierre-Sémard de Bobi-
gny
, c’est que la personne-ressource, professeur
de SVT, a décliné notre demande d’entretien final:
«
De toute façon le bilan va être très rapide, on
a eu une dernière réunion sur le B2i : seuls
trois profs étaient là… J’ai abandonné. Je ne
reprends pas la décharge l’an prochain
.
»
Au
collège Joliot-Curie de Pantin
, c’est un
jeune professeur de technologie, arrivé cette
année dans le collège, qui a pris au pied levé la
fonction de professeur-ressource occupée par
son prédécesseur sur le poste. Il ne se passait
rien du point de vue du B2i. Dans l’année, il a
réussi à mettre en place la base Gibii, mais pas
encore à impulser un mouvement parmi les ensei-
gnants. Le chef d’établissement est pourtant favo-
rable au B2i, la salle informatique est praticable.
Mais tout est encore bien récent et fragile, et,
même si une dizaine d’enseignants exploitent
occasionnellement la salle informatique, aucun
n’a validé le B2i cette année.
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Ressources en ligne et usages
En promouvant des ressources éditoriales en
ligne via les canaux de diffusion éditoriaux (CNS,
KNÉ, Datapasse), on pouvait croire que les usages
des TICE se multiplieraient. Mais les ressources
payantes en ligne sont boudées, même lorsque
les usages s’implantent.
Dans tous ces établissements, nous avons évo-
qué l’existence de ces ressources devant des
enseignants intéressés et prêts à s’abonner, jus-
qu’à ce qu’on leur en indique… le prix. Pourtant,
l’un de ces établissements,
le collège République
de Bobigny
, bénéficie, dans le cadre de l’opération
ENS3, de crédits nationaux fléchés pour l’achat
d’abonnement à des bouquets de ressources issus
de ces canaux : or ces crédits n’ont pas été utili-
sés cette année. Pourquoi ?
Le cas du collège Jean-Jacques-Rousseau du
Pré-Saint-Gervais
apporte quelques éléments de
réponse concrets : l’établissement (600 élèves)
est abonné au
site.tv
depuis deux ans, nous
explique la documentaliste : «
Quand on leur
montre ce que c’est, les profs sont admiratifs.
Mais finalement ils s’en servent peu. L’an der-
nier, un prof d’arts plastiques en avait l’usage
et téléchargeait des vidéos. Cette année, un
prof de SVT et un autre d’histoire-géographie
s’en servent, mais uniquement pour préparer
leurs cours. Une prof d’allemand y va de temps
en temps pour elle-même. Personne n’y va
avec les élèves. Cela a beau être une ressource
extraordinaire, il y a tout de même une cer-
taine lourdeur matérielle : il faut télécharger,
graver ; on n’est pas si bien équipés et les profs
ne sont pas autonomes. Il n’y a pas à propre-
ment parler de résistance de la part des ensei-
gnants – l’outil ne fait pas peur – mais plutôt
une appréhension de la gestion matérielle.
»
Quelle évolution?
Comprendre les raisons de la difficile percée du
B2i n’est pas simple et nous n’avons pas évoqué
ici les spécificités de chaque établissement :
turn-
over
des personnes-ressources, des enseignants,
problèmes matériels, connexion défaillante, mau-
vaise information, manque de motivation, etc.
Si le B2i est si sensible à ces aléas, c’est qu’il n’a
pas acquis la solidité de certains autres disposi-
tifs. Inscrire le B2i au brevet des collèges pour la
session 2007 ou l’ancrer dans le socle commun (et
au fait, pour quel type d’évaluation ?) suffira-t-il
à le faire définitivement adopter par les ensei-
gnants ? C’est le pari qu’a fait l’institution, plutôt
que de régler le problème posé par la mainte-
nance des réseaux ou de reconnaître la fonction
de personne-ressource et de lui accorder un sta-
tut.
Collèges
Pierre-Sémard
à Bobigny
et Joliot-Curie
à Pantin.
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