Discours de J-C Juncker devant le parlement européen : migrants, Grèce, R-U, Ukraine, changement climatique
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Discours complet de J-C Juncker devant le parlement européen : migrants, Grèce, R-U, Ukraine, changement climatique

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Publié le 09 septembre 2015
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Langue Français

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Le discours complet de Jean-Claude
Juncker : l’état de l’Union en 2015

Strasbourg, le 9 septembre 2015


« Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les membres du Parlement européen,
C'est aujourd'hui la première fois que, dans le cadre de mon mandat de Président de la Commission
européenne, j'ai l'honneur de m'adresser à cette assemblée sur l'état de l'Union européenne.
Je voudrais donc vous rappeler l'importance politique de ce moment institutionnel très particulier.
Le discours sur l’état de l’Union est explicitement prévu par l'accord-cadre sur les relations entre le Parlement
européen et la Commission européenne. Cet accord prévoit que chaque année au cours de la première période
de session de septembre, a lieu un débat sur l'état de l'Union à l'occasion duquel le Président de la Commission
prononce une allocution dans laquelle il dresse le bilan de l'année en cours et esquisse les priorités pour les
années suivantes. À cette fin, le Président de la Commission précisera parallèlement par écrit au Parlement les
éléments clés présidant à l'élaboration du programme de travail de la Commission pour l'année suivante.»
Le discours sur l'état de l'Union exige donc du Président de la Commission qu'il fasse le point sur la situation
actuelle de notre Union européenne et définisse les priorités de travail pour l'avenir.
Il lance aussi le processus interinstitutionnel menant au nouveau programme de travail de la Commission pour
l'année prochaine.
Avec Frans Timmermans, mon premier vice-président, j'ai envoyé ce matin une lettre aux présidents des deux
bras du pouvoir législatif européen, au président Martin Schulz et au Premier ministre du Luxembourg Xavier
Bettel, qui assure en ce moment la présidence tournante du Conseil. Cette lettre présente en détail les
nombreuses actions que la Commission entend prendre, par voie législative ou autre, d'ici à la fin de 2016.
Nous proposons un programme législatif ambitieux, ciblé et dense, qui demandera à ce que la Commission, le
Parlement et le Conseil coopèrent de façon étroite et efficace.
Je n’entrerai pas maintenant dans les détails de notre programme législatif. Nous aurons avec le Parlement et
le Conseil un dialogue structuré à ce sujet dans les semaines à venir.
Mais je pense qu’aujourd’hui, ce n'est pas le moment de parler de tout cela.
Je suis le premier président de la Commission dont la nomination et l’élection ont découlé directement du
résultat des élections au Parlement européen, en mai 2014. Ayant fait campagne en tant que tête de liste pour ces élections, j’avais la possibilité d’être un Président plus
politique.
Ce rôle politique est prévu par les traités, en vertu desquels les États membres ont fait de la Commission le
promoteur de l’intérêt général de l’Union. Mais les années de crise ont mis à mal cette compréhension du rôle
de la Commission.
C’est pourquoi j’avais déclaré devant cette assemblée, en septembre dernier, que je souhaitais présider une
Commission politique. Une Commission très politique.
J'ai dit cela, non pas parce que je pense que nous pouvons et devons tout politiser.
Je l’ai dit parce que j'ai la conviction que les immenses défis auxquels l’Europe est actuellement confrontée —
tant à l’intérieur qu’à l’extérieur — ne nous laissent pas d’autre choix que d'y faire face dans une perspective
très politique, de manière très politique et en ayant bien à l’esprit les conséquences politiques de nos
décisions.
Les événements récents ont confirmé l’urgente nécessité d'une telle approche politique dans l’Union
européenne.
Ce n'est pas le moment d'utiliser les recettes habituelles.
Ce n'est pas le moment de cocher des listes ou de vérifier si telle ou telle initiative sectorielle a trouvé sa place
dans le discours sur l’état de l’Union.
Ce n'est pas le moment de compter combien de fois les mots «social», «économique» ou «durable» figurent
dans ce discours.
C'est le moment, en revanche, de l’honnêteté.
C'est le moment de parler franchement des grands problèmes de l’Union
européenne.
Parce que notre Union européenne ne va pas bien.
Il n’y a pas assez d’Europe dans cette Union.
Et il n’y a pas assez d’Union dans cette Union.
Nous devons changer cela, et c'est maintenant que nous devons le faire.
La crise des réfugiés: l'impératif d’agir en tant qu’Union
Quoi qu'en disent les programmes de travail ou législatifs, la priorité absolue, aujourd’hui, est et doit être de
répondre à la crise des réfugiés.
Depuis le début de l’année, près de 500 000 personnes ont gagné l'Europe. La plupart d’entre elles fuient la
guerre en Syrie, la terreur instaurée par l’État islamique en Libye ou la dictature en Érythrée. Les États
membres les plus touchés sont la Grèce, avec plus de 213 000 réfugiés, la Hongrie, avec plus de 145 000 et
l’Italie, avec plus de 115 000. Ces chiffres sont impressionnants. Pour certains, ils sont effrayants.
Mais ce n'est pas le moment de laisser la peur s'exprimer. L'heure est à une action audacieuse, déterminée et
concertée de l’Union européenne, de ses institutions et de tous ses États membres.
C'est tout d'abord une question d’humanité et de dignité humaine. Pour l’Europe, c'est aussi une question de
justice au regard de l'Histoire.
Nous, Européens, devons nous souvenir que l’Europe est un continent où presque
chacun a un jour été un réfugié. Notre histoire commune est marquée par ces
millions d’Européens qui ont fui les persécutions religieuses ou politiques, la guerre,
la dictature ou l’oppression.
Les Huguenots qui ont fui la France au 17e siècle.
Les Juifs, les Sintis, les Roms, et bien d'autres qui ont fui l'Allemagne dans les années 1930 et 1940 pour
échapper à l’horreur nazie.
Les républicains espagnols qui ont fui pour trouver refuge dans des camps au sud de la France à la fin des
années 1930, après leur défaite dans la guerre civile.
Les révolutionnaires hongrois qui ont fui vers l’Autriche après que leur soulèvement contre le régime
communiste a été écrasé par les chars soviétiques en 1956.
Les citoyens tchèques et slovaques qui ont cherché asile dans d’autres pays d'Europe après la répression du
printemps de Prague en 1968.
Les centaines, les milliers de personnes forcées d'abandonner leur foyer après les guerres dans
l'exYougoslavie.
Avons-nous oublié pourquoi il y a plus de personnes portant le nom de McDonald et vivant aux États-Unis que
dans toute la population écossaise ? Pourquoi il y a plus d’O’Neill et de Murphy vivant aux États-Unis qu'en
Irlande ?
Avons-nous oublié que 20 millions de personnes d’origine polonaise vivent hors de Pologne, du fait des
mouvements d’émigration politique et économique provoqués par les nombreux déplacements de frontières,
les expulsions forcées et les réinstallations qui ont marqué l’histoire, souvent douloureuse, de la Pologne ?
Avons-nous vraiment oublié qu'après les ravages de la seconde guerre mondiale, 60 millions de personnes
étaient des réfugiés en Europe ? Qu’après cette expérience terrible vécue par l'Europe, un système de
protection mondial, la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, a été créé pour accorder
un refuge à ceux qui, en Europe, devaient sauter par-dessus les murs pour échapper aux guerres et à
l’oppression totalitaire ?
Nous, Européens, devrions savoir, et ne jamais oublier, la raison pour laquelle il est
si important d'accueillir les réfugiés et de respecter ce droit fondamental qu'est le
droit d’asile. J’ai dit dans le passé que nous étions trop rarement fiers de notre héritage européen et de notre projet
européen.
Pourtant, malgré notre fragilité, malgré ce que nous percevons comme nos faiblesses, c'est l’Europe qui,
aujourd'hui, est vue comme une terre de refuge et d’asile.
C'est l’Europe qui, aujourd’hui, aux yeux des femmes et des hommes du
MoyenOrient et d'Afrique, représente l’espoir, un havre de

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