La lettre de Jérôme Kerviel aux parlementaires
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Jérôme Kerviel C/O Cabinet d’avocats 28 octobre 3, rue Troyon – 75017 Paris Paris, le 9 septembre 2013 Monsieur le Député, Je suis Jérôme Kerviel. J’ai 36 ans. J’ai été condamné par la Société Générale à 3 ans de prison et à quatre milliards neuf cent quinze millions six cent dix mille cent cinquante quatre euros (4.915.610.154 euros). Je viens vers vous car vous incarnez la représentation nationale. Cela fait près de 6 ans que ma vie est un enfer. Mon nom a été donné en pâture par la Société Générale et ma vie sacrifiée pour préserver les intérêts de cette banque, de ses dirigeants. Et plus largement du système financier. Je risque d’aller en prison pour 3 ans. Pour un crime que je n’ai pas commis. Non je n’ai pas abusé de la confiance de la Société Générale puisque ma hiérarchie était au courant des opérations que je menais pour son compte et à son seul profit. La banque n’a d’ailleurs jamais renoncé aux gains que j’ai générés. Au contraire, elle les encaissait et me fixait des objectifs toujours plus élevés, à hauteur des résultats exorbitants que j’obtenais année après année, pour son compte. Non, je n’ai pas fait perdre 5 milliards d’euros à la banque. C’est faux. La Société Générale a toujours refusé une expertise financière sur la réalité de cette « perte » lors d’opérations auxquelles je n’ai pas participées. Sachez-le. Je ne suis pas responsable de ces opérations. Et cette prétendue perte de 5 milliards n’a jamais été vérifiée par quiconque.

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Publié le 10 septembre 2013
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Langue Français

Extrait

Jérôme Kerviel C/O Cabinet d’avocats 28 octobre 3, rue Troyon – 75017 Paris
Paris, le 9 septembre 2013
Monsieur le Député, Je suis Jérôme Kerviel. J’ai 36 ans. J’ai été condamné par la Société Générale à 3 ans de prison et à quatre milliards neuf cent quinze millions six cent dix mille cent cinquante quatre euros (4.915.610.154 euros). Je viens vers vous car vous incarnez la représentation nationale. Cela fait près de 6 ans que ma vie est un enfer. Mon nom a été donné en pâture par la Société Générale et ma vie sacrifiée pour préserver les intérêts de cette banque, de ses dirigeants. Et plus largement du système financier. Je risque d’aller en prison pour 3 ans. Pour un crime que je n’ai pas commis. Non je n’ai pas abusé de la confiance de la Société Générale puisque ma hiérarchie était au courant des opérations que je menais pour son compte et à son seul profit. La banque n’a d’ailleurs jamais renoncé aux gains que j’ai générés. Au contraire, elle les encaissait et me fixait des objectifs toujours plus élevés, à hauteur des résultats exorbitants que j’obtenais année après année, pour son compte. Non, je n’ai pas fait perdre 5 milliards d’euros à la banque. C’est faux. La Société Générale a toujours refusé une expertise financière sur la réalité de cette « perte » lors d’opérations auxquelles je n’ai pas participées. Sachez-le. Je ne suis pas responsable de ces opérations. Et cette prétendue perte de 5 milliards n’a jamais été vérifiée par quiconque. Je suis condamné à la mort sociale sur les seules déclarations de la banque jamais vérifiées par la Justice. Moi, Jérôme Kerviel, lampiste officiel de la Société Générale, ai cessé de vivre depuis 2008. Je n’ai ni emploi, ni le moindre revenu. Je n’ai pas de Sécurité sociale. Je n’ai pas de logement. Je n’ai rien de ce qui constitue une vie sociale. J’ai été, civilement et socialement, littéralement condamné à mort. Je n’aime pas l’idée d’étaler ma misère et mon malheur. Mais je suis à bout. Je sais bien que face à eux je ne fais pas le poids. J’ai bien compris aussi que l’Etat français a choisi en 2008 de cautionner et soutenir la Société Générale et ses dirigeants dans ses opérations, en lui octroyant 1,7 milliard d’euros d’argent public, alors que le montant de la perte prétendue de la banque n’était légalement pas déductible fiscalement. Je sais bien que de nombreux élus et gouvernants, même s’ils reconnaissent en privé le sort injuste qui m’est fait, refusent de s’exprimer publiquement parce que les intérêts d’une banque systémique valent évidemment plus que la vie d’un homme ou encore parce que certains élus sont très liés au monde de la finance. Je sais bien que vous me répondrez que mon affaire est « une affaire judiciaire » et que vous ne voulez pas vous en mêler. Vous et moi savons qu’il s’agit d’une affaire
politique, que je n’aurais jamais dû me retrouver devant une juridiction correctionnelle, que la Société Générale a fabriqué un fraudeur unique pour bénéficier non seulement de dommages et intérêts (même si je ne pourrais jamais payer 5 milliards d’euros), mais aussi d’1,7 milliard d’euros de l’Etat de « cadeau fiscal ». Il fallait un bouc émissaire non pas pour sauver des emplois, mais pour sauver le système et la Société Générale, qui n’a pas manqué de s’enrichir un peu plus dans cette affaire. Qu’importe, semble-t-il, que tout le monde dans mon entourage professionnel ait été payé pour se taire, comme c’est désormais établi sans que personne n’en tire les conséquences. Qu’importe aussi que toutes mes demandes d’expertises de la prétendue perte de la banque par un tiers indépendant m’aient été refusées. Qu’importe que la Société Générale elle-même ait frauduleusement aggravé les pertes qu’elle m’attribue. Vous pouvez en tant que représentant de la Nation exiger une expertise financière indépendante sur cette « perte », puisque l’Etat a indument déboursé 1,7 milliard d’euros à la banque sans avoir vérifié la réalité de cette « perte . » Une commission d’enquête parlementaire doit exiger une expertise financière et démontrer que cette affaire est une opération comptable organisée par les dirigeants de la Société Générale, une insulte au bon sens et une lamentable invention qui devient pour moi une réalité à force d’être énoncée. Nos concitoyens savent très bien que je suis sacrifié dans cette affaire. La majorité des gens ne peut rien y faire, elle n’a pas le pouvoir de stopper cette machine infernale qui broie ma vie avec vulgarité. Mais vous, vous avez ce pouvoir. Ne me laissez pas mourir alors que vous savez. Je me bats et je continuerai de le faire sans relâche. Je refuse que mon nom porte l’infamie de la Société Générale et du système financier. Je me bats parce qu’à 36 ans je n’ai pas à être dans ce couloir de la mort que les dirigeants de la Société Générale ont conçu pour se préserver. Même si, comme me l’a écrit l’un d’entre vous, «il est parfois commode de détourner le regard me laisser sans réponse. Ne faites pas», je vous prie de ne pas comme si cela ne vous regardait pas. Ne dites pas que l’affaire est jugée et classée : elle ne l’est pas. Mon pourvoi en cassation est en cours, ainsi que les deux plaintes contre la Société Générale pour faux et usage de faux et escroquerie au jugement. Tôt ou tard, la Société Générale, qui continue d’agir comme elle l’a toujours fait, trouvera un nouveau Kerviel à sacrifier pour protéger ses dirigeants et ses propres errements. Je suis prêt à m’exprimer devant vous, à vous fournir les éléments qui vous permettront de mieux comprendre le dossier et d’agir en conséquence. Recevez, Monsieur le Député, l’assurance de ma haute considération.
Jérôme Kerviel
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