La première vie en couple : évolutions récentes
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Numéro 521 Avril 2015 Population & Sociétés La première vie en couple : évolutions récentes Wilfried Rault*, Arnaud Régnier-Loilier* Il était difcile de vivre en couple sans être marié dans les années 1960. La cohabitation avant le mariage et l’union libre se sont développés depuis sans pour autant faire disparaître le mariage. S’appuyant sur une nouvelle enquête dont ils nous livrent les premiers résultats, Wilfried Rault et Arnaud Régnier-Loilier dévoilent la façon dont les jeunes générations vivent leur première expérience de couple cohabitant et les différences avec leurs aînés. Le développement de la cohabitation avant le mariage et Figure 1. Proportion de femmes et d’hommes ayant l’essor de l’union libre dans les années 1970 ont mis à mal déjà été mariés à différents âges, par génération (%) l’institution matrimoniale qui liait conjugalité, sexualité et procréation. La vie en couple hors mariage et les sépa% % 100100rations étaient jusqu’alors stigmatisées, ainsi que la 90 90sexualité hors du cadre matrimonial, surtout pour les à 45 ans 80femmes. Si la norme conjugale demeure prégnante, elle 80 à 45 ans s’est transformée à diférents niveaux, comme le montrent 70 70 à 40 ans les premiers résultats de l’enquête Étude des parcours 6060 à 40 ansà 30 ansindividuels et conjugaux (encadré).

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Publié le 08 avril 2015
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Langue Français

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Numéro 521
Avril 2015
Population & Sociétés
La première vie en couple :
évolutions récentes
Wilfried Rault*, Arnaud Régnier-Loilier*
Il était difcile de vivre en couple sans être marié dans les années 1960. La cohabitation avant le
mariage et l’union libre se sont développés depuis sans pour autant faire disparaître le mariage.
S’appuyant sur une nouvelle enquête dont ils nous livrent les premiers résultats, Wilfried Rault
et Arnaud Régnier-Loilier dévoilent la façon dont les jeunes générations vivent leur première
expérience de couple cohabitant et les différences avec leurs aînés.
Le développement de la cohabitation avant le mariage et
Figure 1. Proportion de femmes et d’hommes ayant l’essor de l’union libre dans les années 1970 ont mis à mal
déjà été mariés à différents âges, par génération (%)
l’institution matrimoniale qui liait conjugalité, sexualité
et procréation. La vie en couple hors mariage et les
sépa% %
100100rations étaient jusqu’alors stigmatisées, ainsi que la
90 90sexualité hors du cadre matrimonial, surtout pour les à 45 ans
80femmes. Si la norme conjugale demeure prégnante, elle 80 à 45 ans
s’est transformée à diférents niveaux, comme le montrent 70 70
à 40 ans
les premiers résultats de l’enquête Étude des parcours 6060 à 40 ansà 30 ansindividuels et conjugaux (encadré). 5050
à 30 ans
40 40
Un mariage plus tardif et moins fréquent 3030
à 25 ans
2020
FEMMES HOMMES à 25 ansLongtemps pierre angulaire du couple, le mariage
sur10 10
vient de plus en plus tard lorsqu’il a lieu (fgure 1). Dans
00les générations d’après-guerre (nées entre 1953 et 1957),
la plupart des individus s’étaient déjà mariés à 30 ans
Année de naissance Année de naissance(74 % des femmes et 66 % des hommes), et même à 25
ans (respectivement 64 % et 49 %). Chez celles et ceux
(W. Rault, A. Régnier-Loilier, Populaton et Sociétés n° 521, 2015).
nés un quart de siècle plus tard (1978-1982), seuls 16 %
Source : Ined-Insee, Épic, 2013-2014.
des femmes et 7 % des hommes s’étaient déjà mariés à Champ : femmes et hommes de 26 à 65 ans en 2013.
25 ans. Plus tardif, le mariage est également moins Lecture : 27 % des hommes de la génératon « 1980 » ont déjà été
mariés à leur trentème anniversaire.systématique [1]. Notes : calcul des proportons en âge exact (en tenant compte des
mois de mariage et de naissance). Chaque génératon présentée
(par exemple « 1950 » – personnes nées en 1950) correspond à la
moyenne de 5 génératons (nées entre 1948 et 1952).
* Institut national d’études démographiques.
numéro 521 • Avril 2015 • Population & Sociétés • bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démographiques www.ined.fr
Embargo le
jeudi 9 avril
à 00h01
1950
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1950
1955
1960
1965
1970
1975
1980
1985La première vie en couple : évolutions récentes
Encadré. L’étude des parcours Figure 2. Âge médian au premier couple cohabitant
(a)individuels et conjugaux et à la fn des études, par sexe et génération
L’enquête Étude des parcours individuels et conjugaux (Épic) a Âge
26été réalisée en 2013-2014 en France métropolitaine auprès de
7 825 femmes et hommes âgés de 26 à 65 ans. Les entretens 25
ont pour la plupart été réalisés au domicile des personnes et,
24
plus rarement, par téléphone (9 %). Parmi les thématques Hommes - Première vie en couple
23abordées dans le questonnaire, la dimension rétrospectve
occupe une place importante. Chaque relaton de couple ou 22
Femmes - Première vie en couplerelaton amoureuse importante (« qui compte ou qui a
comp21
té par le passé, même si ce n’est plus le cas aujourd’hu »i ) y est
20décrite de manière détaillée : dataton des événements (début
Femmes - Fin des études
de la relation, emménagement, mariage, pacs, naissance 19
d’enfants, séparaton, divorce, etc.), lieu de rencontre, pre -
18
mières relatons sexuelles, caractéristques des partenaires au Hommes - Fin des études
17début de la relaton, etc. Les résultats présentés ici s’appuient
essentellement sur la descripton de la première relaton de 16
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985couple cohabitante.
Année de naissanceLorsque le répondant était en couple ou en relaton amoureuse
au moment de l’enquête, son conjoint ou partenaire non coha- (W. Rault, A. Régnier-Loilier, Populaton et Sociétés n° 521, 2015).
bitant était également interrogé (60 % des conjoints y ont Source : Ined-Insee, Épic, 2013-2014.
partcipé). Ce second volet de l’enquête n’est cependant pas Champ : femmes et hommes de 26 à 65 ans en 2013.
analysé ici. Lecture : la moité des hommes de la génératon «1950» avaient
déjà cohabité à l’âge de 23,2 ans.
Remarque : dans les fgures de cet artcle, chaque génératon
(par exemple les personnes nées en 1950) correspond à la
moyenne de cinq génératons (1948 à 1952). Pour les générations plus récentes (1978-1987), alors
que les études ne s’allongent plus, la tendance se stabilise
(a) : L’enquête Épic a été réalisée par l’Ined et l’Insee, avec le souten de la et s’inverse même pour les hommes. À 25 ans, ces
derCaisse natonale des allocatons familiales (Cnaf), la Directon de la recherche,
niers ont plus souvent déjà vécu en couple que leurs aînés de l’évaluaton, des études et des statstques (Drees) et l’Agence natonale
de la recherche (ANR, projet Cechic : Corpus pour l’étude de cent ans d’his- immédiats (fgure 3). La suppression du service militaire
toire du couple en France).
(votée en 1997), qui a concerné toutes les générations
nées après 1979 pourrait être un élément d’explication.
Le mariage religieux recule encore plus : alors que Malgré des scolarités légèrement plus longues pour les
près de neuf premiers mariages sur dix célébrés au début femmes, elles continuent à se mettre pour la première fois
des années 1970 étaient doublés d’une cérémonie reli- en couple cohabitant plus tôt que les hommes et l’écart
(1)gieuse, ce n’est plus le cas que de six mariages sur dix d’âge entre conjoints persiste , même s’il tend à diminuer
35 ans plus tard. [3]. L’entrée en couple varie aussi selon le niveau
d’instruction : elle est plus tardive chez les plus diplômés – l’âge
médian à la première vie de couple est de 21,5 ans pour les L’âge à la première vie de couple ne recule plus
femmes et 24 ans pour les hommes des générations
1978L’âge à la première vie de couple cohabitant a évolué en 1987 dont les études se sont arrêtées avant le baccalauréat,
deux temps (fgure 2). Les premières unions ont d’abord contre respectivement 23,6 ans et 26,3 ans pour celles et
été retardées. Alors que la moitié des femmes et des ceux ayant un diplôme supérieur à bac + 2.
hommes nés au début des années 1950 avaient déjà connu
une vie de couple à respectivement 21,6 ans et 23,2 ans, S’installer ensemble dans un nouveau
cet âge médian atteint 22,8 ans et 25,8 ans pour les géné- logement : moins fréquent qu’avant
rations nées au milieu des années 1970. L’allongement
des études et l’augmentation du chômage [2] en sont les Dans les générations d’après-guerre, les deux conjoints
principales raisons. étaient souvent tous deux en emploi au début de leur
relaMais, plus qu’un rejet de la vie de couple, cette ten- tion : 66 % des femmes et 54 % des hommes pour celles et
dance exprime plutôt un report de la première union. En ceux nés autour de 1950 (tableau). Dans les générations
efet, s’il est plus rare

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