Le Républicain de l Essonne - Nous sommes tous Charlie, policiers, juifs, agents d entretien
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Le Républicain de l'Essonne - Nous sommes tous Charlie, policiers, juifs, agents d'entretien

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08 Jeudi 15 janvier 2015 www.le-republicain.fr Nous A la suite des terribles événements de la semaine dernière, la France a connu une mobilisation sans précédent. L’Essonne n’a pas fait exception à la règle. est une semaine qui C’ restera gravée dans la mémoire collective des Français. Le mercredi 7 janvier, les frères Kouachi assassinent douze personnes lors de l’attaque des locaux de Charlie Hebdo. Jeudi 8 janvier, c’est au tour d’Amedy Coulibaly d’abattre Clarissa Jean-Philippe, policière municipale à Montrouge (92). Le lendemain, le jeune homme, originaire de l’Essonne (lire notre article page 2), a pris en otage l’Hyper cacher de la Porte de Vincennes, faisant quatre morts supplémentaires et portant ainsi le bilan de cette semaine noire à dix-sept victimes. Dimanche 11 janvier, 3,7 millions de Français ont défilé dans les rues pour rendre hommage aux victimes et défendre la liberté d’expression. « Je suis Charlie » Je suis Charlie, le slogan repris par des millions de personnes à travers le monde (le hashtag #JesuisCharlie est devenu le plus utilisé de l’histoire de Twitter) s’est vite décliné afin d’honorer le souvenir de toutes les victimes : Je suis policier, je suis juif, je suis agent d’entretien... De l’Europe à l’Asie, de l’Afrique à l’Amérique, c’est tout un monde qui s’est mobilisé pour rendre hommage aux victimes du terrorisme.

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Publié le 14 janvier 2015
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Langue Français
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08 Jeudi 15 janvier 2015 www.le-republicain.fr
Nous
A la suite des terribles événements de la semaine dernière, la France a connu une mobilisation sans précédent. L’Essonne n’a pas fait exception à la règle. est une semaine qui C’ restera gravée dans la mémoire collective des Fran-çais. Le mercredi 7 janvier, les frères Kouachi assassinent douze personnes lors de l’at-taque des locaux de Charlie Hebdo. Jeudi 8 janvier, c’est au tour d’Amedy Coulibaly d’abat-tre Clarissa Jean-Philippe, poli-cière municipale à Montrouge (92). Le lendemain, le jeune homme, originaire de l’Essonne (lire notre article page 2), a pris en otage l’Hyper cacher de la Porte de Vincennes, faisant quatre morts supplémentaires et portant ainsi le bilan de cette semaine noire à dix-sept vic-times. Dimanche 11 janvier, 3,7 millions de Français ont défilé dans les rues pour rendre hommage aux victimes et défendre la liberté d’expression. « Je suis Charlie » Je suis Charlie, le slogan repris par des millions de personnes à travers le monde (le hashtag #JesuisCharlie est devenu le plus utilisé de l’histoire de Twitter) s’est vite décliné afin d’honorer le souvenir de toutes les victimes : Je suis policier, je suis juif, je suis agent d’en-tretien... De l’Europe à l’Asie, de l’Afrique à l’Amérique, c’est tout un monde qui s’est mobi-lisé pour rendre hommage aux victimes du terrorisme. Dans l’Essonne, l’émotion fut aussi vive qu'ailleurs, certaines communes organisant des ras-semblements le soir même de l’attentat de Charlie Hebdo. Le lendemain, la préfecture et le
L’Essonne est Charlie
HOMMAGE DU DÉPARTEMENT AUX DIX-SEPT VICTIMES
sommes tous Charlie,
Samedi 10 janvier, à Etampes, un rassemblement a eu lieu devant l’hôtel de ville.
A Evry, un crayon levé pour défendre la liberté d’expression.
A Etréchy, la cortège a traversé la ville, de la gare jusqu’au champ de foire. A Evry, un hommage a été rendu, jeudi 8 janvier, sur le parvis de la mairie. Conseil général ont réuni leur La fin de semaine dernière a pas peur”, “La liberté a été hommage à la liberté d’ex-• Retrouvez les photos des personnel pour un recueille- vu des rassemblements se assassinée, nous marchons”, pression.mobilisations essonniennes ment commun sous la bannière former dans tout le départe- “Je suis toutes les victimes duLa rédactiondans les pages locales. L’Essonne est Charlie. Le préfet, ment, nombre de maires et terrorisme”. Pour en savoir plus Bernard Schmeltz, était éga- d’élus ont décidé d’annuler Durant ces quelques jours, il lement présent le même jour leurs vœux à la population ou est apparu vital pour les Fran-Les dix-sept victimes de ces attentats : à l’hôtel de police d’Evry pour de les dédier aux victimes. çais de sortir et d'exprimer leurFrédéric Boisseau, Philippe Braham, Franck Brinsolaro, Jean une cérémonie en mémoire des Des cérémonies et des témoi- refus de se taire et leur envie deCabut dit Cabu, Elsa Cayat, Stéphane Charbonnier dit Charb, policiers morts en service. Le gnages poignants, les pancartes faire bloc face à de tels actes.Yohan Cohen, Yoav Hattab, Philippe Honoré, Clarissa Jean-Phi-Service départemental d’in- et les slogans ont afflué en Nul doute que la mobilisationlippe, Bernard Maris, Ahmed Merabet, Mustapha Ourrad, Mi-cendie et de secours (Sdis) de masse pour défendre la liberté de dimanche restera commechel Renaud, François-Michel Saada, Bernard Verlhac dit l’Essonne s’est lui aussi réuni d’expression et honorer les dis- un symbole historique de lutteTignous, Georges Wolinski. pour un hommage silencieux. parus : “Charlie-berté”, “Même contre le terrorisme et un
ESSONNE Le dispositif“Vigipirate attentat”déclenché Après la fusilladela vie à douze personnes. aux maires du département, lecipales, les services publics de Concrètement, la direction surveillance spécialisée (notam- préfet, Bernard Schmeltz, a tenu survenue dans les locaux départementale de la sécurité ment ceux de la SNCF) et les à leur rappeler les consignes de du journal Charlie Hebdo, publique (DDSP) a mobilisé l’en- sociétés privées de sécurité sont sécurité. Leur attention a été le plan Vigipirate a été relevé semble de ses effectifs en rap- également mobilisés pour ren- appelée sur le renforcement au niveau “alerte attentat”.nécessaire de la vigilance deforcer leurs équipes dans leurs pelant du personnel pour ren- es forces de police et detous, et une participation plusdomaines de compétences. Pour forcer les commissariats et les «L gendarmerie sont en étatsa part, la gendarmerie a fait accrue dans la surveillance desunités du département. Ainsi, de mobilisation exceptionnelleappel à des réservistes dépar- accès, le contrôle des flux etdes hommes et des femmes pour répondre au renforcementles fouilles des personnes setementaux pour assurer la supplémentaires ont été de la sécurité mise en œuvretrouvant dans les lieux concer-même mission. déployés sur les points dits dans le cadre du plan Vigipi-«sensiblesnés. Par ailleurs, le préfet s’est», comme les centres Le préfet rate attentats, qui correspond aucommerciaux, les établisse- rendu en personne au centre sur le terrain plus haut degré de posturecommercial régional Evry 2 ren-ments publics ou encore les », a indiqué la préfecture de l’Es- gares. Une compagnie supplé- d’être employée à la sécurisa- a assigné une partie de ses En adressant un courrier aux contrer les responsables et sonne à la suite de la fusillade mentaire de CRS a également tion des sites, tout comme la effectifs à ces différentes mis- responsables d’établissements évoquer avec eux la mise en qui a, mercredi 7 janvier, coûté été appelée en renfort, afin police aux frontières d’Evry qui sions. Enfin, les polices muni- recevant le public mais aussi œuvre de ces directives.F.G.
Charlie
09 Jeudi 15 janvier 2015 www.le-republicain.fr
L’Amitié judéo-musulmane de France, présidée par Michel Serfaty, le rabbin de la communauté de Ris-Orangis « L’Amitié judéo-musulmane de France décide de rester debout et de dire non à l'ignorance, à la peur et à la haine de l’autre. Nous sommes de tout cœur avec les familles des victimes tuées parce qu'elles étaient juives, parce qu’elles se sont exprimées, parce qu’elles ont protégé les citoyens français et les valeurs de la République. Contre ces attaques visant les valeurs essen-tielles de la République, la collectivité nationale doit faire front. Il importe d’entretenir la cohésion sociale, dans le respect des dif-férences, et de faire face, ensemble, au fanatisme dont nous venons d’éprouver, une fois encore, les effets meurtriers. Il faut rejeter les confusions et les amalgames et entendre les voix au sein de la population musulmane qui dénoncent l’extrémisme et refusent que l’islam soit instrumentalisé par des criminels. »
d’entretien...
policiers, juifs, agents
La une du premier journal paru après les attentats.
Des policiers souhaitant garder l’anonymat « On a l’impression d’avoir une cible dans le dos », témoigne l’un d’eux, pour décrire la tension qui peuvent subir les fonctionnaires dans le département. On n’a pas forcément peur mais on reste extrêmement vigilants dès que l’on sort. » « On est dans le recueil-lement mais on a aussi de la colère. Nos moyens demeurent clai-rement insuffisants, décrit un responsable d’Alliance. Nous sommes en sous-effectif et cela dure depuis de nombreuses années. » « On sent malgré tout qu’une partie de la population est derrière nous et cela nous fait chaud au cœur », constatent plusieurs fonc-tionnaires de police.
Manuel Valls, Premier ministre « La France a connu trois jours dramatiques. C’est un soulage-ment car ces terroristes sont hors d’état de nuire, mais c’est de la colère et de la tristesse pour les dix-sept personnes décédées. La France n’avait pas connu de tels actes depuis des décennies. Il y aura un avant et un après. Ils ont tué des journalistes car ils défendaient la liberté, des policiers car ils vous défendaient et des Juifs car ils étaient juifs. Les terroristes souhaitent que nous nous terrions, or, la plus belle des réponses est la mobilisation. Les Fran-çais peuvent être fiers d’eux. Nous ne devons pas baisser la garde, c’est pourquoi les moyens seront maintenus au plus haut niveau. »
Khalil Merroun, le recteur de la mosquée d'Evry-Courcouronnes « Nous sommes indignés face à ces actes de barbarie. Ces indi-vidus ont perdu le sens de l’humanisme, c’est pourquoi nous condamnons avec fermeté ces assassinats soi-disant au nom d’Allah. Dieu est grand dans sa miséricorde, dans l’amour pour ses créatures. Ils ont crié “Nous avons vengé le prophète”, alors qu’il n’a jamais usé de la vengeance, bien au contraire, il n’était que pardon et clémence. Nous adressons nos vives condoléances aux familles et nous souffrons autant qu’eux. Beaucoup nous repro-chent notre silence, mais c’est notre manière d’exprimer une douleur profonde. Il faut que nous soyons forts face à cette atrocité. »
L’hommage du colonel Alain Caroli aux 17 victimes.
HOMMAGE DU DÉPARTEMENT AUX DIX-SEPT VICTIMES
A Bièvres, dimanche 11 janvier, les habitants étaient réunis devant la mairie, où les noms des 17 victimes ont été rappelés.
Hélène Dixmier, déléguée diocésaine pour les relations avec l'islam et monseigneur Alain Bobière, vicaire général « La population française ne doit surtout pas faire l’amalgame entre l’islam et ces barbares, qui ne sont pas des musulmans. Ces derniers ne tolèrent pas ce genre de choses. La liberté, notam-ment d’expression, est primordiale. Le jour où s’est produite cette attaque, monseigneur Michel Dubost était au Vatican en compa-gnie de trois imams pour rencontrer le Pape et prôner le vivre ensemble. Nous voulons adresser aux familles notre sympathie et toute notre amitié. Nous voulons dire à tous ceux qui souffrent qu’il faut se relever et rester debout. C’est en relevant la tête que nous vaincrons. »
Philippe Rio, le maire de Grigny « Savoir que l’un des assassins a grandi dans cette ville est une triple peine. Qu’un enfant de la ville soit l’auteur de ces attentats est impensable pour nous. Nos pensées vont à ses proches, à ses voisins, à ses frères et sœurs que beaucoup ici connaissent. C’est une personne que nous avons déjà rencontrée, certains sont allés dans la même école, pour ma part dans le même collège. Il a côtoyé nos équipes, nos enseignants, cela nous trouble et nous inter-pelle. Nous condamnons ces actes et appelons à éviter tout amal-game à ce sujet. Comment la prison peut-elle transformer des petits délinquants en radicaux ? Tout cela donne à réfléchir, cela peut arriver à tout le monde. Les familles ont peur que cela leur arrive. »
Une semaine après l’attaque de Charlie Hebdo, les journalistes d’Essonne Info, du Parisien et du Républicain de l’Essonne se sont réunis, mercredi 14 janvier, aux Terrasses de l’Agora à Evry, pour un hommage aux victimes.
L’un des derniers dessins de Stéphane Charbonnier, dit Charb, a été publié le mercredi 7 janvier, jour de la fusillade dans les locaux de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.
est
L’Essonne
En octobre 2014, Cabu avait participé à un dossier spécial du Canard Enchaîné, “Le petit Manuel Valls illustré”, dans lequel il avait caricaturé Francis Chouat (en arrière-plan), Carlos Da Silva (à gauche) et le Premier ministre.
Colonel Alain Caroli, directeur départemental du Sdis 91, le service départemental d’incendie et de secours de l’Essonne « Je pense aux dessinateurs qui défendaient la liberté d’expres-sion et aux policiers avec lesquels nous travaillons tous les jours. On ne peut être qu’en colère quand on voit la violence avec laquelle agissent certains. Cabu, Wolinski… je les connais tous car je les collectionne. Je dessine moi-même et ce sont des modèles. J’ai exercé pendant trois ans à l’île de la Réunion. Là-bas, toutes les reli-gions vivent en harmonie. C’est un modèle d’équilibre que l’on aimerait retrouver partout. Nous aspirons à cela, notamment pour les jeunes qui cherchent des repères. »
Raffi Ohannessian, fondateur des festivals de BD d’Igny et de Vigneux-sur-Seine, de l’association BD Essonne « Nous avions reçu le dessinateur Riss, qui collabore à Charlie Hebdo, en 2006, pour ses dessins dans la bande dessinée “La face karchée de Sarkozy”. C’est la seule relation que nous avons eue avec l’hebdomadaire. Ces auteurs ne cherchaient pas les hon-neurs. Ils se contentaient d’être. Pour moi, Charlie c’est l’imperti-nence de tout instant. L’impertinence, c’est le signe extérieur de l’in-telligence. A l’époque, on disait qu’elle était l’apanage de la jeunesse. Au contraire, c’est l’apanage de ceux qui ont su rester jeunes. »
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