Cinquante ans de sondages d opinion: les agriculteurs vus par les autres Français et par eux-mêmes - article ; n°1 ; vol.255, pg 21-32
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Cinquante ans de sondages d'opinion: les agriculteurs vus par les autres Français et par eux-mêmes - article ; n°1 ; vol.255, pg 21-32

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Économie rurale - Année 2000 - Volume 255 - Numéro 1 - Pages 21-32
Fifty years of public opinion polls: farmers seen by other french people and by themselves - The «awful» image of farmers and rural areas, largely spread fifty or one hundred years ago, has entirely changed. For public opinion, agriculture is, nowadays, a good stake for French economy, especially for exportation. It has to be helped, because it has a promising future and life is better in rural areas than in towns. Farmers themselves think they have become true managers who run their farm according to the most modern methods and to the market's laws. They are a little afraid by the European building, but are keen supporters of the «euro».This paper in based on the study of old and recent authors and of public opinion polls since 1945.
L'image «exécrable» des agriculteurs et du monde rural, répandue il y a cinquante ou cent ans, s'est radicalement modifiée. Aux yeux de l'opinion publique, l'agriculture est désormais un atout pour l'économie française, notamment à l'exportation. C'est un secteur qu'il faut aider, car il a de l'avenir et que la vie à la campagne est plus agréable qu'en ville. Les agriculteurs eux-mêmes pensent qu'ils sont devenus de véritables chefs d'entreprise qui gèrent leur exploitation selon les méthodes les plus modernes possibles et en tenant compte des lois du marché. La construction européenne les inquiète un peu, mais ce sont de chauds partisans de l'euro. L'étude repose sur la lecture d'auteurs «anciens» et «modernes», ainsi que sur les enquêtes d'opinion réalisées depuis 1945.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Isabel Boussard
Cinquante ans de sondages d'opinion: les agriculteurs vus par
les autres Français et par eux-mêmes
In: Économie rurale. N°255-256, 2000. pp. 21-32.
Abstract
Fifty years of public opinion polls: farmers seen by other french people and by themselves - The «awful» image of farmers and
rural areas, largely spread fifty or one hundred years ago, has entirely changed. For public opinion, agriculture is, nowadays, a
good stake for French economy, especially for exportation. It has to be helped, because it has a promising future and life is better
in rural areas than in towns. Farmers themselves think they have become true managers who run their farm according to the
most modern methods and to the market's laws. They are a little afraid by the European building, but are keen supporters of the
«euro».This paper in based on the study of old and recent authors and of public opinion polls since 1945.
Résumé
L'image «exécrable» des agriculteurs et du monde rural, répandue il y a cinquante ou cent ans, s'est radicalement modifiée. Aux
yeux de l'opinion publique, l'agriculture est désormais un atout pour l'économie française, notamment à l'exportation. C'est un
secteur qu'il faut aider, car il a de l'avenir et que la vie à la campagne est plus agréable qu'en ville. Les agriculteurs eux-mêmes
pensent qu'ils sont devenus de véritables chefs d'entreprise qui gèrent leur exploitation selon les méthodes les plus modernes
possibles et en tenant compte des lois du marché. La construction européenne les inquiète un peu, mais ce sont de chauds
partisans de l'euro. L'étude repose sur la lecture d'auteurs «anciens» et «modernes», ainsi que sur les enquêtes d'opinion
réalisées depuis 1945.
Citer ce document / Cite this document :
Boussard Isabel. Cinquante ans de sondages d'opinion: les agriculteurs vus par les autres Français et par eux-mêmes. In:
Économie rurale. N°255-256, 2000. pp. 21-32.
doi : 10.3406/ecoru.2000.5152
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_2000_num_255_1_5152BOUSSARD Isabel
inquante ans
de sondages d'opinion
Les agriculteurs vus par les autres Français
et par eux-mêmes
«Par la nature de leurs fonctions sociales, les fortune faite, aurait voulu tout vendre et lan
cer son fils dans quelque profession paysans vivent d'une vie purement matérielle
libérale.» {Ibid., p. 44 1).1 Même durant l' enqui se rapproche de l'état sauvage auquel les
tre-deux-guerres, il était fréquemment consinvite leur union constante avec la Nature. Le
eillé au jeune «doué» de partir à la ville et à travail, qui écrase le corps, ôte à la pensée
celui qui ne l'était point de rester à la terre. son action purifiante, surtout chez les gens
Parallèlement, un certain nombre d'autres ignorants. » (Honoré de Balzac, Les paysans,
auteurs s'appliquent à célébrer les vertus de p. 91). «C'était l'engourdissement mortel,
l'agriculture. Léonce de Lavergne, le premier inévitable de la routine [...] Qu'était-ce donc
à occuper la chaire d'économie et de législa{le progrès) pour les petits propriétaires, têtes
tion rurales à l'Institut national agronomique, dures, hostiles aux nouveautés? Un paysan
nouvellement créé en 1850 à Versailles2, serait mort de faim, plutôt que de ramasser
écrit en 1 854 : «L 'agriculture est le plus beau dans son champ une poignée de terre et de la
de tous les arts, mais il est en même temps le porter à l'analyse d'un chimiste. » (Emile Zol
plus difficile.» (préface à l'édition de 1854, a, La Terre, p. 490).
p. vu). Cinquante ans plus tard, Jules Méline Au XIXe siècle, le paysan est le plus sou
reprend la même idée: «L'agriculture touche vent présenté comme cupide, avare, voleur,
à tout et ses horizons sont immenses; elle éventuellement assassin et surtout ignare, car
n 'est pas seulement une science qui résume on comprend bien que tout tourne autour de toutes les autres, elle est surtout un art, puis-
l'instruction et même d'un refus de l'instruc qu 'elle consiste à appliquer, avec intelligen
tion. À un malheureux qui ose dire: «II fau ce et discernement, les vérités scientifiques,
drait [...] avoir des écoles pour apprendre à qui est le propre de l 'art. » ( 1 905, p. 1 59).
cultiver...», «Fouan l'interrompit violem En 1912, Michel Augé-Laribé reprend le
ment, en vieillard obstiné dans sa routine: problème de l'agriculteur sous un autre an
'Fichez-nous la paix avec votre science! gle, plus «économique»: «L'agriculteur de
Plus on en sait, moins ça marche, puisque je vient un industriel et un commerçant, il
vous dis qu 'il y a cinquante ans la terre rap
portait davantage'» (Ibid., pp. 435-436). Et 1 . Sur cette mauvaise image de marque, voir aussi le
c'est l'écroulement du rêve d'un père dont le début de l'article de Pierre Barrai (1966).
fils fait «d'exécrables études [...] décevant 2. Et supprimé deux ans plus tard, puis recréé an
1876. un nouveau rêve de ce dernier qui, devant la
Économie Rurale 255-256/Janvier-avril 2000 peut-être, l'emporter par ses connaissances
générales sur les techniciens des autres
prend même s'affermissent et vers n 'est-ce un son auteur plus rang pas noble insiste et dans que idéal la sur les lutte bataille ?» l'enseignement cœurs ( 19 que 12, économique, les se p. haussent 289). volontés proLe branches de l'activité nationale. Il faut donc
qu 'un enseignement approprié lui soit large
ment dispensé.» (1928, pp. 21-22)
fessionnel qui, comme on le voit, est au cœur Sous toute la nr2 République, l'accent sera
du problème: «Les agriculteurs désirent mis sur le développement de l'enseignement,
pour leurs enfants un enseignement spécial en même temps d'ailleurs que sur l'améliora
leur donnant et le goût du métier agricole et tion de la voirie et 1' electrification des cam«A les notions essentielles pour se perfectionner pagnes. Cet effort de modernisation explique (0
dans une profession qui exige de plus en que les choses aient bien changé et que la
| plus, avec une forte éducation morale, des vision ne soit plus du tout la même en l'an
connaissances très variées.» (1938, p. 20 1).3 2000 qu'en 1855 et 1887.4 L'image s'est
Alexis Jaubert reprend le même thème: «La modifiée aussi bien au niveau de l'ensemble
profession agricole tend à devenir une pro de l'opinion publique qu'à celui des agricul
fession qui nécessite, de plus en plus, pour teurs eux-mêmes qui n'ont plus la même
être exercée à profit, des connaissances mult conception de leur métier.
iples. Le technicien de la terre devra bientôt,
4. Dates de la première parution complète des ouvra
3. Sur les principales idées de Michel Augé-Laribé, ges précédemment cités d'Honoré de Balzac et
voir Isabel Boussard (1998). d'Emile Zola.
Les agriculteurs et la vie à la campagne
vus par les autres Français
Immédiatement après la Seconde guerre mond pagne. Par ailleurs, les enquêtes se multi
iale, les agriculteurs ne sont pas très bien plient, les instituts de sondage aussi.
vus, mais pour des raisons différentes. Ils sont L'Institut français d'opinion publique (IFOP)
jalousés: non seulement ils n'ont guère souff seul en piste depuis 1938 et jusqu'à la fin des
ert de la faim durant l'Occupation, mais ils années Cinquante, est vite concurrencé par
bien d'autres organismes. sont soupçonnés de s'être considérablement
enrichis. D'où les légendaires «lessiveuses»!
En mai 1946, les gens des villes leur repro
1. Approbation de l'aide à l'agriculture chent leur égoïsme, leur avarice, de s'enrichir
à leurs dépens, etc.5 II est évident que la question ne peut être
Avec les années, le ton change. La pénurie posée aux Français que de façon globale. Il est
s'éloigne - rappelons que les cartes de pain impossible de distinguer le soutien des prix,
sont supprimées en février 1949 et que vers les aides directes, etc. comme le font les éco
1950, la situation redevient normale - l'agri nomistes. Il ne peut s'agir que de «l'aide» en
culture poursuit sa modernisation et l'image général et au singulier ou de subventi

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