Controverses économiques autour du régime monétaire - article ; n°2 ; vol.2, pg 17-34
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Revue française d'économie - Année 1987 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 17-34
Les échecs récents de la théorie keynésienne tiennent au manque de cohérence de cette école : son analyse du système monétaire international suppose un régime de convertibilité qui n'a plus cours; son interprétation de la politique économique s'est à tort cristallisée autour de la notion de rigidité des salaires nominaux. Il faut en revenir à la vision keynésienne de l'allocation intertemporelle des ressources.
The setback of the Keynesian economics is largely explained by its lack of coherence. The Keynesian school has been too much obsessed by the convertibility and the hypothesis of sticky nominal wages. It should get back to an intertemporal approach of economic activity.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Axel Leijonhufvud
Controverses économiques autour du régime monétaire
In: Revue française d'économie. Volume 2 N°2, 1987. pp. 17-34.
Résumé
Les échecs récents de la théorie keynésienne tiennent au manque de cohérence de cette école : son analyse du système
monétaire international suppose un régime de convertibilité qui n'a plus cours; son interprétation de la politique économique s'est
à tort cristallisée autour de la notion de rigidité des salaires nominaux. Il faut en revenir à la vision keynésienne de l'allocation
intertemporelle des ressources.
Abstract
The setback of the Keynesian economics is largely explained by its lack of coherence. The Keynesian school has been too much
obsessed by the convertibility and the hypothesis of sticky nominal wages. It should get back to an intertemporal approach of
economic activity.
Citer ce document / Cite this document :
Leijonhufvud Axel. Controverses économiques autour du régime monétaire. In: Revue française d'économie. Volume 2 N°2,
1987. pp. 17-34.
doi : 10.3406/rfeco.1987.1140
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1987_num_2_2_1140Axel
LEIJONHUFVUD
Controverses
économiques autour
du régime monétaire
>u cours des trente der
nières années, la théorie macro-économique s'est enfoncée
dans une controverse entre keynésiens et monétaristes qui
n'est toujours pas terminée et a fort peu abouti. On doit
reconnaître que, depuis au moins dix ans, Г« équipe » keyné-
sienne s'est si mal comportée que ses supporters ne s'intéres
sent plus au combat. Les récents déboires des monétaristes 18 Axel Leijonhufvud
n'ont rien fait pour réveiller l'attention du public sur ces ques
tions. Mais, aussi ennuyeuses que soient à la longue ces quer
elles, on ne peut guère y échapper, car le keynésiannisme et
le monétarisme sont toujours rivaux dans leur prétention à
expliquer clairement des problèmes d'une importance consi
dérable.
Mon propos est d'essayer d'expliquer pourquoi
l'école keynésienne a perdu autant d'influence et je distinguer
ai, pour ce faire, des raisons internes et externes.
Il y a bientôt vingt ans *, j'avais soutenu que la théor
ie keynésienne était confrontée à de graves problèmes de
cohérence interne. Les keynésiens refusaient de s'intéresser à
certains aspects conceptuels et théoriques, au motif que leurs
modèles macro-économiques fonctionnaient correctement en
pratique. Le mépris dans lequel étaient tenues ces questions
théoriques augurait mal, selon moi, de la future prospérité de
la théorie keynésienne. Inutile de dire que je n'ai guère
changé d'avis depuis.
Mais les facteurs externes doivent également être
pris en compte. Pour simplifier, le monde a évolué, alors que
la controverse perdurait, à un point tel que l'analyse devint
contraire aux faits.
Comme on l'a souvent repris après A. Einstein,
«le Bon Dieu est compliqué mais il n'est pas méchant».
Autrement dit, Dieu a conçu des lois de la nature difficiles à
expliciter, mais il n'en change pas. Tel est le principe rassu
rant à partir duquel les physiciens peuvent travailler. Ils
savent que, devraient-ils s'enfermer longuement dans le
Sanhédrin pour régler leurs querelles, ils retrouveront à leur
sortie le monde tel qu'ils l'avaient quitté. Les économistes
n'ont pas cette chance. Leur matière évolue sans cesse et ses
variations peuvent favoriser, à un moment, les thèses de telle
ou telle école.
L'évolution fondamentale qui explique le déclin de
l'influence keynésienne est celle du système monétaire de Axel Leijonhufvud 19
l'après-guerre. L'économie keynésienne n'a suivi que lent
ement et partiellement ce phénomène, avec des heurts et des
grincements de dents. Dès lors, les keynésiens durent défen
dre des positions indéfendables — même si elles étaient vala
bles à une époque révolue. Ils offrirent ainsi des victoires
faciles à leurs critiques monétaristes. Les économistes ont tout
efois tiré, à mon sens, des conclusions erronées — et même
dangereusement erronées — de ces défaites keynésiennes. Le
bébé keynésien, jeté avec l'eau de son bain, était en fait en
bonne santé. Peut-être pourrait-on le repêcher ?
Les raisons externes :
les changements de régime monétaire
Les anticipations des agents jouent un rôle décisif en théorie
macro-économique. La raison en est simple : les conséquences
d'un choc ou d'une politique varient amplement en fonction de
ces anticipations. Par exemple, avec des anticipations données,
un accroissement de l'offre de monnaie peut engendrer une
augmentation rapide des prix, sans changement véritable de la
production et de l'emploi. Mais, avec d'autres types d'anti
cipations, la même mesure peut aboutir à une croissance de
la et de l'emploi sans inflation supplémentaire.
Pour prévoir les conséquences des politiques éco
nomiques, il nous faut donc connaître l'état des anticipations
à un moment donné. Le malheur est que ces ne
sont pas observables. Les macro-économistes sont d'ailleurs,
de ce point de vue, défavorisés par rapport aux scientifiques.
L'état des anticipations est, dit-on souvent, une boîte noire.
L'expression vient de la Seconde Guerre mondiale et dési
gnait le dispositif de mise à feu de la bombe. Si l'on connaît le
dispositif, on peut utiliser sans risque la Si on l'ignore,
la bombe peut vous tuer en éclatant sans prévenir. Tout
comme la politique macro-économique ! 20 Axel Leijonhufvud
Une des grandes leçons apprises des nouveaux clas
siques est que l'on peut, sur ce problème de boîte noire, sup
poser que les agents comprennent le régime monétaire au sein
duquel ils évoluent et forment leurs anticipations en
conséquence. Ce présupposé est celui des
rationnelles2 et est utilisé par des économistes qui n'ont que
peu de points communs avec les nouveaux classiques.
Le concept de régime monétaire doit donc avoir
deux acceptions : d'une part, c'est une structure d'anticipa
tion des agents, et c'est d'autre part une fonction de compor
tement cohérente des pouvoirs publics. Une société peut, dès
lors, choisir un régime monétaire en imposant une série de
règles à ses autorités monétaires et en laissant les agents adapt
er leurs anticipations à ces règles. Les règles de l'étalon-or en
sont un exemple largement modifié depuis. Il est clair que les
anticipations des agents concernant par exemple le niveau
général des prix seront différentes selon que le régime monét
aire est celui du change-or (avec toutes ses variantes) ou celui
des pays inflationnistes, comme le furent jusqu'à une date
récente l'Argentine, le Brésil ou Israël.
Dans le choix ou la mise en œuvre d'un régime
monétaire, l'objectif fondamental sera normalement d'assurer
la stabilité et la prédictabilité du niveau des prix nominaux.
Nous avons hérité du passé deux manières d'aboutir à ce
résultat, qui sont le contrôle de la quantité et le contrôle de la
convertibilité. Or, la théorie macro-économique adaptée au
régime de la convertibilité est, sous de nombreux aspects, très
différente de celle qui suppose un contrôle, par les autorités
publiques, du stock de monnaie.
Passons en revue ces différences. Lorsqu'il y a un
rôle quantitatif, les autorités monétaires fixent la quantité de
monnaie et laissent le libre jeu du marché fixer en consé
quence le niveau général des prix. Dans le régime de la
convertibilité, le Gouvernement arrête le prix nominal de l'or
(par exemple) et laisse les banques et leurs clients déterminer Axel Leijonhufvud 21
les stocks de monnaie et d'actifs financiers d'équilibre. Les
autorités publiques, dans le premier cas, font la quantité et
subissent le prix ; dans le second cas, elles font le prix et subis
sent la quantité.
La théorie macro-économique monétaire ou
conjoncturelle n'est pas

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