Cours Leçon 3 Juifs chrétiens et musulmans entre antagonismes et  réconciliations  1
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THEOLOGIE OECUMENIQUE ET THEOLOGIE DES RELIGIONS Titre : Identités, violences et réconciliations entre : a. Juifs, chrétiens et musulmans, b. catholiques, orthodoxes et protestants. Leçon 3 : Juifs, chrétiens et musulmans : entre antagonismes et réconciliations (1) Cours conçu par Shafique Keshavjee, professeur ordinaire Assistant : Bruno Gérard COURS Juifs, chrétiens et musulmans : entre antagonismes et réconciliations Un regard synoptique, une perspective chrétienne Introduction La longue histoire des relations entre juifs, chrétiens et musulmans est chargée et complexe. Les rencontres interreligieuses entre personnes de ces trois traditions se sont heureusement beaucoup développées durant ces dernières décennies. En quête d’amitiés sincères, ces 1personnes sont souvent confrontées à des souvenirs d’inimitiés tenaces . Les relations 2 3interreligieuses se vivent entre hospitalités et hostilités . Les mémoires sont meurtries . Seule une longue et difficile thérapie des conscients et des inconscients, individuels et collectifs, peut progressivement améliorer les relations. 1. Les identités « en bref » 2. Entre antagonismes et réconciliations 3. Trois manières de croire et de vivre Dieu, l’humain et le monde 4. Forces et faiblesses respectives 1 Cf. en Annexe 1 un court exposé pour lequel le rabbin Marc-Raphaël Guedj m’avait sollicité et que j’ai donné le 17 mars 2006 durant ...

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THEOLOGIE OECUMENIQUE ET THEOLOGIE DES RELIGIONS Titre : Identités, violences et réconciliations entre : a. Juifs, chrétiens et musulmans, b. catholiques, orthodoxes et protestants. Leçon 3 : Juifs, chrétiens et musulmans : entre antagonismes et réconciliations (1)  Cours conçu par Shafique Keshavjee, professeur ordinaire Assistant : Bruno Gérard  COURS Juifs, chrétiens et musulmans : entre antagonismes et réconciliations Un regard synoptique, une perspective chrétienne   Introduction  La longue histoire des relations entre juifs, chrétiens et musulmans est chargée et complexe. Les rencontres interreligieuses entre personnes de ces trois traditions se sont heureusement beaucoup développées durant ces dernières décennies. En quête d’amitiés sincères, ces personnes sont souvent confrontées à des souvenirs d’inimitiés tenaces 1 . Les relations interreligieuses se vivent entre hospitalités et hostilités 2 . Les mémoires sont meurtries 3 . Seule une longue et difficile thérapie des conscients et des inconscients, individuels et collectifs, peut progressivement améliorer les relations.   1. Les identités « en bref »  2. Entre antagonismes et réconciliations  3. Trois manières de croire et de vivre Dieu, l’humain et le monde  4. Forces et faiblesses respectives   
                                                 1 Cf. en Annexe 1 un court exposé pour lequel le rabbin Marc-Raphaël Guedj m’avait sollicité et que j’ai donné le 17 mars 2006 durant une soirée de « repas sabbatique ». 2  Cf. en Annexe 2 un court exposé donné sur ce thème à la Communauté interreligieuse de Suisse, le 26 mars 2006. 3 Cf.en Annexe 3 un message donné à Auschwitz à un groupe composé de rescapés de la Shoah, d’enseignants de Suisse romande, de juifs, de chrétiens et d’autres. A ce temps de mémorial, un rabbin, un prêtre et un pasteur étaient sollicités.
 
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1. Les identités « en bref »  1.1 Le coeur des identités  Qu’est-ce « être juif », « être chrétien », « être musulman » ? Ces questions ont donné naissance à des millions de réponses et de textes. Impossible donc en quelques lignes d’y répondre sans caricaturer à l’extrême chacune de ces identités (plurielles et complexes)!  L’identité juive 4  L’identité chrétienne L’identité musulmane L’identité juive s’est construite autour de trois L’identité chrétienne s’est construite autour de L’identité musulmane s’est construite en pôles : un Peuple (« Juda »), une Terre (la la figure de Jésus confessé comme le Christ 7 . référence à l’expérience de Mohammed. « Judée ») et un Message (la « Loi juive ») 5 . Elle est située entre deux pôles : appartenance Elle peut exprimer autant l’appartenance à une Elle est constituée à la fois d’une religion, d’une molle à une culture (« chrétienté ») et adhésion religion qu’à une civilisation 8 . culture et d’une sensibilité 6 . forte à une foi (« christianisme »). Le mot « islam » dérive d’une racine arabe Le mot judaïsme dérive d’une racine hébraïque Le mot christianisme dérive d’une racine signifiant « se soumettre » (à Dieu) 9 . signifiant « rendre grâce » (à Dieu). grecque signifiant « être oint » (par Dieu).   
                                                 4 La question de l’identité juive est probablement la plus complexe des trois. Etre juif, est-ce appartenir à une même « race » ? Non ! Il y a des juifs blancs et des juifs noirs (cf. les Falashas, ces juifs éthiopiens dont beaucoup ont été rapatriés en Israël). Est-ce avoir une même nationalité ? Non ! Il y a des juifs allemands et des juifs marocains, des juifs israéliens et des juifs non israéliens. Est-ce avoir une même religion ? Non ! Il y a des juifs croyants et des juifs athées, des juifs religieux (pratiquants) et des juifs non-religieux (non-pratiquants) ; des juifs « juifs » et des juifs « chrétiens » (tel Oswald Rufeisen, juif devenu carme et ayant pris le nom de Père Daniel et qui a souhaité en 1962 bénéficier de la nationalité israélienne par la « Loi du retour » -formulée en 1897 au Congrès sioniste de Bâle et adoptée à la Knesset en 1950 selon laquelle quiconque se déclare juif peut recevoir la nationalité israélienne- ; son cas fit grand bruit car les religieux, se référant à la Loi talmudique affirmèrent que seul est juif celui qui est né de mère juive ou s’est dûment convertie au judaïsme ; en 1962 la Haute Cour décide alors que cette Loi ne concerne pas les personnes qui se sont ultérieurement converties au christianisme ; Daniel Rufeisen obtint toutefois la citoyenneté israélienne par naturalisation ; en 1970, sous la pression des partis religieux, la Loi du retour est amendée : est juif toute personne née d’une mère juive ou convertie au judaïsme cf. Les Israéliens , Encyclopédie du Monde actuel, Le Livre de poche, 1976, pp.154ss.) La « question juive » est sans cesse débattue. De manière très critique Marx a écrit : « Ne cherchons pas le secret du Juif dans sa religion, mais cherchons le secret de la religion dans le Juif réel. Quel est le fond profane du judaïsme ? Le besoin  pratique , l’utilité personnelle . Quel est le culte profane du Juif ? Le trafic. Quel est son Dieu profane ? L’argent. Eh bien, en s’émancipant du trafic et de l’argent , par conséquent du judaïsme réel et pratique, l’époque actuelle s’émanciperait elle-même. Une organisation de la société qui supprimerait les conditions nécessaires du trafic, par suite la possibilité du trafic, rendrait le Juif impossible. La conscience religieuse du Juif s’évanouirait, telle une valeur insipide, dans l’atmosphère de la société. (…) L’ém ancipation sociale du Juif, c’est l’émancipation de la société du judaïsme. » (Karl Marx, La question juive , Editions 10/18 ; 1968, pp. 49 et 56). Il est à souligner que Marx a écrit ces pages en réponse à un texte d’un de ses anciens maîtres, Bruno Bauer, qui lui a enseigné la théologie à Berlin dans les années 1836-1840. Ce texte figure dans le livre susmentionné. Pour Marx donc, l’identité juive est une identité illusoire reflétant une société aliénée. L’émancipation de cette société –dominée par l’argent- conduirait à l’émancipation du juif, c’est-à-dire à son évanouissement. Sur ce sujet, cf. de Robert Misrahi, Marx et la question juive , Gallimard, 1972. Selon Sartre, l’identité juive trouve aussi une explication sociale. Dans son ouvrage Réflexions sur la question juive , (Gallimard, 1954) il défend la thèse selon laquelle s’il y a de l’antisémitisme, ce n’est pas à cause des juifs, mais c’est plutôt à cause de l’antisémitisme qu’il y a encore des juifs. Le jour où il n’y aura plus d’antisémitisme obligeant le juif a s’affirmer en tant que juif, il n’y aura plus de juif. Cette explication « réductionniste » est bien évidemment refusée par les croyants, aussi bien juifs que chrétiens…  2
Commentaires : Il importe de rappeler immédiatement que chacune de ces trois « identités » sest construite –et continue de se construire- en rupture/continuité/reprise/antagonisme avec les deux autres. Aucune de ces identités n’existe « en vase clos ». Le christianisme s’est constitué en rupture/continuité avec le judaïsme du premier siècle 10 ; l’islam s’est constitué en rupture/continuité avec le judaïsme et le christianisme du 7 ème siècle 11 . Aujourd’hui, comme hier et demain, les conflits, les dialogues et les perceptions mutuelles continueront de déstabiliser et de fortifier les identités des uns et des autres 12 .                                                                                                                                                                                                                                                      5 Cette perspective est celle proposée par André Chouraqui dans son ouvrage Histoire du judaïsme , PUF, 1979. « L’histoire du judaïsme sera celle d’une trinité : le message, ici, est inséparable du peuple, qui le reçoit et celui-ci ne se conçoit que par rapport à sa terre » (p.5). Précisons immédiatement que le Peuple, le Message et la Terre ont été compris de mille manières par les juifs eux-mêmes, et que c’est précisément cette diversité qui donne la complexité à leur identité. Pour une présentation synthétique et pédagogique de la vocation juive, cf. de Samson Raphaël Hirsch, Dix-neuf épîtres sur le judaïsme , Cerf, 1987. 6 A lire -et à relire !- le beau texte d’Emmanuel Lévinas paru dans l’Encyclopaedia Universalis , DVD, Version 11, 2006, comme « Prise de vue » sur le judaïsme. Ce texte figure dans les Annexes. 7 Cf. la « Prise de vue » sur le christianisme paru dans l’Encyclopaedia Universalis , DVD, Version 11, 2006 de Pierre Liégé. Ce texte figure aussi dans les Annexes. La littérature sur  le christianisme est bien sûr monumentale. Pour une somme synthétique (plus de 1200 pages !), cf. l’ouvrage de Hans Küng, Le christianisme. Ce qu’il est et ce qu’il est devenu dans l’histoire , Seuil, 1999, où il présente le christianisme non seulement dans son extension historique et sa diversité confessionnelle, mais aussi dans sa spécificité et ses ouvertures possibles à d’autres traditions religieuses. Voici comment Hans Küng définit le cœur de l’identité chr étienne : « Ainsi se trouve défini sans ambiguïté le spécifiquement chrétien –la différence non seulement avec le judaïsme, mais avec toutes les autres religions et tous les humanismes : le spécifiquement chrétien, c’est le Christ crucifié et néanmoins vivant !  Et la foi en ce Christ n’est pas une formule vide, pas davantage une simple doctrine. En effet : - La foi dans le Christ se rapporte à une personne historique très concrète : Jésus de Nazareth. C’est lui qui se tient non seulement aux origines du christianisme, mais derrière toute la grande tradition chrétienne bimillénaire : est chrétien qui peut se réclamer du Christ. – La foi dans le Christ ne s’exprime pas seulement dans un message, mais également dans des rites porteurs de sens : dans le baptême en son nom et dans la célébration de la Cène en souvenir de lui. – La foi dans le Christ ouvre en même temps un chemin de vie, une orientation fondamentale, pour le présent et pour l’avenir : Jésus-Christ n’apporte certes, pas une nouvelle Loi, mais il apporte l’amour dont il fait le critère fondamental déterminant pour la vie et pour l’agir, pour la souffrance et la mort des chrétiens » (p.79). 8 Cf. la « Prise de vue » sur l’islam paru dans l’Encyclopaedia Universalis , DVD, Version 11, 2006 d’Olivier Carré. Ce texte figure aussi dans les Annexes. 9 Mohammed Arkoun rappelle aussi qu’islam étymologiquement ne signifie pas seulement « livrer quelque chose à quelqu’un » mais aussi « défier la mort ». « (…) défier la mort en livrant son âme, c’est-à-dire sa vie, pour une noble cause. Ici, livrer son âme, se livrer en sacrifice, par exemple dans un combat pour Dieu, c’est manifester à l’extrême cet élan, ce mouvement qui porte le croyant à accepter sans condition l’appel de Dieu et ses enseignements. Aller vers Dieu, c’est aller vers l’Absolu, vers la Transcendance ; c’est se sentir promu à un niveau supérieur d’existence » ( Ouvertures sur l’islam , Paris, J.Grancher, 1992, p.35). Les ouvrages de présentation sur l’islam et sur l’identité musulmane sont très nombreux. Outre celui de Mohammed Arkoun, intellectuel musulman largement ouvert aux valeurs de la modernité, cf. d’un occidental converti à l’islam et plus spécialement au soufisme, Roger du Pasquier, Découverte de l’Islam , Seuil, 1984 ; d’un musulman à la fois traditionnel et moderne (gérant l’héritage des Frères musulmans et l’ouverture à l’Occident), Tariq Ramadan, Les Musulmans d’Occident et l’avenir de l’islam , Sindbad/Actes Sud, 2003 ; d’un islamologue chrétien, dont l’œuvre est reconnue aussi bien par les musulmans que par les chrétiens, Louis Gardet, L’ISLAM, Religion et communauté , Desclée de Brouwer, 1967. 10 Po r une première analyse de la problématique judéo-chrétienne du premier siècle, cf. de Daniel Marguerat, éditeur, Le déchirement. Juifs et chrétiens au premier siècle , Labor et u Fides, 1996. 11  Pour une première et rapide présentation de cette problématique, cf. de W. Montgomery Watt, Mahomet , Payot, 1980, les pp.37-50 « L’influence du judaïsme et du christianisme ». 12 Pour une présentation contemporaine et dialoguale entre juifs et chrétiens, cf. de Shmuel Trigano, Pierre Gisel et David Banon, Judaïsme et christianisme, entre affrontement et reconnaissance , Bayard, 2005 ; de Catherine Chalier et Marc Faessler, judaïsme et christianisme, l’écoute en partage , Cerf, 2001 ; pour une présentation des regards respectifs entre musulmans et chrétiens, cf. de Jacques Waardenburg, éditeur, Islam and Christianity, Mutual Perceptions since the mid-20th Century , Leuven, Peeters, 1998.  3  
1.2. Les différences dans les identités  Chaque identité religieuse est plurielle. Pour des raisons théologiques, historiques, culturelles… cha que tradition s’est diversifiée.  Fiche ENBIRO Fiche ENBIRO  Fiche ENBIRO  Les juifs Les chrétiens  Les musulmans  Branches et courants Branches et courants Branches et courants Conséquence de la dispersion, les juifs se sont trouvés Pour des raisons historiques et théologiques, la Dès la succession du Prophète, l’islam se répartit en deux répartis entre ashkénazes, en Europe orientale et communauté chrétienne se trouve aujourd’hui répartie en courants principaux : sunnite et chiite. Les sunnites (90%) occidentale, et séfarades dans le bassin méditerranéen. Le trois grandes familles – orthodoxe, catholique, protestante se réfèrent à la sunna , la tradition du Prophète et au monde religieux juif contemporain répond à une diversit頖 et six courants principaux : consensus de la communauté formulé par quatre écoles de sensibilités à travers principalement deux courants. Le 1. les Eglises orientales (arménienne, copte, etc.) juridiques reconnues. Divisés en plusieurs tendances, les premier (orthodoxe et traditionaliste) est attaché au 2. les Eglises orthodoxes (grecque, russe, roumaine, chiites accordent une grande vénération à Ali et aux respect de l’ensemble des prescriptions de la tradition bulgare, arabe, etc.) Ces deux courants sont formés descendants du Prophète par sa fille Fatima. L’islam écrite et orale. Pour le second (libéral ou réformé, et d’églises locales, régionales ou nationales, conduites connaît aussi l’orientation mystique des confréries conservateur), les textes de la tradition demeurent une chacune par un patriarche ou primat, en communion les soufies, soucieuses d’une adhésion intérieure à l’islam. référence essentielle et incontournable, mais plus ou unes avec les autres.  moins susceptibles d’adaptation. 3. l’ Eglise catholique romaine , numériquement la plus  importante ; elle assure son unité autour du pape à Rome et des évêques à travers le monde. 4. un quatrième courant : luthérien, réformé, anglican, méthodiste , etc. Rattaché à la famille des Eglises issues de la Réformation (XVIe siècle) qui privilégient la Bible et le rôle des laïques, celui-ci participe au mouvement de rapprochement oecuménique. 5. un cinquième courant : baptiste, pentecôtiste, évangélique , etc. Egalement rattaché à la famille des Eglises issues de la Réformation, ce courant est plus réticent quant au mouvement de rapprochement oecuménique. 6. Il existe enfin un certain nombre de communautés dissidentes , majoritairement mais pas exclusivement dans la mouvance protestante.  Commentaire : La diversité des identités peut s’expliquer par des enracinements dans des aires géographiques différentes (ashkénazes ou « allemands » et sépharades ou « espagnols » ; Eglises d’Orient ou Eglises d’Occident…) ; par des désaccords sur la gestion du pouvoir au sein de la Communauté (catholiques romains et protestants ; sunnites et chiites…) ou e ncore par des compréhensions différentes de la relation entre fidélité à la tradition et ouverture à la modernité (juifs orthodoxes et juifs libéraux ; protestants libéraux et protestants évangéliques…).
 
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1.3. Les différents « poids » des identités  Les différences de poids démographiques et de poids culturels entre les traditions juives, chrétiennes et musulmanes sont énormes.  Le poids démographique des juifs Le poids démographique des chrétiens Le poids démographique des musulmans Parmi les 6'453 millions d’habitants vivant sur Parmi les 6'453 millions d’habitants vivant sur Parmi les 6'453 millions d’habitants vivant sur la planète, 15 millions seraient juifs, soit 0,23% la planète, 2136 millions seraient chrétiens, soit la planète, 1314 millions seraient musulmans, de la population mondiale 13 . 33% de la population mondiale. soit 20% de la population mondiale.    Pour 1 juif il y a… … 142 chrétiens et… 88 musulmans    Commentaire : Les relations entre traditions religieuses sont aussi pétries par leurs « rapports de force ». L’identité d’une personne juive qui se sait environnée de 88 musulmans et de 142 chrétiens, au niveau mondial, n’est pas la même que celle d’une personne chrétienne ou musulmane qui se sait en relations avec des communautés nombreuses à travers le monde. Par ailleurs, les évolutions démographiques des communautés religieuses (croissance lente chez les juifs 1,01% par an ; moyenne chez les chrétiens 1,31% par an ; rapide chez les musulmans 1,93% par an) suscitent aussi des réactions de peurs ou de revendications, selon les groupes et les personnes.  Les 5 pays avec le plus de juifs 1. Etats-Unis : 5'915’000 2. Israël : 5'022’000 3. Russie : 717’000 4. France : 607’000 5. Argentine : 395’000 14   Commentaire : Il y a plus de juifs aux Etats-Unis qu’en Israël ; parmi les cinq pays où il y a le plus de chrétiens, trois se trouvent en Amérique et un en Asie ; parmi les cinq pays où il y a le plus de musulmans, aucun n’est arabe.
Les 5 pays avec le plus de chrétiens 1. Etats-Unis : 255 millions 2. Brésil : 167 millions 3. Mexique : 102 millions 4. Chine : 65 millions 5. Allemagne : 63 millions 15   
Les 5 pays avec le plus de musulmans 1. Indonésie : 180 millions 2. Pakistan : 155 millions 3. Bengladesh : 132 millions 4. Inde : 131 millions 5. Turquie : 71 millions 16   
                                                 13 Source : International Bulletin of Missionary Research, January 2005. David B. Barrett & Todd M. Johnson in www.gordonconwell.edu/ockenga/globalchristianity (5/04/2006). 14 Source : www.jewishvirtuallibrary.org qui a repris de www.en.wikipedia.org/wiki/Jews_by_country (5/04/2006). 15  Huibert van Beek, A Handbook of Churches and Councils , World Council of Churches, 2006. Un ouvrage époustouflant qui passe en revue toutes les Eglises appartenant au Conseil Œcuménique des Eglises, et donnant aussi de s statistiques pour d’autres. 16 Source : Huibert van Beek et David Barrett, op.cit.  
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Alors qu’il n’est pas aisé d’obtenir des statistiques fiables pour mesurer les poids démographiques des trois traditions en présence, il est pratiquement impossible d’en mesurer leurs poids culturels  17  respectifs.   Le poids culturel des juifs Le poids culturel des chrétiens 19  Le poids culturel des musulmans Religion : Moïse, les prophètes et le Tanakh ; Religion : Jésus et le Nouveau Testament ; Religion : Mohammed et le Coran ; Rûmi, Ibn Jésus et le Nouveau Testament (sauf Luc) ; Irénée de Lyon à Martin Luther King et Mère Arabî… Maïmonide, Martin Buber ; Franz Teresa… Langue 21 : zéro, chiffre, algèbre, alcool, abricot, Rosenzweig… Philosophie : Augustin à Pascal, Kierkegaard, magasin, douane, jupe, sucre, tasse, toubib… Philosophie : Henri Bergson, Edmond Husserl, Jaspers et Ricoeur… Philosophie : Ibn Sînâ (Avicenne), Ibn Roshd Emmanuel Lévinas… Physique : Copernic, Galilée, Newton à (Averroës), Al Farabi, Al Razi… 22  Sciences humaines : Sigmund Freud, Alfred Georges Lemaître, Werner Heisenberg et Max Sciences : Al-Khâwârizmî (algèbre) ; Ibn al-Adler, Bruno Bettelheim, Claude Lévi-Strauss, Planck… Haytham (optique)… Raymond Aron, Roman Jakobson, Noam Etc. 20  Architecture : Mosquées à travers le monde ; Chomsky… Taj Mahâl à Agra… Physique : Albert Einstein, Max Born, Niels Etc. 23  Bohr… Politique : Karl Marx, Trotsky, Henry  Kissinger… Entre 1901 et 2005, les musulmans Arts : Felix Mendelssohn, Gustav Mahler, Marc représentaient les 15% de la population Chagall, Jehudi Menuhin, Arthur Rubinstein… mondiale et ils ont reçu 1% des prix Nobel 24 . Littérature et cinéma: Arthur Miller, Woody Allen, Isaac Asimov… Entre 1901 et 2005, les juifs représentaient les 0,3% de la population mondiale et ils ont reçu 22% des prix Nobel (en physique, médecine…) 18 .                                                  17 Il est évident que le concept de « poids culturel » est vague, subjectif et indéfinissable. J’entends par là le rayonnement de créativité et d’influence –philosophique, scientifique, artistique… - à portée universalisante hors de sa famille d’appartenance religieuse. 18 Selon le site juif, polémique et apologétique www.masada2000.org/nobel.html , les juifs auraient reçu 169 Prix Nobel jusqu’en 2005 (la liste y est indiquée) … et les musulmans 7. Sur le site officiel www.nobelprize.org jusqu’en 2005 776 prix Nobel ont été distribués. Les juifs en auraient donc reçu 22%. S’ils n’avaient reçu ces prix qu’en fonction de leur poids démographique -0,3% durant le 20 ème siècle-, cela aurait signifié l’obtention de …3 pr ix ! Selon ce même site, sur les 776 prix distribués, 725 l’ont été à des hommes et 33 à des femmes (les 18 restants l’ont été à des organisations) ! De ces chiffres on peut déduire que les juifs sont effectivement surreprésentés sur le plan de leur rayonnement culturel, ou encore que l’institution attribuant les prix Noble est largement pro-juif et misogyne ! 19  La liste serait à la fois trop longue et peut-être trop floue ; en effet à part ceux et celles qui en Occident ont clairement pris distance contre la foi chrétienne, presque tous les créateurs culturels en Occident se situent entre une appartenance « molle » et une appartenance « forte » (Mozart et Bach, Kant et Kierkegaard etc.).  6
Commentaire : Il est indéniable que durant l’histoire humaine et le 20 ème siècle en particulier il y a une disproportion étonnante entre la faiblesse démographique des juifs et leur rayonnement culturel (la moitié de l’humanité se réclame d’un monothéisme sémitique ; toute la Planète a été marquée –positivement et négativement- par le marxisme ; une bonne partie de l’élite occidentale par la psychanalyse…). Le rayo nnement culturel du monde arabe et perse a été immense entre le 9 ème et le 15 ème siècle. Depuis, il faut bien le reconnaître, ce rayonnement, et celui de la pensée islamique en particulier, a été éclipsé au profit de l’Occident, profondément marqué par le christianisme et l’humanisme, et dont les racines intellectuelles et spirituelles sont certes grecques et romaines, mais aussi juives et arabes …
                                                                                                                                                                                                                                                    20 Consulter le Dictionnaire culturel du christianisme , Cerf/Nathan, 1994, où les auteurs ont non seulement essayé d’expliquer les mots de base du vocabulaire chrétien, mais aussi de les éclairer par leurs reprises philosophiques et artistiques chez de nombreux auteurs.  21  Dans les langues européennes, il y a un nombre considérable de mots d’origine arabe –ayant transitéparfois par d’autres langues- et qui reflètent ce poids culturel que le monde arabe –musulman et chrétien- a exercé sur l’Occident. Cf. de Mohamed Ben Smail, Dictionnaire des Mots français D’origine Arabe , Tunis, STER, 1994. 22 Sur l’importance de la philosophie islamique et son histoire, cf. le classique de Henry Corbin, Histoire de la philosophie islamique , Gallimard, 1964. 23 Pour une présentation très riche sur l’influence de la civilisation arabe sur l’Occident, cf. de Sigrid Hunke, Le soleil d’Allah brille sur l’Occident , Albin Michel, 1963. 24 Cf note 18. .  
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1.4. Les différents fondements des identités  Fiche ENBIRO Fiche ENBIRO  Fiche ENBIRO  Les juifs Les chrétiens  Les musulmans     Fondateur et origine Fondateur et origine Fondateur et origine Les trois patriarches : Abraham, Isaac et Jacob sont les Dorigine juive, Jésus de Nazareth a prêché le Royaume Muhammad, le loué”, nest pas le fondateur, mais le pères du peuple d’Israël. Treize siècles avant l’ère de Dieu et guéri des malades au début de l’ère chrétienne. prophète de l’islam, l’envoyé de Dieu. Il a vécu à La chrétienne, Moïse reçoit la Torah (les cinq premiers livres Les chrétiens reconnaissent en lui le Christ ou le Messie, Mecque de 570 à 622 de l’ère chrétienne, puis jusqu’en de la Bible) sur le mont Sinaï, après la Révélation des Dix mort sur une croix et ressuscité pour vivre à jamais en 632 à Médine. Son émigration (hégire) marque le début Paroles ou Commandements à tout le peuple d’Israël. Dieu. du calendrier musulman qui est lunaire. Pour les  musulmans, Muhammad est le dernier messager d’une lignée qui en compte de nombreux autres, tels que Adam (premier homme et premier prophète), Noé, Abraham, Moïse et Jésus, fils de Marie.  
Commentaire : Moïse, Jésus et Mohammed… trois sémites dont les de stins ont façonné, et façonnent encore, la moitié de l’humanité ! Trois expériences de Dieu qui ne cessent d’être approfondies, de près ou de loin, par trois milliards d’humains ! Mais chacun, à sa manière, s’est inséré dans une histoire qui les précède et les prolonge.  Fiche ENBIRO Fiche ENBIRO  Fiche ENBIRO  Les juifs Les chrétiens  Les musulmans  Convictions fondamentales Convictions fondamentales Convictions fondamentales 4. Dieu est un et unique, Il a créé l’univers et tout ce qu’il Le Dieu unique, créateur de toutes choses, est un Dieu « Dites : “Nous croyons en Dieu, à ce qui a été révélé à contient. Il a créé l’être humain à Sa “ressemblanc e”, le d’amour qui a parlé par les prophètes d’Israël et s’est Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, aux (douze) tribus, à ce dotant du libre-arbitre et lui assignant le rôle de parfaire la révélé dans la personne de Jésus-Christ, verbe incarné de qui a été confié à Moïse, à Jésus, aux prophètes par leur création. Par le don de la Torah , Dieu fait alliance avec Dieu, venu au monde pour libérer l’humanité du mal et de Seigneur. Nous ne faisons aucune distinction entre eux et Son peuple. L’histoire a un sens, et par son action, l’être la servitude. C’est le Dieu trinitaire, présent par son Esprit à Dieu nous sommes soumis”. » (sourate 2, 136). Unseul humain peut la mener vers son but : l’ère messianique de vie qui inspire les croyant-e-s. Le salut, ici-bas et après Dieu (en arabe Allah ) révèle un même message — adapté libre de violence et d’affrontements, où régnera la justice la mort, est un don gratuit auquel les fidèles répondent par aux circonstances de l’histoire — à ses prophètes e t pour tous (voir les treize articles de foi de Maimonide). la foi, la prière et un engagement de toute leur existence. envoyés dont le dernier est Muhammad. Au pacte  primordial qui lie l’ensemble de l’humanité à Dieu  correspond la fin dernière, le jugement de Dieu qui fait de  la vie un test. Sur la voie qui mène à Dieu — la Vé rité —  la révélation et la foi sont la lumière et l’orientation.  Commentaire : Au cœur de chaque identité : le Dieu un et unique en relation avec le monde… et unique dans ses relati ons et sa manière d’être un !
 
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Treize articles de foi de Maimonide 25  Le Credo de Nicée-Constatinople 26  Hadith 2 de An-Nawawî Les quarante hadiths 27   Je crois d'une foi parfaite… Nous croyons en un seul Dieu, le Père, le Tout- Umar Ibn Al-Khattâb (DAS) a dit : c1r. éaqtueeu rl ed eC troéautteesu rl, esb écnhi ossoeist  qsuoin  onnto mét, é ecsrt éléee sc ;o nqduue cltueiu rs eeut l lae  lpeusi scshaonst,e sC vriésiabtleeusr  edt ui ncviiesli belet sd. e   la terre, de toutes « Un jour que nous étions assis auprès du Messager de Dieu fait, que lui seul fait, et que lui seul fera tous les ouvrages. (SBDL), voici qu’apparut un homme aux hommes d’une vive blancheur (…) il lui dit : 2n. éqgualee  lseo nC ruénaitteé u;r ,q ubeé nliu i ssoeitu l seosnt  nnootrme,  Desite us equul,i l eta  éqtué,e  qriueinl  Nous croyons en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le - « Ô Muhammad, informe-moi au sujet de l’Islam. L’Envoyé de Dieu (SBDL) répondit : est, et qu’il sera. n - « L’Islam est que tu témoignes qu’il n’est de divinité que Dieu  3n.e  qpueeu lt ec oCrméparteenurd,r eb éenni  lsuoii ta suocun nneo fmo,r mnee sdte  pcooirnpt sune tc qorupisl,  nqueno na  lFeilss  siuèncilqeuse,  Ldue mDièiereu , veenguee nddre él ad uL uPmèirèer e,a vvarnait  tDoieusu  et que Muhammad est Son Envoyé ; que tu accomplisses la , prière, verses l’impôt social purificateur, jeûnes le mois de a4.u cquunee l re esCsreéamtbeluar,n cbeé. ni soit son nom, est le premier et le dernier. vceonnus ubdsut antvireali  auD iPeèur, e ;e npgare nludir ét,o ut nao né tép faasi t. cProéuér,  Ramadhan et effectues le pèlerinage à la Maison de Dieu si tu en as la possibilité. 5. qu’au seul Créateur, béni soit son nom, il convient d’adresser nous et pour notre salut, il descendit des cieux ; par - Tu dis vrai, dit l’homme. (…) Informe-moi au suje t de la foi. sa prière et non à d’autre. le Saint- Esprit il a pris chair de la Vierge Marie et il - « C’est, répliqua le Prophète (SBDL) de croire en Dieu, en Ses 76..  qquuee  tloeust esp rloeps hpéatrieols esd ed esM Porïosep,h èntoetsr es onmt avîtérrei,t asbolenst.  véritables, sP'oenstc ef aiPt ilhatoem, iml ea.  Isl oau fféetrét,  cilr uaci fiéét é poeunrs envoeuli,s  ils oeusst  anges, en Ses livres, en Ses Messagers, au Jugement dernier et de croire dans le Destin imparti pour le bien ou le mal ». lquui. il a été le père de tous les savants qui ont été avant et après rmesosntués ciatué xl ec iterouixs.i èIlm sei èjoguer  às ellao nd lreosit eE cdruit uPreèsr,e  ile et sitl  - « Tu dis vrai, répéta l’homme qui reprit en disant : Informe-moi au sujet de l’excellence. 8. que toute la Loi qui se trouve en notre pouvoir est celle qui a r - « C’est, répondit le Prophète (SBDL) que tu adores Dieu été donnée à Moïse notre maître, que la paix soit avec lui. rmeovirtesn ;d rsao nd raèngsn el an 'aguloriar ep ajsu gdee filne. s   vivants et les comme si tu le vois, car si tu ne Le vois pas, Lui te voit ». a9.u rqa ude acuettrtee  dLeo il an pe asrte rdau  jaCméaaitse ucrh, abnégnéie ,s oniit  qsouen  jnaomma.i s il ny en Lhomme dit : 10. que le Créateur, béni sorit son nom, connaît toutes les actions Nous croyons en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et - « Informe-moi au sujet de l’heure. Le Prophète (SBDL) répondit : feot rlmeas  épgeanlseémese ntd eles urp ecrœsourn,n eets ,q ucio cmommep rieln de stto udtiet s:  lceuersst  alcutii onqsu.i  deto nlen e Flilas  viees,t qaudi oprréo ceèt degl odruif iéP,è rqeu, i qau i paavreléc  lpea rP èlrees  - « L’interrogé n’en sait pas plus que celui qui l’interroge ».  L’homme demanda alors : 1o1b.s eqruvee nlt e Csersé atecuor,m bméanni dseomite nstos,n  neot m, pruénciot mpceenusx e cqeuui x qleusi  prophètes. - « Quels en sont les signes précurseurs. - « C’est, dit le Prophète (SBDL), lorsque la servante engendrera transgressent. Et en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. sa maîtresse et lorsque tu verras les pâtres miséreux, pieds nus et r, e ndre tous les ous confessons u a mal vêtus, rivaliser dans l’édification de constructions élevées ». j11o23u,.  rsJq,eu  qec urlooeii qs Mudeilsu stniaeer  dfdeoo iài t  ppvaarerfanaîiittree . qt uqeu lea  jreé sduorirse cltiaottne des morts se dNes péchés. Nous n atsteeunl dbonsp têlam er épsouurrr elcet iopna rddoens  Là-dessus l’homme s’en alla. fera quand il plaira au Créateur, béni soit son nom, que sa morts et la vie du monde à venir. Quant à moi, je restai un moment. Le Prophète (SBDL) me demanda : « Ô Umar ! sais-tu qui interrogeait ? Je répondis : mémoire soit exaltée éternellement ! Dieu et son Envoyé en savent plus.  Amen.  - « C’est Gabriel, dit le Prophète (SBDL), qui est venu vous  enseigner votre religion ».     Rapporté par Muslim.                                                     25  Traduction tirée de l’utile Judaïsme, christianisme, islam. Les textes fondamentaux et leurs commentaires , Le Point, Hors-série no1, 1 er  trimestre, 2005, p.39 (avec des commentaires d’Armand Abécassis, Malek Chebel, Jean Delumeau, Régis Debray…). 26 Cf. COE, Commission de foi et constitution, Confesser la foi commune. Explication de la foi apostolique telle que confessée dans le Symbole de Nicée-Constantinople (381) , Cerf, 1993, pp.16 et 17 pour les textes en grec et en français. 27 An-Nawawî, Les quarante hadiths , Paris, Ed. Maison d’Ennour, 2001, pp.10-15 pour les textes en arabe et en français.  9
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