Barack Obama - Loin de la couverture maladie universelle
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TRIBUNE LIBRE – Article paru Le 15 juin 2009 Barack Obama. Loin de la couverture maladie universelle PAR LEONARD RODBERG, PROFESSEUR ET DIRECTEUR DES ÉTUDES URBAINES AU QUEENS COLLEGE, À L’UNIVERSITÉ DE NEW YORK, ET DIRECTEUR DE RECHERCHE DU GROUPE DE MÉDECINS POUR UN PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ DE NEW YORK. Pourquoi la tentative de réforme de l’assurance maladie d’Obama risque d’être inefficace ? Le président américain, Barack Obama, avait répété qu’il voulait « des idées qui marchent ». En dépit de cela, il a transféré au Congrès le soin de bâtir une politique de réforme de la santé publique, pour laquelle les démocrates travaillent activement à des plans qui vont manifestement échouer. Ces plans, avancés sous la direction du sénateur Max Baucus (démocrate, Montana) et d’autres démocrates « modérés », cherchent à ce que chacun soit assuré en confiant cette possibilité aux assurances privées, avec peut-être une option, offerte à certains citoyens et certaines sociétés, de bénéficier d’une sorte de programme financé par le gouvernement. (Jusqu’ici rien de ce que cette sorte de plan pourrait représenter n’a été détaillé.) Certains défendent un plan public étendu qui offrirait une couverture supérieure à l’assurance privée. Des voix plus conservatrices insistent pour dire que, s’il doit y avoir un plan public, il devrait être analogue, autant que possible, aux assurances privées et être ainsi loyalement compétitif avec celles-ci. Selon cette ...

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TRIBUNE LIBREArticle paru Le 15 juin 2009Barack Obama. Loin de la couverture maladie universelle PAR LEONARD RODBERG, PROFESSEUR ET DIRECTEUR DES ÉTUDES URBAINES AU QUEENS COLLEGE, À L’UNIVERSITÉ DE NEW YORK, ET DIRECTEUR DE RECHERCHE DU GROUPE DE MÉDECINS POUR UN PROGRAMME NATIONAL DE SANTÉ DE NEW YORK. Pourquoi la tentative de réforme de l’assurancemaladie d’Obama risque d’être inefficace ? Le président américain, Barack Obama, avait répété qu’il voulait «des idées qui marchent ». En dépit de cela, il a transféré au Congrès le soin de bâtir une politique de réforme de la santé publique, pour laquelle les démocrates travaillent activement à des plans qui vont manifestement échouer.
Ces plans, avancés sous la direction du sénateur Max Baucus (démocrate, Montana) et d’autres démocrates «modérés »,cherchent à ce que chacun soit assuré en confiant cette possibilité aux assurances privées, avec peut-être une option, offerte à certains citoyens et certaines sociétés, de bénéficier d’une sorte de programme financé par le gouvernement. (Jusqu’ici rien de ce que cette sorte de plan pourrait représenter n’a été détaillé.) Certains défendent un plan public étendu qui offrirait une couverture supérieure à l’assurance privée. Des voix plus conservatrices insistent pour dire que, s’il doit y avoir un plan public, il devrait être analogue, autant que possible, aux assurances privées et être ainsi loyalement compétitif avec celles-ci.
Selon cette conception, l’achat d’une assurance serait facilité par une «bourse des assurances »,qui serait un listing des compagnies et des options, fondé sur des critères nationaux. Les primes des gens à bas revenus seraient subventionnées.
Les partisans de ces projets conviennent que la réforme doit répondre à trois problèmes liés entre eux.
1. Le grand nombre d’Américains sans assurance maladie, qui approche maintenant les cinquante millions.
2. Le coût élevé de l’assurance maladie aux États-Unis (la prime moyenne pour une famille pourvue d’emploi est maintenant de plus de 12 500 dollars (8 750 euros), soit le quart du revenu médian d’une famille),
3. La hausse continuelle du coût des soins, deux à trois fois plus élevée maintenant que l’inflation, empirant chaque jour les problèmes de l’absence d’assurance.Les États-Unis dépensent déjà pour la santé, par habitant, plus qu’aucune autre nation. Des centaines de milliards de dollars sont dépensés par les compagnies d’assurances en frais généraux et par le système de paiement établi dans chaque hôpital et dans les cabinets des médecins pour traiter avec les compagnies d’assurances. Cependant, loin de réduire ces dépenses, les propositions actuelles vont additionner des milliards de dollars à ce qui est déjà dépensé. L’Institut d’urbanisme a estimé qu’il en coûtera chaque année environ 122 milliards de dollars pour atteindre le même niveau de soins entre ceux qui n’ont pas d’assurance etceux qui en ont une. Il est reconnu qu’un grand nombre de «sous-assurés » - estimés à un tiers ou plus de tous les Américains - ne peuvent payer les soins nécessaires en raison des franchises et de la limitation des dépenses imposées par les assurances. En finir avec cette sous-assurance, cela ajouterait encore 100 milliards. Cependant la majorité des propositions démocrates n’envisagent pas un changement significatif de la manière dont fonctionnent les assurances privées, selon la devise « vous pouvez garder ce que vous avez » qui est fréquemment reprise par les défenseurs de ces propositions. Ceux-ci affirment que des économies sont possibles, en soulignant l’augmentation de l’utilisation de l’information technologique, une meilleure gestion des maladies chroniques et une amélioration des mécanismes de paiement pour les cas ordinaires. Mais le Congressional Budget Office, l’arbitre des coûts potentiels et des économies dans les programmes du gouvernement, trouve que ces mesures vont augmenter les coûts plutôt que les réduire. Donc ces propositions n’offrent pas un mécanisme fiable pour contenir les coûts dans l’avenir.Les partisans d’une assurance individuelle (single payer) par un mécanisme garanti par le gouvernement -ce qu’on appelle fréquemment «Medicare pour tous » - ont été exclus des discussions. Dans un programme d’assurance national ou de single payer, l’argent devrait être pris sur les impôts. Les médecins et les hôpitaux seraient remboursés par une agence publique. C’est le cas pour les personnes âgées et les handicapés, grâce au Medicare. Une assurance individuelle pour tous ne serait simplement qu’une extension de ce programme.Cette proposition a été mise hors du débat (off the table), lors des auditions (des syndicats et des associations - NDLR) de la commission des Finances du Sénat. Les sondages montrent que les deux tiers des Américains sont favorables à un système
d’assurance individuelle pour tous. Selon une enquête récente, 59% des médecins en sont partisans. Et plus de soixante-dix membres du Congrès sont cosignataires de la proposition de loi du sénateur Conyers, pour la mise en place et le développement d’un Medicare pour tous les actes médicaux. Néanmoins, la direction du Parti démocrate, puissamment influencée par les lobbys et l’importante contribution des assurances à la campagne électorale aux politiques américains et craignant la fièvre antigouvernementale que les forces conservatrices peuvent déchaîner, a écarté la prise en considération de ce plan. Outre qu’il a de nombreux partisans dans le pays, le plan « single payer» s’appuie sur une analyse logique et politique. Beaucoup de gens reconnaissent que le seul moyen de réduire le coût de la santé est d’adopter un mécanisme de financement unifié qui aura les outils budgétaires planifiés afin de maîtriser les coûts futurs. De plus, à l’opposé des propositions démocrates, un plan individuel pourrait fournir une couverture des soins par des indemnisations étendues sans qu’il soit besoin de dépenser plus qu’actuellement. De nombreusesont montré que le coût études administratif du système de financement par de multiples organismes consomme près d’un tiers du budget de la santé. Éliminer le gâchis, la paperasserie inutile et le coût du marketing des assurances privées pourrait économiser 400 milliards de dollars (280 milliards d’euros), plus qu’il n’en faut pour financer le programme de haute qualité qui manque aujourd’hui.En conclusion, les propositions démocrates ne vont pas réformer le système actuel, elles vont s’y ajouter. Aussi longtemps que les États-Unis continueront de dépendre d’un système d’assurances privées, une couverture universelle ne pourra être atteinte et les coûts resteront incontrôlables. Sauf si le président Obama insiste pour qu’un tel plan soit «on the table», sur la table de négociation, une véritable réforme sera encore repoussée à plus tard.
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