Comment travaillent les services secrets russes ?
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Comment travaillent les services secrets russes ?Extrait du Spyworld Actuhttp://91-121-42-116.kimsufi.com/spip.php?article3198Comment travaillent lesservices secrets russes ?- Renseignement - International - Date de mise en ligne : vendredi 8 décembre 2006Spyworld Actuwww.spyworld-actu.com - Spyworld Actu Page 1/6Comment travaillent les services secrets russes ?Constantin : Quelle est l'évolution connue par le FSB depuis ces dernières années, en termes d'effectifs etde missions ? Peut-on considérer que le FSB constitue un véritable Etat dans l'Etat ?Jacques Baud : Le FSB, tout d'abord, est une des cinq agences issues du KGB. Celui-ci a éclaté au début desannées 1990, et le FSB avait jusqu'à présent le volet de sécurité intérieure. Avec la guerre en Tchétchénie etl'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine - qui a été directeur du FSB entre 1998 et 1999 -, le FSB a pris ces troisdernières années une importance considérable.En 2003, la dernière réorganisation des services de sécurité a donné au FSB une importance beaucoup plus grande,et l'on voit la tendance, actuellement, de reconstituer une forme de KGB. Le FSB a repris, par exemple, toutes lesattributions de renseignement électronique, qui avaient été données au début des années 1990 à une agenceparticulière, la Fapsi. Le FSB devient donc pratiquement un petit KGB. Actuellement, il y a même des discussionspour réintégrer le renseignement extérieur dans le FSB.Aujourd'hui, les effectifs du FSB ne sont ...

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Comment travaillent les services secrets russes ?
Extrait du Spyworld Actu
http://91-121-42-116.kimsufi.com/spip.php?article3198
Comment travaillent les
services secrets russes ?
- Renseignement -
International -
Date de mise en ligne : vendredi 8 décembre 2006
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Comment travaillent les services secrets russes ?
Constantin : Quelle est l'évolution connue par le FSB depuis ces dernières années, en termes d'effectifs et
de missions ? Peut-on considérer que le FSB constitue un véritable Etat dans l'Etat ?
Jacques Baud : Le FSB, tout d'abord, est une des cinq agences issues du KGB. Celui-ci a éclaté au début des
années 1990, et le FSB avait jusqu'à présent le volet de sécurité intérieure. Avec la guerre en Tchétchénie et
l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine - qui a été directeur du FSB entre 1998 et 1999 -, le FSB a pris ces trois
dernières années une importance considérable.
En 2003, la dernière réorganisation des services de sécurité a donné au FSB une importance beaucoup plus grande,
et l'on voit la tendance, actuellement, de reconstituer une forme de KGB. Le FSB a repris, par exemple, toutes les
attributions de renseignement électronique, qui avaient été données au début des années 1990 à une agence
particulière, la Fapsi. Le FSB devient donc pratiquement un petit KGB. Actuellement, il y a même des discussions
pour réintégrer le renseignement extérieur dans le FSB.
Aujourd'hui, les effectifs du FSB ne sont pas connus avec précision, mais représentent environ 30 000 à 40 000
personnes, et avec l'intégration de nouveaux services et l'attribution de nouvelles tâches (en Tchétchénie, c'est la
première fois qu'on a assisté à des opérations militaires dirigées par le FSB), c'est un service qui est en train
d'acquérir une importance considérable dans le système russe.
Lion37 : Que reste-t-il du feu KGB dans les services secrets russes actuels ?
Jacques Baud : Comme je l'ai dit, le KGB n'a pas disparu dans sa substance, il n'a fait qu'éclater en différents
services. Une grande partie de son personnel a été conservé dans les nouveaux services. Parmi ces services, on
peut mentionner le FSB, le SVR (service de renseignement extérieur, équivalent de la DGSE en France), le FSO (un
service de sécurité qui est à peu près l'équivalent de la DST). Il y a le SBP, le service de la sécurité présidentielle,
qui est un peu l'équivalent du secret service américain, qui assure la protection des personnalités russes, mais a
aussi des attributions qui vont un peu plus loin. Ce sont les principaux. En gros, les mêmes personnes sont restées à
l'intérieur.
Beaucoup du personnel du KGB s'est recyclé dans l'industrie privée. On retrouve aujourd'hui, par exemple, des
anciens du KGB ou du FSB qui travaillent pour M. Berezovski. Donc il y a effectivement toute une frange de
"KGBistes" qui, aujourd'hui, bien que dans l'industrie privée, continuent à avoir des liens et des activités liées aux
services secrets, ou qui tirent avantage de leurs contacts dans le monde des services de sécurité pour faire des
affaires. Le KGB en tant qu'institution tentaculaire, monolithique, a disparu, bien que l'on voie avec Poutine une
tendance à un regroupement de tous ces éléments.
Le KGB était en fait un instrument assez moderne, car il intégrait tous les aspects de la sécurité dans un seul
organe, directement subordonné au conseil des ministres ou au président de l'Union soviétique à l'époque. Et donc,
cela permettait d'avoir une maîtrise complète des problèmes de sécurité sans avoir affaire à des rivalités entre
services, ou à des guerres des polices. C'est ce qui donnait au KGB son efficacité. Par exemple, aujourd'hui, dans la
plupart des démocraties occidentales, les services de sécurité intérieure sont clairement séparés des services
extérieurs, et ils ont des attributions qui sont nettement délimitées, ce qui fait que parfois les spécialistes de la
sécurité s'inquiètent de ne pas avoir une continuité, surtout aujourd'hui avec un terrorisme transfrontalier, une
criminalité qui joue avec les frontières. Il est vrai qu'avoir des services de renseignement limités par les frontières est
un handicap. Le KGB était à la fois intérieur et extérieur, allait au-delà des frontières.
Anabelle : Pensez-vous que Scotland Yard puisse prouver quelque chose dans l'affaire Litvinenko ?
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Jacques Baud : L'affaire Litvinenko est essentiellement une affaire de police. Votre question est donc une question
qui implique une enquête policière. Je pense quant à moi que cette affaire est davantage liée à des questions de
mafia ou de crime organisé qu'à des questions strictement politiques. Et de ce fait, je crois qu'il y a des chances pour
qu'on trouve quelque chose, mais il ne faut pas oublier que les réseaux clandestins ou mafieux russes sont
effectivement très développés, très efficaces. Et comme je l'ai dit, ils bénéficient de l'expérience d'ex-agents et sont
habitués à ce travail d'arrière-plan, clandestin. Et je pense que Scotland Yard aura malgré tout fort à faire.
Mustapha BERRAHO : Gordievsky, l'ancien chef d'antenne du KGB à Londres, a accusé Poutine dans cette
affaire...
Jacques Baud : Oui, et plusieurs autres qui ont actuellement émigré ont accusé Poutine. Ici, il y a sans doute
d'autres éléments qui doivent être pris en considération, notamment que Poutine s'est attaché à lutter contre la
corruption, contre la criminalité organisée, contre un certain nombre de travers qu'on trouve en Russie, et il est
devenu pour beaucoup un ennemi de premier rang. Il est donc assez normal que les soupçons se portent
directement sur lui. Je suis sceptique quant à l'idée de voir M. Poutine essayant d'éliminer des opposants politiques
au moyen de poison. Je pense qu'on a affaire à une autre dynamique ici. Cela fait maintenant plus de quinze ans
que Gordievski est en Occident, et je ne pense pas qu'il soit nécessairement au fait de tous les détails de ce qui ce
décide au Kremlin. Je vois donc là plus une affirmation politique qu'une affirmation étayée par des faits.
Pedro : Comment les services russes peuvent-ils laisser Scotland Yard enquêter sur cette affaire à partir de
Moscou ? S'agit-il de la première coopération policière publique entre deux anciens services issus d'ex-pays
ennemis ?
Jacques Baud : Tout d'abord, il faut savoir que Scotland Yard n'est pas un service secret, mais un service de police,
que la coopération d'une manière générale entre la Russie et les pays occidentaux pour les affaires criminelles a été
développée depuis la fin de la guerre froide, et même avant. On pourrait même dire que les premiers contacts entre
l'Est et l'Ouest se sont faits grâce aux services secrets, avant la chute du mur de Berlin. On le sait assez peu. Donc il
n'y a rien d'exceptionnel dans une cooopération de ce type.
Depuis 2001, avec la politique antiterroriste notamment des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, la coopération
entre services secrets s'est accrue entre l'Est et l'Ouest. Cette coopération n'est pas toujours d'une qualité
excellente, mais elle existe. Les gens se connaissent et, comme toujours dans ces questions de renseignement, il
faut qu'il y ait une certaine confiance qui s'établisse, et cela prendra des années. Pour revenir à l'affaire Litvinenko, il
est clair que les Britanniques enquêtent sur un crime, et je pense que les Russes n'ont pas d'intérêt à aller à
l'encontre de cette enquête, d'autant plus qu'il n'est pas impossible qu'elle ait des ramifications plus mafieuses
qu'officielles. Je ne vois donc aucune contradiction et aucun caractère exceptionnel à cette coopération.
bashe : Pourquoi Poutine utilise-t-il tant les services secrets pour exercer sa politique ?
Jacques Baud : Poutine, d'abord, est un ancien des services : il a travaillé au KGB, a été stationné notamment en
Allemagne de l'Est, a été directeur du FSB pendant un peu plus d'une année. C'est donc un peu son monde, le
monde qu'il connaît, le monde en qui il a confiance, et ce n'est pas négligeable dans un pays qui est finalement
nouveau, qui a dû créer de nouvelles élites, et qui reste quand même un pays où la corruption et la criminalité - en
col blanc mais aussi de sang - sont encore très fortes. Poutine est donc obligé de s'appuyer sur des éléments
connus.
Deuxième élément : il vient de la situation en Tchétchénie, qui reste pour les Russes un vrai problème dont nous
parlons relativement peu en Occident. Simultanément, on a en Occident cette psychose du terrorisme depuis
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septembre 2001, qui a pour conséquence une importance accrue des services de sécurité tant chez nous qu'en
Russie. Et effectivement, pour Poutine, l'importance des services de sécurité a augmenté dans ce pays. Il y est un
peu contraint. La Russie est un pays en devenir, où les règles restent souvent très floues, où beaucoup
d'organisations criminelles utilisent le flou de la législation pour se livrer à leurs activités. On se trouve donc un peu
en Russie dans une situation qu'on a connue il y a quelques dizaines d'années aux Etats-Unis, par exemple. Il n'est
donc pas très surprenant que les services secrets aient tant d'importance en Russie.
Vero : Valeri Goloubev, un ancien du KGB, vient d'être nommé chef de Gazprom. Comment expliquer qu'une
telle collusion entre services secrets, Etat et entreprise soit possible ?
Jacques Baud : C'est une question difficile mais qui est liée au fait que les services secrets et de sécurité soviétiques
de l'époque ont toujours attiré une certaine élite intellectuelle, et une intelligentsia, des gens plus capables, plus
entreprenants, plus dynamiques que le reste de la société soviétique. Je pense que c'est là qu'il faut voir les raisons
de ce que vous décrivez. De plus, les gens qui bénéficient de réseaux, de contacts privilégiés, qui ont accès à des
informations peut-être plus "d'initiés" sont plus aptes à diriger des entreprises. Poutine lui-même est un politicien issu
du KGB, on en a eu beaucoup récemment, et cela est lié au caractère élitiste et élitaire des services de
renseignement soviétiques.
jfd : Le FSB est-il actif sur le sol français ?
Jacques Baud : Oui. Les services de renseignement russes sont restés très actifs dans plusieurs domaines :
1) dans
la lutte contre le terrorisme, avec une coopération qui favorise leur présence un peu partout ; 2) mais aussi dans la
recherche d'information. On sait notamment que dans le domaine de la technologie, les services russes sont
présents, comme nous sommes présents chez eux.
Koutouzoff : Que représente le GRU en Russie de nos jours ? Est-ce aussi un service particulièrement actif ?
Est-il moins sous le contrôle des politiques que des militaires ?
Jacques Baud : D'abord, le GRU est l'équivalent de la DRM (direction du renseignement militaire) en France, c'est un
service de renseignement militaire. Il a toujours su rester à l'écart des controverses politiques, ce qui a d'ailleurs été
une constante des forces armées soviétiques et russes, qui se sont toujours tenues à part et en dehors des
discussions politiques. Il y avait dans le système soviétique trois piliers du pouvoir : le Parti communiste, le KGB et
les forces armées. Et le KGB, lui, a toujours oscillé entre la politique et la sécurité ; il a d'ailleurs appartenu au
ministère de l'intérieur, puis a été indépendant.
Le Parti, c'est la composante purement politique. Les forces armées ont toujours été le pilier neutre du pouvoir. Et
c'est resté après la fin de la guerre froide : l'armée russe est restée parfaitement neutre dans ses choix et ses
actions. Le GRU est donc un organe qu'on a retrouvé en Tchétchénie, par exemple, mais qui a rapidement été coiffé
(pour ne pas dire remplacé) par le FSB en tant que service de renseignement. On a vu le FSB prendre en main des
opérations militaires, et simultanément , la structure de renseignement en Tchétchénie s'est déplacée du secteur
militaire au secteur sécurité intérieure (FSB). Le GRU est un organe finalement technique, qui ne joue pas de rôle au
niveau politique, en tout cas actuellement.
Boudu : Quelle est la nature des relations entretenues par le FSB avec d'autres services secrets ? Y a-t-il
coopération ? Méfiance ?
Jacques Baud : Les deux à la fois. Oui, il y a coopération. Cette coopération s'est accentuée depuis 2001 avec la
menace terroriste. Il y a deux aspects : d'une part, le fait qu'effectivement la Tchétchénie est proche de l'Afghanistan,
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de l'Asie centrale, et est un lieu où le terrorisme islamiste a un peu des racines ; d'autre part, à travers cette menace
terroriste, les Russes pouvaient légitimer leur action en Tchétchénie, car pendant longtemps les Russes, depuis
1994, étaient considérés avec méfiance et une certaine suspicion de la part de l'Occident. Avec 2001, leur combat
s'est trouvé légitimé. Cela a encouragé très nettement la coopération entre services russes et services occidentaux.
Cela étant, ça reste une coopération qui, du point de vue qualitatif, n'est pas toujours très bonne. Il reste encore des
méfiances énormes, particulièrement provenant du côté occidental. Comme je l'ai dit, on trouve dans les services
des gens dont on ne sait pas toujours avec qui ils sont liés. Les ex-services soviétiques ont éclaté, et avec ces
agents disséminés un peu partout dans la société russe, sont restés des contacts qui parfois freinent un peu l'ardeur
des services occidentaux, qui ne savent pas où l'information va finir. Cela affecte sérieusement les relations entre
services. Cela étant, cette coopération, à part ça, s'est améliorée ces cinq à six dernières années, et demandera
encore quelques années. La confiance prend du temps à se construire. Je pense qu'on est dans un processus
d'amélioration.
Pulqepiq : Qu'en est-il de cette coopération sur les anciens territoires du bloc soviétique ?
Jacques Baud : Il faut distinguer entre les pays que l'on appelait satellites, comme la Pologne, la Hongrie, etc. Là, on
peut dire que la coopération est très bonne, car la plupart de ces pays se sont associés ou font partie de l'OTAN.
Quant aux autres pays de l'ex-URSS, notamment les pays d'Asie centrale, la réponse est plus nuancée. Dans
certains pays, la coopération est bonne, par exemple en Géorgie, mais l'est beaucoup moins dans d'autres pays.
Cela en raison des gouvernements qui sont en place ou bien de la configuration des services, qui est restée, dans
certains pays, comme l'ancien KGB.
Il faut se rappeler que ce qu'on appelle le KGB comportait une organisation centrale à Moscou, mais il y avait le KGB
des Républiques soviétiques. Et ceux-ci se sont la plupart du temps transformés et ont donné des services qui sont
aujourd'hui, par exemple en Ukraine, construits selon des critères occidentaux. Dans d'autres pays, notamment en
Asie centrale, beaucoup de ces KGB n'ont pas vraiment évolué et sont restés en fait les mêmes instruments qu'on
avait connus sous le régime soviétique. Cela complique évidemment un peu les possibilités de coopération avec eux.
Math : Pouvez-vous nous parler des pratiques d'interrogation, d'investigation du KGB, et de son successeur
le FSB ?
Jacques Baud : Tous les services de renseignement et de sécurité se ressemblent un peu au niveau des techniques
d'interrogation. On a peu d'exemples pratiques aujourd'hui. Ce qu'on a vu à l'époque en Corée ou au Vietnam, où les
services locaux étaient instruits par des Soviétiques, montre que les méthodes étaient relativement brutales et
musclées, et on se préoccupait peu des droits humains. Cela étant, les Soviétiques ont très largement privilégié dans
leurs méthodes d'interrogation l'usage de drogues, par exemple. C'est une méthode qui a été fréquemment relevée
et qui peut-être, là, diffère des méthodes occidentales. Ces méthodes sont pratiquées aux Etats-Unis également.
Quant aux méthodes d'investigation, il faut comprendre qu'à l'époque, toute la société soviétique participait à
l'instrument d'investigation. C'est une particularité qu'on avait dans l'Union soviétique : le principe de la délation était
assez universellement admis et accepté.
On savait par exemple que les concierges d'immeubles, le personnel de nettoyage, etc., faisaient des rapports à des
officiers du KGB. Evidemment, cela donnait au KGB une capacité de collecte d'information presque illimitée. Cela a
probablement changé, parce qu'aujourd'hui le FSB n'a sans doute pas les moyens de pression qu'avait le KGB pour
forcer les gens à coopérer. Néanmoins, je pense qu'une bonne partie de la population russe est prête à coopérer
avec ces services, il y a donc un potentiel d'investigation et de collecte d'information qui reste très important. Mais
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qui n'est pas constitué par des agents réguliers. C'est toujours au bon vouloir du citoyen. Cela étant dit, les services
russes n'ont jamais vraiment brillé par le côté analytique de leurs investigations, pour des raisons parfois de
technologies, mais aussi de culture d'entreprise. Ils savent ramasser beaucoup d'informations, mais ne savent pas
toujours bien les utiliser.
Fontana : Jusqu'à quel point le Kremlin contrôle-t-il encore les services secrets russes ? Et dans quelle
mesure le corps professionnel du FSB a-t-il des objectifs propres ?
Jacques Baud : C'est une question qui est très difficile, car je pense que même M. Poutine se la pose... Il y a
actuellement de nombreux indices qui laissent penser qu'il y a au sein des services une dynamique propre, à eux, et
on ne sait pas exactement jusqu'à quel degré le pouvoir politique maîtrise ce que font les services de sécurité. Je n'ai
pas la réponse, mais je pense qu'effectivement la réponse mérite d'être posée. On voit peut-être là l'explication des
restructurations permanentes dont font l'objet les services russes, probablement pour casser systématiquement des
cultures d'entreprises ou des réseaux qui se créent à l'intérieur des services, et pour en conserver la maîtrise. Les
services russes ont subi des changements considérables ces quinze dernières années, beaucoup plus que leurs
équivalents occidentaux. Et une partie de ces restructurations, comme par exemple la resurbordination des services
fiscaux au sein du KGB, ont sans doute comme explication la lutte contre la corruption qui se trouve à l'intérieur
même des services de l'Etat dans son ensemble.
Je pense en effet que c'est un problème, mais que personne n'a
de réponse.
Antonio : La guerre froide est-elle vraiment terminée au niveau des services secrets ?
Jacques Baud : Oui, la guerre froide est terminée au niveau des services secrets, et elle s'est terminée avant la vraie
guerre froide. Mais il reste quand même des méfiances, des suspicions, qui vont encore prendre quelques années à
être complètement résorbées.
Chat modéré par Gaïdz Minassian
Post-scriptum :
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