EDF H&F 5  Relever les défis de la métropole résiliente.
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En partenariat avec Relever les défis de la métropole résiliente PARIS, LE 2 MARS 2017 Entre transitions énergé> tique et environnementale, accélérations technologiques, ruptures sociales, menaces de déclassements économiques, reconigurations géopolitiques, l’appréhension des cataclysmes et le thème de la résilience des métropoles ont émergé comme la note dominante de l’actualité politique grand parisienne. Au fond, «la métropole résiliente» se révèle comme une sorte de PHILIPPE SERIEYS «réduction» des dynamiques urbaines en cours, symbole d’un moment où se réagencent des politiques publiques autour de schèmes nouveaux : moins de velléités planiicatrices, laissant place à l’inlation des possibles, des incertitudes, à une redécouverte des contingences et des vulnérabilités. Questionnant par là même l’appréhension des risques et des précautions. Plus spécialement l’espace de responsabilité et d’action des grands opérateurs urbains. La matinée du 2 mars a visé à explorer ce thème dans l’esprit habituel des matinées EDF Grand Paris Histoires et Futurs : au témoignage d’initiatives, de pratiques, d’interpellations à la résilience, viendront faire écho les mises en perspectives de nos experts dans la profondeur des champs de la prospective, de l’histoire et de la fabrication de la ville. Livier Vennin, délégué au Grand Paris chez EDF 2Comment disait-on résilience autrefois ?

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Publié le 03 juillet 2017
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Langue Français
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Extrait

En partenariat avec
Releverlesdéfisdelamétropolerésiliente
PARIS, LE 2 MARS 2017
Entre transîtîons énergé-> tîque et envîronnementae, accéératîons technoogîques, ruptures socîaes, menaces de décassements économîques, reconIguratîons géopoîtîques, ’appréhensîon des catacysmes et e thème de a résîîence des métropoes ont émergé comme a note domînante de ’actuaîté poîtîque grand parîsîenne. Au ond, «a métropoe résîîente» se révèe comme une sorte de PHILIPPE SERIEYS «réductîon» des dynamîques ur-baînes en cours, symboe d’un moment où se réagencent des poîtîques pubîques autour de schèmes nouveaux : moîns de veéîtés panîIcatrîces, aîssant pace à ’înlatîon des possîbes, des încertîtudes, à une redécouverte des contîngences et des vunérabîîtés. Questîonnant par à même ’appréhensîon des rîsques et des précautîons. Pus spécîaement ’espace de respon-sabîîté et d’actîon des grands opérateurs urbaîns. La matînée du 2 mars a vîsé à exporer ce thème dans ’esprît habîtue des matînées EDF Grand Parîs Hîstoîres et Futurs : au témoîgnage d’înîtîatîves, de pratîques, d’înterpeatîons à a résîîence, vîendront aîre écho es mîses en perspectîves de nos experts dans a proondeur des champs de a prospectîve, de ’hîstoîre et de a abrîcatîon de a vîe. Livier Vennin, délégué au Grand Paris chez EDF
2Comment disaiton résilience autrefois ?Alain Beltran 3La résilience, une affaire du vivantThierry Gaudin
SYNTHÈSE DES DÉBATS
4La résilience, nouvelle proposition pour l’avenir des villes 6Élucider les risques, prévenir les crises &8 7La gestion de crise et sa numérisation 9Les infrastructures sur la voie de la résilience ? 10Les enjeux de la résilience pour Paris 11Tous acteurs de la résilience
12Comment la révolution numérique permet la résilience Isabelle Baraud-Serfaty
« L’idée est de penser les crises comme des opportunités. Non pas de revenir à l’état initial,mais de parvenir à un état autre, plus robuste, qui saura faire face au même type de choc ou de crise. » Sébastien Maire
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PASSÉ / FUTURS..
PHILIPPE SERIEYS
ALAIN BELTRAN
Directeur de recherche au CNRS (unité mixte Sorbonne-Irice), président du Comité de l’histoire de l’électricité et de l’énergie.
J’aî choîsî de débuter mon > propos par e séîsme de Lîs-bonne, en 1755. Pourquoî ? D’une part parce qu’î s’agît d’une catas-trophe terrîbe quî a aît au moîns 50 000 vîctîmes, s’est accompagnée d’un tsunamî et de pusîeurs în-cendîes et a détruît a quasî-tota-îté de a vîe. Maîs aussî et sur-tout, parce que ’on a pu en parer comme d’un trembement de terre phîosophîque. Pendant très ong-temps, en eet, es catastrophes naturees ont possédé un carac-tère ataîste, eurs expîcatîons étaîent d’ordre reîgîeux. Avec e e XVïïï sîèce et es Lumîères s’opère une vérîtabe bascue. La catas-trophe n’est pus pensée comme une ataîté, maîs comme queque chose que ’on peut rééchîr, pré-voîr, un événement dont on peut se prémunîr. D’une certaîne açon, î y a un avant et un après-Lîsbonne.
INCENDIES, GUERRES ET PANDÉMIES Revenons un peu en arrîère pour tenter de dérouer ce que es vîes ont eu à subîr au î des sîèces. Tout d’abord, ’încendîe. C’est une catastrophe urbaîne cassîque. On pense à Rome, sous ’Antîquîté, maîs aussî au grand încendîe de Londres, en 1666, quî a ravagé tout son centre. Les bâtîments étaîent aors en grande partîe construîts en boîs, es servîces de pompîers étaîent putôt rares et a densîté ur-baîne extrêmement orte. Les pan-démîes ont aussî été extrêmement vîoentes dans ’hîstoîre des vîes : a peste noîre de 1348, e choéra
Comment disait-on résilience autrefois ?
e au XïX sîèce, a grîppe espagnoe de 1918 quî a aît autant de morts que a Premîère Guerre mondîae. Et puîs es guerres, justement. Mîs à part Troîe ou Carthage, très peu
vés extrêmement précîs de a crue de a Seîne de 1740 pour es com-parer avec ceux de 1658 îssus de ce que ’on peut consîdérer comme a pus grande înondatîon qu’aît eu à
C’est sous le Second empire que la maîtrise du risque s’est associée à une rupture technologique d’ampleur
de vîes ont dîsparu du aît de a guerre, maîs ees n’ont cessé d’être un objectî de destructîon. Que ’on pense, sous a Seconde Guerre mondîae, à Dresde, Londres, e Havre et peut-être a pus maheu-reuse, Saînt-Lô quî ut rasée. Que ’on pense, pus près de nous, à Sarajevo, et aujourd’huî à Aep ou Mossou.
LA CATASTROPHE ÉTUDIÉE, SOURCE D’OPPORTUNITÉ Avant Lîsbonne, î y eut queques des tentatîves de préventîon des crîses. La Rome antîque possé-daît une connaîssance assez îne des rîsques d’înondatîons. En démontrent es travaux archéo-ogîques réaîsés à Vaîson-a-Ro-maîne quî aîssent à penser que es Romaîns avaîent prévu de su-réever des dîgues pour contenîr es crues de ’Ouvèze. Beaucoup pus tard, à Parîs, e géographe Phîîppe Buache réaîsa des ree-
connatre a capîtae et en ît une cartographîe. C’est à uî que ’on doît, par exempe, es notîons de bassîn versant et de îgne de par-tage des eaux, cette dernîère étant très împortante aussî pour a utte contre es încendîes. Le grand îngé-nîeur Eugène Begrand poursuîvît e ce travaî au XïX sîèce en compî-ant es données de Buache avec cees de a crue de 1802. ï put aîn-sî montrer que es crues es pus ré-centes aectaîent moîns Parîs que es pus ancîennes, ce quî dénote un certaîn progrès dans a matrîse du rîsque.  C’est aussî sous e Second Empîre que cette matrîse du rîsque s’est assocîée à une rupture technoo-gîque d’ampeur. À ’époque, es bâtîments étaîent écaîrés au gaz de vîe quî provoquaît de nombreux încendîes. Parmî es pus connus, ceuî du magasîn du Prîntemps en 1881 et de ’Opéra comîque en 1887. Sous a pressîon des com-
L’Hôtel de Ville de Paris, en 1871, après sont incendie.
pagnîes d’assurance quî s’exaspé-raîent de payer es dommages du eu, es pouvoîrs pubîcs s’engagè-rent à déveopper ’éectrîcîté. Le Prîntemps en a proîté dès 1883, et ’înstaatîon éectrîque devînt obîgatoîre dans es théâtres et es caés-concerts dès après ’încendîe de ’Opéra comîque.
MÉMOIRE SÉLECTIVE DES PIERRES Retour à Lîsbonne pour une autre e orme de rupture. Avant e XVïïï sîèce, es ruînes n’étaîent pas consîdérées par eurs contem-poraîns. Les pîerres du orum de Rome ont aînsî servî à rebâtîr a vîe. Maîs Lîsbonne, peut-être sous ’înuence d’une sorte de préro-mantîsme, est sans doute ’un des premîers cas de conservatîon avec e couvent des Carmes quî demeure aujourd’huî ’un des prîncîpaux té-moîgnages du séîsme. Maîs cette mémoîre des pîerres est séectîve. Parîs, quî a échappé aux désastres de deux guerres mondîaes, n’au-ra pas échappé aux combats de a Commune. En 1871, ’Hôte de Vîe ut încendîé et avec uî une partîe de a mémoîre de a vîe par a dîs-parîtîon des archîves de ’état cîvî. Maîs e bâtîment ut reconstruît à ’îdentîque. Te ne ut pas e cas du paaîs des Tuîerîes, brûé uî aussî en 1871, puîs abattu en 1883. e L’expîcatîon en est sîmpe. La ïïï Répubîque succédant au Second Empîre, î n’étaît pas questîon de rénover un symboe monarchîque et împérîa. L’Hôte de Vîe, uî, est n a maîson de tous es Parîsîens.
BNF
PHILIPPE SERIEYS
THIERRY GAUDIN
Ingénieur général des Mines, Expert international en politique d’innovation et en prospective. Président de l’association Prospective 2100.
En juîn 2016, ’eau s’est rappe-> ée à notre bon souvenîr avec une crue exceptîonnee de a Seîne, bîen moîns exceptîonnee que cee de 1910 ort heureusement. Ce quî m’amène à dîscuter un pre-mîer poînt. De manîère générae, a régîon parîsîenne a énormément învestî sur son réseau routîer, ee est aujourd’huî en traîn d’învestîr sur un grand réseau de transport en commun, ort utîe au demeurant pour mîeux desservîr ces grands centres înteectues que sont de-venus e pateau de Sacay, e nord de Parîs ou encore Marne-a-Vaée. Maîs ee a reatîvement peu învestî sur es cîrcuatîons uvîaes. ï est permîs de se demander pourquoî.
La résilience, une affaire du vivant
Pourquoî a-t-ee à ce poînt mîsé sur e terrestre, voîre e souterraîn, et pas sur ’eau ? Aors qu’ee en est ortement dépendante et que Parîs a choîsî comme devîseFluctuat nec mergitur, devîse îée aux Nautes, ces armateurs et ces commerçants quî navîguaîent sur a Seîne à Lutèce.
ARTIFICIALISATION DES TERRES Je me suîs mîs en quête d’îmages sur e Grand Parîs et ses projets et cees que j’aî trouvées me paraîssent en décaage avec cette probématîque du leuve. J’aî vu des îmages de bâtîments, d’îm-meubes quî sont amenées à gâcher ’îmage de Parîs dans e monde, des vîsues de nouveaux quartîers où ’on ne retrouve même pas ces nouvees mobîîtés que constîtuent aujourd’huî es monoroues éectrîques, es roers ou es trottînettes. Ce quî pose des questîons sur es pratîques de cîrcua-tîon que ’on met en pace, y comprîs es cîrcuatîons luvîaes. Cecî est un premîer aspect crîtîque. L’autre aspect est îé à notre approche de a prospec-tîve. Nous avons coutume de penser cee-cî à partîr de quatre pôes. Les troîs premîers sont ’înormatîon, a matîère et ’énergîe. Le quatrîème pôe, c’est a bîosphère quî, par nature, est résîîente. Or, quee est a présence de a bîosphère dans e Grand Parîs ? Ce que ’on constate avant tout, c’est qu’entre 1999 et 2012, es espaces agrî-coes ont recué de 1 540 ha par an en Îe-de-France. Dans e même temps, es espaces revêtus ou bâtîs ont pro-gressé de 1 043 ha par an. Pour e dîre vîte, nous sommes dans une phase d’artîIcîaîsatîon des sos où a nature recue nettement devant e béton.
LE COMBLE DE LA RÉSILIENCE : VIVRE DANS L’ESPACE Dans es années 1990 a été tentée une expérîence întéressante dans ’Arîzona. ï s’agîssaît d’une vaste înstaatîon appeée Bîosphère 2, sorte d’arche de Noé du troîsîème mîénaîre. Deux mîssîons y ont été menées sous un dôme sceé, a pre-mîère durant deux ans entre 1991
Biosphère 2, vaste installation créée en Arizona dans les années 1990.
Une oîs en vîe, Enkîdu (pronon-cer Enkîdou ) se bat avec Gîgamesh avant que es deux ne devîennent es meîeurs amîs du monde. Maîs En-kîdu attrape une maadîe et meurt. Gîgamesh est înconsoabe. Ne sachant à quî se conIer, î va voîr un vîeux sage, Utanapîstî, et uî de-mande : « Comment puîs-je obtenîr a vîe sans In ? » Utanapîstî uî ré-
L’enjeu est la préservation de l’écosystème, de sa présence dans nos vies, de sa présence dans nos villes aussi.
et 1993, a seconde durant sîx moîs en 1994. Huît personnes y ont vécu au mîîeu de 3 400 espèces anîmaes et végétaes en înteractîon es unes avec es autres. L’îdée étaît de dé-veopper une bîosphère jusqu’à a stabîîser de açon suîsamment convaîncante dans e but de pou-voîr ensuîte ’înstaer dans ’espace, entre a Terre et a Lune, voîre sur Mars puîsqu’une înstaatîon hu-maîne sur cette panète demeure un grand projet. C’est un peu e combe de a résîîence : vîvre dans ’espace et y ormer une communauté. Cea me aît penser à ’épopée de Gîga-mesh, récît quî date d’envîron 1 800 ans avant Jésus-Chrîst.
L’ÉCOSYSTÈME EST L’ENJEU Gîgamesh est un souveraîn puîs-sant quî entend parer d’un homme des boîs nommé Enkîdou et envoîe une jeune emme pour e chercher.
pond aors : « Construîs une arche et emmène des coupes de tous es anî-maux. » Ce que uî dît donc Utanapî-shtî c’est qu’î ne s’agît pas de sa vîe à uî, maîs de a vîe de ’écosystème. Cette égende exprîme bîen ’îdée que ’enjeu est tout entîer contenu dans a préservatîon de ’écosys-tème, de sa présence dans nos vîes, de sa présence dans nos vîes aussî. Nous avons surtout tendance à re-garder a résîîence du poînt de vue des afaîres strîctement humaînes, voîre de a stabîîté des systèmes mé-canîques que nous avons construîts. Maîs seon moî, on ne peut pas mettre e vîvant en dehors du pro-bème. Depuîs e rapport Bruntand, î exîste un dîscours oicîe sur e dé-veoppement durabe. Le déveop-pement, c’est avant tout une ques-tîon de cîrcuatîon de ’argent. Maîs ’argent n’est qu’un moyen. C’est a vîe quî est ’objectî.n
HIVE MIND
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SYNTHÈSE DES DÉBATS..
La résilience, nouvelle proposition pour l’avenir des villes
« La résîîence urbaîne peut être > consîdérée comme a capacîté de a vîe à absorber une perturba-tîon puîs à récupérer ses onctîons à a suîte de cee-cî. » Tee est a déInî-tîon, cîtée par ïsabee Baraud-Seraty, îssue d’une étude réaîsée en 2012 par pusîeurs chercheurs de ’Écoe des îngénîeurs de a Vîe de Parîs (EïVP) et întîtuée « La résîîence urbaîne : un nouveau concept opératîonne vecteur de durabîîté urbaîne ? » Le terme est îssu du champ de a psycho-ogîe et ut popuarîsé en France par e psychîatre Borîs Cyrunîk dans es années 2000 à partîr, notamment, de ’observatîon des survîvants de camps de concentratîon.
« LE TRIANGLE DE LA RÉSILIENCE » Est-ce un nouveau concept ? En psy-choogîe, pas vraîment, puîsqu’î ut proposé dès e début des an-nées 1980 par a psychoogue amérî-caîne Emmy Werner quî ’emprunta au domaîne de a physîque. Dans e monde urbaîn, non pus, sî ’on suît es propos de Sébastîen Maîre sur a Rome antîque : « La vîe de Rome avaît été totaement abandonnée par
ses habîtants vers e mîîeu du pre-mîer mîénaîre. Sî ee est toujours Rome aujourd’huî, on e doît à ’em-er pereur Justînîen 1 (482-565 ap. J.-C.) quî avaît en charge sa gestîon et quî
Le réseau « 100 resilient cities »
En 2013, pour ses 100 ans, la Fondation Rockefeller a pris deux déci-sions importantes. La première fut de réorienter la plus grande partie de ses crédits au niveau des villes et des métropoles et non plus des États. La seconde fut de considérer que la résilience urbaine pouvait de-venir un nouveau cadre de planification et de hiérarchisation des projets urbains. Elle a ainsi créé le réseau « 100 resilient cities » auquel plus de 1 000 villes se sont portées candidates. Cent villes ont été sélection-nées, parmi lesquelles Paris. Une centaine de permanents y travaillent à temps plein, répartis entre New York, Singapour, Mexico et Londres. Dans chaque ville du réseau a été créé un poste de Chief Resilience Of-ficer (CRO) dont le salaire est intégralement remboursé à la collectivité qui l’emploie. À Paris, c’est Sébastien Maire qui occupe ce poste : « Dans l’esprit du programme, je suis censé être le CRO du territoire et pas le CRO de la mairie. Je suis donc aussi le CRO des entreprises, des acteurs économiques, des ONG, des autres collectivités. La logique est bien de définir une stratégie de résilience territoriale et pas municipale. »
résout de contînuer à entretenîr es ponts, es aqueducs, es bâtîments pubîcs durant 20 ans, ce quî permît à a popuatîon de réîntégrer a vîe e jour où e contexte ut pus propîce. »  Cet exempe romaîn îustre tout à aît ’étude technîque et contem-poraîne de 2012 cîtée par ïsabee Baraud-Seraty. Cee-cî aît de a ré-sîîence un processus basé sur troîs evîers. Le premîer est a capacîté de résîstance et d’absorptîon d’une perturbatîon. Par exempe, nous dît ïsabee Baraud-Seraty, « ’urba-nîsme des zones înondabes. Aînsî, à Vîtry-sur-Seîne, sur ’opératîon des Ardoînes, un pan a été mîs en pace quî tîent compte du rîsque d’înon-datîon et quî a pour ambîtîon d’aug-menter a capacîté de résîstance en cas de crue. » Le deuxîème evîer re-ève d’une stratégîe organîsatîonnee puîsqu’î consîste à opérer e retour à a normae et, sî possîbe, à ’accéérer. EnIn, troîsîème evîer : a capacîté à onctîonner en mode dégradé durant e temps que prend ce retour à a nor-mae. Aînsî, en cas de perturbatîons de systèmes de transports pubîcs, î s’agît de permettre aux gens de pou-voîr tout de même se dépacer dans a vîe. Ces troîs evîers orment, ce que es auteurs de ’étude nomment « e trîange de a résîîence ».
TOUT EST HYPERCONNECTÉ La résîîence, cea peut être « es ré-sîîences », au sens où chaque do-maîne, chaque système, chaque ré-seau possèdent eur propre mode de onctîonnement. Pour Enedîs, î s’agît d’assurer a dîstrîbutîon en éectrîcî-té, ques que soîent es contraîntes et
De nombreux monuments de la Rome antique purent perdurer grâce la gestion de er l’empereur Justinien 1 .
es événements. Et cette assurance se mesure. Érîc Saomon expîque : « Comment évaue-t-on a contrîbu-tîon d’Enedîs dans a vîe des gens ? On peut répondre : tant qu’î y a du courant, tout va bîen. En d’autres termes, î s’agît de connatre es temps de coupure. En France, e temps de coupure moyen est d’une heure par habîtant et par an. À Parîs, î est de 15 mînutes, ce quî casse a capîtae parmî e peoton de tête mondîa des métropoes. Pour nous, ce temps de coupure est a premîère mesure de a résîîence. »  Chez Enedîs donc, a résîîence se mesure en ce qu’ee résute de ’organîsatîon d’un système, de ses perormances, de son adaptabîîté, de ses ressources… Ce quî aît dîre à Érîc Saomon que ’entreprîse est aujourd’huî « undistribution system operator, évouant dans un envîron-nement (humaîn, de données…) et possédant une vue hoîstîque de cet envîronnement. » La résîîence ne sauraît en efet être correctement as-sîmîée sans gobaîté, sans prendre en compte es înterdépendances. C’est d’aîeurs ’un de ses poînts crîtîques. L’exempe est partîcuîère-ment lagrant en ce quî concerne e réseau éectrîque. « J’aî géré suisam-ment de crîses pour savoîr qu’avec des probèmes éectrîques, tout dys-onctîonne : es réseaux de téécom-munîcatîon, es systèmes d’eau, es pompes de reevage. Tout est hyper-connecté », nous dît Carmen Munoz.  Sî tout est hyperconnecté, sî es systèmes urbaîns onctîonnent sou-vent en înterdépendance es uns des autres, aors un choc quî survîent
SBORISOV / FOTOLIA
sur ’un d’entre eux se répand aux autres comme une traînée de poudre. On mesure ’enjeu. Peut-on aors consîdérer ’ensembe des systèmes comme résîîent par un strîct retour à a normae ? Non, seon Sébastîen Maîre : « Consîdérer que a résîîence est unîquement îée à a capacîté à encaîsser une perturbatîon, à contî-nuer de onctîonner pendant a per-turbatîon, et à revenîr e pus vîte
été dépoyé pour bâtîr cette usîne. En apparence, ee possédaît toutes es quaîtés d’une constructîon paraîte-ment résîîente aux trembements de terre. En 1999 s’est produît e séîsme d’ïzmîr quî ut ’un des pus vîoents qu’aît connu a Turquîe. Et cea a très bîen onctîonné, ’usîne n’a pas bougé d’un îota. Néanmoîns ee a mîs des années à rouvrîr. Pourquoî ? Et bîen, sî ’usîne avaît su résîster, a
Après le réaménagement d’une place d’un quartier de Rotterdam, devenue water square.
possîbe à ’état antérîeur, n’est pas suisant. L’îdée est putôt de penser es crîses comme des opportunîtés. Un choc, c’est une opportunîté de déveoppement, de manîère à aîre encore mîeux que s’î n’avaît pas eu îeu. Non pas de revenîr à ’état înîtîa, maîs de parvenîr à un état autre, pus robuste, quî saura aîre ace au même type de choc ou de crîse. »
UNE LOGIQUE TERRITORIALE Maîs où se sîtue pus précîsément a résîîence urbaîne ? Ne doît-ee être cantonnée qu’aux réseaux ? Aux grands systèmes technîques ? Sébas-tîen Maîre a pace dans un cadre pus arge et pare de « ’aptîtude donnée à un terrîtoîre, avec ses înstîtutîons, ses acteurs économîques, ses înrastruc-tures, ses réseaux, ses lux, de pour-suîvre ses objectîs de déveoppe-ment îndépendamment des chocs ou des crîses chronîques auxques î peut être conronté. » La ogîque devîent, en efet, autre, partîcuîè-rement încusîve et nécessîtant un învestîssement de toutes es partîes prenantes. Que se passe-t-î sînon ? ï prend en exempe une usîne Toyota construîte au cours des années 1990 en Turquîe sur une aîe sîsmîque : « Le dernîer crî de a technoogîe en matîère d’archîtecture sîsmîque avaît
vîe où vîvaîent ses saarîés avaît, ee, été totaement détruîte (17 000 morts). Et une usîne sans saarîé, cea ne onctîonne pas. » La résîîence ne peut donc être sîotée et es acteurs prîvés ont, tout autant que es ac-teurs pubîcs, întérêt à partîcîper à a résîîence de eur terrîtoîre. « La résîîence urbaîne concerne tous es sujets du déveoppement terrî-torîa, poursuît Sébastîen Maîre. Ce n’est pas unîquement a gestîon de crîse ou e management des rîsques, es questîons envîronnementaes et cîmatîques. On y représente e dé-veoppement terrîtorîa de manîère cîrcuaîre et non pus înéaîre pour essayer, y comprîs dans une pro-grammatîon, de représenter toutes ces înterdépendances à chaque oîs que ’on prépare un projet. »
UNE LOGIQUE INTÉGRÉE Érîc Saomon e dît d’une autre ma-nîère : « ï n’y a pas de résîîence sî on y travaîe seu. » La résîîence est un choîx soîdaîre, une démarche quî récame de ’întégratîon, à tous es nî-veaux. « La vîe doît être încusîve », souîgne Carmen Munoz. Et ee în-sîste : « Pour tous. » Dans a vîe pérî-phérîque et désœuvrée de Pueba, au Mexîque, Cîteum est întervenu dans e champ de ses compétences : a
C40
intervenants
TIMOTHÉ GOUPIL Fondateur de SAFER
« Tous les maires des communes que nous avons rencontrés nous ont expliqué que leur plus grand problème consistait à obtenir l’ensemble des informations sur le risque naturel en temps et en heure. »
PHILIPPE SERIEYS
SÉBASTIEN MAIRE Chief Resilience Officer / Secrétariat général de la Ville de Paris
« Paris est une des capitales les plus petites au monde. Ce n’est pas l’échelle pertinente pour une stratégie de résilience. Cette échelle, c’est évidemment celle de la Métropole du Grand Paris. »
PHILIPPE SERIEYS
CARMEN MUNOZ Directrice générale de Citelum
« Chaque ville a son histoire, son avenir, ses problématiques, et ce sont les projets politiques, au sens noble du terme, qui doivent amener les solutions pour y répondre. »
PHILIPPE SERIEYS
DANIEL QUENARD Chef de Division Matériaux au CSTB
« Le principe d’EnergieSprong est d’habiller le bâtiment avec une façade ainsi qu’une toiture multifonctionnelle qui va servir à la protection, mais aussi à la production de ressources énergétiques. »
PHILIPPE SERIEYS
ÉRIC SALOMON Managing director chez Enedis
« En matière de gestion de crise, quels sont les basiques ? Se préparer. Collaborer. Avoir un système de veille et d’alerte performant. Et apprendre de la crise, de manière à devenir plus résilient. »
PHILIPPE SERIEYS
umîère. Maîs ’enjeu est vîte deve-nu autre. « La ce de notre travaî ne se cantonnaît pas à déveopper une înrastructure, raconte Carmen Mu-noz, maîs à aîre en sorte que es gens soîent Iers de eur quartîer. C’étaît une prîorîté tant pour a vîe que pour notre projet technîque : créer du îen socîa. » Dans une optîque ré-sîîente, a mîssîon înîtîae peut chan-ger d’aspect pour prendre une tout autre dîmensîon.  C’est ce qu’a connu Rotterdam î y a queques années avec e sîmpe réaménagement d’une pace. En ou-vrant une concertatîon, a vîe a per-mîs aux habîtants de s’engager dans un processus partîcîpatî quî a duré pusîeurs moîs. Aussîtôt, ces débats ont permîs d’apaîser des tensîons naîssantes dans e quartîer. Maîs ce n’est pas tout. Le sîmpe aît de de-voîr répondre aux demandes des ha-
bîtants a consîdérabement aît évo-uer e projet. ï ne s’agîssaît pus de modîIer queques chemînements ou d’înstaer des bancs, a pace en questîon est devenue une agora : messes e dîmanche, concerts de rap e week-end, îeu de socîaîsatîon. Puîs, terraîn mutîsports, même, pour es jeunes du quartîer, avec un skatepark. Et comme e premîer des rîsques à Rotterdam est ’înonda-tîon, cette pace sert aussî de bas-sîn de rétentîon des eaux puvîaes. « Aînsî, expîque Sébastîen Maîre, en un seu budget, une seue maîtrîse d’œuvre, une seue concertatîon, un seu déaî, dîx poîtîques pubîques ont été servîes par un seu projet. » L’eicîence de a résîîence se me-sure aussî à ’échee des économîes générées. Dans un contexte de raré-actîon des crédîts pubîcs, cea n’est n pas sans întérêt.
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SYNTHÈSE DES DÉBATS..
Comme nous e rappee Aaîn > Betran (voir page2), es rîsques encourus par es vîes ne sont pas nouveaux. La nouveauté tîendraît putôt en deux acteurs sî-mutanés : d’une part ’urbanîsatîon gaopante avec, dans e monde, ’îns-taatîon hebdomadaîre de 1,4 mî-îon de néo-urbaîns, aîssant prévoîr qu’en 2050, 70 % de a popuatîon mondîae sera urbaîne ; d’autre part, e aît même que ces nouvees popu-atîons rejoîgnent es vîes justement pour s’y sentîr pus en sécurîté, avoîr accès à des servîces pus éaborés et pus nombreux, et bénéIcîer de meîeures condîtîons économîques. Les vîes suscîtent donc de grands espoîrs et es systèmes urbaîns sup-portent de pus grandes pressîons. Au demeurant, es rîsques sont I-naement assez nombreux et peuvent se casser en deux grandes catégorîes. La premîère reève du choc. Choc nature d’abord. Crues, séîsmes, tempêtes, avaanches, vagues de roîd, canîcues… On estîme qu’un tîers des communes rançaîses est aujourd’huî împacté par des catas-trophes naturees. Pour es coectî-vîtés, es entreprîses et es îndîvîdus, cea se chîfre aînsî annueement : 60 morts, pusîeurs dîzaînes de mî-îers de bessés et 2 mîîards d’euros de dégâts.
CHOCS ET CRISES CHRONIQUES Choc sanîtaîre ensuîte, avec es pan-démîes. Sébastîen Maîre évoque aînsî e aît que pour « es experts de a santé, e pus grand stress sanî-taîre à venîr en France pourraît être ceuî d’un moustîque porteur d’une maadîe mortee. » Choc îndustrîe avec des accîdents comme ceuî de ’usîne AZF, en 2001. Décassement économîque de terrîtoîres entîers, aussî. Ou encore, dysonctîonne-ments et déaîances de grands sys-tèmes urbaîns. Aaîn Betran cîte no-tamment e back-out de New York en 1977 : « ï a pongé a vîe dans e noîr tota. Des mîîers de personnes se sont retrouvées boquées dans es ascenseurs et es métros. Certaîns quartîers ont été ’objet de pîages, ce quî a pu révéer des tensîons so-cîaes prêtes à écater. » L’autre grande catégorîe est, au ond, moîns connue, maîs aît peser tout autant de rîsques. ï s’agît des crîses chronîques, dont e caractère est extrêmement varîabe. Cîtons : a pénurîe d’eau, a poutîon de ’aîr, es înrastructures déîquescentes, es înégaîtés socîaes, e manque de ogements abordabes… Certaîns des chocs cîtés pus haut peuvent même se transormer en crîses chronîques,
Élucider les risques, prévenir les crises
PBS DOCUMENTARY «BLACKOUT»
comme es canîcues quî devraîent întensîIer eurs apparîtîons avec e changement cîmatîque. Autre exempe : es mîgratîons. « On consî-dère que e aît mîgratoîre que nous vîvons en ce moment en Europe a queque chose d’exceptîonne quî appee des mesures exceptîonnees, expîque Sébastîen Maîre. Or ’ONU donne des chîfres extrêmement caîrs sur ’augmentatîon prévue et înéuctabe du phénomène mîgra-toîre partout dans e monde. Les mî-gratîons totaes aujourd’huî, sur a panète, représentent 20 mîîons de personnes par an. Les seus mîgrants cîmatîques seront envîron 250 mî-îons par an dès 2050. Partout dans e monde, e aît urbaîn devra întégrer de nouvees catégorîes de popua-tîon. Partout dans e monde, es vîes devront y préparer eurs înrastruc-tures et eurs servîces. »
PROTÉGER POUR PRÉVENIR Le changement cîmatîque est sans doute aujourd’huî e prîncîpa vec-teur de rîsques potentîes. « Com-ment ’observe-t-on à Parîs ? ques-tîonne Érîc Saomon. Et bîen, nous aîsons ace à des phénomènes bru-taux de pus en pus réquents. Pour nous, es orages et es înondatîons sont des sujets de préoccupatîon majeure, maîs aussî es ortes cha-eurs. » Face à ce constat, un opéra-
teur te qu’Enedîs doît absoument protéger ses réseaux. ï doît en îsoer es partîes es pus sensîbes comme es transormateurs, maîs aussî tenîr compte de ’îmbrîcatîon de ses ré-seaux. Erîc Saomon détaîe : « Pre-nons un réseau sîtué à 500 m de a Seîne et aît d’un seu tenant. Dès ors qu’une partîe de ce réseau est en contact avec ’eau, nous devons îsoer toute son arborescence pour mettre en sécurîté ’ensembe de nos cîents. Nous devons donc tronçonner e ré-seau et e raccorder par d’autres bîaîs. Cea nous permet, pour un nîveau de crue donné, de réduîre de 30 % es cîents împactés. »
CONSTRUIRE (OU RÉNOVER) POUR PRÉVENIR Maîs Enedîs aît aussî ace doréna-vant à un autre enjeu majeur : a sé-curîté. « ï y a 20 ou 30 ans, poursuîte Érîc Saomon, un poste source dans Parîs - objet hautement technîque, maîs întégré archîtecturaement -étaît une source de Ierté et nous étîons à deux doîgts de e aîre vîsîter. Aujourd’huî î est devenu une cîbe. Nous avons donc entreprîs avec Goo-ge de retîrer toute îdentîIcatîon de ces postes sources sur ïnternet. »  Autre aspect de ce déI cîmatîque, es émîssîons de gaz à efet de serre. On saît e secteur du bâtîment gros pourvoyeur de CO , puîsqu’î est, en 2
Scène de chaos lors du black out de New York en 1977
France, e premîer contrîbuteur de-vant e transport. Danîe Quenard rappee qu’î « exîste 34 mîîons de ogements en France et que pus de 80 % d’entre eux se sîtuent au-deà d’une consommatîon d’énergîe prî-maîre donnée comme satîsaîsante (100 kWh par mètre carré et par an). Or, sî ’objectî est bîen de baîsser ce ratîo, î se trouve que e utur est à puîsque 70 à 80 % des bâtîments de 2050 ont déjà été construîts. » L’enjeu est donc consîdérabe. La régemen-tatîon thermîque y a déjà un peu répondu en réduîsant énormément es consommatîons par ogement. « On a moîns de charbon, moîns de pétroe, un peu moîns de gaz dans es ogements, ’éectrîcîté est un peu pus împortante. On parvîent donc à répondre partîeement à ce déI », dît Danîe Quenard.  Maîs e choîx e pus crucîa est ceuî quî consîste à savoîr s’î vaut mîeux construîre ou rénover.Danîe Quenard poursuît : « En ma-tîère énergétîque, î est caîr qu’î est toujours pus perormant de aîre du neu. Cependant, en détruîsant un bâtîment pour en reconstruîre un nouveau, on génère aussî un împor-tant stock carbone. » D’où, à chaque oîs, une rélexîon à mener quî prend en compte tout un ensembe d’éé-ments : ocaîsatîon, cîmat, mobîî-tés, productîon, etc.n
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EDF
SYNTHÈSE DES DÉBATS..
Intervention d’un technicien d’Enedis sur une ligne électrique.
« En termes de gestîon de crîse, > ques sont es basîques ? Se pré-parer. Coaborer. Avoîr un système de veîe et d’aerte perormant. Et apprendre de a crîse, de manîère à devenîr pus résîîent. » C’est par ces queques crîtères qu’Érîc Saomon résume ’approche que peut avoîr une entreprîse comme Enedîs de a gestîon de crîse, ajoutant que cette dernîère, ayant déjà dû afronter un certaîn nombre de catastrophes, possède « un ensembe de scénarîos potentîes et son propre système de veîe qu’ee tente d’înterconnecter avec ’ensembe des partîes pre-nantes. »
INTERCONNEXION ET COMMUNICATION L’înterconnexîon est sans doute ’un des matres mots, et Érîc Saomon ’îustre aînsî : « Nous avons certes un magnîIque réseau éectrîque, partîcuîèrement moderne, maîs nous devons rester humbes. Les crues de juîn 2016 nous ont montré qu’en réaîté, une crue centennae seraît très dîicîe à contenîr. Même sî de nombreuses choses sont en pace, même sî tous es opérateurs quî travaîent sur a régîon parî-sîenne sont en îen avec e terrîtoîre, même sî nous possédons des pans antî-crues très avancés, nous avons un taon d’Achîe coectî : notre înteractîon. Par exempe, nous de-vons paroîs îsoer des transorma-teurs très sensîbes pour d’autres
La gestion de crise et sa numérisation
partenaîres et î aut donc que ’on se pare pour eur dîre sur que ser-veur se trouve eur système de ges-tîon de crîse et à partîr de que nî-veau de crue nous avons prévu de e couper. » L’înterconnexîon est donc aussî une afaîre de communîca-tîon. Et î apparat caîrement que cette dernîère est un enjeu majeur de a gestîon de crîse. Dans e cas d’Enedîs, î peut s’agîr de prévenîr des abonnés, non împactés par une înondatîon, qu’ee devra eur cou-per eur aîmentatîon à tître préven-tî, et de eur expîquer pourquoî. Dans e cas d’une coectîvîté, î s’agît d’obtenîr es bonnes înormatîons e pus rapîdement possîbe, comme e raconte Tîmothé Goupî : « Tous es maîres des communes que nous avons rencontrés nous ont expî-qué que eur pus grand probème consîstaît à obtenîr ’ensembe des înormatîons sur e rîsque nature en temps et en heure. Le maîre d’une petîte commune au nord de Nantes, quî est réguîèrement sujette à des înondatîons, a été prévenu 6 heures à ’avance ors de a dernîère crue. Pourtant, cee-cî avaît été détectée 24 heures à ’avance. Évîdemment, sur une durée aussî courte pour ré-agîr, e sauvetage a tourné au sauve-quî-peut. Le nombre d’acteurs à gérer pendant une crîse est tee-ment împortant que, souvent, î y a une orme de débordement et qu’î est très dîicîe d’obtenîr une înor-matîon compète. Poîce, gendar-merîe, pompîers, préets, cîtoyens,
entreprîses, tout e monde s’adresse aux maîres des communes dès que surgît une crîse. La communîcatîon n’est jamaîs paraîte et cea raentît e travaî des équîpes de terraîn. »
SAFER, L’AIDE AU RISQUE NATUREL L’apport des nouvees technoo-gîes est sans nu doute précîeux pour sursoîr à ce déaut de com-munîcatîon et améîorer a gestîon des crîses. En témoîgne, e projet déveoppé par deux étudîants de ’EDHEC, dont Tîmothé Goupî. SAFER est en eet une pateorme web bîg data quî agrège tout un ensembe de données reatîves au rîsque nature quî menace une commune ou une coectîvîté o-cae : données météo, traîc rou-tîer, ux de popuatîon, etc. « Notre travaî consîste à en întégrer e maxîmum possîbe, de es assocîer, de es croîser, et d’en permettre une cartographîe sîmpe », dît Tî-mothé Goupî. Dans un premîer temps, SAFER agît comme système d’aerte, avertîssant es décîdeurs d’une coectîvîté ocae d’un dé-passement de seuî de rîsque. ïs peuvent aors se connecter à a pateorme et aîre un état des îeux de a sîtuatîon. Les înormatîons ournîes en temps rée partîcîpent au dîagnostîc réaîsé et à a prîse de décîsîon. SAFER aîde même à pré-voîr es actîons quî vont permettre d’endîguer e rîsque. Et, durant a crîse, a pateorme est en mesure
« Enedis possède en son sein une unité spécifique qui est en quelque sorte son GIGN. Je veux parler de la Force d’ intervention rapide électricité (FIRE). Elle est née de l’expérience vécue lors de la tempête de 1999. À l’époque, nous avons bien réagi, il me semble, mais il faut avouer qu’ il nous restait encore beaucoup de choses à apprendre. Nous avons donc décidé de mettre en place une base d’à peu près 3 000 collaborateurs organisée en équipes par domaine de compétence. Avec des groupes électrogènes et des kits de matériel spécifiques à la situation (lignes aériennes en montagne, inondations à Paris, etc.), ces équipes sont prêtes à intervenir en moins de 24 heures. »
Éric Salomon
de contrîbuer à ’organîsatîon des secours grâce, notamment, à un modue de messagerîe înterne que peut utîîser e maîre d’une com-mune pour dîscuter avec es orces de sécurîté et es orces d’înterven-tîon. Enîn, SAFER agît comme sys-tème de préventîon auprès des cî-toyens en utîîsant ’ensembe des moyens de communîcatîon dîspo-nîbes dans a vîe. Prîx spécîa du jury ors d’un hackhaton organîsé par e mînîstère de ’Envîronne-ment en novembre 2016, SAFER a depuîs întégré ’încubateur Green-Tech et devraît pouvoîr être com-mercîaîsé à partîr du second trî-mestre 2017.
RÈGNE DE LA DONNÉE « Bonne nouvee, es geeks sont donc sur e coup », comme e dît en sourîant Lîvîer Vennîn, déégué au Grand Parîs chez EDF. Eectî-vement, tout comme a nature, a technoogîe a horreur du vîde et învestît aussî e champ de a ca-tastrophe. ï y a queques moîs s’est aînsî créée ’ONGHackers against natural disasters (HAND) quî cherche à assocîer es compé-tences pour mettre en pace des
soutîons numérîques ace aux sî-tuatîons de rîsque nature. Déjà à ’œuvre, a révoutîon numérîque devraît donc jouer un rôe majeur dans es années quî vîennent. « On consîdère que 90 % des données quî sont dîsponîbes aujourd’huî
EnergieSprong : digitaliser pour massifier
ENERGYSPRONG
L’un des grands défis que représente l’adaptation au changement climatique est sans doute, pour les villes, la rénovation énergétique de ses bâtiments. L’effort doit, en effet, être considérable tant le parc est vaste. Il y a 5 ans est née aux Pays-Bas une approche innovante de massification de la rénovation énergétique pour des logements sociaux, réalisée à moindre coût et en moins d’une semaine. Baptisée EnergieSprong, elle tend à se développer dorénavant en France via le projet « Transition Zéro ». « Le principe est en quelque sorte celui d’une cloche à fromage, explique Daniel Quenard. On rhabille le bâtiment avec une façade ainsi qu’une toiture multifonctionnelle qui va servir à la protection, mais aussi à la production de ressources énergétiques. L’idée est d’avoir moins d’équipements et plus de services. » EnergieSprong passe par un processus de digitalisation : les bâtiments sont scannés afin de relever toutes les données nécessaires pour fabriquer des composants à coût réduit. « Mais si l’on veut vraiment massifier, souligne Daniel Quenard, il faut avoir une sorte de cadastre énergétique qui localise les bâtiments. Cela se fait aux Pays-Bas, c’est plus difficile en France du fait de la législation sur la protection des données personnelles. »
n’ont été coectées qu’au cours des dernîères années et qu’î en reste encore 80 % à coecter. Cet împact de a donnée, notamment du bîg data, sur es ogîques de prédîctîon est susceptîbe de nous aîre voîr dîéremment a panî-îcatîon urbaîne », note aînsî Sé-bastîen Maîre. C’est aussî de a donnée que ’on compîe chez Cî-teum à travers a pateorme ur-baîne MUSE quî, expîque Carmen Munoz, « permet de générer des actîs, de communîquer, de créer des servîces. » Maîs, poursuît-ee, « î exîste aussî un grand nombre d’înrastructures sur esquees nous n’întervenons pas (gaz, eau potabe, transport, téécoms…) quî génèrent énormément de données. Leur voume devîent énorme et es attentes des partîes prenantes, dans e même temps, s’éèvent pour qu’on eur our-nîsse, non pas de a donnée brute, maîs des înormatîons et des ser-vîces. Nos dîérentes pateormes ont donc besoîn d’être înter-connectées, communîcantes. »
QUAND LA TECHNOLOGIE A SES LIMITES Enseîgnante-chercheuse dans une écoe d’archîtecture, Sabîne Char-donnet pose une autre orme de probématîque concernant ’essor de a donnée : « Cette émergence de soutîons numérîques peut créer une sorte de brouîard sî, à un moment donné, î n’y a pas de vîsîon transversae. C’est une vraîe questîon que je me pose sur a cîrcuatîon de ’înormatîon, a soîdarîté de ’înormatîon et son coût. » Cîrcuatîon de ’înorma-tîon quî doît, par aîeurs, être à géométrîe varîabe et încure de pus en pus es cîtoyens comme anceurs d’aerte. Sébastîen Maîre
Capture d’écran de présentation de la plateforme Muse, mise en place par Citelum.
ournît cette anecdote à propos des înondatîons de juîn 2016 : « Les données quî nous étaîent communîquées en îve par Vîgîe-crues étaîent un peu déconnec-tées de a réaîté. Sur es berges de Seîne, des gens travaîaîent aux înstaatîons de ’Euro de ootba. ïs appeaîent a ceue de crîse pour es prévenîr : “Nous avons es pîeds dans ’eau. Est-ce qu’on doît contînuer à înstaer ? “ Et a ceue de crîse regardaît es données de Vîgîecrues pour ré-pondre : “Non, non, vous n’avez pas es pîeds dans ’eau ! “ » Au-trement dît, ques que soîent es pateormes numérîques et eur degré de sophîstîcatîon, ees doîvent non seuement s’înter-connecter, comme e dît Carmen Munoz, maîs aussî autorîser un « eedback » de a part des gens quî sont sur e terraîn, des cîtoyens quî peuvent être susceptîbes de ’aîmenter en înormatîons. Car a technoogîe peut connaître des déaîances. Dans ce cas, î s’agîs-saît de cee d’un capteur obstrué par es débrîs dus à a crue. Car-men Munoz se souvîent d’une autre déaîance orsqu’ee étaît dîrectrîce régîonae chez Enedîs en Champagne-Ardenne : « Tous es réseaux îbre de a régîon étaîent tombés en panne. Nous n’avîons pus de données concer-nant nos postes sources quî sont des équîpements cés. Que ut aors mon système de résîîence pour gérer cette crîse ? D’envoyer tous mes agents, en peîne nuît, pour assurer une surveîance vî-suee de ces postes sources. Cette expérîence m’a aît penser : ouî, î exîste un împact du numérîque, maîs comment aîre un numé-rîque quî ne nous rend pas dépen-dants en cas de crîse ? »n
CITELUM
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SYNTHÈSE DES DÉBATS..
Candélabre Ubitricity qui sert aussi de borne de recharge.
UBITRICIT Y
« À Parîs, 50 % des înrastruc-> tures quî exîsteront en 2070 n’ont pas encore été construîtes », nous dît Sébastîen Maîre. En conséquence, î est encore possîbe de choîsîr ces înrastructures. D’autant, qu’en ce quî es concerne, î s’agît d’învestîs-sements ourds. Et pour Sébastîen Maîre, « a ogîque quî mène au choîx de ces înrastructures aît partîe d’un programme de résîîence. »
SÉCURITÉ ET ADAPTATION Dès ors, on peut se demander ce qu’est une înrastructure résîîente. Pour Érîc Saomon et Enedîs, î s’agît avant tout d’une înrastructure sécu-rîsée, comme c’est e cas du réseau éectrîque parîsîen : « Parîs bénéIcîe d’înrastructures technîques d’avant-garde. L’ensembe de nos réseaux sont souterraîns. ï n’y a absoument aucun mètre de réseau aérîen dans Parîs, que ce soît en moyenne ou en basse tensîon. De pus ce réseau est doubé dans sa totaîté. C’est ce que ’on ap-pee a doube dérîvatîon, quî nous donne ’opportunîté en cas de panne de bascuer îmmédîatement sur un autre système. Reste que ce réseau est vunérabe durant es pérîodes de orte chaeur. Les moîs de juîet et août sont des moments crîtîques du-
Les infrastructures sur la voie de la résilience ?
rant esques Enedîs entreprend des programmes de sécurîsatîon. » Autre poînt ort d’une înrastructure résî-îente : sa capacîté à s’adapter. « Et un réseau quî s’adapte, poursuît Érîc Sa-omon, c’est un réseau capabe d’an-tîcîper ses pannes. C’est ce que nous appeons ’autocîcatrîsatîon. En cea, es smartgrîds nous rendent un Ier servîce servîce puîsqu’îs nous per-
mettent, grâce à un ensembe de capteurs d’antîcîper une panne ou de réagîr îmmédîa-tement pour que e réseau re-vîenne à son état înîtîa et contî-nue d’aîmenter ’ensembe de nos cîents. »
MULTI UTILISATION DES INFRASTRUCTURES Comme e montre ’exempe de a pace de Rotterdam (voir page 5), a résîîence est aus-sî onctîon de a capacîté des aménagements ou des în-rastructures à rendre ou à opé-rer dîférents servîces. La mutî utîîsatîon des înrastructures n’est pas orcément nouvee. Carmen Munoz en donne une îustratîon avec « es supports d’écaîrage quî ont ongtemps servî aussî de supports pour des horoges de vîe. » Maîs avec es nouvees technoogîes, ee tend à se déveopper et à se dî-versîIer. C’est partîcuîèrement
e cas en ce quî concerne es écaîrages ur-baîns et eurs candéabres. Leur présence très sîgnîIcatîve dans a vîe es prédîspose à assurer d’autres onctîons. Carmen Mu-noz en cîte pusîeurs. Aînsî, ce umînaîre déveoppé par une startup, auréate d’un concours EDF Puse, quî întègre une camé-ra pour adapter son écaîrage au passage des personnes. « Cea nous permet aussî de détecter e passage de véhîcues pour une utîîsatîon sur e recouvrement du statîonne-ment ou pour d’autres înormatîons. » Aînsî, ce poteau d’écaîrage déveoppé par Ubîtrî-cîty quî sert aussî de recharge aux véhîcues éectrîques : « de a recharge ongue, précîse Carmen Munoz, aIn de ne pas perturber e reste du système. » Aînsî, enIn, ces candéa-bres d’un abrîcant européen quî întègrent une borne wîI. L’une de eurs versîons ofre aussî un système de recharge rapîde pour es tééphones portabes. La questîon concer-nant ces înnovatîons est, seon Carmen Mu-noz : « Qu’est-ce quî est pertînent et qu’est-ce quî ne ’est pas ? Sî de nombreuses înrastruc-tures restent à construîre, comment aîre e bon choîx ? Que préconîse-t-on et qu’est-ce quî sera durabe ? »n
LES INFRASTRUCTURES FACE AUX RISQUES NATURELS (in «Vulnérabilité des réseaux d’infrastructures aux risques naturels, ministère de l’Environnement, Sept. 2013)
Réseau Réseau Réseau Ligne Ligne HT Réseau de Gazoduc Cours d’eau Port routier ferré (infra) ferré électrique enterrée distribution enterré navigable maritime (signalisation aérienne électrique et SI) enfoui Crue et inondation de plaine ** ** ** * * * *** * Tempête de vent * * ** *** * * Houle, surcote marine * * * ** Séisme ** ** * * ** Inondation rapide *** ** ** * * * ** Neige exceptionelle ** ** * ** * * Tsunami ** ** * * ** Grand froid * * * ** * Canicule ** * Chute de blocs ** ** * * * Effondrement (karst ...) * ** * * * Avalanche ** ** * * * ( très vulnérable ) ; ( vulnérable ) ; ( peu vulnérable ) ; (vide) ( non vulnérable ou sans objet ) *** ** *
« Si nous sommes en train de changer de modèle, si nous passons du modèle des infrastructures en dur à un modèle où la question des données devient clé, si nous passons d’un mode linéaire et très centralisé à un fonctionnement plus circulaire, pour autant les nouvelles infrastructures que représentent les plateformes de données ne viennent pas se substituer aux anciennes. Pour deux raisons. La première est que les grands réseaux techniques restent nécessaires pour la production des services urbains. Il n’y a pas de covoiturage s’ il n’y a pas de voirie. Il n’y a pas de smartgrid s’ il n’y a pas de réseau. La seconde raison est que ces infrastructures jouent un rôle assurantiel pour la ville. Elle joue le rôle du “au cas où“. Et la question devient donc : qui finance ce rôle assurantiel ? »
Isabelle BaraudSerfaty
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