Etude Pour un nouvel age écologie politique version longue
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Pour un nouvel âge de l’écologie politique Proposition de manifeste pour les années 2007-2009 Version intégrale – 29 décembre 2006 Benoît Lechat, Etopia 21 Page 2 Introduction Le choc pétrolier de 2006 et l’urgence climatique enfin reconnue nous ramènent à l’origine de l’écologie politique, dans les années ‘70. Entre les deux moments historiques, il y a plus qu’une analogie, il y a une incitation à retourner aux fondements d’un nouveau courant politique. Non pour les répéter pieusement (c’est la définition du fondamentalisme), mais pour en reprendre les référents de manière critique et adaptée aux défis contemporains. Invitation est donc ici lancée aux écologistes et à tous ceux qui sont intéressés par leurs combats à débattre de l’opportunité d’appuyer leur engagement sur une reprise critique de quelques idées fondatrices de l’écologie politique, et notamment sur ce qu’on a appelé la promotion de la sphère autonome. Plus prosaïquement, il s’agit également de tenter d’ouvrir de nouvelles perspectives au débat pré-électoral belge en effectuant des liens entre les enjeux institutionnels et écologiques. La thèse avancée est que les écologistes peuvent apporter une contribution décisive à la résolution des défis de l’heure. Non seulement parce que l’urgence climatique commence enfin à être reconnue. Mais également parce que ce qui fait la spécificité de l’écologie politique depuis sa genèse dans la seconde ...

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Pour un nouvel âge
de l’écologie politique

Proposition de manifeste
pour les années 2007-2009


Version intégrale – 29 décembre 2006

Benoît Lechat, Etopia





21 Page 2
Introduction
Le choc pétrolier de 2006 et l’urgence climatique enfin reconnue nous ramènent à
l’origine de l’écologie politique, dans les années ‘70. Entre les deux moments
historiques, il y a plus qu’une analogie, il y a une incitation à retourner aux
fondements d’un nouveau courant politique. Non pour les répéter pieusement
(c’est la définition du fondamentalisme), mais pour en reprendre les référents de
manière critique et adaptée aux défis contemporains.
Invitation est donc ici lancée aux écologistes et à tous ceux qui sont intéressés par
leurs combats à débattre de l’opportunité d’appuyer leur engagement sur une
reprise critique de quelques idées fondatrices de l’écologie politique, et notamment
sur ce qu’on a appelé la promotion de la sphère autonome. Plus prosaïquement, il
s’agit également de tenter d’ouvrir de nouvelles perspectives au débat pré-électoral
belge en effectuant des liens entre les enjeux institutionnels et écologiques.
La thèse avancée est que les écologistes peuvent apporter une contribution décisive
à la résolution des défis de l’heure. Non seulement parce que l’urgence climatique
commence enfin à être reconnue. Mais également parce que ce qui fait la spécificité
de l’écologie politique depuis sa genèse dans la seconde moitié du XXème siècle
1peut nous aider à comprendre et appliquer le « nouveau réalisme » qu’impose
cette urgence.

1 Trente ans de réflexion
Les moins jeunes s’en rappellent, l’écologie devient un courant politique structuré
au courant des années ’70, peu après la première crise du pétrole, au croisement
des limites de la croissance et de la critique de la société industrielle. Elle se
constitue progressivement en alternative aux courants qui dominent la scène
publique en Europe depuis plus d’un siècle : le libéralisme, le socialisme et la
démocratie chrétienne.
Mais ce qu’on a entretemps un peu oublié, c’est que son originalité radicale ne
tient pas seulement dans la défense de l’environnement. C’est aussi la défense et la
promotion de la sphère autonome, c’est-à-dire de toutes les activités que mènent
2les individus en dehors des logiques du marché et de l’Etat . Cela ne veut pas dire
que les écologistes sont absolument contre le marché et l’Etat, même si cela peut
arriver. Cela signifie qu’ils veulent promouvoir les relations de coopération
gratuite entre les êtres humains et qu’ils ne veulent pas laisser toutes les relations
humaines dominées par des rationalités étatiques ou marchandes. Leur conviction,
formulée de manière plus ou moins structurée, c’est que sans encadrement strict, le
marché et l’Etat accroissent leur emprise partagée. Et que, ce faisant, ils maltraitent
autant la nature que les êtres humains, leur qualité de vie et ce qu’on appelait alors

1 Voir « Pour un nouveau réalisme » par Reinhard Loske, député vert au Bundestag (voir la
traduction de ce texte sur www.etopia.be)
2 Il s’agit évidemment d’une reconstruction a posteriori. Mais elle correspond bien à une
cohérence interne qui se dégage du fourmillement d’idées qui a marqué la naissance de
l’écologie politique. Voir à cet égard le philosophe Philippe Van Parijs dans « Impasses et
promesses de l’écologie politique », un texte de 1991, téléchargeable sur ww.etopia.be 21 Page 3
3la convivialité, dans la foulée de la pensée d’Ivan Illich qui reste encore
aujourd’hui d’une brûlante actualité.
A l’époque, les écologistes et tous ceux qui partagent leurs idées, bien au-delà des
partis verts, défendent simultanément l’environnement, la convivialité, la sphère
autonome contre le productivisme et le règne illimité de la technique. Ils pensent
que si le développement de la sphère autonome n’est pas le remède absolu contre
les dévastations de la société et de l’environnement, il peut être totalement
compatible avec lui. La sphère autonome n’est pas dans le PIB. La croissance du
PIB, c’est la croissance de la sphère hétéronome. Si la sphère autonome se
développe, cela n’a quasiment pas d’impact négatif sur l’environnement. Ce n’est
pas vraiment le cas de la sphère étatique et de la sphère marchande dont les usages
incontrôlés de la technique marquent sinistrement l’histoire du XXème siècle, de
Nagasaki à Tchernobyl en passant plus récemment par l’utilisation massive et
destructrice des carburants fossiles.
Dans les années ’70, la menace climatique n’est pas encore à l’ordre du jour. Mais
les écologistes, comme d’autres, sont déjà convaincus que ce qui est en jeu dans
l’évolution de la société industrielle, c’est au minimum le maintien d’une vie de
qualité pour toute l’humanité, c’est aussi éventuellement sa survie pure et simple.
Trente ans plus tard, la crise climatique confère à ces « intuitions » le caractère
d’une réalité qu’on ne peut refouler. Alors qu’il n’y pas si longtemps (et ce n’est
pas tout à fait fini d’ailleurs), les écologistes se faisaient traiter d’ayatollahs verts
quand ils évoquaient ces perspectives, aujourd’hui presque tout l’establishment
politico-économique commence enfin à l’intégrer dans ses discours. « On vous
l’avait bien dit ? » Non. L’heure n’est pas aux règlements de comptes. Mais aux
rapides passages de la parole aux actes, à la construction des coalitions les plus
larges. Il s’agit de prendre au mot tous ceux qui sortent du film d’Al Gore et qui se
posent la question du « Que faire ? » en les invitant à revoir une série de certitudes
sur lesquelles nos sociétés et les idéologies classiques se sont construites. Tout
indique en effet que ce sont ces certitudes qui nous ont engagés dans l’impasse qui
se dessine avec netteté aujourd’hui et que ce sont elles aussi qui rendent si difficiles
et si lentes les réactions qu’exige pourtant une situation critique.

2 Une accélération de la prise de conscience
Mais avant tout, que nous dit le succès du film d’Al Gore de la situation actuelle de
la prise de conscience écologique ? Son premier résultat objectif est qu’en Belgique,
comme dans d’autres pays industrialisés, la question climatique a cessé d’être
abordée par les seuls écologistes et par les défenseurs de l’environnement. Elle est
devenue un enjeu politique important voire majeur, du moins dans les discours.

3 « Le passage de la productivité à la convivialité est le passage de la répétition du manque
à la spontanéité du don. La relation industrielle est réflexe conditionné, réponse stéréotypée
de l'individu aux messages émis par un autre usager, qu'il ne connaîtra jamais, ou par un
milieu artificiel, qu'il ne comprendra jamais. La relation conviviale, toujours neuve, est le fait
de personnes qui participent à la création de la vie sociale. Passer de la productivité à la
convivialité, c'est substituer à une valeur technique une valeur éthique, à une valeur
matérialisée une valeur réalisée. La convivialité est la liberté individuelle réalisée dans la relation
de production au sein d'une société dotée d'outils efficaces. Lorsqu'une société, n'importe laquelle,
refoule la convivialité en deçà d'un certain niveau, elle devient la proie du manque; car
aucune hypertrophie de la productivité ne parviendra jamais à satisfaire les besoins créés et
multipliés à l'envi ». (Ivan Illich, La convivialité, Seuil, 1972). 21 Page 4
En Belgique, après d’autres pays européens comme la Grande-Bretagne ou la
Suède, nous en arrivons au point où nous commençons à savoir collectivement que
le changement climatique provoqué par l’homme est une réalité. Mais cela veut-il
dire pour autant que nous « croyions » possible les catastrophes qu’il va
immanquablement provoquer ? Cela implique-t-il, en conséquence, que nous
entreprenions réellement les changements politiques nécessair

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