Où se situe la bascule mentale qui annihile la raison, transcende nos freins cognitifs, notre surmoi, et libère la bestialité qui est parfois, historiquement, chez certains êtres humains ?
La première étape consiste en un « petit pas », un premier engagement : hurler avec les loups, afficher ouvertement son idéologie, changer le costume social, se radicaliser individuellement « pour le salut de tous ». Cela se fait à domicile, chez les parents, dans le cocon protecteur soudain honnis.
C’est le début de la révolte intellectuelle, quasi identitaire pour certains. Les freins intellectuels tombent alors facilement, puisque tout n’est encore que virtualité. Les cadavres et les têtes exhibées par les combattants ressemblent à des scénographies lointaines, mystiques, intemporelles ; c’est du cinéma, ou plutôt « de l’internet », dématérialisé, spectaculaire…
Vient la déshumanisation. Sans cette négation de l’humanité de la victime, aucun crime « prémédité, conscientisé » n’est vraiment possible. Il faut se conditionner pour tuer, tout autant qu’il faut l’être pour accepter que nos compagnons tuent devant nous. Il faut donc haïr l’autre, mais surtout ne pas le considérer comme « un semblable ». C’est un conditionnement lourd, qui bouscule toutes les barrières morales…
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