DestinJournaliste, essayiste, grande voyageuse, Claude B. Levenson ...
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DestinJournaliste, essayiste, grande voyageuse, Claude B. Levenson ...

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24heures
|
Mardi 21 décembre 2010
23
Contrôle qualité
VC2
BernardBridel
«M
ais où est
Claude? Fai-
tes-la venir
s’asseoir vers
moi.» C’était
en février dernier à Bodhgayâ, en Inde,
l’un des plus grands sanctuaires boudd-
histesdumonde.Apostrophéparledalaï-
lama, le journaliste Jean-Claude Buhrer
doit un peu rudoyer son épouse, Claude
B. (pour Buhrer) Levenson, pour qu’elle
vienneprendreplaceavecluiàlagauche
dusainthomme.«Timideetdétestantles
honneurs,Claudenesavaitpasoùsemet-
tre. Il faut dire qu’il y avait là plus de
100 000fidèles»,raconte,trèsému,celui
qui partagea la vie de cette femme extra-
ordinaire, décédée le 13 décembre der-
nier à Lausanne, fauchée par un cancer.
La rencontre de Bodhgayâ fut la der-
nière entre le dalaï-lama et Claude B. Le-
venson.
La première s’était déroulée en 1981 à
Paris. «Nous étions trois journalistes à sa
conférence de presse, aimait-elle racon-
ter,iln’intéressaitalorspersonne.»Est-ce
grâce à Claude B. Levenson que la cause
tibétaine fera plus tard le tour du monde
ettrouveradesstarscommeRichardGere
pour la défendre? Bien sûr que non,
aurait-elle répondu, trop modeste pour
reconnaîtrequelaquinzainedebouquins
qu’elle a écrits sur la question et les in-
nombrables conférences qu’elle a don-
nées de par le monde ne sont pas étran-
gers à la visibilité de la cause.
Passionnante et passionnée
Rédacteur en chef de
24 heures
, Thierry
Meyer se souvient de l’extraordinaire at-
tention du public lors du débat qu’il ani-
mait avec Claude B. Levenson en avril
2008 au Théâtre de Vidy, quelques se-
mainesavantl’ouverturedesJOdePékin.
«Elleétaitpassionnanteetpassionnée,et
répondait du tac au tac aux questions
parfoisvachardessurlesTibétainsetleur
attitude jugée rétrograde par certains.»
«Je suis une enfant de la guerre», di-
sait d’elle-même cette femme née en
1938 à Paris d’un père juif originaire de
Bessarabie et d’une future résistante
communiste. Une manière sans doute
d’expliquer un parcours hors du com-
munquilaconduiradanslesannées1950
àétudierlerusse,lesanskritetplusieurs
langues orientales comme le persan et
l’hindiàl’UniversitéLomonossov,àMos-
cou.
L’absence du père
Mais avant d’entreprendre ses brillantes
études, la jeune Claude vivra un trauma-
tisme majeur: elle a 3 ans et demi quand
sonpèreestarrêtéparlapolicefrançaise
avant d’être déporté à Auschwitz par le
premiertrainpartideDrancy.Onnesort
pasindemnedecegenrededrame.«Etce
n’est que sur son lit de mort, il y a quel-
quesjours,qu’ellem’aditavoirretrouvé
le nom du village – Lucennay-les-Aix,
dansl’Allier–oùellefutcachéeparMarie
Labroux jusqu’à la fin de la guerre», ra-
contesonmari.Commesiladouleuravait
interdit le souvenir.
Brillante intellectuelle, journaliste et
voyageuse,ClaudeB.Levensoncollabore
àdenombreuxjournaux,dont
Le Monde
et
24 heures
, se fait un nom dans le mé-
tier. Mais c’est lors d’une nouvelle ren-
contre avec le dalaï-lama, en 1983, à Ge-
nèvecettefois,qu’elledécided’allervoir
ce qui se passe au Tibet. Le chef spirituel
des Tibétains en exil, qui l’a reconnue et
ferad’ellesatraductrice,luirecommande
d’allervoirelle-mêmesurplacequelleest
la situation.
«Notre premier voyage aura finale-
mentlieuen1984,témoigneJean-Claude
Buhrer. Le dernier, semi-clandestin, se
déroulera en 2006.» Persona non grata
en Chine pour ses liens avec les «sépara-
tistes», Claude B. Levenson et son mari
gagneront l’Empire du Milieu par Hong-
kong,l’anciennecoloniebritanniquequi
ne demande pas de visa d’entrée…
Professionnelle
Si Claude B. Levenson défend passionné-
ment la cause tibétaine, elle n’est pas une
pasionaria. Simplement une grande pro-
fessionnelle.ChefdelarubriqueMondede
24 heures
danslesannées1980-1990,Jean
Gaud se souvient des articles de sa
consœurcomme«depapiersimpeccables,
toujours livrés à l’heure, fourmillant d’in-
formations personnelles et originales».
Si le Tibet fut sa cause, Claude B. Le-
vensondéfenditaussicelledelaBirmane
Aung San Suu Kyi, qu’elle rencontra à
plusieurs reprises. Comme si les causes
apparemmentperdueslamotivaientplus
quen’importequelleautre.«Ellecompre-
nait aussi très bien le peuple tibétain.
C’était une femme très indépendante»,
confieRigdzinNamkhaGyatsoRinpoché,
en exil à Lausanne depuis 2002.
Quand on lui demandait si elle était
bouddhiste, dit son mari, Claude répon-
dait en plaisantant: «Je l’ai peut-être été
dans une vie antérieure et le serai peut-
être dans une autre vie.» Une définition
que le dalaï-lama avait trouvée «très
bonne». Alors bonne nouvelle vie,
Claude.
Ellefutsiprochedudalaï-lama
Destin
Journaliste, essayiste,
grande voyageuse, Claude
B. Levenson a été une infatigable
amie du peuple tibétain. Elle vient
de partir pour une autre vie
Proches
C’est en1981 àParis
queClaudeB. Levenson
arencontrépour
lapremièrefoisledalaï-lama.
Séduit par l’intelligence
desoninterlocutrice, lechef
spirituel desTibétainsenexil
enferasatraductrice.
Onlesvoit ici ensemble
àMexico. C’était
enoctobre2004.
PHOTOS CHRIS BLASER/
JEAN-CLAUDE BUHRER-A
«C’étaitunefemmetrès
indépendante»
Rigdzin Namkha Gyatso Rinpoché
«Sesarticlesfourmillaient
d’informations
personnellesetoriginales»
Jean Gaud, ancien chef
de la rubrique Monde à
24 heures
Cosey:«NousnoussommesmêmecroisésàLhassa»
«J’ai rencontré Claude B. Levenson par
l’intermédiaire d’une libraire de la rue de
Bourg, il y a plus de vingt ans, se souvient
Cosey. Nous sommes restés en contact et
nous sommes revus régulièrement. Nous
nous sommes même croisés à Lhassa. Elle
y détenait des infos intéressantes sur des
monastères détruits et fermés aux visi-
teurs. C’est grâce à elle que j’ai pu les voir.
Je me souviens… les Chinois avaient cons-
truit des latrines autour de ces lieux.»
Le dessinateur de BD échangeait des
tuyaux sur le Tibet avec la journaliste et
essayiste. Ou lui posait des questions qui
avaient trait à la langue, aux traditions,
aux lieux ou à l’histoire. Elle le corrigeait
parfois.
«Dans le vol de retour Lhassa-Katman-
dou, elle m’avait permis de rencontrer un
tulku
(ndlr: un réincarné)
de 6 ans. C’est
elle aussi qui m’a permis de rencontrer le
dalaï-lama en audience privée, soit dans
un cercle d’une quinzaine de person-
nes.»
Cosey admire l’enthousiasme que Claude
B. Levenson dégageait pour soutenir la
cause tibétaine, n’hésitant pas à se dépla-
cer à l’autre bout de la France ou plus loin,
payant de sa personne pour des choses
parfois modestes. «Elle s’est entièrement
consacrée à ce conflit pacifique. Très culti-
vée, parlant une dizaine de langues, elle
était extrêmement discrète à propos d’elle-
même. Tant de discrétion dénote un trait
de caractère rare de nos jours. Une qualité
exemplaire.»
Michel Rime
Réaction
1938
Naît à Paris.
1955
Part à Moscou étudier le sanskrit.
1961
Rencontre son mari – elle préférait
dire compagnon –, le journaliste
Jean-Claude Buhrer (
Le Monde
). Le
couple s’installe à Lausanne en 1970.
1975
Rencontre Octavio Paz.
1981
Première rencontre avec
le dalaï-lama, à Paris. «C’était
avant le Nobel, aimait-elle à dire,
il n’intéressait personne.»
1984
Premier voyage au Tibet.
1987
Le seigneur du Lotus blanc
(Ed. Lieu
commun), écrit en collaboration
avec le dalaï-lama lors d’un long
séjour à Dharamsala (Inde).
2009
Voyage en Birmanie.
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