la mort maraine
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Description

Conte traditionnel réécrit et remis au goût du jour par mes soins.

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Publié le 27 novembre 2011
Nombre de lectures 113
Langue Français

Extrait

La mort maraine. L’histoire se passe dans une famille bretonne, une famille plus que modeste. Dans la petite ferme où ils vivent, près de Malestroit… et bien ils sont à l’étroit, justement. Car il y a là : le père, la mère, prête à accoucher, et leurs douze enfants, oui, douze. Jordan, bryan, Dylan, Kimberley, Ashley, Handy, brendy, Johnny, Suzy, Loana, Tenesse…et Jean-Claude, le petit dernier. Le père de cette joyeuse marmaille, bien qu’ayant parfois du mal à joindre les deux bouts, s’est toujours débrouillé pour trouver, à chacun de ses enfants, un parain et une maraine. Hors voilà que par cette douce soirée de mai, l’enfant numéro treize commence à montrer sa tignasse brune entre les cuisses maternelles, et tandis que l’aîné des enfants cours chercher le docteur, papa part à la recherche d’un parain, et d’une maraine, pour numéro treize. Seulement voilà, tous les habitants de la bourgade sans exeption, ont déjà été mis à contribution, il ne reste plus personne à exploi..à solliciter, pour prendre soin de numéro treize. Papa rentre bredouille à la maison. Dans la pièce principale, près de la cheminée, maman tient le nouveau né dans ses bras, il pleure à s’en décrocher les gencives. Autour de la mère tous les enfants sont installés, en tailleur, ils regardent l’enfant, calmement. Sans doute essayent ils de deviner à qui il ressemble le plus. Et maman berce l’enfant. _Tu as trouvé quelqu’un pour…personne ? C’est un garçon, nous l’appellerons Jean…Jean detrop. C’est ce soir là que quelqu’un a frappé à la lourde porte de bois. Tous les enfants se sont levés comme un seul homme, le regard interrogateur, on n’attendait personne…D’ailleurs personne ne venait jamais. Papa est allé ouvrir. Un inconnu se tient là. Un homme grand, très grand. Son chapeau est grand, son manteau est grand, la canne finement sculpté qu’il porte à la main, est grande. _Bonjour ! Vous ne me connaissez pas, je me présente je suis le parain de votre fils. Vous avez parfois du mal à joindre les deux bouts ? Vos fins de mois sont difficiles, surtout les trente derniers jours ? ne vous inquiéttez plus : avec le parain, votre enfant aura toujours de quoi manger, et de quoi se vêtir ! le parain, c’est l’assurance que votre fils fera des études et deviendra quelqu’un ! Attention, les parains sont en stocks limités, décidez vous vite ! _Heu…oui, ça m’intéresse, mais, un parain c’est bien, mais pour ce qui est de la maraine ? _ne vous inquiettez pas, car avec le parain, vous reçevrez la maraine, que je vous présenterai demain, ha oui, demain, n’oubliez pas : le baptême de votre fils !
Ainsi a été dit, ainsi a été fait, le lendemain, les tables sont sorties dans la cour de la ferme, les enfants ont mis leurs habits du dimanche, et même ils ont des chaussures, ce qui chez eux est exeptionnel !. Les tables sont sorties mais, il n’y a malheureusement pas grand-chose à mettre dessus pour contenter les invités : de l’eau fraiche, quelques navets, du pain de piètre qualité…Mais ce n’est pas grave, car les invités ont du mal à pointer le bout de leur nez. La veille ils ont tous refusé de parainer le petit, donc ils regardent ça de chez eux, à la fenêtre, cachés derrière des rideaux qui ne cachent rien. Néanmoins il y a là les parents, les enfants,le prêtre, et le mystérieux parain. Le prêtre fait son office : _Et je baptise cet enfant au nom de spirictum sancti, aléa jacta est, morituri te salutant, et caetera, aquarium, vadémécum, fluor et plantes… Et lorsqu’il demande au parein ET à la maraine de s’avancer…Une charrette noire, tirés par deux chevaux noirs entre dans la cour. L’un des chevaux est gros, l’autre décharné, ils tirent la charrette mais n’y sont pas arnaché. On ne voit pas qui est à l’intérieur mais on l’entend : _Comment se fait il, que la famille et les amis de mon cher filleul, n’aie rien à manger en ce jour si particulier ? Et voilà que les tables se trouvent recouvertes, de pains blancs énormes, de viandes fumantes, de vins délicats et de fruits exotiques. Du coup, les voisins se font un petit peu moins prier pour venir assister à la cérémonie, ils viennent à table, ils boivent, mangent, lèvent leur verre à Jean Detrop. Mais lorsque de la charrette descend la maraine, recouverte d’un tissus sans début ni sans fin, à l’odeur excrémentielle. Le visage dissimulé sous une capuche, une faux à la main, une main sans chair, sans os…Sa maraine, c’est la mort. L’Ankou, comme on dit là_bas. Dix huit années ont passées. Jean Detrop a grandi, et bien grandi, il a fait des études et n’a jamais manqué de rien, sa maraine lui a fait un cadeau formidable, une vie de mille ans. Et ce jour là elle vient lui rendre visite : _Mon cher filleur, te voici devenu un homme et il est temps pour toi de te choisir un métier. Tu seras médecin, un grand médecin. _Mais maraine, je ne sais rien, je n’ai pas appris… _Tu ne dois t’inquietter de rien. Lorsque tu iras voir un patient, je serais avec toi, toujours, personne à part toi ne pourra me voir. Si je me trouve à la tête du lit du patient, tu pourras faire appeler le prêtre et le notaire, car il mourra. Si au contraire je me trouve au pied du lit, alors tu donneras ceci, à boire, à ton patient, dans cette petite fiole, et il guérira sous trois jours. Au départ, les gens ne faisais pas tellement confiance à Jean Detrop, ils préféraient bien évidement appeler leur médecin habituel et puis qui voudrait comme médecin, le filleul de la mort ?
Mais lorsqu’ils ont vu qu’au bout de dix fois, vingt fois, cent fois, Jean Detrop ne se trompait jamais sur les pronostics vitaux des patients, c’est lui qui est devenu le médecin habituel. Depuis on vient le voir de très loin, pour une sœur, un frère, une tante. Un jour, c’est la fille d’un richissime notable de la région qui tombe gravement malade. L’un des eployés de ce richissime vient du même village que Jean Detrop c’est donc tout naturellement qu’il le fait venir au chevet de la jeune fille. Dès qu’il entre dans la chambre, la mère de la jeune fille se jette à ses pieds. _Jean Detrop : voici ma fille…Elle est gravement malade…Nous avons tout essayé, nous avons fait venir les meilleurs médecins, les meilleurs savants…Des savants de Toulouse, des savants de Marseille…Je vous en prie auscultez là ! Et s’il y a quelque chose à faire, je vous en supplie faites le ! Si vous la sauvez, je vous la donne en mariage ! Jean Detrop répond qu’il doit d’abord aller voir la tête qu’elle a , normal. Elle est magnifique ! Blanche et maladive, certes mais magnifique. Ses traits sont fins et délicats, pareils à ceux d’une poupée de porceleine. Ses cheveux d’ébeine sont artistiquement déposés sur le blanc immaculé de son oreiller, jean Detrop l’aime déjà. Le seul souci, c’est que la mort est à la tête du lit. Comment faire ? jean Detrop l’aime, il ne peut pas se résoudre à la laisser mourir, il veut qu’elle vive, et il veut vivre avec elle ! _Elle vivra ! Toi, et toi, retournez le lit ! Voilà, maintenant, donnez lui ceci à boire et elle sera guérie dans trois jours. Et effectivement, au bout de trois jours, la jeune fille est au mieux de sa forme, et les noces sont en préparation, parce que figurez vous que elle aussi, elle le trouve pas mal, la vie n’est elle pas bien faite, parfois ? Seulement voilà, il y a quelqu’un qui n’est pas content, content de s’être fait ainsi avoir. _Jean Detrop…Je te choisis comme filleul, je t’élève comme mon propre enfant, et toi, petit traître, tu me poignardes dans le dos à la première occasion ? _Maraine, je vous en prie pardonnez moi ! Vous, vous vous en fichez, vous n’avez qu’une cage thoracique complètement vide, mais moi j’ai un cœur ! un cœur amoureux, et quand on est amoureux on fait n’importe quoi ! _Je ne te le fais pas dire ! _Maraine, pardonnez moi, et je vous en prie, rendez moi, service, donnez à ma femme le même cadeau qu’à moi, donnez lui une vie de mille ans ! _Et puis quoi encore ? _Mais maraine si vous refusez, si je vis mille ans et pas elle, je la verrais mourir, et mes enfants, et mes petits enfants ! _Tu m’as trahis ! Tes états d’âme je m’en siphonne le réservoir ! _Ha je vois maraine ! je vois que ton grand pouvoir, ne l’est peut être pas tellement ! Tu l’as fais une fois pour moi, mais tu ne peux pas le refaire, tu n’es pas assez forte !
_Tu m’as prise pour une magicienne de fête forraine ? _Très bien d’accord, si tu es si forte, prouves le ! entre en entier dans cette fiole ! Et voilà la mort qui entre en entier dans la petite fiole. _Et bien voilà, maraine, comme on dit dans le jargon : tu l’as dans le baba, car tu ne sortiras de cette fiole que quand tu seras d’accord pour donner mille an à ma femme ! _Laisse moi sortir immédiatement ! _Ha tu peux te brosser, Martine ! _Je ne m’appelle pas Martine ! _Et ben je m’en fous, je peux t’appeler comme je veux ! Alors, ça va Martine, pas trop serrée Martine ? _Jamais je ne donnerais mille ans à ta femme, jamais ! _Et ben tant pis ! Tu resteras dans cette fiole et tu mourras dans cette fiole ! _Mais je peux pas mourir, c’est moi, la mort, espèce d’abruti ! _Et bah c’est bien fait ! Douze ans, ça a duré douze ans ? Douze ans pendant lesquels la mort n’a pas pu faire son travail. Alors vous me direz, tant mieux ! Plus de mort, c’est formidable ! Donnons nous la main et allons cueillir des fleurs nus dans la prairie, et bien non ! Plus de mort ça veut dire : engorgement des hôpitaux car les malades restent malades mais ne meurent pas. Plus de travail pour les jeunes puisque les vieux continuent à bosser. Les notaires, au chômage. Les prêtres aussi, et oui, à quoi bon croire en Dieu si l’on a plus peur de la mort ? Les gens n’ont plus peur, ils se mettent à faire des choses complètement débiles comme sauter du toit des immeubles juste pour voir ce que ça fait, jouer à la roullette russe, ou faire des parties de colin maillard sur l’autoroute à l’heure de pointe. Et pendant qu’ils font les imbéciles, ils ne s’occupent pas de leurs enfants et ils n’en font pas d’autres ! Bref, nous avons à faire à une véritable désorganisation du système référentiel de notre société contemporaine et capitaliste. Voyant cela, jean Detrop décide, que c’en est trop, justement, et il libère samaraine. Et bien ce n’est pas trop tôt, douze ans ! Remarque en même temps je m’en fiche, je suis la mort, je n’ai aucune conscience du temps qui passe. Pour m’avoir libéré, je ne donne pas mille ans à ta femme, mais je reprends les tiens, oui c’est un cadeau, car tu vivras une belle vie avec ta femme et tes enfants. Et voilà comment Jean Detrop, né d’une famille plus que modeste, a vécu une vie magnifique, une vie de roi, une vie humaine.
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