François Perroux, un grand contestataire - article ; n°2 ; vol.4, pg 27-41
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Description

Revue française d'économie - Année 1989 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 27-41
Dès le début de son enseignement, il veut s'attaquer à l'enseignement traditionnel, en s'appuyant notamment sur la Théorie de l'évolution économique de Schumpeter (dont il fait établir la traduction française, [1935]). A la recherche de nouveaux instruments d'analyse en vue d'une économie élargie, il insistera sur le jeu de l'économie internationalement dominante et les effets de domination, une véritable prise en compte des coûts de l'homme, ainsi que sur le caractère conflictuel des décisions et même des objectifs : comme ceux de la nécessaire coopération internationale ou encore de la coexistence pacifique. S'il faut aller résolument « au-delà du capitalisme », c'est en tenant compte de réalisations jugées indispensables et en repoussant toute complaisance à des recettes ou remèdes superficiels. Le dialogue a été et restera nécessaire « entre monopoles et nations », comme pour dégager une « philosophie du nouveau développement» [1981].
From the start, Perroux was a critique of traditional economics. Then, inspired by Schumpeter's Theory economic development, he for its translation into French [1935]. In search of new tools of analysis a widerviewed economics, he proposed to take into account the of an « internationaly economy » the proper estimation of human costs and the inevitably conflictual character of any scheme or goal we are looking for, such as international cooperation or even pacific coexistence. While he was for resolutely aiming at « going beyond capitalism », but with the acceptance of present realities and struggles (to be accounted for), he refused what he saw as complaisance towards superficial remedies. The dialogue between monopolies and nations will continue and we ought to pursue it for a philosophy of a new development [1981].
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 26
Langue Français

Extrait

Jean Weiller
François Perroux, un grand contestataire
In: Revue française d'économie. Volume 4 N°2, 1989. pp. 27-41.
Résumé
Dès le début de son enseignement, il veut s'attaquer à l'enseignement traditionnel, en s'appuyant notamment sur la Théorie de
l'évolution économique de Schumpeter (dont il fait établir la traduction française, [1935]). A la recherche de nouveaux
instruments d'analyse en vue d'une économie élargie, il insistera sur le jeu de l'économie internationalement dominante et les
effets de domination, une véritable prise en compte des coûts de l'homme, ainsi que sur le caractère conflictuel des décisions et
même des objectifs : comme ceux de la nécessaire coopération internationale ou encore de la coexistence pacifique. S'il faut
aller résolument « au-delà du capitalisme », c'est en tenant compte de réalisations jugées indispensables et en repoussant toute
complaisance à des recettes ou remèdes superficiels. Le dialogue a été et restera nécessaire « entre monopoles et nations »,
comme pour dégager une « philosophie du nouveau développement» [1981].
Abstract
From the start, Perroux was a critique of traditional economics. Then, inspired by Schumpeter's Theory economic development,
he for its translation into French [1935]. In search of new tools of analysis a widerviewed economics, he proposed to take into
account the of an « internationaly economy » the proper estimation of human costs and the inevitably conflictual character of any
scheme or goal we are looking for, such as international cooperation or even pacific coexistence. While he was for resolutely
aiming at « going beyond capitalism », but with the acceptance of present realities and struggles (to be accounted for), he
refused what he saw as complaisance towards superficial remedies. The dialogue between monopolies and nations will continue
and we ought to pursue it for a philosophy of a new development [1981].
Citer ce document / Cite this document :
Weiller Jean. François Perroux, un grand contestataire. In: Revue française d'économie. Volume 4 N°2, 1989. pp. 27-41.
doi : 10.3406/rfeco.1989.1211
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1989_num_4_2_1211Jean
WEILLER
François Perroux,
un grand
contestataire
Pour ouvrages Presses nous une demander de philosophie publiés l'Unesco, s'il sous ne [1982]), du révèle la nouveau signature lire pas nous l'un développement le pouvons de fil des conducteur François deux sérieusement Perroux, derniers (Aubier, nécess
aire pour bien comprendre les aspects positifs de son
œuvre. Sans doute s'agit-il seulement en apparence de
donner suite aux travaux d'experts de dix-sept pays, réu- 28 Jean WeiUer
nis par l'Unesco à Quito (Equateur) en août 1979, en vue
de discuter des méthodes d'harmonisation et d'humanis
ation des processus de développement intégré, « en
d'autres termes d'un nouveau ». Mais,
aussi bien ses réflexions sur l'élaboration théorique que
sur la politique et les stratégies ou la finalité et les valeurs
rappellent bien l'essentiel d'une très longue lutte menée
depuis 1950 au moins.
Tout d'abord, on y retrouve certainement l'i
nsatisfaction profonde d'une personnalité qui tenait à s'e
xprimer par de violents contrastes. Ainsi sa volonté de coo
pération était-elle très sincère et fut souvent exprimée
dans le travail en commun, à PI.S.E.A., Institut de
sciences économiques appliquées, (créé en 1945 et devenu
en 1972 seulement, au moment de sa retraite du Collège
de France, I.S.M.E.A., Institut de sciences mathématiques
et économiques appliquées, changement qui ne tenait pas
seulement à un renouvellement administratif). Mais faut-
il rappeler ce que chacun savait alors des travaux entre
pris : il ne pouvait s'agir que de coopération conflictuelle
— ou de concurrence concours — et c'est bien ce qui
vient à l'esprit quand on s'efforce de dégager avec lui les
voies et moyens du « nouveau développement ».
Les travaux de PI.S.E.A.
et l'amorce d'une reconstruction
théorique en commun
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il me semble nécessaire
d'apporter et de préciser un témoignage personnel. Je
l'avais reçu plusieurs années avant de prendre la direction
— avec toute l'indépendance que François Perroux tenait Jean Wemer 29
à garantir aux directeurs de ses collections — d'une série,
publiée à partir de 1957, sur les relations économiques
internationales (dont les douze premiers cahiers furent
intitulés Commerce mondial et conditions internationales
de la croissance) 1. Je me suis toujours félicité d'une très
grande convergence d'idées à cet égard, qu'on retrouve
incidemment dans cet avant-dernier ouvrage (Pour une
philosophie..., p. 259) avec une citation personnelle:
« C'est en somme le projet quantifié de la structure dési
rée... ». Mais on pourra noter à travers certaines diver
gences d'interprétation combien le message de François
Perroux s'efforçait d'abord de mettre en pleine lumière
obstacles et contradictions : emprise de structure, dépen
dance dans Tinter- dépendance (sans oublier généralement
le trait d'union pour ce dernier terme).
Au cours des années cinquante et des premières
années soixante, c'est dans la même « optique » certa
inement que M. Byé, G. de Bernis, H. Bartoli, sans doute
aussi P. Uri, R. Barre et bien d'autres ont cru pouvoir
apporter leur concours à une œuvre qui apparaissait alors
des plus diversifiées — bien avant qu'on puisse saisir ce
fil conducteur d'une théorie et d'une politique renouvelée
autour de l'idée du nouveau développement : qu'on pense
à l'étude de la G.U.I., grande unité inter-territoriale, par
M. Byé, qui annonce le débat ultérieur sur les firmes
transnationales — à celle des industries industrialisantes
par G. de Bernis (ou encore à l'étude « du commerce
international au commerce interfonctionnel », de
R. Demonts et M. Pinson)...
J'aurai noté d'autre part, quant à l'idée du
progrès et d'économie progressive sur laquelle Я faudra
revenir, une mention particulière, quant au concept de
socialisation, des apports respectifs d'H. Bartoli et
d'H. Vallon. Il faudrait faire davantage mention des si
nombreuses études de la série Croissance et progrès, mais 30 Jean Weiller
c'est bien pour m'en tenir à une même ligne de pensée
que j'y soulignerai seulement ce qu'il y a de profondément
original dans la pensée de François Perroux qui se dégage
alors avec, d'une part, la poursuite d'une discussion théo
rique au plus haut niveau et, d'autre part, une analyse des
faits et des politiques sur la longue durée.
1. Le débat théorique, qu'il qualifiera, en der
nière analyse, de dialogue, remonte à ses années d'études :
il avait comporté beaucoup d'autres lectures — et d'abord
celles de grands inspirateurs comme Schumpeter ou, de
plus en plus, de grands rivaux, Galbraith ou Mar-
cuse, par exemple2.
Pour sa propre lutte, il récusait tout ralliement
aux doctrines d'autres grands contestataires : pas davan
tage à celle de Keynes (voir sa leçon sur La généralisation
de la General Theory) que, décidément, à celle de Marx,
— ce qui apparait clairement dans sa préface à l'édition
des Œuvres de Karl Marx par M. Rubel (La Pléiade, Gal
limard, [1965]). Pour Keynes, en tout cas, après un grand
hommage, c'est à un vaste programme de recherches dif
férentes que la critique aboutissait.
2. Peut-être même faut-il, pour définir plus cla
irement le choix fondamental de François Perroux,
remonter à son année d'apprentissage, lors de son séjour
à l'Université de Vienne. Au-delà des enseignements à la
Bohm-Bawerk, c'était le rejet de ces marginalismes et néo
marginalismes doctrinaux, du style de Von Mises et de
Von Hayek traquant tout socialisme aussi bien que tout
« historicisme ». Une sauvegarde intellectuelle décisive
apparaissait dès lors avec les premiers travaux de
J. Schumpeter et l'élaboration de sa Théorie de l'évolution
économique. On se reportera à la

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