Israël, géopolitique d'une démocratie en guerre

Malika.Sadaoui

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Israël, géopolitique d’une démocratie en guerre: Représentations et usages des temps, des espaces, de la force et du monde Frédéric ENCEL Esprit et objectif du cours Depuis sa proclamation d’indépendance en 1948, Israël est géopolitiquement «normal ».Ni pacifiste ni belliciste par nature, l’Etat juif attaque et se défend, fait la guerre et fait la paix, entretient et exprime des valeurs, des revendications et des représentations sur un mode similaire aux autres nations. Contrainte d’évoluer depuis sa naissance dans un environnement moyenoriental hostile et instable, cette minuscule nation, à la fois très ancienne et toute nouvelle, plonge sa mémoire sur des temps longs « braudéliens »et sa géopolitique sur de grands espaces. Au cœur de la démocratie israélienne, les gouvernements changent régulièrement et avec eux les choix politiques, économiques et stratégiques du pays sous le contrôle étroit de puissants contrepouvoirs. Pourtant, quel autre Etat parmi les 193 recensés à l’ONU suscite de telles passions, cristallise autant de mythes et occupe constamment les manchettes? Le regard critique est non seulement légitime mais souhaitable – sans quoi il n’y a de citoyen digne de ce statut – et celui porté sur les dirigeants israéliens l’est tout autant que les autres. Sur cette baselà, à chacun d’entretenir indulgence ou sévérité. Mais dès lors que la démonisation ou la sublimation l’emportent, et avec elles lapassionsur laraison, on sort du champ salutaire dupolitiqueet, dans les relations internationales, du champ dugéopolitique. L’Etat hébreu constituetil réellement un facteur permanent de troubles et d’instabilité au MoyenOrient, cette région qui connut bien des conflits avant luiet en connaît tant d’autressans? Israël représentetil luidepuis sa création en 1948 réellement un havre où l’on se préoccupe de faire pousser des oranges dans le désert et de survivre à de terribles et innombrables ennemis, sachant que l’agriculture ne compte plus que pour 2% du PIB et que le pays dispose de la plus puissante force de frappe conventionnelle et nucléaire de son environnement fragmenté,affaibli ou pacifié ? D’un côté la crainte d’une puissance fantasmée et le reproche de son emploi machiavélique, de l’autre la crainte d’une faiblesse mythifiée et le compliment d’un comportement angélique. Dans les deux cas, on trouve une posture, un affect, et des représentations. Enfin, la géopolitique d’Israël ne se borne pas au conflit israélopalestinien, en dépit de son caractère excessivement complexe et douloureux. Le mouvement sioniste d’abord, l’Etat d’Israël qui en incarna le fruit ensuite, ont toujours développé des visions, stratégies de développement et objectifs dépassant largement la gestion politique de l’environnement immédiat, notamment arabopalestininen. Dans leurs choix d’alliances, de paix et de guerre, à travers leurs discours et leurs constructions symboliques ou réelles, ce sont bien sur destemps longset sur de grands espaces que s’inscrivent les politiques des dirigeants hébreux. Il s’agira en définitive d’observer Israël hors du brouillard imaginaire et fantasmatique qui l’entoure trop souvent, avec le sérieux qui convient à une véritable étude géopolitique, sans apologie ni exécration, le ramener du champ dupassionnelà celui durationnel. Plan des séances La méthodologie géopolitique appliquée à Israël Aux racines sociales et intellectuelles du sionisme et de l’antisionisme Entre utopie et pragmatisme : la difficile réappropriation de l’usage de la force Guerres de survie et de puissance : 1948, 1956, 1967, 1973, 1982, 2006 Un cas de figure hautement géopolitique : Jérusalem Les grands contentieux israélopalestiniens Des dynamiques de paix : Camp David I, Madrid, Oslo, Camp David II, Annapolis