Keynes et la «finance» d entreprise - article ; n°3 ; vol.4, pg 169-203
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Description

Revue française d'économie - Année 1989 - Volume 4 - Numéro 3 - Pages 169-203
Jean-François Goux Keynes et la « finance » d'entreprise. Après la publication de la Théorie générale, de nombreux articles critiques apparaissent dans les principales revues économiques. Keynes y répond à plusieurs reprises en utilisant un concept nouveau : la « finance ». Cela lui permet de préciser sa théorie de l'intérêt et de la monnaie, mais également de fournir les prémisses d'une théorie du financement de l'entreprise. Il va distinguer le financement à court terme bancaire destiné à la production et le financement à long terme sur le marché financier (l'épargne) destiné à l'investissement. Il démontre ainsi définitivement l'antériorité de l'investissement sur l'épargne.
After the publication of the General theory, critical paper appeareds in main economic reviews. Keynes answered several times using the new concept of « finance ». It permited him to specify his theory of interest and money but also to give the premisses of a theory of the financement of the firm. He distinguished between short term banking financement of the production and long term market financement (saving) of investment. He demonstrated definitly that investment is prior to saving.
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-François Goux
Keynes et la «finance» d'entreprise
In: Revue française d'économie. Volume 4 N°3, 1989. pp. 169-203.
Résumé
Jean-François Goux Keynes et la « finance » d'entreprise. Après la publication de la Théorie générale, de nombreux articles
critiques apparaissent dans les principales revues économiques. Keynes y répond à plusieurs reprises en utilisant un concept
nouveau : la « finance ». Cela lui permet de préciser sa théorie de l'intérêt et de la monnaie, mais également de fournir les
prémisses d'une théorie du financement de l'entreprise. Il va distinguer le financement à court terme bancaire destiné à la
production et le financement à long terme sur le marché financier (l'épargne) destiné à l'investissement. Il démontre ainsi
définitivement l'antériorité de l'investissement sur l'épargne.
Abstract
After the publication of the General theory, critical paper appeareds in main economic reviews. Keynes answered several times
using the new concept of « finance ». It permited him to specify his theory of interest and money but also to give the premisses of
a theory of the financement of the firm. He distinguished between short term banking financement of the production and long term
market financement (saving) of investment. He demonstrated definitly that investment is prior to saving.
Citer ce document / Cite this document :
Goux Jean-François. Keynes et la «finance» d'entreprise. In: Revue française d'économie. Volume 4 N°3, 1989. pp. 169-203.
doi : 10.3406/rfeco.1989.1229
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1989_num_4_3_1229Jean-François
GOUX
Keynes
et la « finance »
d'entreprise
près la publication de la Théor
ie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, de
nombreux articles critiques apparaissent dans les princi
pales revues économiques anglaises ou américaines ; y
prédominent ceux qui attaquent la théorie du taux d'in
térêt développée par Keynes à partir de la notion de pré
férence pour la liquidité. Les articles de J.R. Hicks [1936], 170 Jean-François Goux
de D.H. Robertson [1936] et les deux articles de B. Ohlin
[1937], entre autres \ amènent Keynes à réagir dans le
numéro de juin 1937 de V Economie journal. C'est la pre
mière fois où apparaît le terme « finance », écrit entre
guillemets par Keynes pour en faire ressortir la spécificité
par rapport à l'usage courant 2.
Très rapidement cette réplique va susciter une
triple prise de position3 de la part de B. Ohlin, D.H.
Robertson et R.G. Hawtrey dans le numéro de septembre
1937 de Y Economie journal (p. 423-443). Keynes inte
rviendra à nouveau dans le numéro suivant (décembre
1937), en concentrant son argumentation sur la réponse
à B. Ohlin. Ce texte est le plus clair et le seul consacré
entièrement à la « finance » ; on trouvera sa traduction 4
à la suite de notre article.
D. H. Robertson, avec lequel Keynes n'a que des
relations épistolaires, va publier une nouvelle critique
sous le titre « Keynes and "finance" » {Economie journal,
juin 1938, p. 314-318) à laquelle Keynes va enfin répondre
publiquement, immédiatement après la note de D.H.
Robertson (p. 318-322). Ce dernier réagira à nouveau très
brièvement {Economie journal, septembre 1938, p. 555-
556). Cette controverse prend fin ainsi5.
Quelques temps après, Keynes dans deux articles
publiés par The Times, en date des 17 et 18 avril 1939
{Collected writings, tome 21, p. 509-518) y fait à nouveau
référence. Il va reformuler les mêmes idées dans un
mémoire intitulé « Government loan policy and the rate
of interest » {Collected writings, tome 21, p. 534-546) qu'il
envoie au Gouverneur de la Banque d'Angleterre et au
Chancelier de l'Echiquier. Après avoir pensé publier en
l'état ce document, il en écrit une nouvelle version défini
tive, publiée par The Times, en date des 24 et 25 juillet
1939 {Collected writings, tome 21, p. 551-564).
Un peu plus tard, à propos d'un rapport d'ex- Jean- François Goux 171
perts de la Société des Nations (Statistics relating to capi
tal formation, Studies and reports on statistical methods ,
n° 4, [1938]), Keynes publie une brève étude intitulée
« The process of capital formation » {Economie journal,
septembre 1939, p. 369-574) dans laquelle il revient pour
la dernière fois, à notre connaissance, sur cette question
de la « finance ».
A travers cette série d'articles, Keynes poursuit
plusieurs objectifs où se mêlent aspects scientifiques et
polémiques. Certes il désire améliorer et compléter ses
propositions antérieures, mais il veut avant tout défendre
les apports de la Théorie générale et en particulier le point
fondamental de sa nouvelle approche : l'antériorité de
l'investissement par rapport à l'épargne, autrement dit le
rejet de la contrainte d'épargne préalable. Cette contro
verse cambridgienne, pour reprendre la formule de H.G.
Johnson 6, conduit Keynes à préciser sa pensée dans trois
domaines :
— la théorie de l'intérêt;
— la de la demande de monnaie;
— la théorie du financement de l'entreprise.
Le premier point est celui sur lequel a porté l'es
sentiel du débat ; il s'inscrit dans la querelle plus vaste
entre la théorie des fonds prêtables et celle de la préfé
rence pour la liquidité 7. Il s'agit de savoir s'il faut pri
vilégier une approche statique (causalité contemporaine)
ou dynamique (causalité séquentielle), si le taux d'intérêt
est déterminé par un équilibre de flux ou de stock et plus
fondamentalement s'il est fixé sur le marché des titres ou
celui de la monnaie. Afin de préserver la théorie de la
préférence pour la liquidité, tout en admettant certaines
remarques de ses contradicteurs ainsi que les consé
quences du boom économique de 1936-1937 (hausse de
l'investissement et du taux d'intérêt), Keynes va médiat
iser l'influence de l'investissement sur le taux d'intérêt 172 Jean-François Goux
par la demande de monnaie. A la séquence classique :
[I > i]
il oppose la chaîne de causalité suivante :
[I > « finance » > demande de stock de monnaie -
--> i]
II retrouve ainsi le modèle de la Théorie générale :
«Mon article récent de l'Economie journal9" ne fait rien
d'autre que d'insister un peu plus qu'auparavant, dans
l'espoir d'aider quelques uns de mes critiques, sur le fait
que la « finance » requise par une activité planifiée était
un des canaux, en aucun cas négligeable, par lequel des
variations dans le niveau d'activité affectait la demande
de ressources liquides... En substance ma théorie est exac
tement ce qu'elle était quand j'ai publié mon ouvrage 9 »
([1979], p. 280-281).
A la suite des articles et de l'ouvrage de P.
Davidson 10, c'est l'apport à la théorie de la demande de
monnaie qui a ensuite retenu l'attention des économistes
dans les années soixante-soixante-dix. Le motif de fina
ncement — selon la traduction française de l'époque —
est fréquemment interprété comme la version dynamique
du motif de transaction n : c'est la demande supplément
aire de monnaie provenant d'un accroissement du
rythme de l'investissement. Cette interprétation s'appuie
surtout sur la phrase suivante de Keynes :
« Mais si les décisions d'investissement sont, par exemple,
croissantes, la finance supplémentaire impliquée consti
tuera une demande additionnelle de monnaie » ([1937 a]
p. 274).
Une analyse plus serrée des textes et de la pensée
de l'auteur a permis d'établir le caractère erroné de cette
conception l . La demande de monnaie pour motif de
« finance » se manifeste quelle que soit la situation éco- Jean-François Goux 173
nomique de référence : état stationnaire ou croissance,
équilibre ou déséquilibre 13. A grands traits, il est possible
de l'assimiler à un flux de crédit à l'origine d'une avance
monétaire à

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