La « finance » et le circuit de la monnaie - article ; n°1 ; vol.8, pg 67-88
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Description

Revue française d'économie - Année 1993 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 67-88
The Keynesian concept of finance was elaborated to deal with the analysis of payments; however it did not succeed because it considered the money flows as circulating stocks and this was not consistent with the main feature of finance, that is as soon as it is expended, the lack of liquidity is automatically made good. To be fully exploited, this idea needs to be firmly based on the distinction between money which exists only within each payment and finance which is created by one payment and deleted some time later by another one. This distinction allows us to understand that the equality between saving and investment is not reached through arbitrary definitions but is a logical consequence of the nature of money.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Xavier Bradley
La « finance » et le circuit de la monnaie
In: Revue française d'économie. Volume 8 N°1, 1993. pp. 67-88.
Résumé
The Keynesian concept of "finance" was elaborated to deal with the analysis of payments; however it did not succeed because it
considered the money flows as circulating stocks and this was not consistent with the main feature of "finance", that is "as soon
as it is expended, the lack of liquidity is automatically made good". To be fully exploited, this idea needs to be firmly based on the
distinction between money which exists only within each payment and finance which is created by one payment and deleted
some time later by another one. This distinction allows us to understand that the equality between saving and investment is not
reached through arbitrary definitions but is a logical consequence of the nature of money.
Citer ce document / Cite this document :
Bradley Xavier. La « finance » et le circuit de la monnaie. In: Revue française d'économie. Volume 8 N°1, 1993. pp. 67-88.
doi : 10.3406/rfeco.1993.923
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1993_num_8_1_923Xavier
BRADLEY
La « finance » et le
circuit de la monnaie
e concept de «finance» fut intro
duit par J.M. Keynes afin de compléter son analyse de la
préférence pour la liquidité : il souhaitait forger un concept
distinct de l'épargne qui rendrait compte de la particularité
des conditions monétaires et financières de réalisation des
investissements. Or la «finance» keynésienne souffre de
l'ambiguïté qui caractérisait déjà la liquidité. Keynes aborde
en effet le problème par le biais des situations financières
précédant et suivant les opérations de paiement mais, de
cette manière, il ne peut mettre en évidence qu'une diffé- 68 Xavier Bradley
rence de forme (financière) et non de nature entre épargne
et «finance». Pourtant Keynes affirme clairement que la
distinction de nature concerne les flux de revenus et les
stocks financiers. C'est donc dans les paiements eux-
mêmes que doivent apparaître les caractéristiques origi
nales de la finance. La différence de nature recherchée par
Keynes oppose par conséquent les relations propres aux
paiements monétaires et les relations financières qui en
découlent. L'enjeu n'est plus la distinction épargne/« f
inance» mais la distinction monnaie/finance.
La première partie de cet article est destinée à
mettre en évidence, à travers l'étude de certaines contro
verses post-keynésiennes sur la « finance», l'originalité des
opérations monétaires de création et de dépense des re
venus. On est ainsi conduit à écarter le concept de tran
smission : le versement des revenus n'est ni une consom
mation ni un investissement mais une opération de
monétisation de la production. En revanche, l'épargne et
l'investissement caractérisent l'utilisation des revenus et
définissent les relations financières dans l'intervalle entre
les paiements.
La seconde partie examine les conséquences de
ce résultat pour l'interprétation du circuit des revenus. La
question de la nature du circuit rejoint les interrogations
concernant les relations établies par Keynes : s'agit-il de
relations d'équilibre ? Doit-on adopter une analyse séquent
ielle ou raisonner dans l'instant ?
Contrairement à l'interprétation dominante, l'ana
lyse monétaire keynésienne ne se réduit pas à un équilibre
de court terme ; elle se révèle dans toute son originalité
par la mise en évidence de l'instantanéité des flux monét
aires. Le circuit est un circuit d'identité : les revenus mon
étaires sont créés et détruits dans l'instant des paiements ;
toutefois la distinction entre dépenses provisoire et défi
nitive permet de vérifier que création et destruction d'actifs Xavier Bradley 69
financiers sont séparées dans le temps. Cette analyse per
met d'écarter définitivement le mécanisme supposé de la
multiplication des revenus au-delà de la création initiale.
La finance et la monétisation de la
production
Dans la Théorie Générale, l'épargne est déterminée par le
montant de l'investissement mais elle ne peut elle-même
déterminer des variations de l'investissement. Cependant,
dans les articles1 postérieurs à la Théorie Générale, Keynes
réintroduit un préalable à la réalisation de l'investissement :
la constitution de la finance.
Keynes insiste sur l'originalité de ce concept qui
«n'a rien à voir avec l'épargne»2. Toutefois, en raison de
son antériorité sur l'investissement, la « finance » a pu être
interprétée comme une condition financière de réalisation
de l'investissement. Ce point de vue, défendu notamment
par A. Asimakopulos3, s'est heurté à l'opposition des post-
keynésiens.
Le point central de la controverse concerne le
rétablissement de la position de liquidité. Pour les post-
keynésiens, fidèles en cela à la lettre de l'analyse keyné-
sienne, dès que la «finance» est utilisée, les fonds sont
nécessairement déposés dans le système bancaire et ainsi
la position initiale de liquidité est rétablie : « Supposons
que la finance soit fournie par les banques. L'apport de
finance associé à un accroissement d'investissement sera
combiné à un accroissement de dépôts en compte courant.
L'utilisation de cette finance, au sens d'une dépense pour
acquérir des actifs, implique le transfert des dépôts des
investisseurs aux vendeurs d'actifs. En raison de ce trans- 70 Xavier Bradley
fert, la somme de monnaie associée à la fourniture initiale
de finance supplémentaire retourne aux banques. »4
Afin de réfuter l'argument de la liquidité restaurée
par la dépense, A. Asimakopulos reprend à son compte les
critiques que D. H. Robertson adressaient à l'argumentat
ion de Keynes : «Je ne vois aucun fonds circulatoire libéré,
aucun consentement à subir l'illiquidité rendu disponible
pour un nouvel engagement, par la dépense des fonds
empruntés par l'entrepreneur. La banque est devenue dé
bitrice d'un autre entrepreneur, de travailleurs, etc., au lieu
de l'être envers l'entrepreneur emprunteur, un point c'est
tout. L'entrepreneur emprunteur reste débiteur de la
banque et les actifs de la banque ne sont modifiés ni dans
leur montant ni dans leur degré de liquidité. »5
Pour A. Asimakopulos la position n'est rétablie que
par le remboursement des prêts bancaires, lorsque
l'épargne volontaire atteint le niveau de l'investissement
initial. Il existerait donc un délai d'« équilibrage » corre
spondant au processus de multiplication des revenus.
L'analyse de ces débats est féconde car elle permet
d'établir la nécessité d'une synthèse entre les positions
antagonistes. Les arguments paraissent incompatibles
parce que les uns privilégient uniquement les grandeurs
monétaires tandis que les autres en restent exclusivement
aux grandeurs financières. La synthèse exige tout à la fois
la distinction des grandeurs et la mise en évidence de leur
articulation.
Incontestablement le système bancaire n'a pas ré
tabli sa position de liquidité tant qu'il reste impliqué dans
les relations financières. Toutefois le raisonnement de A.
Asimakopulos ne permet pas de rendre compte du phé
nomène que J. M. Keynes cherche à appréhender à travers
le concept de «finance». A. Asimakopulos se situe en effet
au stade des relations financières postérieures à la format
ion de l'épargne. Xavier Bradley 71
Pour A. Asimakopulos le multiplicateur joue un
rôle fondamental car le rétablissement de la liquidité ne
peut être assuré qu'à la fin du processus de multiplication,
lorsque les banques n'ont plus besoin d'assurer l'inter-
médiation financière (le financement est direct) ; or la
condition d'arrêt de la multiplication énoncée par A. As
imakopulos est inopérante car elle repose exclusivement
sur la distinction des

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