La fragmentation politique, une revue de la littérature - article ; n°4 ; vol.18, pg 193-223
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Revue française d'économie - Année 2004 - Volume 18 - Numéro 4 - Pages 193-223
The Political Fragmentation : a Survey.The purpose of this paper is to provide a survey on political fragmentation. We present a simple formalization which allows the confrontation of different assumptions choosen by the authors. The heterogeneity of voters induces political fragmentation, while scale economies in public good's production or risks mutualization favors political unity. A normative approach of the political fragmentation concludes this article.
Grégoire Rota Graziosi La fragmentation politique, une revue de la littérature. Cet article propose une revue de la littérature théorique abordant la question de la fragmentation politique. Nous présentons une formalisation simplifiée permettant de comparer les hypothèses et les apports des différents modèles théoriques recensés. L'hétérogénéité des électeurs-contribuables motive la fragmentation politique, alors que les économies d'échelle dans la production du bien public ou la mutualisation des risques économiques favorisent l'unité politique. Cet article se conclut par une analyse normative du découpage politique.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 81
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Grégoire Rota Graziosi
La fragmentation politique, une revue de la littérature
In: Revue française d'économie. Volume 18 N°4, 2004. pp. 193-223.
Abstract
The Political Fragmentation : a Survey.The purpose of this paper is to provide a survey on political fragmentation. We present a
simple formalization which allows the confrontation of different assumptions choosen by the authors. The heterogeneity of voters
induces political fragmentation, while scale economies in public good's production or risks mutualization favors political unity. A
normative approach of the political fragmentation concludes this article.
Résumé
Grégoire Rota Graziosi La fragmentation politique, une revue de la littérature. Cet article propose une revue de la littérature
théorique abordant la question de la fragmentation politique. Nous présentons une formalisation simplifiée permettant de
comparer les hypothèses et les apports des différents modèles théoriques recensés. L'hétérogénéité des électeurs-contribuables
motive la fragmentation politique, alors que les économies d'échelle dans la production du bien public ou la mutualisation des
risques économiques favorisent l'unité politique. Cet article se conclut par une analyse normative du découpage politique.
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Rota Graziosi Grégoire. La fragmentation politique, une revue de la littérature. In: Revue française d'économie. Volume 18 N°4,
2004. pp. 193-223.
doi : 10.3406/rfeco.2004.1539
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2004_num_18_4_1539Grégoire
ROTA GRAZIOSI
La fragmentation
politique, une revue
de la littérature
Il Etats allemande), en en 1950 dénombrait se multiplient (Alesina, 59 à la seulement Spolaore veille sur e la monde de scène et la 64 Wacziarg Première en compte internationale, 1871 aujourd'hui guerre [2000]). (date de mondiale leur Alors l'unification 195 souveraique Etats. et les 89
neté apparaît de plus en plus contestée, par le haut, avec l'i
ntégration des pays dans des communautés internationales
(Union européenne, NAFTA...) et par le bas, avec un regain
Revue française d'économie, n° 4/vol XVIII 194 Grégoire Rota Graziosi
des mouvements régionaux indépendantistes (Québec, Wallonie,
Catalogne, Corse...).
Ces événements ont amené certains auteurs à aborder la
question de la sécession. Celle-ci peut se définir comme l'action
menée par une partie de la population d'une juridiction politique,
en vue de s'en séparer, pour former une autre juridiction de
même compétence que la première. Suivant Casella et Feinstein
[2001], une juridiction politique est un groupe d'individus ter-
ritorialement identifiés qui financent et partagent un même bien
public. La notion de compétence est ici équivalente à celle de sou
veraineté politique (au sens de Rousseau1)- Elle suppose l'exer
cice d'un pouvoir, i.e. la capacité d'un agent ou d'un groupe à
atteindre ses objectifs.
Ainsi définie, la question de la sécession dépasse le strict
cadre de l'Etat national. En effet, toute collectivité qu'elle soit
municipale, régionale ou internationale2 apparaît concernée. Les
exemples sont alors multiples : le Groenland et la Communauté
européenne [1985], New York et Staten Island [1993], le Can
ton du Jura et celui de Bern [1999] ... En France, outre la ques
tion corse, la tentation séparatiste peut concerner par exemple
certaines villes, membres d'un groupement intercommunal qui
ne leur serait plus profitable.
Plus largement, une analyse économique de la fragment
ation politique conduit à s'interroger sur la stabilité et l'effica
cité du découpage politique3. Elle permet l'étude des systèmes
institutionnels encadrant la production de biens publics et contri
bue à déterminer les limites à l'unité constitutionnelle d'un Etat.
En considérant endogènes les frontières politiques des Etats,
l'analyse explique certains mécanismes économiques qui régis
sent la nation, lieu « naturel » d'expression du pouvoir politique
(Gellner [1989] et Hobsbawm [1990]). Enfin, la sécession
implique une rupture du lien entre des individus concernés par
une même décision collective. Est-elle une limite à la « tyrannie
de la majorité », une défaillance de la démocratie ou son pro
longement au choix de la taille et de la composition du groupe ?
Quelle que soit la réponse, elle suppose une hétérogénéité
initiale de la population, qui dépasse une vision bipolaire de la
Revue française d'économie, n° 4/vol XVIII Grégoire Rota Graziosi 195
société opposant les gouvernants aux gouvernés. Les individus peu
vent ainsi se distinguer par leurs revenus ou par leur apprécia
tion qualitative du bien public. Dans le premier cas, la sécession
exprime un refus du taux de taxe choisi. Elle résulte alors d'un
arbitrage entre l'inégalité économique des agents et leur égalité
politique, que confère le droit de vote. La menace de séparation
exerce une contrainte sur le comportement des gouvernants, au
même titre que la défection ou la prise de parole (Hirschman
[1972]), assimilables ici à l'émigration et au vote. Selon Bucha
nan et Faith [1987], elle est la sortie interne, une alternative au
« vote par les pieds » décrit par Tiebout [1956], qui amène le gou
vernement à adopter une politique fiscale accommodante. Pour
Bolton et Roland [1997], elle constitue une limite sociale à la
redistribution4.
Lorsque les individus se distinguent par leur appréciation
du bien public, la sécession répond au principe de proximité
politique (Alesina et Spolaore [1997]). Elle permet à une juri
diction d'approcher, voire d'atteindre, sa taille optimale. Celle-
ci est généralement déterminée par un arbitrage entre les coûts
d'hétérogénéité de la population et les économies d'échelle liées
à la production du bien public. La sécession a alors une finalité
allocative en améliorant la qualité subjective du bien public, i.e.
en rapprochant la politique choisie de celle souhaitée par les
individus séparatistes.
Malgré son intérêt, la séparation politique est selon Bucha
nan et Faith [1987] « a road not travelled ». Son traitement sup
pose en effet l'existence d'un droit de sécession constitution-
nellement réalisable. Dépassant cette difficulté, certains auteurs
ont expliqué la fragmentation politique par la démocratisation
de plusieurs pays (Alesina et Spolaore [1997]), par une redistr
ibution inadéquate des richesses (Bolton et Roland [1997]), par
l'intégration économique des marchés nationaux (Alesina, Spo
laore et Wacziarg [2000]) ou, plus généralement, par un retour
à l'individualisme5 (Rosa [2000]). Alesina, Perotti et Spolaore
[1995] et Bolton, Roland et Spolaore [1996] fournissent chacun
une revue succincte de la littérature consacrée à la fragmentation
politique. Selon ces auteurs, ce sujet se place à la croisée de la
Revue française d'économie, n° 4/vol XVIII Grégoire Rota Graziosi 196
finance publique locale et du fédéralisme fiscal. D'autres champs
nous semblent pertinents tels que l'analyse économique des
constitutions (Brennan et Buchanan [2000]), la théorie des jeux
et la « nouvelle économie politique » (Dražen [2002], Persson
etTabellini [2000]...).
Au terme de cette introduction, il apparaît que la notion
de sécession nous renvoie à celle de l'Etat. C'est pourquoi cette
revue de la littérature s'organise autour des deux conceptions de
l'Etat les plus répandues parmi les économistes. La première sec
tion présente la sécession lorsque l'Etat est un « Leviathan » qui
maximise sa rente. Dans les sections suivantes, l'Etat est assimilé
à un gouvernement élu. Nous développons un modèle général
de fragmentation politique qui s'inscrit dans le champ de la
nouvelle économie politique. Les choix collectifs sont le résul
tat de votes. La deuxième section présente trois hypothèses la
rgement partagées. La section suivante propose une formalisation.
Dans la quatrième section, nous considérons certaines externa-
lités entre les juridictions qui affectent la décision de sécession

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