La politique commerciale américaine: une perspective historique - article ; n°4 ; vol.3, pg 95-124
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Revue française d'économie - Année 1988 - Volume 3 - Numéro 4 - Pages 95-124
La nouvelle politique commerciale américaine renoue avec une tradition mercantiliste seulement interrompue après la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, les notions de « réciprocité » et de « commerce loyal » ne sont pas des conceptions nouvelles. L'évolution des institutions de la politique commerciale a permis cette évolution et le renforcement du Congrès contraint l'exécutif à accepter des mesures protectionnistes.
The U.S. commercial policy is renewing with an old tradition only suspended in the post World War II period. The modern notions of « reciprocity » and « fair trade » were formerly propounded. The commercial policy institutions have been driven in that way and a Congress, which has been reinforced, compels the executive branch to take protectionist actions.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marc Siroën
La politique commerciale américaine: une perspective historique
In: Revue française d'économie. Volume 3 N°4, 1988. pp. 95-124.
Résumé
La nouvelle politique commerciale américaine renoue avec une tradition mercantiliste seulement interrompue après la Seconde
Guerre mondiale. Ainsi, les notions de « réciprocité » et de « commerce loyal » ne sont pas des conceptions nouvelles.
L'évolution des institutions de la politique commerciale a permis cette évolution et le renforcement du Congrès contraint l'exécutif
à accepter des mesures protectionnistes.
Abstract
The U.S. commercial policy is renewing with an old tradition only suspended in the post World War II period. The modern notions
of « reciprocity » and « fair trade » were formerly propounded. The commercial policy institutions have been driven in that way
and a Congress, which has been reinforced, compels the executive branch to take protectionist actions.
Citer ce document / Cite this document :
Siroën Jean-Marc. La politique commerciale américaine: une perspective historique. In: Revue française d'économie. Volume 3
N°4, 1988. pp. 95-124.
doi : 10.3406/rfeco.1988.1195
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1988_num_3_4_1195Jean-Marc
SIROEN
La politique
commerciale
américaine :
une perspective
historique
défense Unis avaient du libre-échange. pris le relais de L'évolution u milieu la Grande-Bretagne du récente siècle, de les la dans Etats- poli la
tique commerciale américaine vers une approche plus
mercantiliste du commerce a désarmé les observateurs. Il Jean-Marc Siroën 96
existe aujourd'hui, aux Etats- TJnis, une littérature abon
dante pour tenter d'expliquer cette évolution , confirmée,
récemment, par la loi commerciale, signée le 23 août 1988
par le Président Reagan.
Certes, les turbulences de l'environnement éco
nomique, qui ont parfois heurté les producteurs améri
cains et alarmé les responsables économiques (apprécia
tion du dollar, chômage, déficit de la balance
commerciale,...) ont pu, quelquefois, motiver la mise en
place de certaines protections sectorielles. Mais cette
explication, pourtant assez largement répandue, n'épuise
pas le sujet. La très mercantiliste loi de 1988 a été ainsi
adoptée dans un contexte a priori défavorable à la pro
tection : croissance forte, taux de chômage faible, dépré
ciation du dollar (par rapport à son sommet de février
1985).
Cet article veut montrer que l'actuelle politique
commerciale américaine révèle moins une rupture avec la
position libre-échangiste, jusque-là défendue, que le
retour à une certaine tradition. En effet, on assiste aujour
d'hui à la résurgence de la doctrine qui a prévalu du
XIXème siècle à la catastrophique loi Smoot-Hawley de
1930. L'épanouissement du libre-échangisme, après la
Seconde Guerre mondiale, apparaît alors comme une
simple parenthèse d'une trentaine d'années, dans l'his
toire de la politique commerciale américaine. Pour s'en
convaincre, on retracera l'itinéraire de la doctrine amér
icaine en matière de politique commerciale pour mieux
décrire ce que nous appellerons l'américano-mercanti-
lisme.
Dans un pays aussi attentif à la procédure que
les Etats-Unis, l'évolution de la doctrine doit nécessair
ement se refléter dans les institutions. En effet,les institu
tions de la politique commerciale ont bien évolué dans le
sens attendu, notamment en enserrant les décisions de Siroën 97 Jean-Marc
l'exécutif dans des contraintes qui impliquaient des
actions conformes à la doctrine de l'américano-mercan-
tilisme.
Les fondements doctrinaux de la
politique commerciale
La guerre d'indépendance éclata à la suite de la multipli
cation des conflits douaniers ou fiscaux avec la puissance
colonisatrice. Dès l'origine, la politique commerciale revêt
donc une fonction particulière. Ses objectifs deviennent
ambivalents en s'appliquant aussi bien à la politique éco
nomique intérieure qu'à la politique étrangère.
La Constitution est donc rédigée dans un
contexte qui doit souligner l'importance de la politique
commerciale. Mais celle-ci concerne, dans l'esprit des
pères fondateurs, aussi bien les relations commerciales
entre les Etats de la Confédération que celles de chacun
d'entre eux avec l'étranger. Une des premières justifica
tions de la création d'un gouvernement fédéral, préconisé
par les fédéralistes Madison, Hamilton et Jay, est d'ail
leurs d'unifier la politique commerciale. L'article 1, sec
tion 8 établira ainsi que « le Congrès aura le pouvoir... de
réguler le commerce avec les nations étrangères et parmi
les différents Etats » (on remarquera que la compétence
en matière de politique commerciale est ainsi constitu-
tionnellement attribuée au Congrès).
Dans l'esprit des pères fondateurs, la politique
commerciale est l'instrument privilégié du modèle amér
icain ; le développement économique, d'abord stimulé
par la liberté d'initiative, permet ensuite à chaque citoyen
d'accepter sa place dans la société. Mais, la philosophie 98 Jean-Marc Siroën
libérale qui inspire cette approche ne doit pas faire ill
usion : c'est le développement qui constitue le pilier du
modèle et non la politique commerciale, simple instr
ument à la disposition d'objectifs nationaux plus élevés. Le
libéralisme dont il est question relève davantage de Mont
esquieu que de Ricardo. Il est, sur bien des points, davan
tage inspiré par le mercantilisme que par la notion d'avan
tages comparatifs. Le cas échéant, si cela est nécessaire
au destin de la nation américaine, des entorses avec les
principes du libre-échange peuvent être admises. Toutes
les ambiguités actuelles de la politique commerciale amér
icaine sont donc posées dès l'origine. Le terme même de
politique commerciale sous-entend d'ailleurs l'idée d'une
manipulation possible.
Dans les faits, deux objectifs ont été assignés à la
politique commerciale américaine : favoriser le dévelo
ppement économique national et appuyer la politique
étrangère. Le premier objectif, qui fonde ce que nous
appellerons l'américano-mercantilisme, dominera ju
squ'aux années 1930. Mis en sommeil, il répparaît à
l'époque actuelle. On doit attendre le milieu du XXème
siècle pour que s'impose, provisoirement, l'idée d'un lien
entre le développement du commerce, l'atténuation des
tentations belliqueuses et l'universalité du libéralisme.
La domination des objectifs internes (1816 - 1939)
Un demi-siècle avant List, A. Hamilton développait, dans
Report on manufactures [1791] l'argument du protection
nisme éducateur. Des tarifs douaniers, d'ailleurs modérés
(de 5 à 15 % ), sont levés dès la formation du gouver
nement national en 1789, mais il s'agit avant tout de pro
curer des revenus au gouvernement fédéral. Pendant tout
le XIXème siècle, la politique commerciale oscillera entre
deux positions : des tarifs élevés qui maximisent les rêve- Siroën 99 Jean-Marc
nus du gouvernement et protègent l'industrie du Nord,
des tarifs modérés qui ne ferment pas des marchés aux
exportations du Sud.
La conception américaine de la politique
commerciale — l'américano-mercantislisme — se situe
donc à mi-chemin du libéralisme « manchestérien » br
itannique et du mercantilisme « colbertiste » français : le
développement du commerce assure la prospérité de la
nation, mais le libre-échange n'est pas, dans tous les cas,
le meilleur instrument possible. L'accent est mis sur les
exportations ; la libre entrée des produits étrangers doit,
dans tous les cas, permettre de mie4ix écouler à l'extérieur
les productions nationales. En corollaire, la politique
commerciale devient, dans les faits, l'instrument par
lequel les structures économiques peuvent être influen
cées sans que l'Etat n'ait à intervenir de manière trop
voyante ou trop spécifique. Aujourd'hui e

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