La théorie du circuit est-elle pertinente pour l analyse des profits? - article ; n°3 ; vol.6, pg 143-181
41 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La théorie du circuit est-elle pertinente pour l'analyse des profits? - article ; n°3 ; vol.6, pg 143-181

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
41 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française d'économie - Année 1991 - Volume 6 - Numéro 3 - Pages 143-181
La théorie circuitiste, en voulant s'ériger en une véritable doctrine économique, est notamment amenée à s'interroger sur la formation du profit. Elle le définit comme la part du produit global sur laquelle les salariés ne peuvent exercer leur droit légitime de propriété. Cette démarche, qui s'inspire visiblement de l'analyse marxiste de la plus-value, se heurte à une double série de difficultés. La première s'explique par l'absence d'un champ conceptuel idoine. La seconde a trait à l'expression monétaire du profit. Les hypothèses proposées pour résoudre ce dernier problème sont contestables. La théorie du circuit du produit global, plus proche de l'orthodoxie key- nésienne, n'emporte pas non plus l'adhésion ; plus spécialement sur la nature du sur-profit en tant que mode de financement interne de l'accumulation. Faut-il en conclure que la théorie keynésienne ne peut prétendre accéder à la compréhension de la dynamique des économies monétaires de production, sauf peut-être à raisonner dans le cadre d'une économie d'endettement? Une voie pourtant peut, semble-t-il, être explorée. Elle consiste à mettre en relation la formation des prix et celle du profit. A partir de la formation des prix micro-économiques et dans le respect du principe de la demande effective, il est possible d'interpréter le sur-profit comme le résultat de la distribution par le marché de la masse du profit suffisant anticipé.
of the circuit of global product, closer to the keynesian orthodoxy, neither involves one's adhesion; more particularly on the nature of over-profit as a method of inner financing of accumulation. Must it be concluded that the keynesian theory cannot maintain to access to the understanding of the evolution of monetary economics of production except perhaps to argue in the limits of an indebted economy? However a way seems able to be explored. It consists in putting together the making of prices and profit. Starting from the making of microeconomical prices and regarding the principle of the effective demand, it is possible to understand the over-profit as a result of the allocation of mass of the sufficient expected profit by the market.
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Baptiste Ferrari
La théorie du circuit est-elle pertinente pour l'analyse des
profits?
In: Revue française d'économie. Volume 6 N°3, 1991. pp. 143-181.
Citer ce document / Cite this document :
Ferrari Jean-Baptiste. La théorie du circuit est-elle pertinente pour l'analyse des profits?. In: Revue française d'économie.
Volume 6 N°3, 1991. pp. 143-181.
doi : 10.3406/rfeco.1991.1292
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1991_num_6_3_1292Résumé
La théorie circuitiste, en voulant s'ériger en une véritable doctrine économique, est notamment amenée
à s'interroger sur la formation du profit. Elle le définit comme la part du produit global sur laquelle les
salariés ne peuvent exercer leur droit légitime de propriété. Cette démarche, qui s'inspire visiblement de
l'analyse marxiste de la plus-value, se heurte à une double série de difficultés. La première s'explique
par l'absence d'un champ conceptuel idoine. La seconde a trait à l'expression monétaire du profit. Les
hypothèses proposées pour résoudre ce dernier problème sont contestables. La théorie du circuit du
produit global, plus proche de l'orthodoxie key- nésienne, n'emporte pas non plus l'adhésion ; plus
spécialement sur la nature du sur-profit en tant que mode de financement interne de l'accumulation.
Faut-il en conclure que la théorie keynésienne ne peut prétendre accéder à la compréhension de la
dynamique des économies monétaires de production, sauf peut-être à raisonner dans le cadre d'une
économie d'endettement? Une voie pourtant peut, semble-t-il, être explorée. Elle consiste à mettre en
relation la formation des prix et celle du profit. A partir de la formation des prix micro-économiques et
dans le respect du principe de la demande effective, il est possible d'interpréter le sur-profit comme le
résultat de la distribution par le marché de la masse du profit suffisant anticipé.
Abstract
of the circuit of global product, closer to the keynesian orthodoxy, neither involves one's adhesion; more
particularly on the nature of over-profit as a method of inner financing of accumulation. Must it be
concluded that the keynesian theory cannot maintain to access to the understanding of the evolution of
monetary economics of production except perhaps to argue in the limits of an indebted economy?
However a way seems able to be explored. It consists in putting together the making of prices and
profit. Starting from the making of microeconomical prices and regarding the principle of the effective
demand, it is possible to understand the over-profit as a result of the allocation of mass of the sufficient
expected profit by the market.Jean-Baptiste
FERRARI
La théorie du circuit
est-elle pertinente pour
l'analyse des profits ?
e profit est une notion que la théor
ie économique utilise couramment sans lui donner un
contenu rigoureux. Du reste, la Comptabilité Nationale
préfère pour mesurer l'activité de l'entreprise recourir à
plusieurs revenus, chacun d'eux étant destiné à appréhen
der un de ses aspects particuliers.
Dans sa volonté de se constituer en une véritable 144 Jean-Baptiste Ferrari
doctrine économique, la théorie du circuit monétaire est
amenée elle aussi à réfléchir sur la formation des profits.
C'est pourquoi de nombreuses études l'ont choisie pour
thème central. Sans être vaines, il semble néanmoins que
celles-ci n'aient pour l'instant pas apporté des résultats
incontestables; c'est ce que nous tenterons de montrer
dans la première partie. La théorie du circuit du produit
global, qui se réclame plus directement de la Théorie gé
nérale, n'apporte pas non plus sur cette question des
réponses définitives. Nous étudierons sa contribution dans
une deuxième partie.
Les deux problèmes majeurs qui se posent à toute
analyse du profit concernent d'une part le contenu que
l'on donne à ce terme et d'autre part les modalités de son
financement.
Présentation générale du circuit
Le circuit monétaire décrit un ensemble de flux et de reflux
monétaires dont le point de départ est constitué par le
montant des crédits accordés aux entreprises par le sy
stème bancaire. La production est dès lors lancée. Elle se
poursuit par des achats inter-industriels (la circulation in
dustrielle) et par la distribution de revenus aux salariés.
Ces revenus sont alors affectés pour une partie à la consom
mation (la circulation marchande), et pour une autre à
l'épargne (la financière). Les entreprises vont
pouvoir dès lors récupérer les revenus distribués, soit par
les dépenses de consommation des ménages, soit par les d'investissement des autres entreprises, soit en
fin par la captation de l'épargne des ménages en émettant
des titres. Les crédits initiaux peuvent alors être rem
boursés. Ce remboursement marque la fin de la période Jean-Baptiste Ferrari 145
du circuit. Pour d'autres auteurs, c'est l'égalisation entre I
et S qui joue ce rôle.
Le circuit peut être représenté à partir des équa
tions suivantes.
Soit, Yb - U = Yn, avec :
Yb : revenu brut disponible évalué par la somme des achats
effectués auprès des entreprises
U : Coût de maintenance
Yn : revenu net disponible
Le revenu net est la quantité de monnaie distr
ibuée par les entreprises aux ménages.
Soit, Yn = С + In, avec :
С : consommation des ménages
In : investissement net des entreprises. In comprend les
biens d'équipement fixe et circulant.
Précisons que pour Keynes, l'investissement, déf
ini comme l'acte de création additionnelle de capital,
comprend en outre le capital liquide, c'est-à-dire les stocks
de produits finis en attente d'être vendus.
Soit, Yn = С + Sm avec :
Sm : l'épargne des ménages entendue comme l'accumula
tion de titres financiers.
On peut souligner que le circuit ignore la thésaur
isation. C'est-à-dire que la somme monétaire injectée par
les entreprises leur revient au travers des dépenses de
consommation et des achats financiers. La consommation
est assimilée à un droit exercé pendant la période du circuit
sur le produit, alors que l'épargne constitue un droit différé
sur ce même produit, qui prend la forme d'une accumul
ation financière. C'est ce «return» qui marque la clôture
du circuit, et pour d'autres l'identité fondamentale In = Sm.
Pour Keynes également, épargner consiste en
l'achat d'un actif. Mais à la différence de ce qui précède, la
thésaurisation pour lui est un acte qui reflète la préférence
pour la liquité un état donné des paramètres écono- 146 Jean-Baptiste Ferrari
miques. Du reste, certains auteurs « circuitistes » prennent
en compte la thésaurisation. Des deux dernières équations
on tire en effet l'identité fondamentale de Keynes : Sm = In.
L'épargne des ménages et l'investissement net des entre
prises sont nécessairement équivalents, puisqu'ils consti
tuent respectivement l'aspect financier et l'aspect réel d'un
même phénomène : l'augmentation de capital.
Les controverses dans le circuit sont nombreuses.
Nous avons évoqué en passant les problèmes de la thésau
risation et de la clôture du circuit. Il faut y ajouter la fo
rmation du profit. Les réponses aux questions suivantes
posent en effet problème.
Les problèmes rencontrés par la
théorie du circuit dans l'étude du
profit
Communément, les problèmes posés par l'analyse du profit
concernent à la fois son origine, sa nature — est-il ou pas
inclus dans le revenu ? — et sa monétisation, c'est-à-dire la
façon de le faire apparaître sous la forme monétaire. Sur
ces deux questions, la position des théoriciens du circuit
est en substance la suivante.
— En ce qui concerne l'origine du profit : le seul
facteur de production considéré étant le travail, le profit se
définit usuellement comme la différence entre la valeur du
produit et la valeur du travail qui l'a créé. Il est donc le
résultat d'un rapport social d'exploitation. Dès lors, il est
possible d'invoquer implicitement l&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents