Le concept d'interdépendance des conjonctures nationales à la lumière de l'histoire économique - article ; n°3 ; vol.5, pg 37-72

Jean-François Vidal

Description

Revue française d'économie - Année 1990 - Volume 5 - Numéro 3 - Pages 37-72
Cet article présente différentes définitions de l'interdépendance, qui sont ensuite discutées à la lumière de l'évolution de l'économie internationale depuis les années vingt. Il montre que les multiples transformations des économies nationales ont affecté la transmission des conjonctures de façon contradictoire, si bien qu'il n'est pas certain que celle-ci ait augmenté en longue période. Il montre également que les échanges de capitaux peuvent agir en sens contraire des échanges de marchandises et atténuer les répercussions internationales de la conjoncture de l'économie dominante. Enfin, il distingue la transmission internationale de la transmission mondiale.
This paper presents various definitions of the interdependence, which are discussed in the light of the development of the international economy since the twenties. It shows that the multiple transformations of the national economies have had opposite effects on the international transmission of the business cycles, with the result that it is not sure that the transmission increased in the long run. It shows also that the capital flows can offset the effects of merchandise flows, and lessen the international repercussions of the cycle of the dominant economy. Lastly, it distinguishes between the international and the worldwide transmission.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_D-ECONOMIE
• Publié le: 01 janvier 1990
• Nombre de lectures: 22
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Jean-François Vidal
Le concept d'interdépendance des conjonctures nationales à la
lumière de l'histoire économique
In: Revue française d'économie. Volume 5 N°3, 1990. pp. 37-72.
Résumé
Cet article présente différentes définitions de l'interdépendance, qui sont ensuite discutées à la lumière de l'évolution de
l'économie internationale depuis les années vingt. Il montre que les multiples transformations des économies nationales ont
affecté la transmission des conjonctures de façon contradictoire, si bien qu'il n'est pas certain que celle-ci ait augmenté en longue
période. Il montre également que les échanges de capitaux peuvent agir en sens contraire des échanges de marchandises et
atténuer les répercussions internationales de la conjoncture de l'économie dominante. Enfin, il distingue la transmission
internationale de la transmission mondiale.
Abstract
This paper presents various definitions of the interdependence, which are discussed in the light of the development of the
international economy since the twenties. It shows that the multiple transformations of the national economies have had opposite
effects on the international transmission of the business cycles, with the result that it is not sure that the transmission increased in
the long run. It shows also that the capital flows can offset the effects of merchandise flows, and lessen the international
repercussions of the cycle of the dominant economy. Lastly, it distinguishes between the international and the worldwide
transmission.
Citer ce document / Cite this document :
Vidal Jean-François. Le concept d'interdépendance des conjonctures nationales à la lumière de l'histoire économique. In:
Revue française d'économie. Volume 5 N°3, 1990. pp. 37-72.
doi : 10.3406/rfeco.1990.1256
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1990_num_5_3_1256Jean-François
VIDAL
Le concept
d'interdépendance des
conjonctures nationales
à la lumière de l'histoire
économique
économies nationales est a notion aujourd'hui d'interdépendance l'une des plus utildes
isées par les économistes professionnels, les commenta- Jean-François Vidal 38
teurs et les décideurs. Mais il est rare qu'elle fasse l'objet
d'une définition précise, si bien que la multiplicité de ses
significations est une source d'imprécision et de malentend
us. De plus, elle est employée trop souvent en faisant
abstraction de l'histoire économique, ce qui conduit par
fois à formuler des jugements erronés : ainsi, pendant le
krach boursier de 1987, il a été souvent affirmé que « désor
mais», les marchés financiers des différents pays étaient
connectés, alors que l'histoire financière est riche en crises
atteignant plusieurs pays à la fois (voir C.P. Kindleberger,
[1978]).
Cet article est une tentative de clarification du
concept d'interdépendance appliqué au champ restreint
des conjonctures nationales. Celles-ci sont l'un des thèmes
qui ont été les plus étudiés par les économistes, si bien
qu'elles fournisent un ensemble de références et de mé
thodes pour étudier les principaux mécanismes de trans
mission. L'analyse critique des différents concepts est me
née ici en faisant référence aux évolutions observées depuis
la Première Guerre mondiale: la période des années
soixante-dix et du début des années quatre-vingt, qui sert
de base à de nombreux travaux, possède des caractéris
tiques particulières, en sorte que son étude doit être
complétée par celle de faits plus anciens.
Nous commençons par un rappel des différentes
définitions de l'interdépendance des conjonctures, et de
leurs relations dans le cadre de la théorie macroécono
mique. Puis sont présentés les principaux «faits stylisés»
relatifs à l'évolution des interdépendances depuis les an
nées vingt. Enfin, les rôles des échanges de marchandises,
des transferts de capitaux, et des marchés des matières
premières sont successivement discutés. Les analyses ont
été condensées pour centrer la discussion sur les notions
essentielles. De plus amples développements, des justif
ications empiriques plus détaillées et une description des Jean-François Vidal 39
sources statistiques utilisées sont données dans notre ou
vrage sur les fluctuations internationales.
Les concepts et leurs relations
Pour clarifier la discussion, il est nécessaire de fractionner
le concept d'interdépendance des conjonctures, et d'arri
ver à des définitions autant que possible quantifîables,
comme l'ont fait notamment P. Guillaumont [1961],
H. Guitton [1968] etJ.P. Vesperini [1979]. Nous distingue
rons quatre notions principales. La première renvoie à
l'importance des relations avec les non-résidents par rap
port aux relations entre résidents. Le degré d'ouverture de
l'économie nationale peut, en principe, être appréhendé
par des proportions macroéconomiques telles que le taux
d'importations ou d'exportations, ou l'importance des
mouvements de capitaux par rapport aux investissements
intérieurs ou à la masse monétaire. Le degré d'international
isation peut être employé comme un synonyme du degré
d'ouverture. Mais il a aussi un sens plus proche de la
microéconomie, selon lequel les entreprises ou les banques
d'un pays implantent des activités à l'étranger : il renvoie à
la notion d'internationalisation des processus de product
ion.
La seconde notion est celle de transmission des
conjonctures, qui recouvre deux réalités différentes. La
transmission internationale décrit l'impact des évolutions
du pays i, clairement identifié, sur ses partenaires ; elle est
l'un des thèmes principaux des théories macroécono
miques de l'économie ouverte. La transmission mondiale
se traduit par le fait que l'ensemble des pays subit les
répercussions d'un choc, dont l'origine ou la diffusion ne
peuvent pas être localisées de façon précise dans des éco
nomies nationales. Il faut distinguer l'intensité de la trans- 40 Jean-François Vidal
mission de l'ampleur du choc initial. Si la variable Yx du
pays 1 subit l'influence de la variable M2 du pays 2, la
variation de Yx résultant d'une variation de M2 est dYj =
(dY1/dM2') dM2. La dérivée partielle traduit l'intensité de la
transmission, alors que dM2 est le choc initial. Cette dis
tinction, évidente du point de vue logique, a une grande
importance dans l'étude des cas historiques.
La troisième est la synchronisation des conjonc
tures nationales. La synchronisation horizontale traduit le
fait que pendant une période assez longue, deux pays
auront des évolutions parallèles. La synchronisation verti
cale signifie que l'ensemble des pays connaît, à un moment
donné, une conjoncture similaire. Quoique purement emp
irique, le concept de synchronisation est important, car
quand les mouvements des économies nationales sont s
imultanés, ils s'amplifient mutuellement et risquent d'en
traîner une forte instabilité de la production et du
commerce mondial.
La quatrième est l'intégration. A la différence des
précédents, ce concept s'applique plus aux marchés et aux
prix qu'aux quantités et aux agrégats. Un marché intégré
est celui sur lequel un même bien a le même prix, quel que
soit le pays dans lequel il est échangé. L'intégration ne
nécessite pas qu'il y ait des échanges internationaux im
portants : un pays autosuffisant pour une matière première
peut voir le prix sur son marché se fixer à un niveau iden
tique ou proche de celui des autres pays. Pour cela, il faut
que le produit soit homogène et échangé librement sur les
différentes bourses : les arbitrages, qui ne se traduisent pas
nécessairement par des échanges réels, égaliseront les prix.
L'opinion la plus courante est que l'ouverture
croissante des économies nationales a accru la transmis
sion internationale des conjonctures nationales. Mais la
théorie macroéconomique n'établit pas une correspon
dance aussi univoque. La référence reste dans ce domaine Vidal 41 Jean-François
le m