Lectures d'AFKAR/IDEES

Gabriela

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• Publié par: ynytiryn
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• Langue: Français

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Lectures d’ AFKAR / IDEES

Estambul. Ciudad y recuerdos

Orhan Pamuk, Mondadori. Traduction de Rafael Carpintero. Barcelone 2006 436 pp.

stambul. Ciudad y recuerdosdu prix Nobel Orhan Pamuk n'est n'e E st pas un livre de voyages et d'his pas un livre facile à classer. Ce toire consacré à une ville, comme pouvait l'êtreAlexandried'Edward M. Forster (1922), ce n'est pas non plus une fiction sur une grande capitale comme la trilogie cairote du Nobel égyptien Naguib Mahfouz. Ce n'est pas non plus un livre de mémoires tra ditionnel racontant la vie ou un passa ge de la biographie d'un auteur dans un itinéraire temporel et géographi que changeant. Ce n'est même pas une recherche dans sesOriginesfami liales comme le livre d'Amin Maalouf récemment paru. Et cependant c'est un ouvrage original qui se lit passion nément où l’en retrouve un peu de tous ces genres. L'auteur nous met sur la piste de ce qu’il voulut que le livre soit il y a 15 ans, quand il imaginait un roman sur Istanbul dans le style d'Ulyssede James Joyce. Cependant, bien que ce soit une sorte de monolo gue intérieur ou de dialogue avec la vi lle et ses quartiers, ce livre ne présente pas la structure d'un roman de fiction. C'est, avant tout, l'autobiographie intérieure de Pamuk, né et vécant à Is tanbul, attaché à cette ville mutante pour des raisons affectives et de volon té. « Depuis le jour où je suis né, je n'ai jamais quitté les maisons, les rues et les quartiers où j'ai vécu ». Pamuk fait la narration de sa naissance, l'immeu ble qui porte le nom de sa famille éten due, le jour où, jeune et insouciant étudiant d'architecture aux velléités de peintre, il confie à sa mère qu'il sera écrivain. Dans cet itinéraire, ayant pour toile de fond une Istanbul rava

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gée par les incendies qui brûlèrent de vieux palais ou de grandes demeures en bois les faisant disparaître petit à petit, se trouve son enfance, les rivali tés avec son frère, les absences de son père, son expérience scolaire de fils de classe moyenne dans une école étran gère, son adolescence ouverte à la pre mière affection artistique de l'auteur, la peinture, qui servira de porte d'en trée à ses premiers amours. Mais ce qui est singulier c'est sa façon d'en châsser une vie apparemment mono tone avec celle de cette grande ville qui l'abrite et où ses incursions nous ser vent de guide. Le livre peut se résumer en une phrase que l'auteur écrit dans « Le ba teau de la Corne d'Or » : « Toute chose que l'on puisse dire sur les caractéristi ques générales d'une ville, sur son âme ou son essence, finit par devenir de fa çon indirecte une confession sur notre propre vie et, en particulier, sur notre état spirituel. La ville n'a pas d'autre centre que nous même ». Ainsi, Orhan Pamuk devient le cen tre de la vie d’Istanbul, à travers les quartiers de laquelle il déambule pendant qu'il assiste à son ostensible décadence présidée par un « état spi rituel », l'amertume. Un mot qui structure tout le discours de l'ouvra ge, en partant de la citation qui ouvre le livre, d'Ahmet Rasim, journaliste en vogue dans la capitale de l'empire au tournant des XIXè et XXè siècles (« La beauté du paysage repose sur son amertume »), et qui revient dans une grande partie des titres de chapitre : celui qu'il nomme avec le terme en turc (« Hüzün »), l'identifiant ainsi avec la sensation de « perte doulou reuse », proche de la mélancolie, ce qui – ditil – finit par être un senti ment collectif partagé par la commu nauté qui vit dans la ville ; ou d'autres chapitres comme « L'amertume des grandes demeures de pachas démo lies … », « Quatre auteurs solitaires amers », « Ballades mélancoliques de

AFKAR/IDEES,PRINTEMPS 2007

Gauthier dans les banlieues », « L'a mertume des ruines »… L'amertume, la mélancolie se trou vent dans le paysage urbain qui dis paraît sous les incendies toujours présents, sous l'abandon de ses an ciens propriétaires ruinés, par l'im migration venant de l'intérieur du pays, avec le développement écono mique, en somme. Estambul. Ciudad y recuerdospré sente une originalité : toute la narra tion est illustrée par des photos des paysages, des rues et de la vie quoti dienne d'Istanbul, extraites et sélec tionnées avec précision par l'auteur dans les archives photographiques musée Ara Güler et Selahattin Giz, où Pamuk est entré à la recherche de scè nes de son enfance « entre le passé et la nostalgie, entre l'émerveillement et l'étonnement du passé » pour faire du lecteurspectateur un « témoin des choses très intimes ». A ces photos professionnelles, il a ajouté des photos de famille qui aident à connaître les personnages de son enfance jusqu'à sa jeunesse, sa maison, sa famille, les quartiers, les rues, les palais, les paysa ges et les espaces où se déploient cette autobiographie urbaine et mélancoli que d'une enfance qui se perd comme le passé de sa propre ville. Ce n'est pas un livre de voyages. Les desriptions des quartiers de Beyoglu, Taksim, Cihangir, Galata, des rives du Bosphore, ont une fonction narrative dans l'évolution du personnage, bien que sa rétine nous aide à les décou vrir et nous incite à les connaître. Mais on y trouve l'Orhan enfant ou adolescent, ou son alter ego imaginé, ébahi devant les bateaux qui croisent le Bosphore, rêvant, vivant et partage ant l'espace avec sa famille, ses amis, ses professeurs ou ses amours. Ce n'est pas un livre d'histoire, bien qu'on y trace plus d'un siècle de la vie de la ville, racontée à travers ses chro niqueurs, ses historiens ou ses poètes, commeYahya Kemal, Resat Ekrem Ko