Canal 20 dans le viseur de TF1
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Description

Canal 20 dans le viseur de TF1 Si la nouvelle a surpris, elle n'a laissé aucun acteur du PAF indifférent. Le 25 mars dernier, Bertrand Meheut, très sérieux P-DG du groupe Canal+, annonçait dans les colonnes du «Figaro» le lancement en novembre de Canal 20, sa «chaîne bonus» TNT gratuite. Une chaîne généraliste, proposant les séries américaines à succès, des fictions françaises dignes de ce nom et le meilleur des films du grand écran, sans concurrencer sa grande soeur sur le terrain des exclusivités. Le projet est coûteux mais tangible pour le géant de la télé payante, leader européen dans la production de films investissant chaque année 2 milliards d'euros dans les programmes. « Canal 20 sera une chaîne généraliste, ambitieuse, avec une ligne éditoriale très qualitative qui s'adressera à un public large mais exigeant », déclare le patron de Canal. La future concurrente risque de faire trembler TF1 et M6. Cette dernière n'a d'ailleurs pas tardé à réagir par voie de presse en annonçant 2 nouvelles chaînes... tout en s'interrogeant sur l'opportunité d'un moratoire pour ralentir la multiplication des canaux ! Dans le camp adverse, toutes les stratégies sont bonnes pour contrer la pépite numérique de Canal+. Les milliards de Canal Chiffre d'affaires 2010 : 4,712 milliards d'euros. Nombre d'abonnements : 11,1 millions (métropole, DOM TOM, Afrique). Nombre de salariés : 4.534. Actionnariat : Vivendi 100%.

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Publié le 07 mai 2011
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Langue Français

Extrait

Canal 20 dans le viseur de TF1
Si la nouvelle a surpris, elle n'a laissé aucun acteur du PAF indifférent. Le 25 mars dernier, Bertrand Meheut, très sérieux P-DG du groupe Canal+, annonçait dans les colonnes du «Figaro» le lancement en novembre de Canal 20, sa «chaîne bonus» TNT gratuite. Une chaîne généraliste, proposant les séries américaines à succès, des fictions françaises dignes de ce nom et le meilleur des films du grand écran, sans concurrencer sa grande soeur sur le terrain des exclusivités. Le projet est coûteux mais tangible pour le géant de la télé payante, leader européen dans la production de films investissant chaque année 2 milliards d'euros dans les programmes. «Canal 20 sera une chaîne généraliste, ambitieuse, avec une ligne éditoriale très qualitative qui s'adressera à un public large mais exigeant», déclare le patron de Canal. La future concurrente risque de faire trembler TF1 et M6. Cette dernière n'a d'ailleurs pas tardé à réagir par voie de presse en annonçant 2 nouvelles chaînes... tout en s'interrogeant sur l'opportunité d'un moratoire pour ralentir la multiplication des canaux ! Dans le camp adverse, toutes les stratégies sont bonnes pour contrer la pépite numérique de Canal+.
Les milliards de Canal
Chiffre d'affaires 2010 :4,712 milliards d'euros.Nombre d'abonnements :
11,1 millions(métropole, DOM TOM, Afrique). Nombre de salariés :4.534.Actionnariat :
Vivendi100%.Métiers : édition (5chaînes premiums et20thématiques), distribution (chaînes
Canal+, Canalsat, Canal+ Overseas), activités cinéma, production, catalogue (Studiocanal).
Plan de bataille numérique
«Avec Canal 20, nous visons une cible publicitaire de CSP+, alors que les autres chaînes gratuites visent principalement les ménagères de moins de cinquante ans»,Bertrand explique Meheut. Le discret patron de Canal+, ancien d'Aventis CropScience (agrochimie) adopté par l'univers de la télé depuis qu'il a redressé le groupe il y a huit ans, est un esprit cartésien. Sa straté ie est soi neusement calculée. Le éant de la télévision à éa e dis ose d'une ré ie
publicitaire (200 millions d'euros de chiffre d'affaires) performante sur la cible des CSP+. La proportion des «cadres sup» dans l'audience de Canal+ est de 30%, contre environ 18% sur les autres chaînes. D'une part, le grand patron estime que le marché publicitaire français est sous-exploité (0,15% du PIB tricolore, contre 0,3% en Italie et 0,4 aux États-Unis). D'autre part, la pub sur la TNT, dominée par TF1 et M6, se concentre sur une autre cible. La future chaîne est d'ailleurs bien accueillie par les publicitaires. «proche de saCanal 20 va avoir un coeur de cible assez chaîne payante, même si Bertrand Meheut s'en défend. C'est pour nous une bonne nouvelle, cela démocratise Canal+explique Hugues Pinguet, directeur de la création à Euro RSCG 360. La », manne des annonceurs de Canal 20 servira à financer, en complément de Canal+, le volet création du groupe. «Canal 20 sera dans la lignée de Canal+, centrée sur le cinéma, la création originale et présentera aussi des magazines culturels et éventuellement un nombre très limité d'événements sportifs », indique le P-DG. Une place importante devrait être accordée au cinéma, français en particulier. Selon Bertrand Meheut, les chaînes payantes du groupe «consacrent déjà 200 millions par an au préachat de films« ». Forte de sa position auprès des studios américains, des producteurs de cinéma français et des détenteurs de droits sportifs, l'entreprise dispose d'un accès privilégié aux contenus, qu'elle pourra redéployer sur sa chaîne gratuite à moindres frais », analyse Julien Jourdan, professeur d'économie des médias à l'ESSEC. De la même façon, Canal 20 a l'ambition de diffuser des fictions, dont certaines développées par le groupe. Une bonne nouvelle pour les séries françaises en retard sur leurs cousines américaines. Et pour cause : une fiction en France coûte 700.000 euros par heure, contre 2,5 à 3,5 millions d'euros aux États-Unis ! Les financements apportés par Canal 20, combinés à des accords de coproduction internationaux, permettront à la chaîne de produire des fictions ambitieuses, à l'instar des 2 nouvelles séries, XIII et Borgia.
«Nous visons une cible publicitaire de CSP+, alors que les autres »chaînes gratuites visent les ménagères de moins de 50 ans.Bertrand Meheut, président du groupe Canal+
Stupeur cathodique
La nouvelle de Canal 20 n'a pas fait que des heureux. Avec cette chaîne, Canal+ utilise son canal «bonus» promis par l'État aux chaînes historiques privées pour compenser les coûts du passage au numérique. Un octroi que la Commission européenne remet en question, plaçant le gouvernement en porte-à-faux entre ses promesses et ce que permet le respect de la concurrence. «L'autorisation d'émettre est une ressource rare : octroyer des chaînes "bonus''aux trois leaders (privés) du secteur n'est pas de nature à favoriser la pluralité sur ce marché, d'où la réaction de Bruxelles », analyse notre expert des médias. «Depuis 2005, le groupe Canal+ a dépensé 500 millions d'euros pour le passage au numérique, dont 200 millions pour changer les décodeurs. La chaîne compensatoire est donc justifiée», se défend Bertrand Meheut. Reste que les pouvoirs publics ont peu apprécié ce problème qu'il faudra aborder à Bruxelles. Déjà, la Commission devra examiner le rachat par Canal+ d'Orange Cinéma Séries, son dernier concurrent de la télé payante en France... Pas sûr qu'après la fusion Canal+/TPS, elle apprécie que le groupe bâtisse ainsi son succès sur un monopole.
La seconde levée de boucliers vient des concurrentes gratuites. Avec un budget compris entre 50 et
60 millions d'euros (et non 100 comme annoncé), la petite nouvelle de la TNT disposera d'une force de frappe inquiétante pour TF1 et M6. Les 2 chaînes tenteront évidemment de contrer Canal 20 sur le terrain des CSP+. «TF1 et M6 peuvent aussi prétendre s'adresser à cette cible et ils ne vont pas rester les bras croisés à attendre que Canal+ vienne capter une part de leurs revenus publicitaires », souligne Julien Jourdan.
Un pari sur l'avenir
Le groupe saura-t-il réussir cette diversification ? Il le doit, s'il veut préparer l'avenir. Ce changement de cap intervient à un moment dangereux pour le petit écran, en mal d'innovation. Pendant que les chaînes privées diminuent le nombre de cases cinéma en prime time et se reposent sur le succès des séries américaines («Les Experts», «Dr House», «Esprits Criminels», 3 soirs par semaine sur TF1 !), le groupe de Bertrand Meheut pense au long terme. Via les nouveaux téléviseurs connectés sur le Net, il sera possible grâce à des services comme Google TV, Apple TV, Netflix ou encore Hulu de regarder les films américains et toutes les dernières saisons des séries étrangères à la demande. Seule solution : créer ses propres fictions originales et produire des longs métrages afin d'en contrôler la diffusion. Et pour cela, il faut des revenus supplémentaires. Cartésien, on vous dit !
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