La lecture à portée de main
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Publié par | Feminin-psycho |
Publié le | 08 novembre 2011 |
Nombre de lectures | 6 |
Langue | Français |
Extrait
Comment comprendre qu'un enfant puisse se donner la mort, alors qu'il a justement la vie devant lui et qu'il est à lui seul porteur d'espoir ?
Boris Cyrulnik ne postule pas une cause unique mais propose une approche systémique : « L'école, qui aujourd'hui est devenue le nouveau classificateur social, est surinvestie par les parents. Cette institution réalise les conditions expérimentales de l'angoisse : immobilité physique et suppression de procédés spontanés de tranquillisation. La désorganisation des rythmes scolaires empêche les apprentissages et augmente le malaise. Le problème du XXIe siècle sera celui des déplacements de population. La première génération chassée de son pays, pillée pendant le voyage et souvent mal accueillie souffre beaucoup mais se suicide peu. C'est paradoxalement dans la deuxième génération qu'on note le plus de troubles et de suicides des jeunes. Les enfants, nés dans le pays d'accueil, suffisamment scolarisés souffrent beaucoup de troubles anxieux et d'idéal de soi. La niche affective qui a tutorisé leur développement était appauvrie par le malheur parental ».
Et quand on lui demande pourquoi un enfant se suicide, Boris Cyrulnik explique : « Se suicide-t-il vraiment ? Veut-il vraiment se donner la mort ? Le suicide d'un enfant n'est pas un désir de mort, mais le désir de tuer cette manière de vivre qui le fait souffrir, tuer le conflit de ses parents, son isolement. Le suicide adolescent diffère, car intellectuellement il sait ce qu'est la mort. Ce n'est qu'entre 7 et 9 ans que l'enfant intériorise la conception de l'irrémédiabilité de la mort. Aujourd'hui, d'ailleurs, j'observe que les enfants ont accès de plus en plus tôt à cette notion. Une maturité intellectuelle précoce qui pose problème, car elle s'acquiert au prix de l'angoisse. Cessons de les forcer, de les surstimuler. »
Quelles sont les réponses de l'auteur à ce drame que vivent bien trop de familles aujourd'hui en France ? Favoriser la stabilité affective, adapter les rythmes aux processus d'apprentissage des enfants, encourager les structures socialisantes, privilégier une politique d'intégration plutôt que d'assimilation : tels sont les moyens de prévention proposés par le célèbre psychiatre.
« Quand un enfant se donne la mort » de Boris Cyrulnik, Editions Odile Jacob, 250 pages, 19 €.