Ce journal est un résumé des différentes productions d'écrits réalisées par les élèves de l'école élémentaire de wakilaré après des activités menées dans cette école ou au village.
Numéro 1 Avril 2012Sommaire
Éditorial
Mot du directeur
La grandmère de Mamadou
et le feu
Coumba et le puits
Un incendie à Wakilaré
Un serpent dans la classe
Adama en brousse
La mort de yéra
Thiarra et le fonio
Mboulaye et le singe
Le plat de « Niankaatan »
Classepromenade
Alpha Oumar et le tracteur
Poèmes
Bal en brousse
Feu de brousse
Nuit à Wakilaré
la santé
Oh mon village
Mon école
Ecole à construire
Le problème d’eau
à WakilaréEditorial
Lecteurs et lectrices
Nous essayons à travers ce petit recueil de faits divers de
partager avec vous le quotidien dans le village de Wakilaré. Ces
faits ont été racontés, rédigés par les élèves euxmêmes, revus
et corrigés par l’équipe pédagogique. Nous pensons bien que
l’école de Wakilaré a un très grand rôle à jouer dans la
résolution de certains problèmes du milieu. L’école devra
pouvoir amener les élèves à être conscients de ces problèmes
pour mieux aider à leur résolution. Grande a toujours été la
motivation des élèves dans cet exercice d’observation du milieu
et de rédaction de faits parfois insolites.Nous restons
convaincus que l’enfant est aussi capable de donner son point de
vue sur certains problèmes du milieu s’il est initié à cela très
tôt. Nous croyons beaucoup en ces idées qui feront de l’enfant
un véritable acteur du développement de sa localité. Nous
avons été guidés dans nos pas par l’Association pour la création
littéraire chez les jeunes basée au Québec que nous remercions
au passage.Pour ce premier numéro, nous mettrons un accent
particulier sur les textes produits par les élèves au cours de
l’année scolaire 20102011.
Bonne lecture
Le DirecteurMot du Directeur d ’école
Je m’appelle Adama Diaby directeur de l’école de Wakilaré,
un village situé à 2 km à l’Ouest de Syllacounda dans la
communauté rurale de Bandafassi, Département de Ké
dougou au Sénégal.Auparavant, j’ai servi pendant 3 ans
comme adjoint à l’école élémentaire deThiokéthian, un
autre village de la communauté rurale de Bandafassi.J’ai
demandé à être redéployé à Wakilaré pour me permettre de
servir davantage ma communauté à travers la radio com
munautaire de Kédougou. Mon arrivée à Wakilaré n’a pas
été du tout facile. Dés le début, j’ai voulu renoncer à ce re
déploiement puisque les conditions de travail étaient extrê
mement difficiles dans ce village. Malheureusement pour
moi, la hiérarchie ne m’a pas soutenue dans ce sens. Dès
lors je me suis senti investi d’une mission en tant que
pionnier sur un terrain nu, une ile déserte où tout est à
construire. Pas une seule infrastructure digne de ce nom à
Wakilaré.Petit à petit j’ai fait germer en moi l’espoir que je
pourrais pourtant donner un coup de main pour faire bou
ger les choses dans cette localité.Cet espoir s’est aussitôt
transformé en une force vitale.Nuit et jour je méditais sur
les solutions à apporter aux problèmes de ce village.Historique:
Wakilaré est un hameau de cultures créé en l’an 2000 par
Alpha Diallo .Il est situé à environ 2 km à l’Ouest de Syl
lacounda et à 5km au sudouest de Djendji.Wakilaré est
un hameau de cultures de la communauté rurale de Ban
dafassi. C’est Alpha Diallo qui fut le premier à débrous
sailler les lieux pour faire un hameau de cultures. En fin
d’hivernage, il transportait toute sa récolte vers Kédou
gou où il résidait pour le reste de la saison sèche.Cepen
dant l’histoire retiendra Oumar Diallo et Amadou Diallo
comme les premiers habitants à s’y installer pendant une
longue durée (toute l’année).Autrefois, Wakilaré s’appelait
Gorolong.C’est Mamoudou Kerbata Diallo qui a imposé le
nom Wakilaré à la place de Gorolong. Selon les concep
tions de Mamoudou Kerbata Diallo, la disponibilité de
terres fertiles dans cette localité pouvait permettre à tout
cultivateur de faire d’excellentes récoltes s’il y mettait un
peu de courage.En somme Wakilaré signifie terre du «
Goorgoorlou »ou « Courage ». En 2009, les habitants de
Wakilaré se sont réunis pour nommer un chef de village,
un imam et un doyen des sages. Par la même occasion, ilsont choisi un gestionnaire, un relais et un président du
groupement des producteurs de coton du village.A Waki
laré, les habitants s’activent principalement dans l’élevage
d’ovins, de bovins, de caprins, de volaille, dans la culture
du coton, de l’arachide, du maïs, du mil et du riz entre
autres.
Wakilaré est un village spécifique dont l’espace est habité
de peulhs et de Bassari vivant dans deux grands quartiers.
Les deux ethnies cohabitent harmonieusement et chacune
d’elles a son propre chef. De part et d’autre, l’habitat est
dispersé. Malgré cette occupation anarchique de l’espace,
la cohabitation est sereine avec Djendji, Syllacounda, Dji
guibadala entre autres.Cependant des conflits fréquents
entre agriculteurs et éleveurs ternissent souvent l’image
de cette cohabitation naturelle.Ces conflits font souffrir les
habitants de Wakilaré.Trois puits, une chapelle, une mos
quée et une école élémentaire créée en 2008 constituent les
principales infrastructures présentes dans le village.Les
principaux puits du village tarissent en saison sèche au
moment où la population a un très grand besoin en eau.
Wakilaré ne dispose ni case de santé ni moulin à mil. Les
femmes sont victimes de la surcharge des travaux do
mestiques. Elles sont obligées chaque jour de se réveiller
tôt le matin pour partir à la corvée de l’eau et du boismort. Les enfants sont souvent très sollicités dans ces tra
vaux. Ce qui influe beaucoup sur la fréquentation scolaire.
En abris provisoires depuis sa création en 2008, l’école de
Wakilaré est dans l’impossibilité d’être un cadre ac
cueillant pour les élèves et les enseignants.
contexte :
Nous perdons chaque année un temps considérable dans
le déroulement des séances d’enseignement/apprentis
sage. La reconstruction des abris provisoires reste la pre
mière raison.Chaque année, il faut couper du bois pour
fabriquer les abris.Ce renouvellement annuel du matériel
coute cher aux parents (dépenses énergiques et finan
cières) et à la nature (dégradation de l’environnement).
De plus, les parents se trouvent généralement devant un
dilemme puisque l’ouverture des classes coïncide souvent
avec le début des récoltes. Fautil abandonner les champs
et se consacrer à la reconstruction des abris provisoires ?
La seconde difficulté ,c’est l’insécurité qui sévit dans ces
abris. Nous partageons souvent les lieux avec des serpents
dont la morsure est dangereuse voire mortelle. Plusieurs
fois des serpents ont pris refuge dans le toit en paille de
nos abris provisoires. Et à chaque fois, nous avons dû libérer les élèves pour assurer leur sécurité car il est très
difficile de localiser un serpent dans de la paille.
Quelques initiatives
Conscients de ces pertes de temps énormes et soucieux de
notre mission nous espérons poser de nouveaux jalons
pour changer la situation de l’école de Wakilaré. La réso
lution des problèmes de l’école passera nécessairement
par la recherche de partenaires pour l’appui à la construc
tion de salles de classes sécurisantes, d’une bibliothèque,
de WC, entre autres...Étant conscient de ce qui m’attend à
l’évaluation finale, je me suis lancé dans l’élaboration d’un
projet d’école pour concrétiser mes ambitions. Le projet
élaboré, il fallait maintenant trouver des fonds pour son
financement.Les recherches sur internet m’ont permis de
rencontrer de bonnes volontés (l’Association pour la
Création Littéraire chez les Jeunes et Madame Catherine
Belkhodja) prêtes à m’apporter un coup de main pour réa
liser mes rêves. Grace à notre collaboration avec Didier
Calvet, président de l’Association pour la Création Litté
raire chez les Jeunes(ACLJ) basée au Canada, nous avions
initié les élèves à rédiger des textes sur leur vécu quoti
dien. Cela nous a conduit à la création d’un petit journal
intitulé « Faits divers de Wakilaré » A travers ce journal,
les élèves s’exercent à la rédaction de textes sur divers su
jets relatifs à leur milieu. Ils parviennent à relater fidèle
ment les différents faits qui se passent dans leur milieu
pour interpeller l’opinion mais aussi pour se distraire tout
en s’essayant au maniement de la langue française.Les dif
férentes productions sont revues et corrigées par l’équipe
pédagogique avant leur envoi à l’ACLJ qui les diffusera à
travers les cinq continents.
En retour, les élèves reçoivent des diplômes de reconnais
sance de l’association. Même si rien de concret n’a encoreété fait avec Madame Catherine Belkhodja, à travers nos
relations, nous avions pu convaincre Antoine Louis
grand, un ami français que j’ai connu à travers l’Associa
tion Culture Ailleurs, partenaire de la radio
communautaire de Kédougou. Antoine Louisgrand est
bien engagé à nous soutenir dans la construction d’une
salle de classe à l’école de Wakilaré. En dehors de cela, il
envisage d’autres projets pédagogiques à l’école. Après
son séjour de mars 2011 Antoine Louisgrand a tenu sa
promesse en revenant cette année encore (2012) à Waki
laré pour poser les jalons du démarrage de la construc
tion d’une salle de classe l’école.
Pour l’instant tout est à l’état de projet, nous continuons
à garder l’espoir de parvenir à réaliser ces projets pour le
bien des élèves et de celui de la communauté toute en
tière.