La finance est-elle notre ennemie ?
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La finance est-elle notre ennemie ? Même si la rumeur a été démentie, elle a fait grand bruit : le ministre des finances allemand, Wolfgang Schaübe, aurait demandé aux 5 «sages» qui le conseillent de réfléchir à un rapport susceptible de donner des pistes pour redresser la France, afin de répondre aux « inquiétudes qui s'accumulent en raison du manque d'action du gouvernement français sur la réforme du marché du travail » ! Un pavé dans la mare qui laisse mal augurer de nos relations avec nos voisins d'outre- Rhin, dont la vision économique, partagée par de nombreux observateurs européens, est nettement plus orthodoxe que la nôtre. Comme nous le confirme édouard Carmignac, fondateur de Carmignac Gestion, « Pourquoi les Allemands accepteraient-ils de contribuer au financement de la retraite à 60 ans en France, alors qu'elle vient d'être portée à 67 ans outre-Rhin ? Certes, l'Allemagne aurait beaucoup à perdre de l'implosion de l'euro. Mais il est politiquement indéfendable d'exiger d'elle un soutien sur des avantages sociaux qu'elle se refuse à elle-même et irréaliste d'attendre qu'elle puisse à elle seule porter le fardeau d'une Europe par trop dispendieuse ». CCoonnssttaatt aallaarrmmaanntt Outre le poids de la dette publique sur l'économie française, le niveau de nos dépenses publiques (57% du PIB contre 46% en Allemagne), jugées excessives, improductives et génératrices d'un déficit chronique.

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Publié le 30 novembre 2012
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Langue Français

Extrait

La finance est-elle notre ennemie ?
Même si la rumeur a été démentie, elle a fait grand bruit : le ministre des finances allemand, Wolfgang Schaübe, aurait demandé aux 5 «sages» qui le conseillent de réfléchir à un rapport susceptible de donner des pistes pour redresser la France, afin de répondre aux «inquiétudes qui s'accumulent en raison du manque d'action du gouvernement français sur la réforme du marché du travail! Un pavé dans la mare qui laisse mal augurer de nos relations avec nos voisins d'outre- » Rhin, dont la vision économique, partagée par de nombreux observateurs européens, est nettement plus orthodoxe que la nôtre. Comme nous le confirme édouard Carmignac, fondateur de Carmignac Gestion, «Pourquoi les Allemands accepteraient-ils de contribuer au financement de la retraite à 60 ans en France, alors qu'elle vient d'être portée à 67 ans outre-Rhin ? Certes, l'Allemagne aurait beaucoup à perdre de l'implosion de l'euro. Mais il est politiquement indéfendable d'exiger d'elle un soutien sur des avantages sociaux qu'elle se refuse à elle-même et irréaliste d'attendre qu'elle puisse à elle seule porter le fardeau d'une Europe par trop dispendieuse».
Constat alarmant
Outre le poids de la dette publique sur l'économie française, le niveau de nos dépenses publiques (57% du PIB contre 46% en Allemagne), jugées excessives, improductives et génératrices d'un déficit chronique. Faut-il rappeler que, depuis 1981, aucun gouvernement français n'a été capable d'équilibrer son budget, laissant filer la dette publique de 22% du PIB à plus de 90% aujourd'hui. Une situation explosive, un terme pris au sens propre par le magazine britannique The Economist qui qualifie en Une la situation française de «bombe à retardement».
Le principal reproche fait par les financiers à l'économie française reste le niveau des dépenses publiques, 57% du PIB, bien plus élevé que chez nos voisins. Les dépenses sociales représentent 30% du PIB en France, la moyenne dans l'OCDE étant de 22%. Pourtant, on compte dans l'Hexagone 90 agents publics pour 1.000 habitants, contre 50 outre-Rhin. Des économies sont donc plus que probablement possibles.
Les recettes que l'ensemble des économistes et des financiers préconisent sont elles aussi connues : abaissement du coût du travail par la réduction des charges sociales, réforme du système des retraites, suppression des 35 heures, augmentation de la flexibilité avec la refonte du Code du
travail, réduction du poids de l'état dans l'économie marchande, réduction du nombre de fonctionnaires et modification de leur statut. Des recettes qui, pour le monde financier, ont fait leurs preuves dans plusieurs pays. De 1993 à 1999, la Suède a mené une politique volontaire d'efforts budgétaires, avec une redéfinition du contour de l'état providence. Résultat, la dette publique a baissé de 14 points, la croissance a redémarré et le chômage a été réduit de moitié. Même démarche au Canada ou, évidemment, en Allemagne, avec les choix de Gerhard Schröder.
Les marchés attentistes
L'annonce de la perte du AAA français par l'agence Moody's, assortie d'une surveillance négative, qui fait suite à la dégradation de la note par Standard & Poor's en janvier dernier, en attendant Fitch, n'a jusqu'à présent pas eu de conséquence sur les taux de crédit. Paradoxalement, la France a même pu récemment emprunter à court terme à des taux négatifs (inférieurs à l'inflation).
Pour autant, cette situation pourrait ne pas durer éternellement. Les économistes allemands ont ainsi rappelé que la Grèce bénéficiait encore de la clémence des marchés à l'automne 2009, quelques mois avant la débandade du printemps 2010. Et le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) n'a pas une capacité financière suffisante pour voler au secours de la France. Comme l'explique édouard Carmignac, «La réduction des déficits publics et l'adoption de réformes structurelles prendront des années à porter leurs fruits, mais ont un coût immédiat, la chute d'activité, que les marchés ne peuvent financer sans la réassurance d'un prêteur de dernier recours. Il est donc nécessaire que la BCE puisse jouer ce rôle en s'engageant à acquérir la dette souveraine de pays en difficulté sans limitation de montant, pourvu que des programmes crédibles en matière de rétablissement des finances publiques et l'amélioration de la compétitivité soient adoptés ». D'autant que l'avenir n'est pas réjouissant. Le FMI a revu à la baisse ses prévisions, n'envisageant qu'une croissance de 0,4% pour 2013, soit 2 fois moins que les prévisions sur lesquelles le gouvernement a basé son budget.
Changement de cap
Pour l'instant, le gouvernement reste attaché à l'objectif de réduction du déficit des comptes consolidés de l'état, des collectivités locales et des organismes sociaux à 3% du PIB (contre 4,7% en 2012). Un objectif jugé irréaliste car basé sur des prévisions de croissance relativement optimistes. Et surtout reposant plus sur l'accroissement des recettes par l'impôt que sur la réduction des dépenses. «La mise en place d'une fiscalité confiscatoire risque de décapiter les états-majors de nos entreprises, accélérant l'exode de leurs dirigeants, tout en gelant l'investissement chez les PME qui sont, on le sait, les principales créatrices d'emplois», insiste édouard Carmignac.
Cependant, le discours du gouvernement s'est sensiblement infléchi sur les questions économiques. Après le recul partiel sur la taxation des plusvalues sur les cessions d'entreprise suite au mouvement des «Pigeons», l'accueil du rapport Gallois et les déclarations du président Hollande, l'accent est mis sur le développement d'une politique de l'offre visant à favoriser l'émergence d'entreprises agiles, innovantes et de taille intermédiaire. Pour autant, la volonté ne suffit pas. L'industrie fran aise est en effet rise en étau entre d'un côté des a s comme l'Allema ne ui ont
su se différencier par l'innovation, la qualité, le service, la marque et, de l'autre, des pays émergents mais aussi certains pays d'Europe du Sud ou de l'Est qui bénéficient de coûts de production plus faibles. Le risque principal reste que, derrière la volonté de façade, les solutions mises en place ne soient pas adaptées à la réalité. Les financiers jugent ainsi que le «Crédit d'impôt compétitivité», censé apporter un bol d'air aux entreprises, est un mécanisme pensé par des technocrates, peu lisible pour les entrepreneurs, rajoutant de la complexité et de l'instabilité fiscale, sans tenir compte de l'urgence de la situation. L'inverse du «choc de confiance» prôné par le rapport Gallois.
Les doutes subsistent
Les marchés financiers n'ont pas signé un chèque en blanc à la France. Les investisseurs, qui s'attendent à ce que l'Hexagone ne puisse pas tenir ses engagements en termes de réduction du déficit, guettent le moindre «faux pas» et considèrent que les réformes majeures sont à venir. Un même scepticisme existe chez nos partenaires européens, à commencer par l'Allemagne. Le ministre des Finances, Wolfgang Schaübe, juge que notre pays conserve une marge de manoeuvre qu'elle devrait mettre à profit pour engager les réformes de fond, comme l'ont déjà fait l'Espagne et l'Italie, en évitant les solutions «alternatives, plus exotiques» qui nuisent à la compétitivité de son économie. Vérités en deçà du Rhin...
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