La flore intestinale au secours de notre hyper-hygiénisme?
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La flore intestinale au secours de notre hyper-hygiénisme?

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La flore intestinale au secours de notre hyper- hygiénisme? Interview du Dr Brett Finlay, Université de Colombie britanique (Vancouver, Canada). Dans les pays développés, nous avons avancé à grands pas pour réduire au minimum notre exposition aux microbes, qu'ils soient pathogènes ou inoffensifs. Mais il s'agissait peutêtre là d'une "fausse bonne idée". "L'hypothèse hygiéniste suggère que nous pourrions être allés trop loin dans l'aseptisation, les hominidés ayant toujours évolué dans un environnement empli de microbes", explique ainsi Brett Finlay. Pour mieux comprendre les liens entre le microbiote et le système immunitaire, son laboratoire de recherche travaille notamment sur le rôle central du microbiote dans la survenue de diarrhée infectieuse. Que se passe-t-il au niveau du microbiote lors d'une diarrhée infectieuse? De manière plus précise, les équipes de B. Finlay travaillent sur un modèle murin chez lequel une infection du gros intestin est causée par la bactérie pathogène naturelle Citrobacter rodentium. "Ce modèle présente l'intérêt de très bien mimer la diarrhée liée à E. coli observée chez l'Homme qui, elle aussi, est corrélée à de profonds changements dans le microbiote", précise le chercheur.

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Publié le 24 avril 2012
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Langue Français

Extrait

La flore intestinale au secours de notre hyper-hygiénisme?

Interview du Dr Brett Finlay, Université de Colombie britanique (Vancouver, Canada).

Dans les pays développés, nous avons avancé à grands pas pour réduire au minimum notre exposition aux microbes, qu'ils soient pathogènes ou inoffensifs. Mais il s'agissait peutêtre là d'une "fausse bonne idée".

"L'hypothèse hygiéniste suggère que nous pourrions être allés trop loin dans l'aseptisation, les hominidés ayant toujours évolué dans un environnement empli de microbes", explique ainsi Brett Finlay. Pour mieux comprendre les liens entre le microbiote et le système immunitaire, son laboratoire de recherche travaille notamment sur le rôle central du microbiote dans la survenue de diarrhée infectieuse.

Que se passe-t-il au niveau du microbiote lors d'une diarrhée infectieuse? De manière plus précise, les équipes de B.

Finlay travaillent sur un modèle murin chez lequel une infection du gros intestin est causée par la bactérie pathogène naturelle Citrobacter rodentium. "Ce modèle présente l'intérêt de très bien mimer la diarrhée liée à E. coli observée chez l'Homme qui, elle aussi, est corrélée à de profonds changements dans le microbiote", précise le chercheur. Ainsi, quand on infecte des souris avec Citrobacter rodentium, cette bactérie pathogène suit un cycle de développement classique : elle commence par se multiplier une semaine durant ; la semaine suivante, la population de Citrobacter rodentium est maximale et la souris montre des symptômes ; puis, le nombre de Citrobacter rodentium diminue et les symptômes disparaissent. "Une étude plus approfondie montre que le développement du pathogène va de pair avec une chute drastique de la population colique, doublée d'une redistribution des "forces bactériennes" en présence : la population des firmicutes chute, puis celle des bactéroïdetes, avant de toutes deux revenir à la normale." Un changement causé par une réponse inflammatoire de l'hôte à la présence du pathogène, qui crée un environnement favorable au développement de Citrobacter et des espèces proches. Cependant, une fois l'immunité acquise de l'hôte activée, le pathogène est éliminé et le microbiote revient à sa composition normale.

Quand un transfert de flore suffit à transférer la résistance ou la sensibilité à l'infection

Mais le travail de l'équipe de B. Finlay pour comprendre qui de l'hôte, du pathogène ou de la flore est responsable des effets observés ne s'arrête pas là. La flore fécale de souris résistantes aux infections a été transférée à des souris non résistantes. Avec ce nouveau microbiote, les souris nonrésistantes deviennent résistantes et ne souffrent plus de l'infection. A l'inverse, des souris qui étaient résistantes et à qui on transfère une flore de souris non-résistantes tombent malades quand elles sont exposées à l'agent infectieux. Le transfert de microbiote semble donc suffire à transférer une résistance ou une sensibilité à l'infection. Et Brett Finlay de résumer : "Une même souris face à un même agent infectieux responsable de diarrhées sera malade ou non selon le microbiote hébergé."

Quels sont les mécanismes sous-jacents? Une des pistes d'explication repose sur l'interleukine-22, ou IL-22, sorte d'agent de communication synthétisé par les cellules du système immunitaire et qui agit à distance sur d'autres cellules pour en réguler l'activité et la fonction. En effet, cet IL-22 est sur-régulé chez les souris résistantes et chez les souris non-résistantes chez qui a été transféré un microbiote de souris résistante. En revanche, le transfert d'une flore de souris sensible à une souris résistante induit une chute de l'expression de IL-22.

Réduire demain les pathologies inflammatoires et l'asthme

En filigrane des travaux de l'équipe de B. Finlay se dessine donc l'idée selon laquelle nous aurions en réalité besoin d'une exposition précoce aux microbes pour réduire au minimum les maladies allergiques, y compris l'asthme. La meilleure compréhension des mécanismes et forces en présence par ces chercheurs représente un espoir quant à une prévention via le microbiote.

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