La taxe financière est-elle possible ?
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La taxe financière est-elle possible ? Partagés, les Français considèrent à une petite majorité que le «véritable pouvoir est aujourd'hui aux mains de la finance» (51%), estimant que les dirigeants politiques européens ne peuvent pas réellement prendre de décisions et les imposer aux établissements bancaires et financiers. Dans ce contexte, ils sont alors une majorité à être favorables au principe de la création d'une taxe financière en France (69%), projet actuellement en discussion. Le principe d'une taxation des transactions financières ou plus directement des banques semble donc être accepté par les Français, qui indiquent en effet également être favorables à l'instauration d'une taxe sur les banques (81 %), à l'instar de ce qui a été fait en Grande-Bretagne. Mais concrètement, une telle taxe est surtout envisagée à l'échelle mondiale ou européenne, une majorité de Français considérant sa mise en place uniquement en France comme une mauvaise chose. Ils ne sont en effet qu'une minorité à estimer possible et surtout souhaitable que la France instaure seule une telle taxe financière, taxe dont ils estiment majoritairement qu'elle entraînerait alors une délocalisation des transactions financières et une hausse des taux d'intérêts, même si elle permettrait d'augmenter les recettes de l'État, et dans une moindre mesure, de limiter la spéculation financière.

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Publié le 28 janvier 2012
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Langue Français

Extrait

La taxe financière est-elle possible ?
Partagés, les Français considèrent à une petite majorité que le«véritable pouvoir est aujourd'hui aux mains de la finance»estimant que les dirigeants politiques européens ne peuvent pas (51%), réellement prendre de décisions et les imposer aux établissements bancaires et financiers. Dans ce contexte, ils sont alors une majorité à être favorables au principe de la création d'une taxe financière en France (69%), projet actuellement en discussion. Le principe d'une taxation des transactions financières ou plus directement des banques semble donc être accepté par les Français, qui indiquent en effet également être favorables à l'instauration d'une taxe sur les banques (81 %), à l'instar de ce qui a été fait en Grande-Bretagne. Mais concrètement, une telle taxe est surtout envisagée à l'échelle mondiale ou européenne, une majorité de Français considérant sa mise en place uniquement en France comme une mauvaise chose. Ils ne sont en effet qu'une minorité à estimer possible et surtout souhaitable que la France instaure seule une telle taxe financière, taxe dont ils estiment majoritairement qu'elle entraînerait alors une délocalisation des transactions financières et une hausse des taux d'intérêts, même si elle permettrait d'augmenter les recettes de l'État, et dans une moindre mesure, de limiter la spéculation financière. Si le principe d'une telle taxe est donc bien admis et encouragé par les Français, la réussite d'un tel projet ne leur semble possible que collectivement, à minima dans un cadre européen, afin notamment de ne pas isoler et affaiblir la France, dans un contexte économique déjà difficile et selon eux dominé par le pouvoir financier.
Si une telle taxe était adoptée, les Français préféreraient que l'Etat s'engage au préalable sur l'utilisation qui serait faite des recettes et non qu'il puisse les utiliser«en fonction de ses besoins». Ils souhaiteraient alors en priorité que les recettes de la taxe soient affectées à la réduction des déficits publics (48%), avant le financement des retraites ou et de l'Assurance Maladie. Cette priorité signe alors la focalisation et la véritable prise de conscience des Français sur la nécessité de réduire le déficit public du pays. À l'autre extrémité, le financement de la politique environnementale et de l'aide aux pays en développement sont les deux domaines les moins cités par les Français, alors qu'ils sont pourtant originellement les deux secteurs destinés à recevoir les recettes perçues dans le cadre de la taxe Tobin. Finalement, alors que s'ouvre la campagne présidentielle, la taxe financière n'apparaît pas aux yeux des Français comme un sujet crucial dans leur choix en faveur d'un candidat lors de l'élection présidentielle. En effet, seule une minorité d'entre eux (44%) estiment que la position des candidats visà-vis de la taxe financière influencera leur vote lors de l'élection présidentielle, une majorité indiquant au contraire que ce positionnement n'impactera pas son choix lejourduvote.
Quelles conclusions?
Les résultats de ce sondage ne constituent pas une surprise pour beaucoup d'entrenous. Ils seront nombreux à considérer qu'il ne s'agit là que de la conséquence des campagnes permanentes de dénigrement dont notre profession fait l'objet depuis de nombreuses années.
Je pense que, malheureusement, la réalité est beaucoup plus profonde que cela et que quelque part, ces rancoeurs accumulées par nos sociétés vis-à-vis de notre profession doivent nous interpeler.
En effet, depuis 2008, le sauvetage du système financier mondial a été perçu comme une grande injustice par le manque d'équité qui s'en est suivi.
Pour reprendre la phrase de Chawki Amari (journaliste romancier Algérien), plus que jamais, cette phrase sonne à nos oreilles comme les prémices d'un mouvement qui, s'il se produisait, serait bien plus grave que la défaillance d'un établissement financier aussi important soit-il.
Notre société a changé, notre monde est en complète mutation et l'émergence des techniques modernes de communication rendent possible "l'impossible". Qui aurait pu imaginer que le XXIeme Siècle verrait la chute de dictateurs en Egypte, en Tunisie, en Libye, ferait chanceler un régime comme en Syrie et, que plusieurs pays européens dont la Grèce, l'Italie, l'Espagne et la Hongrie perdraient leurs dirigeants démocratiquement élus de la seule volonté de la finance. Bien évidemment, tout cela semble éloigné des questions qui se posent aujourd'hui à nos concitoyens dont les préoccupations principales, pour une très grande majorité d'entre-eux, se résument à déterminer comment ils pourront vivre au jour le jour. Cette situation crée une anxiété et une crise de confiance sans précédent et nous en sommes, si ce n'est les responsables, du moins les acteurs principaux, parce que nous avons oublié les principes même de fonctionnement de nos sociétés.
Nous ne pouvons exister que parce que la confiance est là, que les populations acceptent de nous faire dépositaire de leurs richesses parce que nous savons, avec cette compétence qui est la nôtre, permettre d'irriguer le tissu économique pour éviter qu'il se dessèche. Cela implique des contraintes mais aussi des obligations, parmi lesquelles l'une d'entre elles, malheureusement, a tendance à être trop souvent mise de côté, celle de se montrer exemplaire dans notre comportement. Comment peut-on juger aujourd'hui les déclarations récentes dans les médias de l'un de nos Présidents de Banque qui affirme :« Les banques n'ont pas vocation à investir dans la dette souveraine à long terme».
Doit-on lui rappeler que les États et donc, les concitoyens n'avaient pas vocation à intervenir en 2008 et encore aujourd'hui pour sauver notre système financier mondial, qui avait su pendant de nombreuses années privatiser ses profits et qui lorsque"la bise fut venue se trouvant fort dépourvu "pu mutualiser ses pertes. Je pense qu'il est bon de nous rappeler, comme le prouve les éléments statistiques dont nous disposons, que de 2002 à nos jours, la masse monétaire créée par la Banque Centrale Européenne et donc, la Zone euro a été équivalente à celle créée au même moment par la FED, mais que l'affectation de ses ressources furent totalement différente puisque la FED en injecta l'essentiel dans le soutien aux différentes actions publiques alors que, pour notre part, elles furent toutes versées aux systèmes financiers.
Pour que nul n'en ignore, il convient ici de rappeler que cette manne aurait pu permettre de rembourser la totalité de la dette publique grecque, portugaise et que le solde aurait pu être largement affecté à des plans de relance, comme ce fut le cas aux Etats-Unis depuis 2008 avec les résultats marquants qui semblent se dessiner aujourd'hui.
Chacun doit prendre conscience que ces choix qui ont été faits peuvent conduire, aujourd'hui, à se poser la question sur le bien-fondé de la démarche qui s'en est suivie. À la lumière de ce qui précède, les dogmatismes claniques ne devraient-ils pas maintenant laisser leurs places à un pragmatisme collectif ?
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