Robot domesticus

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• Publié par: science-magazine
• Publié le: 24 janvier 2013
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• Langue: Français

Extrait

Robot domesticus

Fabriqué par la société américaine iRobot, le Roomba est un des robots aspirateurs les plus vendus dans le monde.

Il a été mis sur le marché en 2002, et sa troisième version est commercialisée depuis 2007. Doté d'un détecteur de chocs et d'un capteur infrarouge, le robot est programmé pour circuler selon des trajectoires en spirale, en suivant un mur, ou en changeant de direction après avoir détecté un obstacle.

Ce mode de fonctionnement permet au robot d'adapter son déplacement à son environnement. Le Roomba est doté d'une station de recharge d'énergie.

La robotique de service est aujourd'hui un secteur en plein essor au niveau mondial. À l'heure du développement personnel et de la recherche d'un confort de vie toujours amélioré, qu'elle soit domestique au sens large, éducative, ou purement ludique, la robotique de service tend à pénétrer notre quotidien. Ainsi, ce serait en réponse aux mutations actuelles de notre société que la robotique quitterait les usines, les laboratoires de recherche et l'espace public, faisant émerger une « robotique personnelle » pour tous, via des objets évolutifs et communicants.

Mais pour autant, faire entrer un robot chez soi reste pour beaucoup un pas à franchir. Les professionnels de ce secteur encore relativement nouveau estiment que, outre les robots de nettoyage, les robots à visée éducative ou ludique seront sans doute parmi les premiers à franchir le seuil du foyer : robots répétiteurs de langues étrangères, robots d'aide à l'apprentissage venant en appui des programmes scolaires, ou compagnons de jeux « intelligents »... Sur ce terrain, les entreprises françaises sont particulièrement actives. Partant du mode de vie européen, elles ont fait le choix de la diffusion de l'innovation au service des particuliers, et développent une philosophie adaptée à cet objectif. Le Japon ou la Corée du Sud, par exemple, proposent eux aussi des machines performantes ; initialement conçues pour d'autres secteurs puis adaptées ensuite au monde domestique, elles restent néanmoins financièrement peu accessibles au grand public.

Bénéficiant ces dernières décennies de la diffusion planétaire de composants utilisés dans d'autres objets technologiques non robotiques, ce qui a considérablement fait baisser leurs coûts de fabrication, ces objets intelligents sont désormais prêts à nous conquérir.

Usables et corvéables

S'il est une corvée dont on se passerait, c'est bien celle du nettoyage, à refaire sans cesse ! Il est déjà possible de laisser des robots s'en charger. En effet, les ingénieurs réfléchissent depuis longtemps à décharger les particuliers et certains secteurs industriels de cette tâche répétitive et, en apparence, plutôt simple techniquement à exécuter. Ce gain de confort au quotidien peut générer une forte demande si ces robots parviennent à convaincre. De fait, on peut déjà avoir recours à des robots pour nettoyer les piscines, aspirer la poussière ou laver le sol chez les particuliers ou sur les quais du métro, les surfaces vitrées d'immeubles ou de la Pyramide du Louvre.

Mais si les robots de nettoyage industriel commencent à être bien implantés et adaptés à leurs secteurs d'intervention, la diffusion des robots de ménage est encore balbutiante chez les particuliers. En effet, ces robots doivent non seulement fournir un compromis pertinent entre coût et efficacité, mais aussi être capables de s'adapter à la diversité des modes de vie et à la complexité des tâches domestiques à accomplir.

La force de ces robots domestiques réside dans leur autonomie, car ils peuvent être programmés pour « travailler » en l'absence des particuliers à l'entretien courant de la maison : ils s'autogèrent intégralement dans leur tâche, et se rechargent seuls en cas de batterie faible. Capables de mesurer et de cartographier leur environnement grâce à des capteurs, des caméras et différents types de détecteurs (infrarouges, ultrasons), ils calculent le trajet optimal pour nettoyer l'intégralité d'une surface tout en évitant les obstacles.

Néanmoins, leur intervention nécessite encore une préparation préalable car ils ne peuvent bien entendu déplacer aucun objet ou meuble seul : par exemple, balisage des zones « interdites », repli des franges en-dessous des tapis, suppression des rallonges électriques au sol, rangement des objets ou jouets laissés au sol et pouvant constituer un obstacle difficile à identifier, etc...

Un majordome à votre service

Certains robots à commande vocale et reconnaissance faciale sont conçus pour être des majordomes des temps modernes. Si vous le leur demandez, ils peuvent vous rejoindre là où vous vous trouvez dans la maison pour sélectionner une station de radio ou un morceau de musique, établir la liste des courses et la transmettre directement au supermarché en ligne, vous proposer des menus en fonction du contenu de votre réfrigérateur, consulter votre agenda ou la météo, appeler vos proches en visioconférence et même lire vos courriels à haute voix... Certains sont même équipés de tablettes numériques reliées à votre téléphone pour être activés à distance si besoin.

Développé par la société française Gostai, Jazz Connect est un robot de « téléprésence » : l'utilisateur contrôle à distance le robot, qui lui sert alors d'avatar (c'est-à-dire que le robot devient sa représentation informatique). Le robot se connecte de lui-même à Internet, en Wi-Fi, et l'utilisateur s'appuie sur l'interface de contrôle qui apparaît sur son navigateur Web pour diriger le robot grâce à un pointeur 3D. Il est donc possible de se déplacer, de voir, d'entendre et de parler grâce à la caméra de Jazz Connect, à son micro et à ses haut-parleurs intégrés. Jazz Connect est équipé de douze capteurs pour se déplacer et reconnaître les obstacles, et de quatre récepteurs infrarouges pour se connecter automatiquement à sa station de rechargement d'énergie, après six heures d'utilisation.

Des robots au foyer : robots domestiques et robots compagnons

Le présent peut déjà nous dire si les performances des robots domestiques disponibles sont à la hauteur des attentes qu'ils suscitent : simples gadgets pour techno-addicts ou véritables assistants ? Mais ce qui est plus difficile à évaluer, c'est notre niveau d'acceptation de leur intrusion dans nos maisons. Intelligents, autonomes, communicants, les robots domestiques sont aujourd'hui capables de nous rendre des services, de nous tenir compagnie ou de faciliter nos apprentissages... Les joueurs d'échecs se mesurent depuis longtemps à des machines, mais s'habituer à ce qu'elles arrosent nos plantes, changent la litière du chat, surveillent la maison et nous alertent par téléphone en cas d'intrusion est encore étrange ou inquiétant ! Plus familiers de l'expérimentation face à la nouveauté, les enfants pourraient bien être les meilleurs défenseurs de la cause des robots-compagnons : des écoles expérimentent déjà avec succès des robots d'aide à l'apprentissage avec lesquels les élèves interagissent volontiers, dépassant plus aisément les inhibitions propres à la prise de parole dans un groupe. Les petits androïdes tout comme les petbots, sorte d'animaux de compagnie robotisés qui peuvent jouer ou raconter des histoires en affichant des manifestations d'émotions humaines, font également l'objet d'un véritable engouement de leur part.

Attention néanmoins à ne pas s'y tromper : la forme des robots doit d'abord être adaptée à leur usage. S'il est vrai que les robots anthropomorphes ou zoomorphes nous rassurent instinctivement en termes de références, ils ne sont sans doute pas représentatifs de l'avenir de la robotique domestique.