1 le journal lieu et lien de la société bourgeoise en france
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Le journal lieu et lien de la société bourgeoise en France pendant la première moitié du XIXème siècle André-Jean Tudesq I1 pourrait sembler paradoxal au premier abord de considérer le journal comme un instrument de la sociabilité alors que l'écriture du journaliste et l'acte de lire du lecteur peuvent apparaître comme des actes individuels. Toutefois les témoignages littéraires aussi bien qu'iconographiques montrent que la lecture des journaux, à la veille de la Révolution se faisait souvent à haute voix dans les jardins publics ou les cafés, voire chez le barbier ; une caricature du Charivari du 12 juillet 1833 montre la lecture du journal à la campagne avec toute la famille réunie autour du lecteur. Mon étude porte principalement sur la période 1815 1848. Au cours de cette époque la bourgeoisie - un instant menacée au début de la Restauration d'un retour au pouvoir de l'aristocratie - renforce sa domination et trouve dans la presse un moyen de diffuser son système de valeurs. Ainsi le journal diffuse-t-il l'idéologie bourgeoise, même lorsqu'il défend les traditions aristocratiques. Les premiers quotidiens n'étaient apparus en France qu'en 1777 avec, le Journal de Paris. Les débuts de la Révolution Française virent pendant trois ans une multiplication des périodiques par des partisans aussi bien que par les adversaires du mouvement révolutionnaire.

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Langue Français

Extrait

1
Le journal lieu et lien de la société bourgeoise en France
pendant la première moitié du XIXème siècle
André-Jean Tudesq
I1 pourrait sembler paradoxal au premier abord de considérer le journal comme un instrument de la sociabilité
alors que l'écriture du journaliste et l'acte de lire du lecteur peuvent apparaître comme des actes individuels.
Toutefois les témoignages littéraires aussi bien qu'iconographiques montrent que la lecture des journaux, à la
veille de la Révolution se faisait souvent à haute voix dans les jardins publics ou les cafés, voire chez le barbier ;
une caricature du
Charivari
du 12 juillet 1833 montre la lecture du journal à la campagne avec toute la famille
réunie autour du lecteur.
Mon étude porte principalement sur la période 1815 1848. Au cours de cette époque la bourgeoisie - un instant
menacée au début de la Restauration d'un retour au pouvoir de l'aristocratie - renforce sa domination et trouve
dans la presse un moyen de diffuser son système de valeurs. Ainsi le journal diffuse-t-il l'idéologie bourgeoise,
même lorsqu'il défend les traditions aristocratiques. Les premiers quotidiens n'étaient apparus en France qu'en
1777 avec,
le Journal de Paris
. Les débuts de la Révolution Française virent pendant trois ans une multiplication
des périodiques par des partisans aussi bien que par les adversaires du mouvement révolutionnaire. Après
l'intermède de la Terreur et la chute de Robespierre, la presse retrouva une liberté mesurée qu'elle perd sous
Bonaparte. Ainsi le régime de la presse suit-il déjà les évolutions du régime politique. Cette étroite relation entre
la presse et la vie politique allait se poursuivre pendant tout le XIXème siècle : la législation conditionne la
presse et les journaux nourrissent le débat politique autant qu'ils en rendent compte. Sous le régime censitaire, la
croissance des tirages, surtout après 1830 va plus vite que l'extension du corps électoral. Au début de la période,
le journal ne touche qu'une partie des électeurs ; à la fin de la monarchie de Juillet, il a gagné toutes les
catégories bourgeoises et à même atteint une frange des classes populaires.
Si les tirages sont restreints (très peu tirent à plus de 20 000 exemplaires avant 1840 ; aucun en province), entre
ceux qui font les journaux et les lecteurs s'établit une communication qui permet de voir dans le journal une
forme de sociabilité caractéristique des classes les plus aisées de la société.
1
I. Le journal et le système français d'information
A la fois élément de pouvoir, valeur et expression idéologique l'information et le journal qui la diffuse - quelle
que soit sa périodicité, mais à cause d'une périodicité qui entretient une relation durable - s'inscrivent dans un
système dont les composantes politiques, économiques et culturelles n'évoluent pas au même rythme.
1) Les contraintes juridico-politiques
Censuré à l'époque napoléonienne, après une brève et incertaine libéralisation sous la première Restauration et
pendant les Cent-Jours, la presse connaît à nouveau un régime de censure au début de la Restauration. Les lois de
Serre de 1819, substituent la déclaration à l'autorisation préalable, permirent un développement de la presse que
les mesures répressives ultérieures ne pourront plus enrayer : développement amplifié sous la monarchie de
Juillet, même après les lois du 9 septembre 1835 aggravant les pénalités et augmentent le cautionnement.
Celui-ci avait été introduit en 1819 pour les périodiques traitant de questions politiques ; c'est une transposition
du régime censitaire de la presse. En 1835 il fallait déposer 100,000 F dans la Seine, la Seine et Oise, la Seine et
Marne pour éditer des journaux paraissant plus de deux fois par semaine, l'équivalent de 2 ou 3 millions de
francs actuels.
2) Les contraintes économiques.
Elles sont d'abord d'ordre politique : le cautionnement et l'impôt du timbre grèvent le budget d'un journal, plus
que les frais techniques. Il en résulte un niveau de la propriété d'un journal, qu'elle est de plus en plus une
propriété collective avec des actionnaires commanditaires ; ce fut le cas des deux plus gros journaux, fondés en
1836,
la Presse
de Girardin avec un capital de 800.000 F, en actions de 250 F,
Le Siècle
avec un capital de
600.000 F en actions de 200 F ; mais ce fut aussi le cas de journaux de province.
1
Sur l'histoire générale de la presse en France au cours de cette période cf.
Histoire générale de la Presse française
, sous la
direction de C1. Bellanger, J. Godechot et als. T2, P.U.F.
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