Aude-E. Fleurant : « Les armes classiques transférées dans des régions en guerre sont faites pour être utilisées »
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Les données du SIPRI sur les transferts d’armes montrent une tendance soutenue à la hausse depuis le début des années 2000. La mondialisation passerait-elle aussi par les armes ? Depuis 2002, on observe que trois grands moteurs sont à l’œuvre lorsqu’il est question de la croissance des transferts d’armes. Il s’agit d’abord, des conflits armés. Ces derniers soutiennent en général une hausse de la demande. Ainsi, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, entre autres, ont approvisionné des pays en guerre au Yémen comme l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis (ÉAU) en véhicules blindés légers et chars blindés, bombes et roquettes guidées, hélicoptères de combat et de transport, canons d’artillerie, missiles de tous types, systèmes antimissiles de théâtre et j’en passe. Les importations des pays du Moyen-Orient ont crû de 190% pour la période 2008-2017.

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Publié le 12 mars 2018
Nombre de lectures 185
EAN13 ISSN2492-248X
Licence : Tous droits réservés
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

OSINTPOL
Décryptage
Aude-E. Fleurant : «Les armes classiques transférées dans des régions en guerre sont faites pour être utilisées»
12/03/2018 propos recueillis par Yannick Quéau
Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) contribue à la transparence en matière de livraisons internationales d’armes en mettant annuellement à jour une des bases de données les plus complètes et reconnues sur ce sujet. OSINTPOL s’efforcede mettre en valeur ces bases de données en donnant la parole à ceux qui les réalisent. C’est donc désormais un rendez-vous régulier.À l’occasion de la publication cette semaine des données relatives à 2017, Yannick Quéau a interrogéAude-Emmanuelle Fleurant,directrice du programme armements et dépenses militaires du SIPRI et par ailleurs collaboratriced’OSINTPOL. La base de données est accessible en source ouverte surle site du SIPRI. Le documentd’analyse(en anglais) faisant ressortir les éléments essentiels peut être consulté en cliquant sur l’image ci-contre.
***
Fonds de dotation OSINTPOL
2
OSINTPOL
Les données du SIPRIsur les transferts d’armes montrent une tendance soutenue à la hausse depuis le début des années 2000. La mondialisation passerait-elle aussi par les armes?
Graphique1. Évolution des transferts internationaux des systèmes d’armes majeurs, 19502017 (SIPRI TIV)
50000
45000
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
19519513951595179519961961396159617961997197139715971797199819813981598179819991991399159917992900210023002500270029012101230125017 Source : SIPRI, 2018OSINTPOL
Depuis 2002, on observe que trois grands moteurssont à l’œuvre lorsqu’il est question dela croissance des transferts d’armes.Il s’agit d’abord, des conflits armés. Ces derniers soutiennent en général une hausse de la demande. Ainsi, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, entre autres, ont approvisionné des pays en guerre au Yémen commel’ArabieSaoudite et les Émirats arabes unis (ÉAU) en véhicules blindés légers et chars blindés, bombes et roquettes guidées, hélicoptères de combat et de transport,canons d’artillerie,missiles de tous types, systèmes antimissiles de théâtre et j’en passe.Les importations des pays du Moyen-Orient 1 ont crû de 190% pour la période 2008-2017 .
Le second moteur, apparenté au premier, réside dans les tensions régionales, c’est-à-dire des situations menaçant de conduire à une guerre. On pense notamment à la logique de prédation visant des territoires ou de ressources énergétiques.C’est notamment le cas en Asie, une région où la demande en systèmes majeurs (sous-
1 Selon la méthodologie du SIPRI, la région Moyen-Orient comprend : le Bahreïn,l’Égypte,l’Iran, l’Irak, Israël, la Jordanie, le Koweït, le Liban, Oman, la Palestine, le Qatar,l’Arabie Saoudite, la Syrie, la Turquie, les ÉAU et le Yémen (Yémen Nord et Yémen Sud avant 1990).
Décryptage|Aude-E Fleurant : « Les armes classiques transférées dans des régions en guerre sont faites pour être utilisées »
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marins, avions de patrouille maritime, frégates, hélicoptères, etc.) n’a ce3ssé de croître au cours des dernières années. La plupart des observateurs estiment que la modernisation de l’arsenal chinois, soutenu par des dépenses militaires en forte hausse depuis au moins 1989, la première année pour laquelle le SIPRI présente un estimé des dépenses militaires du pays, combinée aux revendications territoriales contestées en mer de Chine, est l’un des principaux facteurs de ces tensions. Il ne faut toutefois pas négliger la persistance des disputesentre l’Inde et le Pakistan également, deux pays ayant des capacités nucléaires. Ces derniers sont en situation «confrontation militaire latente» à la ligne de contrôle depuis 2016. La région Asie-Pacifique représente affiche aussi une hausse appréciable en termes d’importation avec 30% sur la période 2008-2017, largement en deçà de ce qui est observé pour le Moyen-Orient toutefois.
Le troisième moteurd’augmentation de la demande (et donc de l’offre) internationale en armement concerne les cycles de modernisation. Lorsque les flottes d’équipements approchent leur fin de vie utile, les États cherchent à les remplacer par de nouvelles générations d’armements. Par exemple, c’est le cas actuellement de plusieurs pays qui sont en train de remplacer leurs F-16 ou F-18 ou encore de compléter leur flotte d’Eurofighter par des F-35, ce qui explique partiellement la hausse des exportations américaines.Dans certains cas, l’objectif de ces modernisations est de créer unecapacité industrielle militaire à l’échelon national, encourageant les firmes étrangères à proposer des transferts de technologies et la création de sites de production dans le pays récipiendaire. Il est important de mentionner toutefois que ces moteurs ne sont pas mutuellement exclusifs etqu’ils sont parfoisà l’œuvre simultanément.
De manière générale, les marchés de l’armement sont toujours articulés par les frontières nationales, l’État ayant l’autorité d’octroyer les licences nécessaires pour l’exportation de matériel militaire. Les transferts d’armes sont encore fortement encadrés sur le plan légal. Plusieurs régimes existent au niveau international, régional et national pour les régir. Le fait que les transferts soient encore une responsabilité de l’État ne signifie cependant pas que rien n’a changé. Depuis la fin de la guerre froide, on observe un certain nombre de phénomènes, dont une expansion et une complexification des chaînes d’approvisionnement des grands producteurs d’armements. Les diverses activités ne sont d’ailleurs pas toujours limpides. On remarque aussi une perte de transparence à travers la mise en œuvre de nouveaux types de licences d’exportation plus «souples»
Dans plusieurs cas, les demandes de retombées industrielles soutiennent des projets de développement de base industrielle nationale. C’est le cas notamment en Inde et du Brésil, des pays où l’on observe une forte présence d’entreprises d’armement européennes. Cela dit, un grand nombre de pays importateurs formulent des demandes de production locale, une participation de leurs PME, etc., comme le Canada et l’Australie. Ces dynamiques poussent donc les grands fournisseurs à se mondialiser, du même coup à créer des nouveaux sites de production et donc plus de capacités dans l’armement.
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Australie (34)
Inde (49)
Russie
Allemagne
France
É-U
02,5
02,1
Arabie S. (49)
02,4
Israël (8,7)
Espagne
Italie
Inde (8,5)
Grèce (11)
Chine (12)
Source : SIPRI, 2018
R-U
Principaux clients (parts en % dans le total des exportations du fournisseur), 2013-2017
Israël
34
22
04,8
06,7
Décryptage|Aude-E Fleurant : « Les armes classiques transférées dans des régions en guerre sont faites pour être utilisées »
Indonésie (15)
Chine (8,6)
Vietnam (6,3)
Turquie (10)
Autres 10%
Pays-Bays 2%
ÉAU (12)
e 3
OSINTPOL
Algérie (9,9)
Italie 2% Israël 3%
Graphique 2. Parts respectives en pourcentages des 10 plus importants exportateurs d’armements dans les transferts internationaux20132017
États-Unis 34%
OSINTPOL
4
Espagne 3%
Chine 6%
2013-17
05,8
07,4
Inde (35)
30
26
Indonésie (9,9)
Arabie S. (8,3)
OSINTPOL
2008-12
Part des exportations internationales d’armes (%)
er 1
Arabie S. (18)
Égypte (25)
Corée du S. (14)
Australie (6,7)
Algérie (10)
Bangladesh (19)
Oman (14)
d 2
ÉAU (7,4)
Turquie (8,3)
Azerbaïdjan (13)
Royaume-Uni 5%
Allemagne 6%
Tableau1. Les 10 plus importants exportateurs de systèmes d’armes majeurs et leurs principaux clients, 20082012 et 20132017
Russie 22%
É-U (12)
France 7%
04,6
03,8
02,9
02,1
Chine
Pays-Bas
Exportateurs
04,8
02,9
02,9
05,7
Jordanie (15)
02,1
Pakistan (35)
Vietnam (10)
Source : SIPRI, 2018
OSINTPOL
5
5À rebours de tout un discours sur le déclin américain ou le retrait de Washington du Moyen-Orient, les données du SIPRI illustrent que les États-Unis ont encore accru leur domination sur les marchés internationauxd’armements. Quelles sont les explications de cette domination?
Graphique 3. Parts respectives en pourcentages des 10 plus importants importateurs d’armementsaméricains 20132017
Royaume-Uni 4% Turquie 4%
Inde 5%
Irak 6%
Taïwan 6%
Australie 7%
Source : SIPRI, 2018
ÉAU 7%
Égypte 3%
Coré du Sud 3%
Autres 37%
Arabie Saoudite 18% OSINTPOL
La première et la plus importante variable expliquant la domination significative des États-Unis comme fournisseur international d’armes est la taille du marché national, de loin le plus important au monde. Cela peut paraître contre-intuitif, mais les entreprises d’armements dépendent d’abord et avant tout des programmes planifiés et mis en œuvre par le ministère de la Défense nationale et leur capacité à produire des systèmes d’armes dans tous les segments et sous segments. Les armes américaines sont généralement considérées comme performantes et sophistiquées et sont produites en plus grand nombre que dans n’importe lequel des autres pays producteurs.
De plus, le pays a tissé de nombreux et importants partenariats stratégiques, qui incluent des garanties de sécurité pour le pays partenaire, avec un nombre significatif de pays. Ceci «facilite» les transferts d’armes ou carrément l’aide militaire sous forme d’armes transférées gratuitement, qui sont incluses dans les données sur les transferts d’armes du SIPRI.
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Pour la période couverte, la domination américaine est imputable en grande partie aux livraisons à l’Arabie Saoudite, son premier marché de destination pour la période 2013-2017. Cela est d’abord et avant tout dû à la demande liée à la guerre au Yémen, notamment des avions de combat F-15 et des missiles. Ensuite, les livraisons des avions de combat F-35a ont aussi commencé. Des livraisons de l’avion ont été faites au Japon, à Israël, à la Turquie, la Corée du Sud, la Norvège et le Royaume-Uni, et j'en passe. Ces livraisons ont un impact significatif sur les transferts américains qui devrait se faire sentir encore davantage dans les prochaines années.
Les données sur les cinq dernières années montrent une croissance importante des exportations d’armesde la Chine pendant que celles de la Russie déclinent. Est-ce une tendance de fond symptomatique de l’inversion hiérarchique entreBeijing et Moscou annoncé depuis plusieurs années?
Graphique 4. Variation en pourcentages des exportations des principaux systèmes d’armes des 10 États exportateurs les plus importants entre 20082012 et 20132017 (SIPRI TIV)
-20%
États-Unis
Russie
France
Allemagne
Chine
Royaume-Uni
Espagne
Israël
Italie
Pays-Bas
-10%
Source : SIPRI, 2018
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60% OSINTPOL
Iln’y a pas de lien mécanique entre la croissance des transferts d’un pays et la diminution d’un autre. Les transferts d’armes ne sont pasdes transactions à somme nulle et dépendent essentiellement de la demande des pays importateurs, ainsi que des relations de sécurité tissées entre importateurs et exportateurs au fil
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du temps. Beijing et Moscou sont concurrents dans le marché internatio7nal, et donc l’un des deux peut perdre des contrats à l’autre, ou encore à d’autres fournisseurs.
La décroissance des exportations russes observée sur les derniers cinq ans est en grande partie attribuable, d’une part, à des ralentissements des livraisons de systèmes d’armes majeurs à certains de ses récipiendaires traditionnels et, d’autre part, à l’arrêt des transferts au Venezuela entre 2015 et 2017, un des principaux clients de la Russie, le pays étant aux prises avec une crise socio-économique colossale.
La Chine, dont les armements produits nationalement sont de plus en plus performants, a intensifié ses efforts en termes de ventes internationales. C’estnotamment le cas en Asie-Océanie (72 % des transferts du pays), la part la plus importante revenant au Pakistan (35 % du total Asie-Océanie), mais aussi en Afrique (Bangladesh et Algérie). Après deux décennies d’investissements pour moderniser le tissu industriel militaire chinois et considérant les volumes financiers, il n’est pas surprenant de voir le pays s’imposer dans le Top5 des fournisseurs d’armes. Globalement la Chine exporte dans tous les segments de production notamment des navires de surface frégate (type 054a/Jiangkai-2), des corvettes, des véhicules blindés, des missiles antichars (basés sur des designs soviétiques), des torpilles, etc.
Cela dit, la Chine demeure encore enmode rattrapagepour certains systèmes et sous-systèmes, notamment tout ce qui touche la propulsion (moteurs d’avions de combat par exemple)et reste donc un importateur majeur d’armements. D’ailleurs, il est intéressant de noter que l’unde ses principaux fournisseurs d’armes est la Russie, notamment pour ce qui touche la propulsion. C’est un fait assez connu que la Chine connaît des difficultés dans le développement et la production de moteurs d’avion de combat et qu’elle les importe de la Russie, ce qui fait que Moscou compte pour 65 % du total des importations chinoises sur la période 2013-2017. Cela dit, le volume des importations chinoises a diminué alors que le pays est autonome dans plusieurs segments de production.
Qu’en est-il plus spécifiquement des exportationsd’armes de la France?
Les exportations de la France ont crû significativement entre 2013 et 2017, période 0ù elles affichent 27 % de croissance. Le pays se positionne ainsi au troisième rang mondial dans le classement des exportateurs d’armes. 43 % des systèmes d’armes livrés parle pays sont destinés aux pays du Moyen-Orient, l’Égypte en étant le premier récipiendaire, capturant 25 % de toutes les livraisons de l’Hexagone.L’Égypte a notamment reçu des navires de surface, plusieurs types de missiles, des avions de combat, des véhicules blindés légers.
L’Inde est aussi un important récipiendaire d’armements français, tout comme les Émirats arabes unis (EAU, 5 %) et la Chine (9 %). Ce dernier cas est lié à la persistance de production de systèmes français en Chine sous licence, notamment
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des moteurs d’aéronefs, qui sont considérés par le SIPRI comme des exportations d’armes.
Il semble que les considérations liées au comportement des régimes en place ou à l’implication des États clients dans des guerres ne constituent pas un frein à la décision de Paris de livrer des équipements militaireslorsque l’on regarde les principales régions d’exportations.En termes d’offre d’armes françaises à l’étranger, le pays semble parfois tirer tous azimuts. Cela contraste avec les décisions récemment prises par plusieurs pays européens, notamment l’Allemagne, la Finlandeet la Norvège, de ne plus exporter d’armes vers l’Arabie Saoudite et/ou vers les ÉAU.
La France est-elle uniquement un exportateur d’armes ou en importe-t-elle aussi? Si oui, lesquelles et quels sont ses fournisseurs?
Bien que le pays dispose d’une base industrielle et technologique de défense assez complète et diversifiée, le pays importe tout de même certains de ses armements. C’est le casdans les créneaux où les producteurs nationaux affichent certaines lacunes pouvant être attribuées à des retards et hésitations dans lamise en œuvrede certainstypes d’armements(drones), ou parce que les fonds nécessaires pour démarrer un nouveau programme sont insuffisants, ou que les flottes doivent être augmentées rapidement dans un contexte d’opération extérieure,etc. Selon les données du SIPRI, le niveau des importations françaises demeure néanmoins e modeste. La France se classerait par exemple au 59 rang des pays importateurs d’armements, avec des achats représentants 0,2 % du total des importations pour la période 2013-2017.
Les États-Unis sont de loin le principal fournisseur étranger de la France. Ils comptent pour 63,6 % des importations françaises. Washington a en effet transféré des systèmes majeurs comme des drones Reaper MQ-9, des avions de transport Hercules C130, des roquettes guidées (MLRS), des missiles antichars, des bombes guidées et des moteurs pour véhicules, avions et bateaux.Autrement, l’Hexagone s’est approvisionné auprès de pays européenscommel’Allemagne(moteurs pour véhicules blindés ou navires), la Suède (véhicules blindés de transport de troupes), l’Italienavals), le Danemark (radars navals), la Belgique (tourelles de (canons véhicules blindés), Espagne (avions de transport) et les Pays-Bas (radars aériens).
Berlin aime se présenter comme ayant des critères d’exportations d’armes plus stricts que ses alliés. Ce discours est-il un mythe? Que dire d’autre des exportations allemandes (destinations, types d’armes)?
Pour la période 2013-2017,les exportations allemandes d’armements ontdécru de 14 % en comparaison de 2008-2012. Le pays exporte en majeure partie vers d’autres États européens (29 % de tous les transferts de Berlin), la Grèce étant le principal récipiendaire du vieux continent avec 11 % du total. Athènes a reçu des véhicules blindés, des sous-marins, Cela dit, le plus important pays importateur
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pour la période est la Corée du Sud, qui représente 13,6 % de total des expor9tations d’armes du pays.
En Allemagne (ainsi que dans d’autres pays européens), des débats au niveau national ont mené àla décision de ne plus transférer d’armes à l’Arabie Saoudite compte tenu de son rôle dans la guerre au Yémen. La décision étant récente, on observe encore quelques transferts allemands vers Riyad pour la période couverte par le rapport du SIPRI (3% du total des exportations d’armes du pays entre 2013 et 2017). Un autre récipiendaire habitueld’armements allemands qui estde plus en plus problématique est la Turquie (1,3 % du total).
Bien que le pays soit en guerre et que son régime soit questionnédu fait d’une dérive autoritaire manifeste et du traitement infligé à la communauté kurde, les autorités allemandes ont continué de transférer des armes à la Turquie. Il semble moins aisé de sanctionner un allié de l’OTAN que l’Arabie Saoudite. Cela dit le débat sur la pertinence pour Berlin de prendre des mesures à l’encontre d’Ankara est ouvert.Un article de Deutsche Wellede janvier 2018 mentionne daté d’importantes critiques quant aux transferts d’armes à la Turquie.
Parmi les exportateurs d’armes dont on parlegénéralement assez peu, on trouve les Pays-Bas qui se hissent cette année dans le top 10. Quels types d’armements sont concernés et sur quels marchés?
e Le cas des Pays-Bas est en effet intéressant. Leur position de 10 fournisseur cette année est attribuable à des ventes importantes de matériel de seconde main, une activité dans laquelle le payss’est spécialisé. L’une des exportations les plus reconnues du pays est le char blindé de seconde main Leopard dont plusieurs exemplaires ont été livrés au Canada. Les Pays-Bas produisent également plusieurs sous-systèmes électroniques comme des radars et des systèmes de navigation, notamment via une division de Thales basée au pays.
On dénombre également plusieurs succès pour le chantier naval Damen, une compagnie largement internationalisée, ayant une présence dans pratiquement toutes les régions, avec des capacités diversifiées (les sous-systèmes et composants sont fabriqués à divers endroits puis assemblés à d’autres) ce qui lui permet une bonne couverture internationale et facilite la fabrication d’une gamme de navires civils et militaires modulaires assez large, notamment des bateaux de patrouille, de transport, des frégates, des navires de soutien logistique ou encore des vaisseaux de patrouilles côtières. Le fait pour Damen de livrer ces dernières années plusieurs de ces plateformes relativement onéreuses a contribué à positionner les Pays-Bas commeun fournisseur important d’armements.
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Europe
Graphique 5. Parts des importations en pourcentages des systèmes d’armes majeurs par régions, entre 20082012 et entre 20132017
Afrique
OSINTPOL
2008-2012
La région Asie-Océanie est énorme et les dynamiques sous-régionales y sont contrastées révélant parfois des tensions politico-économiques majeures et anciennes. C’est le cas en particulier de la situation entre l’Inde et le Pakistan, deux importants importateurs d’armements disposanttous deux d’armes nucléaires. L’Indeplus particulièrement cherche depuis plusieurs décennies à développer sa propre production d’armements. C’estun objectif qu’elle adu mal à atteindre seule et qui la pousse à se tourner vers les importations en négociant auprès des vendeurs des transferts de capacités de production et de technologies.
Moyen-Orient
Amériques
Ailleurs en Asie-Océanie, les tensions sont élevées entre la Chine est les pays en mer de Chine méridionale et orientale. La croissance importante des capacités militaires chinoises dans le contexte d’une augmentation ininterrompue des dépenses militaires de Beijing nourrit les craintes des pays de l’Asie du Sud-Est qui se procure davantaged’armements (sous-marins, des avions de patrouille maritime, etc.). Enfin, il y a toujours des tensions qui perdurent entre Taïwan et la Chine continentale, Taïwan étant toujours soutenue par Washington. Ces diverses dynamiques contribuent directement aux augmentations des transferts vers la région.
Asie et Océanie
La course aux armements en Asie et en en Océanie semble toujours faire la part belle aux importations. On imagine que dans une région aussi vaste les particularismes nationaux sont nombreux. Quels sont-ils et quelles sont les dynamiques qui les affectent plus spécifiquement?
Source : SIPRI, 2018
0%
10%
20%
2013-2017
46 %
42 %
100%
OSINTPOL
18 %
40%
15 %
50%
30%
90%
60%
32 %
80%
70%
10 %
11 %
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11 %
7,2 %7,1 %
10
Irak
Pakistan
France (14)
Ukraine (8,4)
France (6,9)
Pakistan 3%
01,0
03,8
04,0
03,3
04,1
04,0
R-U (17)
Principaux fournisseurs (parts en % dans le total des exportations du fournisseur), 2013-2017
ÉAU
Chine
OSINTPOL
Australie
Russie (65)
Russie (59)
É-U (61)
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Source : SIPRI, 2018
É-U (16)
Chine (70)
É-U (12)
Inde
Russie (62)
Chine (15)
Espagne (26)
10
2013-17
11
2008-12
er 1
Importateurs
Part des importations internationales d’armes (%)
12
É-U (15)
OSINTPOL
Russie (5,7)
CoréeduS.(12)
Tableau2. Les 10 plus importants importateurs de systèmes d’armes majeurs1e1tleurs principaux fournisseurs, 20082012 et 20132017
11
d 2
R-U (23)
É-U (26)
É-U (61)
France (37)
Indonésie
Source : SIPRI, 2018
03,4
Arabie Saoudite 10%
Allemagne (13)
01,7
É-U (56)
05,4
France (13)
CoréeduS.(8,7)
Italie (6,6)
02,8
04,9
02,8
Irak 3%
Autres 48%
Indonésie 3%
04,5
03,7
04,4
Égypte
Graphique 6. Parts des importations en pourcentages des systèmes d’armes majeurs par régions, entre 20082012 et entre 20132017
Algérie
OSINTPOL
Arabie S.
03,4
Russie (21)
France (3,6)
e 3
É-U (58)
ÉAU 4%
Russie (22)
Israël (11)
01,6
Chine 4%
Algérie 4% Australie 4%
Inde 12%
Égypte 5%
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