Communiquer en actes. Prescriptions de rôle et exercice quotidien du métier politique - article ; n°28 ; vol.7, pg 16-26
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Description

Politix - Année 1994 - Volume 7 - Numéro 28 - Pages 16-26
Communiquer en acte. Prescriptions de rôle et exercice quotidien du métier politique.
Jean-Louis Briquet [16-26].
L'attention portée aux conditions effectives d'exercice du métier politique plutôt qu'aux logiques sociales de la professionnalisation politique conduit à interpréter les pratiques quotidiennes des élus (rencontres avec les porte-parole des groupes, discours officiels, activités partisanes...) comme autant de circonstances à travers lesquelles ceux-ci se voient prescrire et intériorisent leur rôle. Dans cette perspective interactionniste, les élus n'apparaissent pas seulement comme devant répondre à des attentes matérielles de la part de leurs publics, mais à des attentes symboliques par rapport auxquelles tout manquement entraînerait une perte de reconnaissance et de légitimité. L'aspect contradictoire de ces attentes, moins qu'une contrainte, est peut-être, en fin de compte, ce qui assure aux élus une marge de jeu par rapport à ces prescriptions de rôles.
Conununicate In action. Role ascription and daily exercise of the political craft.
Jean-Louis Briquet [16-26].
The attention devoted to the effective conditions of the exercise of the political craft rather than to the social logics of the professionalization leads to interpret the daily practices of elected representatives (meeting with groups spokespersons, official speech, party activities...) as many occasions through which they are ascribed their role and and interiorize it. In this interactionist perspective, the elected representatives not only have to corne up with material expectations from their public, but also to symbolic expectations — any lapse to these would entail a loss of gratitude and legitimacy. The contradictory aspect of these expectations, is may be what provides the elected representatives with a room for manoeuvre towards their role ascriptions rather than a constraint.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Louis Briquet
Communiquer en actes. Prescriptions de rôle et exercice
quotidien du métier politique
In: Politix. Vol. 7, N°28. Quatrième trimestre 1994. pp. 16-26.
Résumé
Communiquer en acte. Prescriptions de rôle et exercice quotidien du métier politique.
Jean-Louis Briquet [16-26].
L'attention portée aux conditions effectives d'exercice du métier politique plutôt qu'aux logiques sociales de la
professionnalisation politique conduit à interpréter les pratiques quotidiennes des élus (rencontres avec les porte-parole des
groupes, discours officiels, activités partisanes...) comme autant de circonstances à travers lesquelles ceux-ci se voient prescrire
et intériorisent leur rôle. Dans cette perspective interactionniste, les élus n'apparaissent pas seulement comme devant répondre
à des attentes matérielles de la part de leurs publics, mais à des attentes symboliques par rapport auxquelles tout manquement
entraînerait une perte de reconnaissance et de légitimité. L'aspect contradictoire de ces attentes, moins qu'une contrainte, est
peut-être, en fin de compte, ce qui assure aux élus une marge de jeu par rapport à ces prescriptions de rôles.
Abstract
Conununicate In action. Role ascription and daily exercise of the political craft.
Jean-Louis Briquet [16-26].
The attention devoted to the effective conditions of the exercise of the political craft rather than to the social logics of the
professionalization leads to interpret the daily practices of elected representatives (meeting with groups spokespersons, official
speech, party activities...) as many occasions through which they are ascribed their role and and interiorize it. In this interactionist
perspective, the elected representatives not only have to corne up with material expectations from their public, but also to
symbolic expectations — any lapse to these would entail a loss of gratitude and legitimacy. The contradictory aspect of these
expectations, is may be what provides the elected representatives with a room for manoeuvre towards their role ascriptions rather
than a constraint.
Citer ce document / Cite this document :
Briquet Jean-Louis. Communiquer en actes. Prescriptions de rôle et exercice quotidien du métier politique. In: Politix. Vol. 7,
N°28. Quatrième trimestre 1994. pp. 16-26.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1994_num_7_28_1879Communiquer en actes
Prescriptions de rôle et exercice quotidien
du métier politique
Jean-Louis Briquet
CEPEL-CNRS
Université Montpellier I
DES MANIÈRES d'aborder l'analyse de l'exercice des activités des élus, il
en est deux principales (et non exclusives l'une de l'autre) : celle qui
appréhende cet exercice à partir de la notion de «profession» ; qui
privilégie la notion de «métier». Un rapide rappel de certains débats
propres à la sociologie des groupes professionnels permet de préciser la
portée de cette distinction1 et de souligner la richesse d'une approche en
terme de métier.
«Profession» et «métier»
L'analyse en termes de «profession» s'attache à rendre compte des
caractéristiques générales d'un groupe professionnel, de ce qui constitue son
homogénéité et des principes de sa cohésion. De ce fait, elle s'intéresse
prioritairement aux rapports entre la détention d'un savoir et l'exercice d'un
monopole sur certaines activités sociales (ce qu'atteste juridiquement par
exemple la détention d'un diplôme ou que garantit celle d'une compétence
technique socialement reconnue), aux modèles de conduites légitimes
imposés aux membres de la profession (les codes éthiques par exemple que
promulguent et sont chargés de faire appliquer les associations ou les ordres
professionnels), aux processus d'institutionnalisation enfin, qui sont au
principe de la création d'une profession (comment des acteurs exerçant des
activités diffuses et hétérogènes sont progressivement amenés à se constituer
en groupe professionnel).
Si l'on passe rapidement sur la sociologie fonctionnaliste d'inspiration
parsonienne, qui fait l'hypothèse que l'homogénéité du groupe professionnel
découle logiquement de celle du « besoin social » qu'est censé satisfaire ce
groupe (l'existence d'un besoin de santé, par exemple, implique
nécessairement celle d'individus chargés de le satisfaire, en l'occurrence les
médecins), et qui s'en tient au professions les plus valorisées (notamment les
professions médicales et juridiques) pour élaborer un modèle de la
professionnalisation2, l'analyse des groupes professionnels s'est surtout vfondée
sur une démarche socio-historique, cherchant à rendre compte des processus
de monopolisation d'une activité professionnelle par un groupe limité,
1. Pour une synthèse critique de ces débats, voir Chapoulie (J.-M.), «Sur l'analyse sociologique des
groupes professionnels», Revue française de sociologie, 14 (1), 1973-
2. Parsons (T.), «The Profession and Social Structure» et «A Sociologist Looks at the Legal
Profession», in Essays in sociological theory, Glencoe, Free Press, 1949, p. 34-39 et p. 370-385-
16 A)/ôÊx;no28)1994,pagesl6à26 Communiquer en actes
d'instauration de modèles de légitimité (techniques et éthiques) permettant la
justification de ce monopole et l'imposition de la croyance en sa nécessité
sociale. En témoignent par exemple les travaux d'Eliot Freidson, pour qui «le
savoir ne peut être relié au pouvoir sans être incorporé dans des actions
humaines concrètes, qui, en retour, doivent être soutenues par des institutions
organisées», c'est-à-dire pour qui l'étude des professions est avant tout celle de
la manière dont des groupes réussissent à monopoliser un savoir particulier et
à faire de sa détention une ressource rare et valorisée (en évitant la diffusion
de ce savoir, en contrôlant l'accès au corps des professionnels, en imposant la
croyance en la valeur particulière des dispositions éthiques et des capacités
techniques des professionnels)1.
Pour en venir plus spécifiquement à notre sujet (la profession politique), c'est
à un type de réflexion similaire que sont parvenues les études qui, s'inspirant
de la démarche historique de Max Weber2, analysent les effets de la
monopolisation progressive, par certains groupes sociaux, d'activités
proprement politiques : création et développement d'institutions spécialisées
dans la compétition politique et la sélection des acteurs de cette compétition
(les entreprises partisanes) ; division entre professionnels et profanes de la
politique et, par là, différenciation des degrés de compétence politique chez
les individus et les groupes sociaux ; créations d'intérêts politiques spécifiques
et de logiques relativement autonomes de fonctionnement du «jeu« politique
ou électoral3. Envisager les activités politiques au regard de la
«professionnalisation» permet certes de mieux cerner les propriétés liées à
l'existence d'un champ politique autonomisé (notamment celles que produit
la concurrence interne au groupe professionnalisé), mais tend à surévaluer les
effets de cette autonomisation. Pour le dire autrement, la tendance est forte à
identifier ce qui relève de la construction conceptuelle (la politique comme
«profession») et ce qui relève de la pratique quotidienne (l'activité concrète
d'un homme politique). Par là, les rationalisations (et les idéalisations) que les
élus proposent de leurs propres pratiques sont envisagées comme des effets de
la «fausse conscience» ou comme des sophismes de justification visant à
masquer leurs intérêts réels. Par là, encore, sont souvent peu analysés les effets
de la pratique politique concrète sur l'apprentissage et l'exercice de leurs rôles
de la part des élus, les manières dont les savoirs qu'ils mobilisent (savoir-faire
électoraux, compétences techniques, connaissance des procédures
administratives, aptitudes à gérer leurs relations quotidiennes avec les
populations, etc.) participent non seulement à la préservation de leur
monopole professionnel, mais aussi (sans que cela soit forcément
contradictoire avec ce qui vient d'être dit) à l'élaboration effective de leurs
activités prati

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