Défense de Cicéron - article ; n°1 ; vol.35, pg 299-321
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1978 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 299-321
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Défense de Cicéron
In: Christiana tempora. Mélanges d'histoire, d'archéologie, d'épigraphie et de patristique. Rome : École Française de
Rome, 1978. pp. 299-321. (Publications de l'École française de Rome, 35)
Citer ce document / Cite this document :
Marrou Henri-Irénée.Défense de Cicéron. In: Christiana tempora. Mélanges d'histoire, d'archéologie, d'épigraphie et de
patristique. Rome : École Française de Rome, 1978. pp. 299-321. (Publications de l'École française de Rome, 35)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1978_ant_35_1_1151- LES TRADITIONS ANTIQUES A
CICERON1 DEFENSE DE
I. — Les deux points de vue sur Gicéron
Nos bibliographies témoignent d'un retour à Gicéron : depuis dix ans se
sont multipliées biographies et études d'ensemble. Si, pour les pays anglo-
saxons, je ne vois rien à signaler d'important depuis les travaux de Silher
et Petersson1, l'Allemagne nous a donné en 1926 le petit livre, malheureu
sement posthume, d'O. Plasberg2, en 1932 le Cicèron de H. Eulenberg3, livre
intéressant pour nous, gens de métier, en ce qu'il est l'œuvre non d'un spé
cialiste, mais d'un littérateur; d'ailleurs de bonne renommée. En Italie,
E. Ciaceri publiait en 1926 et 1930 deux gros volumes4 qui, par la masse
des documents utilisés et l'ampleur de la discussion, constituent le travail
le plus considérable qui ait été, depuis Drumann, consacré à Gicéron. Moins
importants, mais non sans intérêt, ont suivi les livres de F. Arnaldi en 1929,
de M. Mafïi en 1933 5. En France, enfin, Cicéron trouvait en L. Laurand un
défenseur à la fois passionné et averti : après son manifeste de 1929, dont
le contenu ne décevait pas les promesses du titre6, il nous donnait en 1933
et 1934 deux volumes de « questions diverses », pleins de renseignements
précieux et de suggestions originales 7.
1. E. G. Silher, Cicero of Arpinum. Yale University Press, 1914. — T. Petersson, Cicero, a
biography. Berkeley University Press, 1920.
2. O. Plasberg, Cicero in seinen Werken und Briefen. Leipzig, 1926. — Nous devons à Plas
berg, on le sait, d'excellentes éditions des œuvres philosophiques de Cicéron.
3. H. Eulenberg, Cicero, der Rechtsanwalt, Redner, Denker und Staatsmann. Berlin, 1932.
Une traduction française vient de paraître chez Payot : H. Eulenberg, Cicéron, 106-43
av. J.-C. Paris, 1935.
4. E. Ciaceri, Cicerone e i suoi tempi ; t. I : Dalla nascita al consolato. Milano, Albrighi,
1926 ; t. II : Dal consolato alla morte. Milano, Soc. ed. D. Alighieri, 1930.
5. F. Arnaldi, Cicerone. Bari, Laterza, 1929. — M. Mafiì, Cicerone e il suo dramma politico.
Milano, Mondadori, 1933.
6. L. Laurand, Cicéron est intéressant. Paris, Les Belles-Lettres, 1929.
7. L. Cicéron. Paris, Les Belles-Lettres. — Les deux volumes forment un livre
unique avec pagination continue; le premier (1933 ; 2« éd., 1935) porte en sous-titre : Vie
et oeuvres ; villas, maison, fortune ; culture de l'esprit ; art oratoire (théorie et pratique) ; philo-
* Paru dans Revue Historique, 177, 1936/1.
[299] 52 MÉLANGES
Retour à Cicéron : le nombre de ces études atteste à lui seul une recru
descence d'intérêt ; l'esprit qui les anime est plus encore significatif. On peut
dire, en effet, que toutes s'efforcent de présenter leur héros sous le jour le
plus favorable, de faire l'éloge de sa personnalité, de justifier son attitude,
son action, d'estimer à une haute valeur les résultats de celle-ci. Elles tendent
toutes plus ou moins à défendre Gicéron contre les attaques qui ont été mac
hinées contre lui.
En effet, on sent toujours peser sur elles le poids du jugement sévère que
Drumann et Mommsen ont jadis porté sur Gicéron. Mommsen, on le sait,
ne l'aimait guère et ne laisse passer aucune occasion d'exhaler son mépris
pour l'homme et pour l'homme d'État : avocat à tout faire, parvenu gonflé
d'orgueil, nageur entre deux eaux, girouette politique1... Quant à Drumann,
la vie de Cicéron que contient sa Geschichte Roms2 reste la plus complète
qui ait été écrite, mais c'est, appuyée sur « un formidable arsenal de réfé
rences », le réquisitoire le plus malveillant, le plus uniformément cruel qui
ait jamais été dressé. Il n'est pas de livre écrit de nos jours sur Cicéron qui
ne sente le besoin d'écarter le souvenir de ces deux historiens, de prémunir
le lecteur contre leur autorité, de réfuter leur argumentation. C'est en par
ticulier le but que se propose le grand ouvrage de Ciaceri : on sent que le
savant professeur de Naples a voulu lutter contre Drumann à armes égales,
lui opposer un plaidoyer qui puisse laver de façon définitive la mémoire de
Gicéron de tous les reproches qui lui ont été faits.
En vérité, il y a là quelque chose de singulier, car, enfin, Drumann et
Mommsen nous reportent bien loin : VHistoire de ce dernier a vu son texte
définitivement établi en 1850-1857 ; celle du premier avait paru entre 1834
et 1844. Et le « retour à Gicéron » n'avait pas attendu ces dernières années
pour se produire : pour ne citer qu'un nom, G. Boissier a publié les articles
qui devaient constituer son Cicéron et ses amis dans la Reçue des Deux Mondes
entre 1863 et 1865, et déjà il s'y opposait à Mommsen et Drumann dans les
mêmes termes qu'emploient aujourd'hui Ciaceri ou Laurand. Pourquoi donc
ceux-ci reprennent-ils, à tant d'années de distance, une réfutation qu'on
pouvait croire accomplie? L'obstacle serait-il encore intact?
Le lecteur aura noté que les défenseurs de Cicéron sont soit des biographes
qui se sont proposé d'écrire la vie de leur héros, considérée comme un tout,
soit des littéraires qui sont partis d'un long commerce avec l'œuvre même
du grand orateur. Leurs adversaires, par contre, étaient des historiens qui
ont rencontré Cicéron dans l'étude de la Rome de son temps3. Mais que
pensent donc de celui-ci les historiens d'aujourd'hui?
sophie ; correspondance et correspondants ; langue et style ; iconographie ; manuscrits ; éditions ;
réputation et influence. Le second (1934) : Questions diverses ; bibliographies ; tables détaillées.
1. Mommsen, Histoire romaine, trad. Alexandre, VI, 332-333, 379-381 ; VII, 150-151.
2. Drumann (réédité par Groebe), Geschichte Roms, V, 230-708 ; VI, 1-604, 679-692.
3. Le grand ouvrage de Drumann est bien une « histoire », en dépit de son plan singulier
(séries de biographies groupées généalogiquement).
[300] DÉFENSE DE CICÉRON 53
Notre connaissance de Cicéron ne peut manquer d'avoir profité des tr
avaux qui ont été récemment consacrés à l'histoire générale de la fin de la
République romaine. Aux livres d'E. Meyer et de T. Rice Holmes1, où nous
avions l'habitude d'aller chercher l'histoire la plus à jour du temps de Cicé
ron, sont venues s'adjoindre des études de tout premier ordre où nous pou
vons trouver, morcelé sans doute par les nécessités de la chronologie, un
récit de la vie de notre personnage, un jugement sur sa valeur. Nous trou
vons ainsi l'esquisse d'un Cicéron dans quelques pages de la Conquête romaine
d'A. Piganiol (1927) 2, un autre à travers plusieurs chapitres des tomes IX
et X de la Cambridge Ancient History (1932 et 1935) 3. Mais c'est surtout à
l'Histoire romaine de la Collection Glotz que je renverrai le lecteur : en la
complétant, pour la période finale (15 mars 44-7 décembre 43), par le début
du Haut-Empire de L. Homo4, on trouvera une Vie de Cicéron singulièr
ement attachante dans la partie consacrée à la fin de la République et qui
est due à J. Carcopino 5. Sans diminuer en rien les mérites des travaux anté
rieurs, on peut convenir, je crois, que l'histoire de la depuis la
fin des guerres puniques n'avait pas été renouvelée, comme celle de ses pre
miers siècles l'avait été par les travaux de Pais, De Sanctis et Beloch. L' Hist
oire de J. Carcopino marquera une date dans nos études : par la précision
de son exposé, la fermeté du jugement, la nouveauté de ses hypothèses, elle
représente le progrès le plus décisif qui ait été accompli, sur ce terrain, depuis
le lointain chef-d'œuvre de Mommsen.
Interrogeons c

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