Discours de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre - Réponse à la motion de censure de Jean-François Copé
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Discours de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre - Réponse à la motion de censure de Jean-François Copé

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Publié le 21 mars 2013
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Langue Français

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PREMIER MINISTRE
____________

SERVICE DE PRESSE




Discours de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre

Réponse à la motion de censure de Jean-François Copé
Assemblée nationale
Mercredi 20 mars 2013

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres, eurs les Députés,
Monsieur le Député,

En vous écoutant, en écoutant votre réquisitoire contre mon gouvernement, je me rappelais
cette phrase de Clemenceau, que vous avez d’ailleurs cité : « Ne craignez pas de vous faire
des adversaires ; si vous n’en avez pas, c’est que vous n’avez rien fait. » Nous agissons pour
la France ! Et je suis fier d’avoir des adversaires.

Mais, Mesdames et Messieurs les Députés, je n’ai ni le goût, ni le temps de me perdre dans
cet esprit de querelles. Le 6 mai 2012, le peuple français a tranché les responsabilités. Il vous
a censurés et il nous a mandatés. Alors, je le sais, je le sais bien, vous m’attendez pour un
règlement de comptes. Aujourd’hui, je vous invite au redressement de la Nation.

J’ai une conviction profonde, l’honneur de la politique, c’est de s’élever à la hauteur des
grandes épreuves que rencontre la France. L’honneur de la politique, c’est d’avoir le courage
de transcender ses différences, quand l’intérêt général du pays l’exige. Mesdames et
Messieurs les Députés, nous sommes à ce rendez-vous où il faut aller à l’essentiel !

Ce qu’il nous faut, c’est repenser un projet national et européen que la crise et les mutations
du monde ont profondément ébranlé. Il nous faut répondre à cette angoisse du déclassement
personnel et collectif qui s’est installée depuis plusieurs années dans tous les esprits, dans tous
les foyers, même les mieux protégés.

Ce qu’il nous faut réveiller, c’est l’espoir, c’est l’espoir en nous-mêmes, en notre capacité de
nous en sortir et j’ai la conviction que la France peut y parvenir.

Mais pour cela, Mesdames et Messieurs les Députés, la France doit savoir s’aimer davantage,
apprécier ce qu’elle fait de noble, de grand, d’universel, reconnaître ses nombreux atouts,
accepter de reconnaître qu’elle consent des efforts, beaucoup d’efforts, qu’elle fait preuve de
courage, d’initiatives, d’audace, pour conserver son rang dans le grand concert des Nations.
Hôtel de Matignon - 57, rue de Varenne - 75007 PARIS Sans cesse, on lui renvoie la même image d’une puissance déclinante, incapable de se
réformer, de s’adapter aux grandes évolutions. Un jour, on vante les vertus du modèle
britannique, un autre, c’est le modèle allemand, un troisième, c’est l’exemple américain ou
brésilien, et même, ces derniers jours, le modèle russe, pour certains.
Mon modèle, à moi, Mesdames et Messieurs les Députés, mon modèle, à moi, c’est la
France ! Ma référence, c’est la République !

Oui, à force d’entraîner le pays dans une vision négative de lui-même, ne jouez pas les
étonnés de voir prospérer les démagogues. Quand, chaque jour, on concède un petit bout de
nos valeurs, quand, chaque jour, on offre en pâture un petit morceau de dénigrement national,
quand, chaque jour, on sème la peur, il ne faut pas alors s’étonner de récolter les fruits amers
du populisme. La peur, Mesdames et Messieurs les Députés, ce n’est pas un programme ! La
peur, c’est la paralysie ! Et ça, nous n’en voulons pas !

Alors, c’est pour lutter contre cette résignation que j’ai été mandaté par le président de la
République. J’ai pour mission de traiter l’urgence économique, de vaincre le chômage de
masse, de défaire l’injustice, mais il me faut surtout répondre au doute qui taraude la Nation
tout entière.

Comment retrouver le chemin de notre destin ? Comment repenser le modèle français, quand
tous vos discours paraissent le condamner ? Il ne s’agit pas de sortir d’une dépression
passagère. Il s’agit de réarmer le pays, de lui donner la force de faire face aux nouvelles
mutations du monde. Voilà notre mission, voilà celle du gouvernement !

A ces questions, il y a trois réponses possibles. La première, c’est celle du repli sur le carré
national, la fermeture des frontières, la sortie de l’Euro, la fuite en avant dans la dépense
publique. Cet enfermement est le contraire de la grandeur. Il désigne sans cesse des bouc-
émissaires, cherche toujours des excuses à son impuissance et conduit au déclin les pays qui
s’y sont abandonnés.

Mais je récuse avec la même force, Monsieur Copé, la tentation de ce qu’on appelle le
Teapartysme, cette combinaison du libéralisme économique et d’une droite autoritaire et
ultraconservatrice, ce qui conduit à amputer la République de ses valeurs d’égalité et de
fraternité. Ce n’est pas la solidarité qui nous tire vers le bas, Mesdames et Messieurs les
Députés, ce sont ceux qui défont et qui affaiblissent la solidarité, qui affaiblissent en réalité la
capacité de la France à s’en sortir et à maîtriser son destin !

Le nouveau modèle français que je défends, c’est l’idée que les valeurs constitutives de la
République sont les leviers de notre propre modernisation. Qu’elles ne sont pas le problème,
mais qu’elles sont la solution. C’est parce qu’ils ont remis la France en concordance avec ses
valeurs que les grands Républicains de notre Histoire ont réussi à redresser et à moderniser
notre pays. C’est parce que nous aurons le même courage de changer, de réformer ce qui
bloque notre société, que nous la redresserons. Cessons d’accuser les autres, de penser qu’ils
sont la cause de nos difficultés. Le secret de notre réussite, ce sont nos réformes.
Ces réformes que nous avons engagées, je le dis et je l’affirme ici, sont dans la fidélité de ce
que nous sommes profondément, nous le peuple français.

Mesdames et Messieurs, je sais où je vais.

Je sais comment y parvenir et comment faire. Mesdames et Messieurs les Députés, je sais ce
que doit être la France à la fin de ce quinquennat et c’est à cela que, depuis le premier jour, je
me suis attaqué.
Hôtel de Matignon - 57, rue de Varenne - 75007 PARIS
C'est-à-dire, à la fin du quinquennat, d’avoir un Etat désendetté et qui soit respecté ; une
fiscalité stable, mais juste ; une économie affermie par la réindustrialisation et par l’écologie ;
des entreprises dont la compétitivité repose autant sur la montée en gamme, que sur leur
qualité dans le dialogue social ; de nouvelles sécurités pour le travail qui cassent la logique du
chômage de masse et la précarité et relancent la mobilité sociale et salariale ; une protection
sociale assainie et plus juste ; une société responsabilisée et plus soudée qui fait vivre ses
principes de laïcité et d’égalité des droits ; une jeunesse, enfin, qui a la certitude d’avoir sa
place et qui réveille chez tous l’envie du progrès. De tout cela, je prends l’engagement devant
vous, c’est le programme du quinquennat et c’est là que nous voulons conduire la France !

Oui, Mesdames et Messieurs les Députés, le pacte que nous voulons nouer avec les Français,
il est d’abord là, dans cette volonté de retrouver la maîtrise d’un destin collectif.

C’est tout le sens de mon combat contre la dette. En se substituant à l’effort industriel et
productif, en alimentant la spirale spéculative, la dette a aliéné la liberté de la France de
décider par elle-même de sa propre politique. Elle l’a rendue dépendante des banques et des
marchés financiers. Elle a affaibli son influence en Europe et dans le monde.

Oui, la dette est l’ennemie de la France. Parce qu’il n’y a pas de souveraineté dans la
dépendance des marchés financiers et qu’il n’est pas juste de laisser la facture à nos enfants et
à nos petits-enfants !

Oui, j’ai pris l’engagement, avec le gouvernement, de ramener les comptes à l’équilibre en
2017, parce que restaurer les finances publiques, c’est dégager des marges de manœuvre pour
erinvestir. Cet effort a démarré dès le 1 jour. La réduction de notre déficit structurel, oui, elle
est sans précédent, elle représente 2 % de la richesse nationale en 2013, aucun gouvernement
n’y était jamais parvenu !

Alors, oui, nous mettons de l’ordre dans les finances publiques. En dix mois, mon
gouvernement a

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