Entre initiative privée et question nationale. Genèse et évolution des politiques sportives en Europe (Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie) - article ; n°50 ; vol.13, pg 29-48

Pierre Lanfranchi

Description

Politix - Année 2000 - Volume 13 - Numéro 50 - Pages 29-48
Between private intiative and national issue. Origins and development of sport's policies in western Europe (Britain, Germany, France, Italy) Pierre Lanfranchi During the XXth century, sports rapidly extended beyond the private sphere and became national issues, largely taken in charge by the States. Adopting a comparative perspective, this article describes how each of four western european State-nations (Britain, France, Germany and Italy) has adopted a very specifie way in managing sport's activities of its citizens and exploiting sport's performances of its athletes on the international stage. The author raises the question of consistency between these different traditions in public management of sports, facing the challenge of the european institutions.
Entre initiative privée et question nationale. Genèse et évolution des politiques sportives en Europe (Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie) Pierre Lanfranchi Au cours du XXe siècle, les questions sportives ont rapidement dépassé la sphère privée pour devenir des enjeux nationaux, en grande partie pris en charge par les Etats. Dans une perspective comparative, cet article retrace comment quatre Etats européens (la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et l'Italie) ont chacun construit une façon spécifique d'encadrer le sport et de s'en servir sur la scène internationale. L'auteur s'interroge également sur la compatibilité de ces différentes traditions d'intervention (ou de non intervention) étatique dans le cadre actuel de la construction européenne.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: POLITIX
• Publié le: 01 janvier 2000
• Nombre de lectures: 48
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Pierre Lanfranchi
Entre initiative privée et question nationale. Genèse et évolution
des politiques sportives en Europe (Grande-Bretagne,
Allemagne, France, Italie)
In: Politix. Vol. 13, N°50. Deuxième trimestre 2000. pp. 29-48.
Résumé
Entre initiative privée et question nationale. Genèse et évolution des politiques sportives en Europe (Grande-Bretagne,
Allemagne, France, Italie)
Pierre Lanfranchi
Au cours du XXe siècle, les questions sportives ont rapidement dépassé la sphère privée pour devenir des enjeux nationaux, en
grande partie pris en charge par les Etats. Dans une perspective comparative, cet article retrace comment quatre Etats
européens (la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et l'Italie) ont chacun construit une façon spécifique d'encadrer le sport et
de s'en servir sur la scène internationale. L'auteur s'interroge également sur la compatibilité de ces différentes traditions
d'intervention (ou de non intervention) étatique dans le cadre actuel de la construction européenne.
Abstract
Between private intiative and national issue. Origins and development of sport's policies in western Europe (Britain, Germany,
France, Italy)
Pierre Lanfranchi
During the XXth century, sports rapidly extended beyond the private sphere and became national issues, largely taken in charge
by the States. Adopting a comparative perspective, this article describes how each of four western european State-nations
(Britain, France, Germany and Italy) has adopted a very specifie way in managing sport's activities of its citizens and exploiting
sport's performances of its athletes on the international stage. The author raises the question of consistency between these
different traditions in public management of sports, facing the challenge of the european institutions.
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Lanfranchi Pierre. Entre initiative privée et question nationale. Genèse et évolution des politiques sportives en Europe (Grande-
Bretagne, Allemagne, France, Italie). In: Politix. Vol. 13, N°50. Deuxième trimestre 2000. pp. 29-48.
doi : 10.3406/polix.2000.1085
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_2000_num_13_50_1085Entre initiative privée
et question nationale
Genèse et évolution des politiques sportives en Europe
(Grande-Bretagne, Allemagne, France, Italie)
Pierre LANFRANCHI
Le sport est une réalité omniprésente et incontournable dans l'histoire
du XXe siècle. Phénomène social « total » dans l'acceptation
anthropologique du terme, phénomène en constante évolution, il a
généré une somme d'images, de récits, de références qui pénètrent la
politique aussi bien que l'économie, les relations internationales, la
médecine, la sécurité, les droits de l'homme ou encore le temps libre. Un
phénomène si présent qu'il est parfois difficile d'en prendre l'exacte mesure !
Le paradoxe est qu'à partir de la création des Jeux olympiques modernes en
1896, sous la conduite du baron Pierre de Coubertin, l'idée d'un
universalisme sportif, qui se voulait inspiré de la Grèce antique, a conduit à
valoriser une image du sport qui visait précisément à l'exclure des enjeux
majeurs de nos sociétés. On a ainsi assisté, durant la première moitié du
siècle, à une tentative d'autonomisation du phénomène sportif. Cette
séparation, en grande partie illusoire, s'est traduite par un calendrier
particulier (les années olympiques), une justice parallèle (les tribunaux
sportifs) et la mise en avant de valeurs éthiques distinctes (comme
l'amateurisme ou \efair play).
Politix. Volume 13 - n° 50/2000, pages 29 à 48 Politix n° 50 30
Comment interpréter le phénomène du sport moderne ? Sa naissance au
cours de la seconde moitié du XIXe siècle en Angleterre a souvent été
considérée comme une conséquence de l'industrialisation et de la
rationalisation des pratiques sociales. Il est vrai que le sport proposait une
ode à la mesure universelle. Les distances parcourues par les athlètes
devaient être partout comparables, les records acquérir une valeur absolue.
Les conventions qui régissent la durée des rencontres, les règlements et le
comptage des points rendaient la compétition possible à une échelle
désormais planétaire. Les lieux du sport - stades, gymnases ou pistes -
marquaient également une rupture avec l'espace traditionnel des jeux :
espaces clos spécialement construits pour la pratique et le spectacle sportif,
ces enceintes délimitaient le champ autonome et standardisé du sport, alors
que les jeux traditionnels comme le Palio à Sienne ou le Calcio in costume à
Florence utilisaient les places publiques pour les manifestations ludiques. Si
les jeux s'adaptaient aux dimensions des lieux publics, les
espaces construits au XXe siècle pour la pratique et la vision du sport doivent
être conformes à des mesures universelles. L'utilisation du chronomètre
modifie également radicalement le rapport au temps. La durée des
rencontres est rigoureusement définie. Chaque arbitre doit être muni d'un
chronomètre et le temps, très précisément compté, définit la limite des
records à battre, la hiérarchie entre les compétiteurs.
Si le phénomène sportif est indissociable de l'industrialisation et de la
rationalisation des pratiques sociales, il l'est aussi de l'émergence des Etats-
nations modernes. Dans les compétitions internationales qui fleurissent tout
au long du XXe siècle, les sportifs sont en effet plus souvent les représentants
d'une nation que des concurrents individuels. En fait, les questions sportives
ont assez rapidement dépassé la sphère privée pour devenir des enjeux
nationaux, en grande partie pris en charge par les Etats. C'est ce qui peut
d'ailleurs faire l'intérêt, pour la sociologie politique, d'une analyse de ce qui
se passe dans ce domaine de la vie sociale. En comparant ici l'histoire des
politiques sportives dans quatre des principaux pays européens (Angleterre,
France, Allemagne et Italie), ce sont ainsi, au-delà de la question du sport,
des différences fondamentales dans la conception même du rôle de l'Etat
comme acteur ou arbitre que nous allons tenter de faire apparaître. Ce
regard nous invitera également à nous interroger, toujours grâce à la
question du sport, sur la réalité effective de phénomènes comme la
« globalisation » et le déclin de l'idée d'Etat-nation.
Dans une perspective comparative (inscrite en l'occurrence dans le cadre
européen), les rapports entre le sport et l'Etat peuvent être considérés sous
divers angles. Plusieurs travaux se sont par exemple attachés à mettre en
évidence les liens juridiques entre les autorités sportives et le pouvoir
politique dans différents pays. D'autres ont analysé les questions
institutionnelles et le financement du sport. Globalement, ces études ont Entre initiative privée et question nationale 31
insisté sur les différences structurelles nationales. Elles ont notamment
souligné en quoi l'organisation des relations entre les pouvoirs publics et les
différentes instances sportives reflète dans ses grandes lignes la politique
générale des Etats en matière de financements publics. Ainsi par exemple,
un rapport publié en 1993 par le Conseil de l'Europe faisait apparaître que
les financements publics représentent 38 % des investissements sportifs en
France, 27 % en Allemagne et seulement 16 % des investissement au
Royaume-Uni - ce qui, somme toute, reproduit assez fidèlement l'impact du
secteur public sur l'économie de chacun des trois pays1.
Dans cette optique, le fédéralisme en Allemagne, le centralisme empreint de
jacobinisme en France, la sur-réglementation et le « campanilisme » en Italie
et le libéralisme thatchérien en Angleterre pourraient à soi seuls résumer les
différentes approches nationales à l'égard du sport. Cependant, la genèse de
ces relations, les liens entre politique sportive et politique économique mais
aussi culturelle, méritent peut-être davantage que des raccourcis de ce genre.
C'est l'intérêt d'un regard historique que de complexifier et de nuancer les
choses et de restituer les dynamiques qui contribuent à maintenir ou à
atténuer, entre nations européennes, des différences notables dans le rapport
entre les