L économie chinoise et le modèle soviétique - article ; n°1 ; vol.48, pg 51-62
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Politique étrangère - Année 1983 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 51-62
The Chinese economy and the Soviet model, by Claude Aubert
Conventional wisdom has long considered the « Chinese way » as opposed to the Soviet économie model. Mao Zedong's ideas, parti-cularly in the field of agriculture seemed to set China apart within the communist camp. It is in fact only now, when the new rulers seem to be moving in a more « orthodox » direction, that the Chinese economy is actually diverging from the Soviet model. Though Soviet methods may be entrenched at the heart of the system — in planning and industrial management, the decollectivisation of agriculture combined with the extension of the « responsability system », may well change the balance of the entire economy and set it on new and unforeseeable paths.
Longtemps, l'on a opposé la « voie chinoise » au modèle soviétique de l'économie tant il semblait que les choix de Mao Zedong, en matière agricole notamment, plaçaient la Chine à part au sein des pays communistes. C'était là une idée reçue. Et c'est seulement maintenant, alors même que les nouveaux dirigeants semblent emprunter une voie plus « orthodoxe », que l'économie chinoise risque vraiment de s'écarter de son modèle : si le moule soviétique reste très prégnant dans le cœur du système, la planification et la gestion industrielle, par contre la décollectivisation de fait de l'agriculture, amorcée avec l'extension des « systèmes de responsabilité », est susceptible de bouleverser tout le fonctionnement de l'économie et de l'engager sur des chemins nouveaux... et passablement imprévisibles.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Aubert
L'économie chinoise et le modèle soviétique
In: Politique étrangère N°1 - 1983 - 48e année pp. 51-62.
Abstract
The Chinese economy and the Soviet model, by Claude Aubert
Conventional wisdom has long considered the « Chinese way » as opposed to the Soviet économie model. Mao Zedong's ideas,
parti-cularly in the field of agriculture seemed to set China apart within the communist camp. It is in fact only now, when the new
rulers seem to be moving in a more « orthodox » direction, that the Chinese economy is actually diverging from the Soviet model.
Though Soviet methods may be entrenched at the heart of the system — in planning and industrial management, the
decollectivisation of agriculture combined with the extension of the « responsability system », may well change the balance of the
entire economy and set it on new and unforeseeable paths.
Résumé
Longtemps, l'on a opposé la « voie chinoise » au modèle soviétique de l'économie tant il semblait que les choix de Mao Zedong,
en matière agricole notamment, plaçaient la Chine à part au sein des pays communistes. C'était là une idée reçue. Et c'est
seulement maintenant, alors même que les nouveaux dirigeants semblent emprunter une voie plus « orthodoxe », que
l'économie chinoise risque vraiment de s'écarter de son modèle : si le moule soviétique reste très prégnant dans le cœur du
système, la planification et la gestion industrielle, par contre la décollectivisation de fait de l'agriculture, amorcée avec l'extension
des « systèmes de responsabilité », est susceptible de bouleverser tout le fonctionnement de l'économie et de l'engager sur des
chemins nouveaux... et passablement imprévisibles.
Citer ce document / Cite this document :
Aubert Claude. L'économie chinoise et le modèle soviétique. In: Politique étrangère N°1 - 1983 - 48e année pp. 51-62.
doi : 10.3406/polit.1983.3285
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1983_num_48_1_3285POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 51
L'ECONOMIE CHINOISE
Claude AUBERT
ET LE MODELE SOVIETIQUE
L'Union soviétique, la révolution d'Octobre, furent un temps
la référence obligée des luttes nationales des peuples tentant
de s'affranchir de régimes oppressifs ou de dominations impér
ialistes. La Chine, la « voie chinoise » du développement, furent,
elles, longtemps la référence des tiers-mondistes soucieux d'arracher
les pays dits du « Tiers-Monde » au cercle vicieux de leur pauvreté.
En Chine, pas de dépendance coupable vis-à-vis des grandes puis
sances, mais une autonomie courageuse dans la recherche du déve
loppement « en comptant sur ses propres forces ». En Chine, pas de
ces disparités scandaleuses où le luxe insolent côtoie la plus extrême
misère, mais une pauvreté digne, également partagée par un peuple
dont les motivations morales ont supplanté les stimulants matériels.
En Chine, pas de ces bidonvilles honteux où s'accumulent les flots
des paysans chassés de leurs terres, les masses miséreuses des sans-
emploi, mais un mode original d'industrialisation des campagnes
faisant l'économie de l'exode rural. En Chine, enfin, la reconnais
sance du rôle prioritaire de l'agriculture, par trop négligée ailleurs
dans les ambitieux programmes des pays en voie d'industrialisation.
Dans cette perspective, les grandes crises du régime, le « Grand
Bond en avant », la « Révolution culturelle », ne sont apparues que
comme le prix des apprentissages nécessaires, sinon de simples
erreurs de jeunesse... La « leçon » du Grand Bond avait été vite
assimilée par les Chinois qui ont découvert par la suite le juste niveau
d'une collectivisation réussie. Les débordements de la Révolution
culturelle ? Simple effet des manipulations, par un maréchal amb
itieux, des justes idéaux d'une jeunesse révoltée contre les privilèges
de la bureaucratie et les cloisonnements de la société. Dans ces
conditions, la mort de Mao Zedong, la chute de la Bande des Quatre,
pourtant accueillies avec un immense soulagement par la population
chinoise, ne manquent pas de chagriner les nostalgiques des grands
élans de l'épopée maoïste. Et de souligner que Deng Xiaoping charge
ses ennemis déchus avec la même mauvaise foi que celle dont il
fut naguère la victime. Et d'accuser les pragmatistes maintenant au
pouvoir d'abandonner les « acquis » de la voie socialiste originale
tentée par Mao : perte de l'« identité » nationale avec l'ouverture
de la Chine vers l'étranger, perte de tout souffle messianique avec
le retour des stimulants bassement matériels dans l'économie, perte
de foi dans le socialisme de la paysannerie avec la dissolution pro-
* Chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique. 52 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
gressive des communes populaires... Et d'hésiter dans les motifs de
la condamnation des tendances actuelles : faut-il y voir le triomphe
impudent d'un capitalisme qui n'ose pas dire son nom ? Faut-il y
soupçonner plutôt la tentation d'un « modèle soviétique », récupérant
insidieusement la Chine, ses folles espérances, ses ambitieuses
novations ?
C'est, semble-t-il, cette dernière interprétation qui prévaut maintenant
chez les critiques déçus par la Chine présente, confortés par les
signes évidents de la « soviétisation » de la société chinoise qu'ils
découvrent seulement : affirmation des privilèges liés à la Nomenk
latura, répression de la dissidence... Le réchauffement des relations
sino-soviétiques ne devient alors qu'une manifestation de plus du
retour de la Chine à la banalité de l'orthodoxie soviétique, retour
que rendent inévitable la pesanteur de l'appareil du pouvoir, la l
ogique propre du système économique sur lequel il s'appuie, dès lors
qu'ont été écartés le non-conformisme d'un Mao Zedong et sa géniale
intuition d'une nécessaire révolution ininterrompue.
Cette interprétation de la tentation du modèle soviétique, que nous
limiterons au seul domaine de l'économie, résiste-t-elle à l'examen
des faits ?
La « voie chinoise » ne fut pas celle que l'on croyait
II n'est pas sans intérêt de constater que les mêmes qui avaient
exalté naguère les grandes harmonies de la « construction du socia
lisme » en Chine restent maintenant curieusement silencieux alors
même que sont enfin disponibles les données permettant d'appré
hender cette construction économique. Après plus de vingt ans de
silence statistique — ces vingt années qui virent fleurir les plus belles
elaborations théoriques sur la « voie chinoise » — , les autorités
chinoises ont fini, en effet, par publier, en 1981 et 1982, des annuaires
statistiques détaillés décrivant non seulement les performances écono
miques les plus récentes mais fournissant aussi des séries chiffrées
inédites sur les évolutions passées [1].
Il s'avère ainsi qu'au terme de trente années de régime communiste,
la Chine est encore un pays extrêmement pauvre, plus pauvre que
l'on ne l'imaginait : 256 dollars de produit national brut per capita
en 1979, suivant les calculs de la Banque mondiale effectués sur
la base des données officielles, soit plus certes que l'Inde (190 dol
lars) mais beaucoup moins que... le Kenya (380 dollars) ou les
Philippines (600 dollars). Beaucoup plus grave, et qui dément l'image
d'une Chine égalitaire, cette pauvreté est inégalement partagée puis
que les revenus urbains sont de deux à trois fois supérieurs aux
revenus ruraux, ces derniers étant eux-mêmes inégalement répartis : CHINE : ÉCONOMIE / 53
40 % en reviennent aux 20 % des paysans les plus riches tandis que
les 40 % de paysans plus pauvres n'en touchent que 20 %. On
trouve là la même répartition des revenus qu'en Inde... [2]. La redis
tribution égalitaire des rations au sein des équipes de production
agricole (une trentaine de familles par équipe) a certes permis l'élim
ination des disparités les plus choquantes au sein d'un même village,
elle n'a pas empêché pour autant que ne se creusent les écarts
entre équipes, entre v

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