L homme politique en campagne. L élection municipale de Dunkerque en mars 1989 - article ; n°28 ; vol.7, pg 127-139
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L'homme politique en campagne. L'élection municipale de Dunkerque en mars 1989 - article ; n°28 ; vol.7, pg 127-139

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Description

Politix - Année 1994 - Volume 7 - Numéro 28 - Pages 127-139
The campaigning politician. The March 1989 municipal election in Dunkirk.
Frédéric Sawicki [127-139].
The observation of the March 1989 municipal election in Dunkirk shows that the trade of a campaigning politician not only amounts to his aptitude to use standardised mobilisation and communication techniques. The techniques used by the candidates and the symbolic register they employ depend largely upon the type of political resources they possess, the properties of the group which support them, the characteristics of the local political sphere, and on the specific effects of the electoral campaign as an interaction. The political craft, in these conditions, is the capacity to handle at best these constraints : elected representatives or candidates manage less their image than the communication phenomena that substantiate it.
L'homme politique en campagne. L'élection municipale de Dunkerque de mars 1989.
Frédéric Sawicki [127-139].
L'observation de l'élection municipale de Dunkerque de mars 1989 tend à montrer que le métier de l'homme politique en campagne ne se résume pas à son aptitude à mettre en œuvre des techniques standardisées de mobilisation et de communication. Les techniques qu'utilisent les candidats ainsi que les registres symboliques sur lesquels ils jouent dépendent en grande partie du type de ressources politiques qu'ils possèdent, des propriétés des groupes qui les soutiennent, des caractéristiques de l'espace politique local et des effets propres de l'interaction que constitue une campagne électorale. Le métier politique, dans ces conditions, est la capacité à gérer au mieux ces contraintes : les élus ou les candidats gèrent donc moins leur image que les phénomènes de communication qui l'accréditent.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 137
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Frédéric Sawicki
L'homme politique en campagne. L'élection municipale de
Dunkerque en mars 1989
In: Politix. Vol. 7, N°28. Quatrième trimestre 1994. pp. 127-139.
Abstract
The campaigning politician. The March 1989 municipal election in Dunkirk.
Frédéric Sawicki [127-139].
The observation of the March 1989 municipal election in Dunkirk shows that the trade of a campaigning politician not only
amounts to his aptitude to use standardised mobilisation and communication techniques. The techniques used by the candidates
and the symbolic register they employ depend largely upon the type of political resources they possess, the properties of the
group which support them, the characteristics of the local political sphere, and on the specific effects of the electoral campaign as
an interaction. The political craft, in these conditions, is the capacity to handle at best these constraints : elected representatives
or candidates manage less their image than the communication phenomena that substantiate it.
Résumé
L'homme politique en campagne. L'élection municipale de Dunkerque de mars 1989.
Frédéric Sawicki [127-139].
L'observation de l'élection municipale de Dunkerque de mars 1989 tend à montrer que le métier de l'homme politique en
campagne ne se résume pas à son aptitude à mettre en œuvre des techniques standardisées de mobilisation et de
communication. Les techniques qu'utilisent les candidats ainsi que les registres symboliques sur lesquels ils jouent dépendent en
grande partie du type de ressources politiques qu'ils possèdent, des propriétés des groupes qui les soutiennent, des
caractéristiques de l'espace politique local et des effets propres de l'interaction que constitue une campagne électorale. Le métier
politique, dans ces conditions, est la capacité à gérer au mieux ces contraintes : les élus ou les candidats gèrent donc moins leur
image que les phénomènes de communication qui l'accréditent.
Citer ce document / Cite this document :
Sawicki Frédéric. L'homme politique en campagne. L'élection municipale de Dunkerque en mars 1989. In: Politix. Vol. 7, N°28.
Quatrième trimestre 1994. pp. 127-139.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1994_num_7_28_1887politique en campagne L'homme
L'exemple de l'élection municipale de Dunkerque
en mars 1989
Frédéric Sawlcki
Centre de recherches administratives, politiques et sociales
Université Lille II
«II faut se créer des amis de différentes sortes : pour l'apparence, des
hommes illustres par leurs charges et par leur nom, qui, même s'ils ne
font rien pour te recommander, apportent cependant au candidat un
supplément de considération ; pour avoir la protection de la loi, des
magistrats, parmi lesquels, au premier rang, les consuls, et après eux,
les tribuns de la plèbe ; pour obtenir le vote des centuries, des
hommes jouissant d'une influence particulière. Ceux qui ont ou
espèrent avoir grâce à toi les suffrages d'une tribu, ou d'une centurie,
ou quelque avantage, voilà les gens qu'il faut particulièrement
t'efforcer de gagner et de t'assurer».
Quintus Cicéron, Petit manuel de campagne électorale.
LA LECTURE du Petit manuel de campagne électorale1 que rédige, en 65
avant J.-C, Quintus Cicéron à destination de son frère Marcus, candidat
au Consulat, rappelle à bon escient que les méthodes de manipulation
électorale sont aussi vieilles que les élections et qu'on a finalement peu
innové en ce domaine. Pour autant, le phénomène de professionnalisation
croissante des campagnes électorales auquel on assiste depuis ces trente
dernières années, et qui se traduit, dans les grandes villes et dans de
nombreuses agglomérations de taille moyenne, par un recours massif à des
entreprises privées de communication (instituts de sondages, agences de
publicité, de communication ou de marketing, etc.), tend à banaliser plus que
jamais une vision «stratégiste« et «entrepreneuriale» de la compétition
politique. L'exercice du métier politique se rationaliserait en quelque sorte et,
une fois surmontée la question des moyens matériels2, les «stratégies»
différeraient peu d'un candidat à l'autre, d'un contexte local à l'autre. En un
mot, l'expertise serait en passe de triompher non seulement dans le domaine
de l'exercice du mandat, mais aussi dans celui de sa conquête, contribuant par
là-même à une standardisation du métier d'élu local. Ce processus de
standardisation des pratiques est lié, pour certains chercheurs, à un
phénomène de des stratégies argumentatives et symboliques
mises en œuvre par les élus ou les candidats au principe d'une nationalisation
de la compétition politique3 : nombreux sont en effet les politistes qui
1. Ce manuel est fort bien analysé en annexe de l'ouvrage de N. Rouland : Rome, démocratie
impossible P Les acteurs du pouvoir dans la cité romaine, Arles, Actes Sud, 1994, p. 469-478.
2. Voir Sawicki (F.), »La marge de manoeuvre des candidats par rapport aux partis dans les
campagnes électorales», Pouvoirs, 63, 1992.
3. Gaxie (D.), Lehingue (P.), Enjeux municipaux. La constitution des enjeux politiques dans une
élection municipale, Paris, PUF, CURAPP, 1984.
Politix, n°28, 1994, pages 127 à 139 1 27 Frédéric Sawicki
considèrent que ce sont les débats politiques agitant le «microcosme» parisien
et que donnent à voir et à entendre les médias de diffusion nationale, qui
définissent les thèmes de campagne. Y compris quand dominent des
thématiques plus locales, comme lors des élections municipales de 19891, ce
sont les logiques de dépolitisation à l'œuvre dans le champ politique central
qui sont invoquées2.
Si cette représentation de l'évolution du champ politique a le mérite de mettre
l'accent sur des tendances générales allant dans le sens du vaste mouvement
de professionnalisation et de différenciation des sphères d'activité sociale
diagnostiqué par tous les maîtres de la sociologie classique, ainsi que sur les
processus de construction des représentations dominantes de l'activité
politique, elle n'en conduit pas moins, semble-t-il, à minimiser les logiques
propres aux compétitions politiques locales3 et notamment les effets des
configurations sociales qui, pour une partie non négligeable, les déterminent.
S'intéresser au travail de l'homme politique en campagne électorale au niveau
local, c'est donc non seulement porter attention aux techniques de
mobilisation et aux thématiques mises en avant, mais c'est aussi — et surtout
— observer la façon dont celles-ci sont plus ou moins en adéquation avec les
groupes mobilisés, avec les propriétés sociales et politiques des candidats en
présence, propriétés sur lesquelles ceux-ci jouent dans certaines limites. Les
traits de la ville retenue pour notre enquête — sorte de ville «sans qualité»
considérée il n'y a pas si longtemps comme emblématique des contradictions
de la formation sociale française4 — , ainsi que la nature de l'élection choisie
— caractérisée par une forte polarisation des médias nationaux sur la
«performance« d'un des ministres les plus en vue du gouvernement de
l'époque — , ne doivent pas faire illusion : les rôles que sont obligés
d'endosser et les partitions que sont contraints de jouer les acteurs politiques
au cours de l'élection dunkerquoise de 1989 se définissent avant tout par
rapport à la configuration sociale et politique locale.
Deux manières d'exercer et de mettre en scène
le métier politique
À première vue, l'élection municipale de Dunkerque de 1989-* voit s'affronter
deux hommes qui font appel à des manières similaires de faire campagne. Les principaux candidats en lice, Claude Prouvoyeur, longtemps non inscrit
avant d'adhérer au CNI en 1983, maire depuis 1966, sénateur depuis 1983, et
Michel Delebarre, membre du PS, ministre de l'Équipement et vice-président
du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais ont en apparence recours à des
techniques identiques : sondages pour élaborer les thèmes de campagne et
1. Pour une présentation de la construction journalistique de ces élections, cf. Collovald (A.),
Heurtin (J-Ph-X Sawicki (F.), «À propos des élections municipales. La définition d'"une" élection«,
Politix, !■%, 1989-

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