L immigration algérienne en Moselle - article ; n°351 ; vol.65, pg 341-361
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Description

Annales de Géographie - Année 1956 - Volume 65 - Numéro 351 - Pages 341-361
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 86
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Andrée Michel
L'immigration algérienne en Moselle
In: Annales de Géographie. 1956, t. 65, n°351. pp. 341-361.
Citer ce document / Cite this document :
Michel Andrée. L'immigration algérienne en Moselle. In: Annales de Géographie. 1956, t. 65, n°351. pp. 341-361.
doi : 10.3406/geo.1956.14149
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1956_num_65_351_14149341
L'IMMIGRATION ALGÉRIENNE EN MOSELLE
Depuis la dernière guerre, la Moselle connaît un développement intense
dû en partie à la concentration industrielle qui affecte ce département avec
la Meurthe-et-Moselle. Les productions de la fonte et de l'acier y ont aug
menté respectivement de 5 p. 100 et de 25 p. 100 par rapport à 1929, année
faste précédant la crise mondiale. En 1954, la Moselle produit près de 40 p. 100
du minerai de fer français, plus de 37 p. 100 de la fonte française et environ
32 p. 100 de l'acier coulé en France.
Un effort de modernisation important a été fait dans l'industrie sidérur
gique, particulièrement au laminage. La productivité a été poussée à fond,
mais la mise en route de nouveaux hauts-fourneaux, de laminoirs, le fonc
tionnement depuis 1950 d'une usine sidérurgique entièrement nouvelle
employant plus de 5 000 personnes (la S.O.L.L.A.C. à Sérémange et à Ëbange)
ont exigé un appel de main-d'œuvre. Parallèlement, des cités nouvelles ont
été édifiées, étalées sur des dizaines de kilomètres, afin de loger le personnel ;
des travaux de voiries sont devenus indispensables par suite de l'extension
dès cités et de la nécessité d'assurer le transport des produits sidérurgiques.
Tous ces aménagements ont aussi provoqué un besoin de main-d'œuvre que
ne pouvait satisfaire la population locale. Il a donc fallu faire appel soit à la
main-d'œuvre départementale (autre que celle de la Moselle), soit à la main-
d'œuvre étrangère (italienne, sarroise, etc.), soit enfin à l'immigration algé
rienne. En Moselle, il est courant d'entendre dire que cette région est « de
plein emploi », le marché du travail révélant une nette supériorité de l'offre
d'emploi par rapport à la demande. Au 1er septembre 1955, il y avait à
Thionville 600 offres d'emploi non satisfaites au bureau de la Main-d'Œuvre,
mais ces offres s'adressaient aux ouvriers qualifiés et non pas aux Algériens,
lesquels sont en grande majorité manœuvres.
En 1935, l'immigration des Algériens était quasi inconnue dans l'Est
où l'on signalait seulement la présence d'une centaine d'Algériens employés
dans « les établissements minéralogiques de Metz et de Nancy »x. A la fin de
l'année 1936, le patronat lorrain décida d'introduire de la main-d'œuvre
algérienne. Des contacts furent pris avec la Fédération Nationale des Nord-
africains en France, qui se mit en liaison directe avec le maire d'Alger pour
attirer des travailleurs mulsumans dans l'Est. Une propagande fut organisée
à cet effet auprès des Algériens, dont on nota la présence soudain massive
dès la fin de 1937. 10 000 d'entre eux furent recensés dans les deux départe
ments de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle, dont 2 000 dans les mines,
6 000 dans la sidérurgie et 1 500 chômeurs2. Mais « la discipline trop grande,
quasi militaire »3, imposée à ces immigrés, encadrés d'officiers des Affaires
Indigènes dès le départ et pendant tout le séjour en France, aboutit à un
1. Rapport Laroque et Ollive, Le problème de l'émigration des travailleurs Nord-africains
en France, mars 1938, Conseil de l'Union Française.
2. Laroque et Ollive, rapport cité.
3.et
2 3 * ANNALES DE GÉOGRAPHIE 342
échec qui se solda par le retour au pays d'origine. Au lendemain de la
deuxième guerre mondiale, le marché favorable de l'emploi en Moselle attirait
une main-d'œuvre algérienne qui ne trouvait pas à s'embaucher ailleurs.
Mais, ainsi que nous le noterons dans la suite, le patronat n'a pas renoncé à
encadrer rigoureusement la vie quotidienne de ces travailleurs, ce qui accuse,
en Moselle plus que dans la région parisienne, la structure coloniale de l'immi
gration algérienne.
I. — Données statistiques sur l'immigration algérienne
DANS L'INDUSTRIE MOSELLANE
Son importance. — Le département de la Moselle groupe, dans le bassin
lorrain, le plus fort effectif de travailleurs algériens. D'après le C.I.E.D.E. H. L.1,
le bassin lorrain grouperait environ 28 000 travailleurs algériens, répartis
entre les quatre départements de la Moselle, de la Meurthe-et-Moselle, dé la
Meuse et des Vosges. Les régions de concentration sont :
Metz-Thionville 12 000 Nord-africains.
Forbach-Merlebach 4 000 —
Briey-Longwy 6 000 —
Nancy - Pont-à-Mousson 2 500 à 3 000 —
3 500 autres seraient répartis un peu partout dans ces quatre départements.
La Moselle groupe donc 60 p. 100 de l'effectif total des immigrés algériens
dans le bassin, soit 17 000 sur 28 000.
Cet effectif de 17 000 Algériens est sans doute supérieur au chiffre de
15 461 donné à la date du 1er septembre par le bulletin du Ministère du
Travail, U Emploi, la statistique de ce ministère ne tenant compte que des
entreprises d'une certaine importance. Aussi les petites entreprises, qui sont
encore nombreuses malgré la concentration industrielle, ne sont pas recen
sées2.
Ces chiffres ne concernent que la population algérienne masculine salariée.
Ne sont pas inclus les commerçants et camelots algériens, les centaines de
chômeurs non secourus, les femmes et les enfants. On peut estimer à 20 000,
sans exagération, la totalité de la population algérienne active et résident
ielle en Moselle.
1. Le C.I.E.D.E.H.L. ou Centre d'Informations et d'Études d'Économie humaine en Lorraine
est un organisme privé attaché à la Préfecture de la Moselle.
2. Un exemple, pris dans l'industrie sidérurgique, montre cette sous-estimation du Ministère
du Travail. Le C.I.E.D.E.H.L. a demandé l'effectif des Algériens à toutes les entreprises sidérur
giques de la Moselle. A la date du 15 septembre 1955, il en recensait déjà 6 650, alors que toutes
les entreprises n'avaient pas encore répondu. Le Ministère du Travail, à la même date, n'en décla
rait que 5 363. Un second exemple est donné par la comparaison des chiffres fournis par le
Ministère du Travail avec les recensements effectués par les caisses de Sécurité Sociale. Le pre
mier déclarait 12 01,1 salariés Nord-africains en Moselle en janvier 1954, alors que les caisses
comptaient 14 967 assurés sociaux Nord-africains. Or ce chiffre plus élevé, résultat d'ane diff
érence comptable entre les entrées et les sorties d'assurés dans les Caisses, doit être considéré
comme exact (Les travailleurs et la Sécurité Sociale, étudo faite en 1954 par le
Ministère du Travail). ALGÉRIENNE EN MOSELLE 343 L'IMMIGRATION
Ce département vient donc en tête, immédiatement après le départe
ment de la Seine, pour l'effectif des Algériens. Il ne dépasse le département
du Nord que de peu et depuis un an seulement. En effet, L'Emploi donne les
chiffres suivants :
NORD MOSELLE
Juin 1954 15 489 Nord-africains 13 262 Nord-africains
Septembre 1955 15 231 — 15 461 —
En juin 1954, la proportion des Algériens dans la main-d'œuvre mascul
ine active non agricole n'était que de 3 p. 100 le Nord et dans la Seine,
alors qu'elle atteignait 8,5 p. 100 en Moselle (par rapport à la main-d'œuvre
active masculine recensée en 19461). D'autre part, en choisissant comme
base 100 le mois de juin 1948, l'indice d'accroissement de l'emploi, des Algé
riens était, au mois de juin 1954, de 200 dans la Seine, de 185 dans le Nord,
de 221 en Moselle et de 224 en Meurthe-et-Moselle. Ces deux départements
réalisent donc une progression très récente2.
Répartition géographique. — L'immigration algérienne obéit à une forte
concentration dans la région industrielle du Nord de la Moselle, seule suscept
ible de lui offrir les débouchés qu'elle recherche : ce sont les arrondissements
de Thionville, Metz et Forbach qui offrent les plus fortes concentrations.
Les quatre autres arrondissements du département ne gro

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