L Inde en Asie : grandeur et solitude - article ; n°2 ; vol.54, pg 279-290
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Description

Politique étrangère - Année 1989 - Volume 54 - Numéro 2 - Pages 279-290
India in Asia : Greatness and Isolation, by Jean Alphonse Bernard
Since two decades, India's foreign policy has rested on a few principles, such as its preeminent role in South Asia, a security doctrine based on clear military superiority, the alliance with the Soviet Union. Will the incoming changes in the global pattern bring about a reappraisal of India's foreign policy ? A growing uneasiness can be perceived nowadays within India's ruling circles, as if the former axioms were no longer as relevant as they had been.
Depuis deux décennies, la politique étrangère de l'Inde a reposé sur quelques postulats qui sont rappelés ici : rôle éminent en Asie méridionale, une doctrine de sécurité impliquant une large supériorité militaire, l'alliance avec l'Union soviétique. Les modifications récentes du système international vont-elles entraîner un réexamen de ces postulats ? D'ores et déjà, on perçoit un écart grandissant entre les actes et le discours comme si l'acteur avait conscience que le système avait perdu de sa pertinence.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard
L'Inde en Asie : grandeur et solitude
In: Politique étrangère N°2 - 1989 - 54e année pp. 279-290.
Abstract
India in Asia : Greatness and Isolation, by Jean Alphonse Bernard
Since two decades, India's foreign policy has rested on a few principles, such as its preeminent role in South Asia, a security
doctrine based on clear military superiority, the alliance with the Soviet Union. Will the incoming changes in the global pattern
bring about a reappraisal of India's foreign policy ? A growing uneasiness can be perceived nowadays within India's ruling circles,
as if the former axioms were no longer as relevant as they had been.
Résumé
Depuis deux décennies, la politique étrangère de l'Inde a reposé sur quelques postulats qui sont rappelés ici : rôle éminent en
Asie méridionale, une doctrine de sécurité impliquant une large supériorité militaire, l'alliance avec l'Union soviétique. Les
modifications récentes du système international vont-elles entraîner un réexamen de ces postulats ? D'ores et déjà, on perçoit un
écart grandissant entre les actes et le discours comme si l'acteur avait conscience que le système avait perdu de sa pertinence.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard. L'Inde en Asie : grandeur et solitude. In: Politique étrangère N°2 - 1989 - 54e année pp. 279-290.
doi : 10.3406/polit.1989.3858
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1989_num_54_2_3858POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 279
L'Inde en Asie :
Jean Alphonse BERNARD * grandeur , et solitude ,.
L'un des premiers actes du dernier gouvernement de l'Inde indivise,
présidé par Jawaharlal Nehru, fut d'inviter en septembre 1946 tous
les pays d'Asie (y compris l'Egypte et Israël) à envoyer leurs repré
sentants à Delhi pour y participer à ce qui devait s'appeler « The Asian
Relations Conference ». Cette manifestation officieuse se tint du 23 mars au
2 avril 1947 et fut ouverte par un discours de Nehru qui était un vibrant
appel au réveil de l'Asie [1].
Quarante ans plus tard, ce continent abrite sur sa bordure pacifique les
économies les plus performantes du monde cependant que sa partie occident
ale — le Proche et le Moyen-Orient — a vu se dérouler les conflits les plus
âpres et les plus longs de l'après-guerre. L'Asie a bien entendu l'exhortation
du pandit Nehru à se réveiller d'un sommeil ancestral et à se libérer des
chaînes coloniales. En revanche, l'espoir qu'il avait aussi exprimé, que
l'Inde soit la lumière de l'Asie et le pivot de ce monde renaissant, a été
très vite démenti par les faits. Le sous-continent indien, pour sa part, n'a
connu ni le fulgurant essor économique des pays du versant Pacifique, ni les
conflits interminables qui ont absorbé les énergies du monde arabe. Quant
aux deux grands pays de l'Asie, la Chine et l'Inde, loin d'exercer l'un sur
l'autre l'attraction que l'on pouvait craindre ou espérer, ils ont tracé leur
sillon propre, selon des courbes d'évolution largement indépendantes l'une
de l'autre. C'est la dérivée de la courbe indienne, en d'autres termes son
ambition ou son projet, que nous avons tenté de définir dans un ouvrage
publié en 1988 [2].
Or, l'évolution récente des rapports internationaux et ses répercussions sur
l'Asie (fin de l'intervention soviétique en Afghanistan, rapprochement sino-
soviétique) amènent à s'interroger sur le comportement probable des dir
igeants de l'Inde en face d'événements qui affectent, directement ou non,
leur pays. Notre propos est ici de rappeler brièvement les principales
caractéristiques du système indien de sécurité et de présenter quelques
commentaires sur les inflexions que ces changements sont susceptibles
d'entraîner sur la position de l'Inde en Asie et dans le monde.
Le système indien de sécurité
On peut le décrire de deux façons : ou bien comme structure autonome et
relativement close sur elle-même ou bien comme un sous-ensemble particu-
* Auteur d'ouvrages et d'articles sur l'Asie du Sud. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 280
lier, relié aux autres sous-ensembles du système mondial des relations
internationales, c'est-à-dire mettre l'accent sur l'aspect structurel ou sur la
fonction relationnelle. Les deux approches seront considérées successive
ment.
Le système comme structure quasi autonome
II est indo-centrique par définition. On dira encore qu'il implique l'hégémon
ie de l'Inde comme donnée naturelle. Dans la mesure où Delhi est le
centre du pouvoir politique de l'Inde, sous les Moghols comme sous les
Anglais, la capitale est d'abord préoccupée par les menaces venant du nord-
ouest, du nord et du nord-est. La partition n'a nullement changé le
principal « vecteur de menace » qui reste orienté nord-ouest /sud-est, le
Pakistan s'étant substitué aux tribus pashtounes et aux armées du Tsar, dont
il a hérité à ses propres frontières. L'attaque chinoise d'octobre 1962 mit en
évidence la vulnérabilité de la frontière nord, accrue par les risques de
subversion aux confins indo-sino-birmans. En tout cas, la menace principale,
aux yeux des stratèges indiens, est présumée venir du « heartland ». Depuis
quelque temps, le système de sécurité comporte aussi une dimension navale
qui tend à s'amplifier au fur et à mesure que l'Inde prend davantage
conscience de sa situation océanique.
Vu de New Delhi, le système indien de sécurité comprend :
— un acteur principal, l'Inde proprement dite,
— un « challenger », le Pakistan,
— quatre ou cinq entités politiques que l'on peut considérer comme des
acteurs secondaires ou à éclipse : Népal, Bhoutan, Bangladesh, Sri Lanka,
Maldives,
— deux Etats qui sont les marches naturelles de l'Asie méridionale : à
l'ouest l'Afghanistan, à l'est la Birmanie.
Cette perception du « théâtre » amène les stratèges indiens à tracer autour
de leur pays un « périmètre de sécurité » dont nous ne connaissons pas la
définition exacte mais qui est certainement plus étendu que celui de ses
frontières. On peut penser qu'il englobe les royaumes himalayens du Népal
et du Bhoutan au nord, Sri Lanka au sud et l'océan jusqu'aux limites de la
zone économique exclusive.
Quel est, dans la zone ainsi définie, le but que l'Inde assigne à sa
stratégie ? Son premier objectif est d'affirmer son rôle de puissance domi
nante et régulatrice en Asie du Sud. Ses intérêts vitaux se confondent, à ses
yeux, avec ceux des acteurs secondaires car ils participent à la même zone
géopolitique qu'elle-même et ont le même intérêt à y voir régner la paix et
la sécurité. L'accord indo-sri lankais du 29 juillet 1987 et l'expédition du
3 novembre 1988 pour rétablir l'ordre aux Maldives s'inscrivent évidemment
dans cette perspective.
Ce premier objectif entraîne, aux yeux de Delhi, un corollaire qui est
d'écarter, autant que faire se peut, les grandes puissances extérieures à la
région pour les empêcher d'intervenir activement dans les affaires de celle-
ci. Ce second objectif découle du premier dans la mesure où l'expérience
montre que les acteurs secondaires, mais plus encore le « challenger », ont
tendance à s'appuyer sur ces puissances et principalement sur les deux INDE ET ASIE I 281
superpuissances pour défendre leurs intérêts vitaux, lorsqu'elles estiment
ceux-ci menacés par l'hégémonie indienne.
Dans les conditions d'extrême dissymétrie qui sont celles d'Asie du Sud, il
n'y a aucune place pour une politique d'équilibre des forces (balance of
power) entre les acteurs. Même si ceux-ci se coalisaient pour faire pièce à
l'Inde — hypothèse que les stratèges indiens désignent par l'expression
« ganging up against India » — , ils ne modifieraient qu'à peine la dissymét
rie des forces et des capacités. Néanmoins, la doctrine indienne comporte
un second corollaire qui consiste à traiter avec chacun des pays du système
sur une base strictement bilatérale, afin d'éviter tout risque de glissement
vers une coalition des « petits » [3].
Le principe selon

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