L industrie oyonnaxienne et l ère des craquements - article ; n°4 ; vol.55, pg 343-372
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Revue de géographie de Lyon - Année 1980 - Volume 55 - Numéro 4 - Pages 343-372
In the urban area of Oyonnax, industry has known a very long period of intense growth. Now it seems to come into the Era of Crackings. A double evolution is undermining the system of Factory and breaks off the original features which were, not so long ago, the components of its strength. The first evolution takes place into the local industrial sphere, that cannot leave forever out-rule, at once about economic structures and in its relations to State and Law. The second evolution takes rather place out it and is developed in regard to the new International Division of Work, to which subsidiary industries have contributed in euphoria. These evolutions result in more or less achieved regroupings and in some failures. Crisis, cyclical or structural recessions... expressed opinions are divided.
Après une longue période de croissance exacerbée, l'industrie oyonnaxienne semble entrée dans l'Ere des Craquements. Une double évolution mine souterrainement le système de la fabrique et entame l'originalité qui constituait, il y a peu de temps encore, sa force. D'abord, le milieu oyonnaxien ne peut rester indéfiniment hors la norme, à la fois au niveau économique et sur le plan de ses rapports à l'Etat et au juridique. Ensuite, une redistribution des cartes s'élabore dans le cadre de la nouvelle Division Internationale du Travail, à laquelle les industries annexes ont collaboré dans l'euphorie. Les craquements se manifestent par des regroupements plus ou moins bien réussis et par des faillites qu'il est difficile de recenser. Crise, récession conjoncturelle ou structurelle... les avis sont partagés.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Brigitte Dyvrande
L'industrie oyonnaxienne et l'ère des craquements
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 55 n°4, 1980. pp. 343-372.
Abstract
In the urban area of Oyonnax, industry has known a very long period of intense growth. Now it seems to come into the Era of
Crackings. A double evolution is undermining the system of Factory and breaks off the original features which were, not so long
ago, the components of its strength. The first evolution takes place into the local industrial sphere, that cannot leave forever out-
rule, at once about economic structures and in its relations to State and Law. The second evolution takes rather place out it and
is developed in regard to the new International Division of Work, to which subsidiary industries have contributed in euphoria.
These evolutions result in more or less achieved regroupings and in some failures. Crisis, cyclical or structural recessions...
expressed opinions are divided.
Résumé
Après une longue période de croissance exacerbée, l'industrie oyonnaxienne semble entrée dans l'Ere des Craquements. Une
double évolution mine souterrainement le système de la fabrique et entame l'originalité qui constituait, il y a peu de temps
encore, sa force. D'abord, le milieu oyonnaxien ne peut rester indéfiniment hors la norme, à la fois au niveau économique et sur
le plan de ses rapports à l'Etat et au juridique. Ensuite, une redistribution des cartes s'élabore dans le cadre de la nouvelle
Division Internationale du Travail, à laquelle les industries annexes ont collaboré dans l'euphorie. Les craquements se
manifestent par des regroupements plus ou moins bien réussis et par des faillites qu'il est difficile de recenser. Crise, récession
conjoncturelle ou structurelle... les avis sont partagés.
Citer ce document / Cite this document :
Dyvrande Brigitte. L'industrie oyonnaxienne et l'ère des craquements. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 55 n°4, 1980. pp.
343-372.
doi : 10.3406/geoca.1980.1282
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1980_num_55_4_1282Revue de Géographie de Lyon, 1980/4
L'INDUSTRIE OYONNAXIENNE
ET L'ÈRE DES CRAQUEMENTS
par Brigitte Dyvrande
Grâce au progrès technique et à l'application des matières plastiques à
des produits de plus en plus diversifiés — plus de 10 000 articles sont ainsi
fabriqués dans la région — , Oyonnax s'est lancée sur la voie d'une croissance
exacerbée. Néanmoins aucune réussite, aussi spectaculaire soit-elle, ne se
trouve hors d'atteinte des récessions ou des crises. Une croissance annuelle
moyenne toujours supérieure à 20 % durant deux décennies, alors que les
planificateurs la prévoyaient à 12 % dans l'hypothèse optimiste pour les VIe
et VIP Plans, ne peut manquer d'atteindre un seuil de plafonnement, selon
la loi des cycles économiques.
Ainsi Oyonnax doit affronter trois séries de problèmes fondamentaux :
1 ) La production de masse, alors que le succès et la persistance de la Fabrique
tiennent à la production de petites séries. Ceci a engendré l'apparition de
grandes unités de production, remettant en cause tout un système fondé sur
l'entreprise familiale, peu adaptée à une gestion de plus en plus lourde et
régie par les lois d'un environnement international en pleine mutation.
2) Cette gestion se trouve en plus alourdie par la pesanteur d'un intervention
nisme étatique ignorant les conditions d'une économie locale qui s'est toujours
située hors la norme. Mais l'Etat-Providence n'est guère plus prisé par les
Oyonnaxiens que le vieil Etat-Gendarme, car les mutations qu'il induit
concourent à la désagrégation du monde de la Fabrique.
3) Le tourbillon de la mode s'accélère sous l'effet de la concurrence. Des
goûts perpétuellement renouvelés ainsi que les progrès et la diffusion de la
technique remettent en cause les produits les plus sûrs, dont il faut prévoir
l'obsolescence à de plus en plus court terme. Malgré l'optimisme, le savoir-
faire et le sens de la création oyonnaxiens, la disparition des monopoles de
la fabrication et de la technique augmente sans cesse les difficultés des fabri
cants à suivre le goût du jour.
Tous ces problèmes, qui ne sont pas sans rapport avec la nouvelle division
internationale du travail, ne manquent pas de provoquer maints craquements 344 BRIGITTE DYVRANDE
dans un système économique vieilli, sclérosé, qui ne constitue que la surv
ivance d'une ère largement dépassée.
Avant d'étudier la manifestation de ces craquements, il nous faut nous
pencher sur les fondements de l'ère nouvelle qui s'ouvre pour l'industrie
oyonnaxienne : « l'ère des craquements ».
LES FONDEMENTS DE L'ERE DES CRAQUEMENTS
Cette ère se développe autour de deux thèmes fondamentaux. L'un est
intrinsèque au milieu oyonnaxien, qui ne peut demeurer indéfiniment hors la
norme, à la fois au niveau économique et sur le plan de ses rapports avec
l'Etat, y compris sur le plan juridique. L'autre lui est plutôt extrinsèque et
s'élabore dans le cadre de la nouvelle division internationale du travail, à
laquelle ont collaboré, dans l'euphorie, les industries annexes au secteur de
la transformation des matières plastiques.
Cette évolution mine souterrainement le système oyonnaxien et entame
l'originalité qui constituait, il y a peu de temps encore, sa force.
VERS LA NORME
1 ) L'ÉVOLUTION DU CADRE HUMAIN DE LA PRODUCTION
Cette évolution est induite par l'avènement de l'ère de Г « Unité de
Production » qui succède à l'ère de la Fabrique et sape insidieusement l'ind
ividualisme et le paternalisme, à travers la mutation des structures et l'intr
oduction de la pratique des relations industrielles.
L'avènement de l'ère de Y « Unité de Production »
Le système oyonnaxien se fonde sur une combinaison savant^ de trois
ères économiques historiquement bien différenciées. A la base, l'héritage de
l'Ancien Régime se fonde sur le vieux « Verlagssystem » 1 qui caractérisait
le travail à domicile. Il correspond à la grande masse des travailleurs à domic
ile et des travailleurs à façon, qui constituent la soupape de sûreté du
système. Travailleurs non déclarés, bénéficiant d'un statut à part et incertain,
ils sont difficilement recensables et très individualistes.
Au milieu, l'ère de la Fabrique, liée à l'époque du « take-off » a marqué
Oyonnax d'une empreinte indélébile. En effet, la Fabrique, entreprise de
petite taille, demeure la norme. Elle occupe en général de 10 à 60 salariés
1. Verlagssystem: système économique fondé sur des déplacements saisonniers imposés
par la dispersion des activités dans les campagnes. L INDUSTRIE OYONNAXIENNE 345
que le fabricant connaît individuellement ; mais il arrive souvent qu'elle se
situe hors de ce créneau. Des entreprises de plus de 100 salariés conservent
cet esprit paternaliste poussé à l'extrême, qui est théoriquement l'apanage
de la Fabrique.
Au sommet, l'ère du capitalisme « post-industriel » — de l'après-guerre à
nos jours — a donné naissance à quelques grandes Unités de Production.
Mais son influence sur la structure industrielle demeure réduite. Seulement
de 0 à 10 11 à 19 20 à 99 100 salariés Total salariés salariés salariés et plus
N E N E N E N E N E
1 20 12 56 Industrie chimique de base 10 26 1 12
Travail des métaux 119 317 11 146 7 260 137 723
Production d'équipements
1 238 9 306 industriels 7 12 1 56
Fabrication d'instruments et
2 246 218 2 295 de matériel de précision 165 432 13 189 38 1 428
16 44 Travail mécanique du bois 15 19 1 25
1 194 13 370 Industrie du papier et carton 8 23 2 30 2 123
Imprimerie 1 21 16 101 13 56 2 24
Transformation des matières
335 5 305 plastiques 36 1 636 12 2 788 266 556 21 325
Total industries 17 3 579 917 10 320 836 1 828 71 1 008 47 3 905 entreprises 18 3 764 1 303 11 103 1 163 2 259 71 1 008 51 4 072
Tableau 1. — Les principales activités de l'agglomération oyonnaxienne en 1977
{d'après l'I.N.S.E.E.)
N = nombre d'entreprises ; E = effectifs
2 % des entreprises industrielles de l'agglomération urbaine, représentant
35 % de la main-d'oeuvre industrielle, atteignent ou dépassent les 100 salariés
(c

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