L UNITA, l Angola et l Afrique du Sud : quel rôle pour l Occident ? - article ; n°2 ; vol.51, pg 505-514
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L'UNITA, l'Angola et l'Afrique du Sud : quel rôle pour l'Occident ? - article ; n°2 ; vol.51, pg 505-514

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Description

Politique étrangère - Année 1986 - Volume 51 - Numéro 2 - Pages 505-514
Les Etats-Unis apportent depuis peu une aide militaire à l'UNITA, mouvement de libération qui lutte depuis dix ans contre la présence d'un corps expéditionnaire cubain en Angola. L'Occident doit-il ou non aider l'UNITA ? A l'Ouest, nombreuses sont les voix qui s'y opposent, invoquant le soutien sud-africain dont jouit l'UNITA et lui déniant implicitement toute personnalité politique propre. Or l'UNITA, profondément enracinée dans son pays, a une forte et originale personnalité politique, révolutionnaire dans sa tactique mais pro-occidentale dans les buts qu'elle poursuit. Face à l'expansionnisme soviétique en Afrique australe, l'Occident a longtemps semblé paralysé par un fâcheux esprit munichois. La résistance en Angola d'un mouvement aussi fort que l'UNITA est pour l'Occident une aubaine. Il n'y va pas seulement de la morale politique à secourir ses amis, il y va aussi de la défense de ses propres intérêts.
UNITA, Angola and South Africa : the Role of the West ?, by Renaud Girard
The United States hâve recently given military aid to UNITA, a liberation movement struggling for ten years against the presence of a Cuban expeditionary corps in Angola. Should the West help UNITA ? Many in the West are opposed to any assistance, evoking South African aid to UNITA and implicitely denying its own political perso-nality. UNITA, however, while deeply rooted in its own country, has a strong and unique political perspective being revolutionary in tactic but pro-West in its goals. Confronted by Soviet expansionism in southern Africa, the West seemed to be paralyzed for many years by a regretable Munick Conference-type attitude. For the West, the résistance in Angola of a movement as strong as UNITA is a windfall. Both political morality in helping its friends, and the défense of its own interests are at the heart of the West's engagement.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 90
Langue Français

Extrait

Girard
L'UNITA, l'Angola et l'Afrique du Sud : quel rôle pour l'Occident
?
In: Politique étrangère N°2 - 1986 - 51e année pp. 505-514.
Résumé
Les Etats-Unis apportent depuis peu une aide militaire à l'UNITA, mouvement de libération qui lutte depuis dix ans contre la
présence d'un corps expéditionnaire cubain en Angola. L'Occident doit-il ou non aider l'UNITA ? A l'Ouest, nombreuses sont les
voix qui s'y opposent, invoquant le soutien sud-africain dont jouit l'UNITA et lui déniant implicitement toute personnalité politique
propre. Or l'UNITA, profondément enracinée dans son pays, a une forte et originale personnalité politique, révolutionnaire dans
sa tactique mais pro-occidentale dans les buts qu'elle poursuit. Face à l'expansionnisme soviétique en Afrique australe,
l'Occident a longtemps semblé paralysé par un fâcheux esprit munichois. La résistance en Angola d'un mouvement aussi fort que
l'UNITA est pour l'Occident une aubaine. Il n'y va pas seulement de la morale politique à secourir ses amis, il y va aussi de la
défense de ses propres intérêts.
Abstract
UNITA, Angola and South Africa : the Role of the West ?, by Renaud Girard
The United States hâve recently given military aid to UNITA, a liberation movement struggling for ten years against the presence
of a Cuban expeditionary corps in Angola. Should the West help UNITA ? Many in the West are opposed to any assistance,
evoking South African aid to UNITA and implicitely denying its own political perso-nality. UNITA, however, while deeply rooted in
its own country, has a strong and unique political perspective being revolutionary in tactic but pro-West in its goals. Confronted by
Soviet expansionism in southern Africa, the West seemed to be paralyzed for many years by a regretable Munick Conference-
type attitude. For the West, the résistance in Angola of a movement as strong as UNITA is a windfall. Both political morality in
helping its friends, and the défense of its own interests are at the heart of the West's engagement.
Citer ce document / Cite this document :
Girard. L'UNITA, l'Angola et l'Afrique du Sud : quel rôle pour l'Occident ?. In: Politique étrangère N°2 - 1986 - 51e année pp.
505-514.
doi : 10.3406/polit.1986.3584
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1986_num_51_2_3584POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 505
L'UNITA, l'Angola
Renaud GIRARD et l'Afrique australe :
quel rôle pour l'Occident ?
On reparle, en Occident, de l'UNITA et de la guerre en
Angola. C'est que dans le cadre de l'analyse de l'expansion
de la puissance soviétique, on accorde de plus en plus
d'importance à sa stratégie d'implantation périphérique et à ceux qui
lui résistent : les freedom fighters des cinq maquis évoqués par le
président Reagan, en octobre 1985, à la tribune des Nations Unies
(Cambodge, Afghanistan, Nicaragua, Erythrée, Angola).
L'Union soviétique souhaitait fixer l'opinion publique occidentale sur
les seuls enjeux nucléaires en Europe. Sa propagande a subi là un
double échec : les mouvements pacifistes n'ont pas empêché l'instal
lation des Pershing, l'intérêt s'est déplacé vers les points extérieurs à
l'Europe où l'Union soviétique semblait pouvoir depuis dix ans
s'implanter en toute impunité.
Depuis un an, un âpre débat agite les milieux politiques américains :
faut-il ou non aider financièrement l'UNITA, mouvement de libéra
tion pro-occidental dirigé par Jonas Savimbi, dans le combat qu'il
livre depuis 1975 contre la mainmise soviéto-cubaine sur l'Angola ?
Le président Reagan a décidé en février dernier, après avoir reçu
Jonas Savimbi à la Maison-Blanche, d'accorder à l'UNITA, sur les
fonds secrets de la CIA, une aide militaire de l'ordre de 15 millions
de dollars, comprenant notamment des missiles anti-aériens Stinger.
Quelques mois auparavant, le Congrès avait aboli le fameux amende
ment Clark de 1975, qui interdisait à l'Administration américaine de
vendre des armes aux mouvements anticommunistes en Angola.
Les tenants de l'aide (hommes politiques du parti républicain mais
aussi du parti démocrate) estiment qu'elle sert la paix et la stabilité
en Afrique australe car, pour eux, seule une UNIT A forte peut
amener le gouvernement communiste du MPLA à accepter le retrait
* Grand reporter au Figaro. 506 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Zone contrôlée par l'UNITA ; la flèche localise l'offensive des FAPLA
et des Cubains à la fin septembre 1985
ZAÏRE * •"
Illustration non autorisée à la diffusion
Ondangwa # Rundul*~m**^!>*~LTAPRIVi
Bagani
NAMIBIE
BOTSWANA
100 KM Vers Windhoek
Source : Le Figaro, 29 octobre 1985. ANGOLA ET AFRIQUE AUSTRALE I 507 UN1TA,
des forces cubaines et la tenue d'élections libres. Ils ont gagné la
première manche. Gagneront-ils les suivantes ? Rien n'est moins sûr.
Les adversaires d'une aide américaine à l'UNITA développent une
argumentation l fort habile, en trois temps :
• La République sud-africaine (RSA) aide l'UNITA. Aider l'UNITA
c'est donc pour les Etats-Unis s'aliéner tous les pays africains et les
populations noires anti-apartheid en RSA.
• L'aide soviétique et le nombre des Cubains sur le terrain sont
considérables. Il est illusoire de penser qu'un engagement américain
aussi limité les amènerait à quitter le pays. Quant à un engagement
plus important, qui serait assez fou pour le préconiser ?
• II y a d'autres moyens pour faire progresser les intérêts et les
valeurs américaines : le commerce et l'investissement. Une fois la
guerre finie, le régime du MPLA se tournera naturellement vers
l'Occident. Le seul moyen de réduire l'influence soviéto-cubaine en
Angola c'est d'amener l'Afrique du Sud à accepter le règlement de la
question namibienne.
Il importe d'examiner un à un ces trois arguments pour se détermi
ner sur un éventuel rôle à jouer pour les Etats-Unis et, plus
largement, pour l'Occident en Angola. Mais, auparavant, il est une
constante qui sous-tend l'ensemble de l'argumentation des adversaires
du soutien américain à l'UNITA. Ces derniers ne définissent
l'UNITA que par le soutien que lui apporte la RSA, lui déniant ainsi
toute personnalité propre, faisant d'elle un mouvement fantoche. Or a bel et bien une personnalité politique propre, et c'est une
très forte personnalité.
L'UNITA : une personnalité politique originale
Si l'UNITA jouit en Afrique d'une personnalité politique très forte,
c'est qu'elle est à la fois :
• un authentique mouvement de décolonisation,
• un mouvement qui n'a jamais accepté que l'indépendance de
l'Angola soit confisquée,
• un qui mène une guerre révolutionnaire,
• un mouvement qui jouit de très forts soutiens régionaux,
• un qui a des principes et une idéologie très particul
iers.
1. Cf. par exemple Against American Intervention in Angola's War, libre opinion
d'Anthony Lewis, The New York Times, 12 décembre 1985. 508 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Un authentique mouvement de décolonisation
L'UNITA (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola)
est fondée en 1966 par Jonas Savimbi, pour lutter en faveur de
l'indépendance de l'Angola. Le père de Savimbi, pasteur protestant,
indépendantiste convaincu, mourra dans les geôles de la PIDE,
police politique portugaise. Neuf années de combat de brousse contre
les troupes portugaises donnent à Savimbi une incontestable légit
imité anti-coloniale.
Oui est Jonas Savimbi, père fondateur et leader incontesté de
l'UNITA depuis vingt ans ? Quatre différentes cultures, quatre diffé
rentes éducations, toujours assimilées et jamais reniées, vont cons
truire sa personnalité.
Né vers 1935 dans un petit village du centre proche de la ligne de
chemin de fer de Benguela, Savimbi est d'abord un fils des Ovim-
bundus, ethnie implantée principalement au centre du pays. Avant le
combat, c'est toujours dans la langue des Ovimbundus que Savimbi
exhorte ses troupes, même si les ordres donnés aux officiers le sont
en portugais. De par son père pasteur, Savimbi reçoit une profonde
éducation religieuse protestante. Aujourd'hui il ne craint pas de la
revendiquer hautement — « je combats pour

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