La contribution de Gérard Collomb : Inventer l avenir
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La contribution de Gérard Collomb : Inventer l'avenir

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Nous sommes tous encore meurtris par le drame que vient de connaitre notre pays. Partout en France des millions de personnes ont réagi en se rassemblant, en faisant bloc pour signifier que soudain ce qui les unissait était infiniment plus profond que ce qui pouvait les séparer. Ils faisaient chaud au cœur, ces immenses cortèges dans toutes les villes de France où nous nous sommes retrouvés ensemble, pardelà nos divergences religieuses, pardelà nos appartenances politiques. Une France rassemblée ! C’est ce qu’on aimerait pouvoir dire. On sait hélas que la réalité est différente et que notre pays est aujourd’hui traversé par de profondes fractures. A commencer d’abord par celle, essentielle, qui voit des enfants de l’immigration peiner à se retrouver dans les valeurs de la République. Enfants du chômage et de la crise, en panne d’intégration! Ils ont le sentiment d’être en marge, font dans la débrouille. Un certain nombre d’entre eux viennent grossir les rangs de la délinquance quand ils ne s’inventent pas, au travers des réseaux sociaux, un idéal en rupture avec la République. C’est sur ce terreau là que prospère le fondamentalisme, que s’enracinent les vocations terroristes. A l’opposé, mais tout aussi malmenée par la crise, une partie importante des couches populaires, bascule, elle, vers des thèses populistes, xénophobes, alimentant de plus en plus massivement le vote « Le Pen ». Une telle situation n’est pas propre à la France.

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Publié le 29 janvier 2015
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Langue Français
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Extrait

Nous sommes tous encore meurtris par le drame que vient de connaitre notre pays. Partout en France des millions de personnes ont réagi en se rassemblant, en faisant bloc pour signifier que soudain ce qui les unissait était infiniment plus profond que ce qui pouvait les séparer. Ils faisaient chaud au cœur, ces immenses cortèges dans toutes les villes de France où nous nous sommes retrouvés ensemble, pardelà nos divergences religieuses, pardelà nos appartenances politiques.
Une France rassemblée !
C’est ce qu’on aimerait pouvoir dire. On sait hélas que la réalité est différente et que notre pays est aujourd’hui traversé par de profondes fractures. A commencer d’abord par celle, essentielle, qui voit des enfants de l’immigration peiner à se retrouver dans les valeurs de la République. Enfants du chômage et de la crise, en panne d’intégration! Ils ont le sentiment d’être en marge, font dans la débrouille. Un certain nombre d’entre eux viennent grossir les rangs de la délinquance quand ils ne s’inventent pas, au travers des réseaux sociaux, un idéal en rupture avec la République. C’est sur ce terreau là que prospère le fondamentalisme, que s’enracinent les vocations terroristes.
A l’opposé, mais tout aussi malmenée par la crise, une partie importante des couches populaires, bascule, elle, vers des thèses populistes, xénophobes, alimentant de plus en plus massivement le vote « Le Pen ».
Une telle situation n’est pas propre à la France. Elle est latente dans un certain nombre de pays européens mais dans aucun, elle n’atteint une intensité comparable à celle qu’elle connaît dans notre pays. Sans doute parce que nous sommes aujourd’hui une des sociétés les plus bloquées.
La France connait en effet un paradoxe. C’est la nation où le principe d’égalité est le plus affirmé, où l’arsenal législatif pour y parvenir est le plus important. Et en même temps, c’est le pays où l’impact du milieu social sur la réussite scolaire et professionnelle est le plus fort, où la frontière entre ceux qui sont exclus du marché du travail et ceux qui bénéficient d’un statut protégé est la plus grande.
Tout se passe comme si l’affirmation de l’idéal d’égalité était inversement proportionnelle à la concrétisation de celleci. Tout se passe comme si, à mesure que l’on développait des mesures pour l’atteindre, les rangs des précaires, des chômeurs, des exclus ne cessaient de
grossir. C’est pour essayer d’analyser cette contradiction et pour proposer des solutions que nous déposons cette contribution.
Notre parti, parce que le Président de la République et le Premier ministre sont issus de ses rangs, a aujourd’hui une énorme responsabilité. Il n’est évidemment pas comptable d’une crise qui a éclaté en 2008, d’une dégradation de la compétitivité française quine cesse d’empirer depuis 20 ans, maisc’est pour nous une évidence : le logiciel socialiste a vieilli et il est urgent de le reformater pour tenir compte des réalités des temps présents. Nous devons bien sûr continuer à porter nos valeurs de solidarité, de générosité mais il nous faut prendre en compte la société telle qu’elle est aujourd’hui, il nous faut, pour reprendre les mots de Jaurès, comprendre le réel pour aller à l’idéal.
1.1 Une perte de compétitivité
A l’origine de tout, il y a évidemment une panne de l’économie française dont il faut mesurer la gravité. Car elle est à l’origine de la crise sociale et même de la crise morale que notre pays connaît. C’est elle qui produit ce chômage de masse, cette précarisation destrajectoires de vie que nous connaissons aujourd’hui.
Depuis 2008, la France a perdu plus de 280.000 emplois salariés privés. Un recul plus préoccupant encore si l’on regarde l’emploi industriel. Car depuis 10 ans, ce sont plus de 700.000 emplois industriels qui ont été détruits.
Encore ces chiffres ne disentils pas tout de la profondeur de la crise. Car les disparités entre territoires se sont dans le même temps considérablement aggravées. Alors que les grandes métropoles ont continué à créer des emplois au travers du développement de l’économie de la connaissance, un certain nombre de zones, par exemple le Nordest de la France, le Nord de la Bourgogne, l’Auvergne, le Limousin, ont vu leur économie, centrée sur des industries plus traditionnelles, s’effondrer. Dans certains de nos quartiers, le chômage dépasse même les 20%, 45% pour les jeunes.
Cette panne de notre économie est le résultat d’une perte de compétitivité de notre pays qui n’a pas su renouveler son appareil productif et enregistre donc des pertes de marché considérables.
En 1995, les parts de marché à l’export des entreprises en zone euro étaient d’environ 18%. Elles se situent aujourd’hui à 12,2%, un plus bas historique.
En Chine, pour donner l’exemple d’un grand pays émergent, les parts de marché des entreprises françaises sont de 1,3%, celles6,3%de l’Allemagne de , soit quatre fois plus.
An niveau global, on estime que l’industrie française a perdu plus de 35% de parts de marché à l’export depuis20 ans.
Ce n’est pas seulement à l’export mais aussi sur notre marché intérieur que nous avons reculé, ce qui fait que notre balance commerciale, positive au début des années 2000 est aujourd’hui très déficitaire (57 milliards d’euros en 2013).
Ce n’est pas un reflux, c’est un effondrement.
1.2Les causes d’un recul
Les causes de ce recul sont multiples.
Il y a d’abord la faiblesse des marges de nos entreprises.
Lorsque l’on regarde leur évolution, on constate qu’elles n’ont cessé de baisser depuisdix ans pour atteindre aujourd’hui un point historiquement bas de 28% contre 38% dans la zone euro et 41% en Allemagne.
C’est là la conséquence
d’une fiscalité pénalisante pour les entreprises: en France, on taxe les revenus du capital comme ceux du travail, ce qui décourage l’investissement et le risque.
 du poids très important des prélèvements obligatoires (46% en France et 41% en moyenne dans la zone euro et 40% en Allemagne) qui pèsent pour une grande partie (les 2/3) sur les entreprises.
Au total, faute de marges suffisantes, la grande masse de nos entreprises petites et moyennes n’a les moyens d’investir ni dans l’innovation, ni dans la qualitéproduit, ni dans le développement d’infrastructures à l’export. Pour ne donner qu’une illustration témoignant du retard de notre appareil productif, l’industrie française ne compte que 34.000 robots quand l’Allemagne en dénombre 162.000.
Il y a ensuite tous ces freins à la mobilité qui bloquent l’évolution des entreprises.
Ce sont d’abord des freins à l’embauche. Parce que les entreprises craignent de ne pouvoir ajuster leurs effectifs en cas de baisse de leur carnet de commande, elles n’embauchent pas, ou alors 9 fois sur 10 sous forme de CDD et pour des périodes de plus en plus courtes (la moitié des CDD durent moins de dix jours).
Ce sont aussi des freins à l’évolution de notre appareil productif. On le sait, nous vivons aujourd’hui dans une économie de l’innovation marquée par la rapidité des mutations. En quelques années, une start uppeut devenir une entreprise globale et à contrario, de grands groupes établis peuvent se retrouver dans d’importantes difficultés et finir par s’effondrer. Il faut donc permettre aux entreprises d’être mobiles. D’abord pour s’adapter à une conjoncture qui peut, on l’a vu, très rapidement se retourner. Mais aussi et tout simplement pour se redéployer, pour abandonner une activité déclinante et se repositionner sur un secteur émergent.
Cela demande que les entreprises puissent avoir de la souplesse dans la gestion de leurs effectifs. Or, dans notre pays et au nom de la protection des salariés, c’est là unetâche difficile. Non d’ailleurs du fait du coût des licenciements pour lequel nous sommes dans la moyenne des pays européens. Mais en raison de leur complexité, avec des procédures juridiques longues et aléatoires (15 mois en moyenne pour un jugement au Conseil du Prudhommes, 27 mois en cas d’appel).
D’autres pays ont réussi à conjuguer souplesse pour les entreprises et sécurité pour les employés, par des dispositifs de flexsécurité. Comme l’écrit Jean TIROLE« il ne faut pas sécuriser les emplois, mais sécuriser les salariés ».
Enfin, les chefs d’entreprise se font souvent l’écho de l’inadaptation de notre système de formation.
A raison.
Il y a d’abordune inadaptation de la formation initiale
On sait qu’aujourd’hui 150 000 jeunes par an sortent sans diplôme de l’école, que 100 000 étudiants sortent de l’Université sans la licence, que l’ensemble de notre système éducatif est très éloigné des besoins du monde économique. L’apprentissage, par exemple, reste une voie sous développée, qui concerne seulement 400 000 jeunes contre 1,6 million Outre Rhin. Les filières techniques sont elles dévalorisées, alors que, là encore, elles sont au cœur du système d’enseignement supérieur allemand avec lesFachhochschule, ces universités techniques de très haut niveau, qui accueillent un quart des étudiants.
Mais cette inadaptation est aussi celle d’un système de formation professionnelle qui n’est satisfaisant ni pour les entreprises ni pour les salariés. Il bénéficie en effet davantage à ceux qui ont déjà la meilleure formation initiale et qui sont les mieux insérés, plutôt qu’à ceux qui, dépourvus de toute formation, sont les plus exposés au risque du chômage. Ainsi, on estime que sur les 32 milliards consacrés en France à la formation professionnelle, seuls 4 milliards sont fléchés vers les chômeurs.
Or la formation professionnelle, c’est bien l’un des fondements de la flexsécurité que nous venons d’évoquer et qui permet à un certain nombre de pays scandinaves de prendre en compte les nécessaires mutations de l’économie et en même temps la protection des salariés.
Bien sûr, la responsabilité d’une telle situation n’estpas à imputer aux seuls socialistes qui, 2ces vingt dernières années, n’ont exercé le pouvoir que sept ans durant. Mais il n’est pas certain que toute la gauche ait bien pris conscience des exigences d’un monde où l’innovation s’accélère, où l’économie sedéploie à l’échelle de la planète et où il n’est donc plus possible de s’abriter derrière les frontières d’un État Nation.
En fait, il y a chez certains à gauche, une mythologie, un vocabulaire qui nous renvoient à ce qu’était la classe ouvrière de la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle. Leur vision de la société est datée, leur vision de l’entreprise est obsolète. Elle ne correspond plus guère en tout cas à tous ces jeunes qui, dans les espaces de coworking ou dans les laboratoires de recherche sont en train d’inventer le monde de demain.
A ceuxlà qui voient dans toute réforme « la remise en cause des acquis sociaux », nous voulons direqu’il serait paradoxal que les socialistes, femmes et hommes de progrès, deviennent les partisans du conservatisme le plus étroit car à trop vouloir conserver le passé, c’est l’avenir qu’on risque de compromettre.
D’autres qui se réclament de Keynes se prononcent encore et toujours pour des politiques de relance quand bien même notre dette publique a dépassé les 2000milliards d’euros et que le remboursement de ses intérêts est devenu le premier poste de nos dépenses publiques sans voir que notre problème est bien plus un problème d’inadaptation de l’offre que de faiblesse de la demande.
Creuser un peu plus les déficits pour relancer la consommation risquerait dans ces conditions de bénéficier davantage aux entreprises étrangères qu’aux entreprises françaises. Nous sommes un certain nombre à nous souvenir des leçons de la politique de relance de 1981, des importationsmassives de magnétoscopes japonais ou autres produits qu’elle avait provoquées. Nous nous souvenons hélas aussi de ce tournant de la rigueur qu’il avait fallu prendre pour faire face à une situation qui se dégradait de manière accélérée.
Ces Keynésiens là sontils d’ailleurs fidèles à Keynes? On peut en douter, lui qui disait« la difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles mais d’échapper aux idées anciennes». Nous devons aujourd’hui faire nôtre une telle pensée. D’ailleurs on voit qu’à l’étranger les expériences hétérodoxes qui visent à une relance budgétaire massive ne sont pas forcément couronnées de succès. Regardons le Japon, où lesAbenomicsn’ont pas eu pour le moment l’effet escompté et où elles n’ont guère permis de sortir de la stagnation que ce pays connaît depuis maintenant plus de dix ans.
Ces solutions héritées d’un passé que l’ont ressasse sans cesse seraient, si elles étaient appliquées, inefficaces. Elles ont été contreproductives  car ce sont elles qui ont permis au Parti socialiste de s’exonérer de la nécessité d’avoir à se confronter pleinement à la réalité, de réfléchir collectivement à l’élaboration de solutions nouvelles.
Or, nous pensons que cette faiblesse initiale de notre réflexion explique très largement les difficultés qui ont été celles du Président de la République et de la majorité des gouvernements successifs depuis mai 2012, qu’elle est la cause des hésitations que nous avons connues.
L’héritage laissé par dix ans de gestion par la droite a d’abord été sousestimé. La dette  augmentée de 600 milliards en cinq ans, la dégradation de notre appareil industriel  passage 24% à 14% du PIB en dix ans, le vote de 30 milliards d’impôts supplémentaires en 2011 et début 2012: tout cela n’a pas été suffisamment pris en compte. Dece fait, les premières mesures qui ont été prises se sont révélées en décalage avec la gravité de la situation. Des décisions telles que l’augmentationde 25% l’allocation rentrée scolaire pour un coût de 400 millions d’euros,le rétablissement de la retraite à 60 ans pour 3 milliards d’euros,le blocage des loyersalors qu’il y avait un déficit de production de logementsétaient destinées à marquer la volonté d’un tournant mais elles laissaient aussi penser, à tort, que la crise était derrière nous.
Peu à peu,dans le prolongement du rapport Gallois, une ligne s’est pourtant affirmée.Enfin, on admettait que le chômage de masse s’expliquait avant tout par un manque de compétitivité de notre économie. Enfin, on reconnaissait la nécessité de rétablir les marges de nos entreprises, ce à quoi beaucoup d’économistes appelaient depuis bien des années. Mais même lorsqu’on est allé dans la direction d’une politique favorable aux entreprises avec le CICE, avec le pacte de responsabilité, il a continué à y avoir des signaux contradictoires. Ainsi de la taxe sur les plusvalues de cessions qui suscita le mouvement des Pigeons, puis de l’épisode sur la taxe sur l’excédent brut d’exploitation finalement abandonnée. Ainsi aussi des différents amendements à la loi de finances déposés par certains parlementaires socialistes, qui contribuentà susciter chez les entrepreneurs, un climat d’insécurité voire de défiance.
En définitive, la faiblesse initiale de notre réflexion collective nous a empêchés d’apporter immédiatement les bonnes réponses à la crise que connaissait la France. Le chômage a donc continué à croître et à alimenter une profonde désespérance dans ces couches populaires qui avaient tant misé sur notre retour au pouvoir. Les banlieues ont cessé d’y croire. La «France périphérique», celle de l’entredeux institutionnel, s’est, elle, un peu plus tournée vers les idées du Front National. Les couches moyennes accablées par la montée des prélèvements, se sont cabrées dans un refus del’impôt qui fissure chaque jourun peu plus cette solidarité nationale qui est à la base même de notre République. Quant aux patrons de
PME, aux jeunes dirigeants de start up, aux innovateurs et aux créateurs dont beaucoup avaient cru en nous, ils se sont retrouvés de plus en plus déconcertés par le caractère passéiste de notre conception de l’entreprise et du monde dans lequel nous vivons.
Aujourd’hui, il convient donc de changer de modèle.
Cela passe par le renouveau de la pensée socialiste. Jaurès nous a montré la voie, lui qui, à son époque, se battit, contre les tenants de la ligne « classe contre classe ». Il affirmait contre les dogmatiques que le socialisme, c’était la République menée jusqu’au bout. Il faut donc en finir avec les propos d’avanthier.
Mais ceux d’hier n’ont pas plus de pertinence. On ne peut plus non plus se référer en effet à une pensée socialedémocrate classique qui avait pour fondement la régulation de l’économie à l’échelle de l’État Nation. Car, et c’est là le grand bouleversement intervenu depuis les années 1970, il n’est plus possible aujourd’hui de penser le développement économique dans un cadre national qui a perdu sa pertinence.
On peut certes continuer dans les mots à parler de démondialiser l’économie.
C’est évidemment plus difficile d’inscrire cette démondialisation dans les faits au moment où une partie importante de nos entreprises grandes, petites et moyennes se déploient à l’échelle du monde et en particulier dans ces pays émergents où la demande va toujours croissant.
Notre défi est donc aujourd’hui de taille. Loin de nous figer dans une répétition d’un passé qui forcément bégayeil nous faut inventer un modèle pour incarner nos idéaux et nos valeursdans une société qui a profondément changé.
Le nouveau socialisme doit nous permettre de relever un triple défi : le défi économique, le défi écologique, le défi de la dette.
3.1 Le défi économique
A la base de tout, il y a le rétablissement de la compétitivité de notre économie, indispensable au retour de la croissance et de l’emploi.
Cela passe par une montée en gamme de notre système productif. Il nous faut davantage d’entreprises innovantes, d’entreprises engagées dans cette économie de la connaissance qui est à la base même des changements de notre monde.
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