LA FORMATION DU COUPLE ANTITHÉTIQUE BARBARIE/CIVILISATION ET SON ...
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LA FORMATION DU COUPLE ANTITHÉTIQUE BARBARIE/CIVILISATION ET SON ...

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Extrait

L
A FORMATION DU COUPLE ANTITHÉTIQUE BARBARIE
/
CIVILISATION
ET SON ÉVOLUTION AVANT
1914
La représentation de l’ennemi fut une composante essentielle de la culture de guerre. Elle permet de
mesurer les degrés de haine et de violence qui se sont exprimés durant le conflit. Les matériaux rassemblés
dans ce dossier en sont une parfaite illustration et témoignent du processus de régression et de
« brutalisation » à l’oeuvre dans les sociétés en guerre. Ils révèlent également que les sentiments de haine
ont été largement partagés et qu’ils ont traversé toutes les couches sociales.
Comme le rappelle l’historien britannique John Horne, la mobilisation totale impliqua « une image de la
population ennemie comme partie intégrante de son effort de guerre »
1
. Le langage manichéen tenu sur le
voisin d’outre-Rhin doit à cet effet être regardé comme le pendant de l’autre versant radical qui fut donné à
la définition de soi où la nation perd la pluralité de sens et d’interprétation qu’elle avait jusqu’alors pour se
confondre et s’incarner dans la civilisation dont l’existence est jugée menacée.
Pour prendre la mesure de ce durcissement de la perception de soi et de l’ennemi durant la Première Guerre
Mondiale, il nous faut revenir sur l’évolution que le couple antithétique a subie au XIXe siècle, car si les
métaphores des termes barbares et civilisés sont anciennes, leur signification a longtemps différé de celle
prise durant la Grande Guerre.
Avant la Révolution, la notion recouvre deux acceptions négatives :
une acception chrétienne où le terme de barbare sert à désigner le païen mais englobe également
l’incroyant, le philosophe des Lumières, en un mot tous ceux qui ne suivent pas l’orthodoxie romaine ;
une acception moderne, celle qui caractérise la philosophie des Lumières qui utilise le terme de
barbare à des fins polémiques contre l’Église chrétienne et contre les forces de la féodalité ;
des deux côtés, on attribue les mêmes défauts au barbare : la cruauté, la férocité, le vice…
Durant la Révolution, cette double acception du terme barbare se structure autour de l’avènement du fait
national et de l’antagonisme politique et social qu’il détermine. Pour les Républicains, les barbares désignent
les rois, les émigrés, les prêtes. Chez les révolutionnaires pour qui l’idée de nation recouvrait une mission
politique universelle, le barbare servait à désigner l’ennemi de la liberté et de l’humanité. Pour les royalistes
au contraire, ce sont les républicains et les philosophes qui sont qualifiés de barbares en tant qu’ennemis de
la tradition et de la foi.
L’usage du concept de «barbare» pour qualifier l’ennemi obéit à des critères politiques que ce soit chez les
partisans ou les adversaires de la Révolution, en France même aussi bien qu’à l’extérieur et cette vision de
l’antagonisme fonctionne jusqu’à la révolution de 1848.
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