La politique d expansion nord-américaine et la voie maritime du Saint-Laurent - article ; n°4 ; vol.22, pg 390-410
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Description

Politique étrangère - Année 1957 - Volume 22 - Numéro 4 - Pages 390-410
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Langlume
La politique d'expansion nord-américaine et la voie maritime du
Saint-Laurent
In: Politique étrangère N°4 - 1957 - 22e année pp. 390-410.
Citer ce document / Cite this document :
Langlume François. La politique d'expansion nord-américaine et la voie maritime du Saint-Laurent. In: Politique étrangère N°4 -
1957 - 22e année pp. 390-410.
doi : 10.3406/polit.1957.6197
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1957_num_22_4_6197LA POLITIQUE
D'EXPANSION NORD-AMÉRICAINE
ET LA VOIE MARITIME DU SAINT-LAURENT
Lorsque Jacques Cartier quitta Saint-Malo, le 20 avril 1534, il n'avait
reçu d'autre mission de François Ier que celle de « descouvrir certaines
isles et pays où l'on dit qu'il doit trouver quantité d'or et d'autres
riches choses ». Jacques Cartier n'en trouva point mais il reconnut
l'estuaire le plus gigantesque de la planète, celui du Saint-Laurent que
les Indiens nommaient « Hochelaga ». Il venait de découvrir le Canada
qui signifie « Amas de cabanes » en langue hurone et ce qu'il croyait
être la route du Cathay de Marco Polo, c'est-à-dire le passage mari
time du Nord-Ouest vers les Indes orientales. Cette croyance fut ren
forcée par les déclarations des deux Indiens prisonniers de guerre qu'il
ramena. Ceux-ci dès qu'ils surent s'exprimer en français décrivirent
les merveilles d'un royaume de l'Ouest, le « Saguenay ».
Si les déductions des Français furent à l'époque erronées, les prophét
ies des deux Hurons se trouvent, quatre siècles après leur énoncé,
entièrement vérifiées. La mise en valeur des richesses du Canada se
trouve aujourd'hui comme jadis conditionnée par la navigabilité du
Saint-Laurent.
Le 2 octobre 1535, Jacques Cartier se heurtait aux rapides de
Lachine qu'il ne put franchir et dont le nom symbolisa les buts de cette
première tentative coloniale française en Amérique du Nord. Il fallut
attendre 16 n et Samuel de Champlain, obsédé lui aussi par l'idée que
le fleuve Saint-Laurent était la meilleure route pour aller en Chine,
pour marquer quelques progrès dans la remontée de la rivière. Lors
d'une seconde expédition en 1615, Champlain et Brûlé suivirent en
canots d'écorce la rivière Ottawa, descendirent la Mattawa, et par le
lac Nippising atteignirent la Georgian bay : ils découvrirent les lacs
Ontario et Erié.
Ce n'est que cinquante ans plus tard que les Français Groseillers et
Nadisson, Jolliet et Marquette, enfin Cavelier de la Salle, complété- LK CANADA ET i/ AMÉNAGEMENT DU SAINT-LAURENT 391
rent la cartographie approximative du Saint-Laurent, des Grands
Lacs, du bassin du Mississipi et de ses affluents le Missouri et la Mine-
sotta.
En 1730, Pierre de La Verendrye découvrît Winippeg mais la charge
de son expédition lui incombant entièrement, il mesura l'éloignement
de l'Océan Pacifique aux récits des indigènes et préféra s'attaquer à
l'organisation de courants commerciaux que les tribus qui se livraient
à la traite des fourrures avaient ébauchés avec la Compagnie de la
Baie d'Hudson.
Dès lors le problème fut posé : la colonisation et la mise en valeur
de cet immense pays, qui s'étend sur 6.000 kms, ne se feraient que par
la construction d'une voie en eau profonde qui relierait l'Océan Atlan
tique aux grands lacs intérieurs, voie qui sur 3.000 kms serait accessi
ble aux vaisseaux de haute mer. Grâce aux hommes de bonne volonté
qui- ont consacré leurs pensées et leur énergie pour résoudre les diffi
cultés posées par la succession ininterrompue entre la tête des Grands
Lacs et Montréal, de rapides tumultueux, ce rêve est aujourd'hui en
passe de devenir une réalité.
Pourquoi et comment ? telles sont les questions auxquelles je vais
essayer de répondre.
De Duluth à un point situé à une centaine de kilomètres en amont
de Montréal, c'est-à-dire sur 2.000 kms, les Grands lacs et le Saint-
Laurent séparent politiquement le Canada des Etats-Unis.
Pendant 150 ans, jusqu'à la deuxième guerre mondiale, la coloni
sation du continent nord-américain s'est faite dans le sens Est-Ouest ;
pendant cette même période, les Etats-Unis devenaient la première
puissance mondiale et le Canada passait du stade de colonie sous-déve-
loppée de la couronne britannique à celui de grande puissance mond
iale indépendante politiquement et financièrement. Disons que pen
dant cette période, les deux Etats eurent à résoudre des problèmes
d'ordre interne qui s'opposaient aux conceptions étrangères. Ainsi,
le problème de la canalisation étant un problème d'ordre international
entre le Canada et les Etats-Unis, mais étant alors d'un bien plus
grand intérêt pour le Canada, notamment pour l'évacuation des blés de
la Prairie, rencontra longtemps l'hostilité des Américains ainsi que celle
des grands réseaux de chemin de fer. 392 F.
II en aurait été sans doute autrement si les courants qui agitèrent
îe xixe siècle canadien avaient rattaché ce Dominion à l'Union. Vha-
bile politique de l'Angleterre ne le permit pas et les traités de 1818,
1842, 1846 et 1909 qui réglèrent d'irritantes questions de frontières et
d'incursions américaines dans les Prairies, en témoignent, La majorité
canadienne ne se serait d'ailleurs pas opposée à un rattachement
puisque les populations étaient de la même souche et avaient les mê
mes préoccupations « américaines ». Ce n'est que par un automatisme
naturel que le Canadien d'aujourd'hui prend conscience de l'idée de
patrie qui lui est venue avec l'indépendance, et comme le disait r
écemment M. Crump, président du Canadian Pacific, non pas comme
la conséquence de trois refus traditionnels : refus d'un peuple de
devenir américain, refus d'être soumis à l'impérialisme britannique,
refus de suivre l'évolution politique et sociale de la France du
xviii6 siècle.
Dès 1940, l'accession des Etats-Unis au leadership mondial et la
montée menaçante de la puissance russe, a fait comprendre au gouver
nement de Washington que l'amitié entre les deux voisins condition
nait la sécurité, non seulement du continent, mais en premier lieu
celle des Etats-Unis. L'aspect militaire et économique de ce concept en
fait l'une des préoccupations politiques majeures du gouvernement
américain.
Militaire : parce que le Canada constitue un élément plus important,
plus direct que l'OTAN, l'OTASE ou l'ANZUS dans le système de
défense des Etats-Unis ; il se trouve en effet dans la trajectoire des
bombes téléguidées et sur la ligne de vol des bombardiers soviétiques
les plus courtes qui se conçoivent actuellement, en cas d'attaque at
omique sur les grandes villes américaines. De l'Alaska à Goose Bay au
Labrador, en passant par la baie d'Hudson, l'état-major combiné qui
siège à Washington a tissé, sur le glacis canadien, une double cein
ture radar.
Economique : parce que dans la lutte à mort engagée par les deux
blocs antagonistes, les Etats-Unis ne maintiendront leur hégémonie
uiHtérielle qu'en doublant leur potentiel de production et leur popul
ation. A part l'énergie atomique dont les perspectives ne peuvent
encore être clairement délimitées, les facteurs de puissance tradition-
nel-i ne leur seront fournis que par l'appoint canadien que la politique
économique d'Ottawa facilitera. Après avoir gagné son indépendance
à Tégard de la Grande-Bretagne et découvert les richesses de son sol CANADA ET L'AMÉNAGEMENT DU SAINT-LAURENT 393 LE
et de son sous-sol, le Canada inaugura en effet une politique libre
échangiste faisant appel aux techniciens et aux capitaux étrangers ;
cette coïncidence heureuse fut mise à profit par les Etats-Unis et si
le dollar canadien détaché du bloc sterling est devenu la monnaie la
plus forte du monde, ce n'est certes pas à une balance commerciale
chroniquement déficitaire qu'il le doit, mais à l'invasion des capitaux
étrangers et en tout premier lieu américains.
Il n'est plus possible de cacher aujourd'hui que douze an après la
fin de la guerre, banques et

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