La politique étrangère du président Bush : un premier bilan du processus décisionnel - article ; n°3 ; vol.59, pg 833-852
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Description

Politique étrangère - Année 1994 - Volume 59 - Numéro 3 - Pages 833-852
President'Bush Foreign Policy, by Charles-Philippe David
This article offers a gênerai overview of the foreign policy of the Bush Administration, through a decision-making analysis which explains the strengths and weaknesses of the Présidents style. The management of foreign affairs is examined on the basis of presidential personality, bureaucratie debates within the Administration and the philosophy of Bush and his advisers during the defining moments of the end of the Cold War. The underlying characteristics of the decision-making process tend to indicate that, while experienced, the Bush team was short of ideas in redefining foreign policy and clearly favored a policy of status quo. The examples of the invasion of Panama, the Gulf War, German reunification, arms control, the fall of the Soviet Union and the Yugoslav crisis, among others, illustrate this appraisal of the Bush record in world affairs.
Cet article suggère un premier bilan d'ensemble de la politique étrangère du président Bush, par le biais d'une analyse décisionnelle qui explique les forces et les faiblesses de l'approche du chef de la Maison-Blanche ainsi que celle de ses conseillers. Après avoir passé en revue la gestion du processus décisionnel par l'équipe Bush, l'article évalue la performance de celle-ci dans le domaine international en fonction de la personnalité du Président, des débats bureaucratiques au sein de son Administration et de la philosophie adoptée par cette dernière durant les grands moments de la fin de la guerre froide. Les exemples, entre autres, de l'intervention au Panamá, de la guerre du Golfe, de la réunification de l'Allemagne, de la maîtrise des armements, de la chute de l'URSS et de la crise yougoslave, illustrent les traits caractéristiques d'un processus de prise de décision reflétant à la fois l'expérience du Président et de son équipe et leur tendance à vouloir perpétuer le statu quo en politique exterieure.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 116
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

David
La politique étrangère du président Bush : un premier bilan du
processus décisionnel
In: Politique étrangère N°3 - 1994 - 59e année pp. 833-852.
Citer ce document / Cite this document :
David. La politique étrangère du président Bush : un premier bilan du processus décisionnel. In: Politique étrangère N°3 - 1994 -
59e année pp. 833-852.
doi : 10.3406/polit.1994.4315
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1994_num_59_3_4315Abstract
President'Bush Foreign Policy, by Charles-Philippe David
This article offers a gênerai overview of the foreign policy of the Bush Administration, through a
decision-making analysis which explains the strengths and weaknesses of the Présidents style. The
management of foreign affairs is examined on the basis of presidential personality, bureaucratie
debates within the Administration and the philosophy of Bush and his advisers during the defining
moments of the end of the Cold War. The underlying characteristics of the decision-making process
tend to indicate that, while experienced, the Bush team was short of ideas in redefining foreign policy
and clearly favored a policy of status quo. The examples of the invasion of Panama, the Gulf War,
German reunification, arms control, the fall of the Soviet Union and the Yugoslav crisis, among others,
illustrate this appraisal of the Bush record in world affairs.
Résumé
Cet article suggère un premier bilan d'ensemble de la politique étrangère du président Bush, par le biais
d'une analyse décisionnelle qui explique les forces et les faiblesses de l'approche du chef de la Maison-
Blanche ainsi que celle de ses conseillers. Après avoir passé en revue la gestion du processus
décisionnel par l'équipe Bush, l'article évalue la performance de celle-ci dans le domaine international
en fonction de la personnalité du Président, des débats bureaucratiques au sein de son Administration
et de la philosophie adoptée par cette dernière durant les grands moments de la fin de la
guerre froide. Les exemples, entre autres, de l'intervention au Panamá, de la guerre du Golfe, de la
réunification de l'Allemagne, de la maîtrise des armements, de la chute de l'URSS et de la crise
yougoslave, illustrent les traits caractéristiques d'un processus de prise de décision reflétant à la fois
l'expérience du Président et de son équipe et leur tendance à vouloir perpétuer le statu quo en politique
exterieure.POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 833
La politique étrangère
du président Bush : Charles-Philippe DAVID*
un premier bilan
du processus décisionnel
Lorsque George Bush succède à Ronald Reagan, en janvier 1989, peu
d'observateurs prévoient des changements significatifs dans le domaine
de la politique étrangère. En peu de temps, pourtant, George Bush et
ses conseillers devront faire face à des changements importants dans le
domaine des relations internationales, dont la fin de la guerre froide, la
dissolution de l'Union soviétique et la réunification de l'Allemagne. Ces
transformations forceront l'Administration à revoir les politiques américaines
traditionnelles, ce qui deviendra pour elle une source d'opportunités, mais
aussi l'objet d'inquiétudes très importantes. Sa performance sera inégale, dans
la mesure où elle semblera tantôt sûre d'elle-même (le cas de la guerre du
Golfe ou de l'intervention humanitaire en Somalie), tantôt hésitante (lors des
crises secouant par exemple l'URSS et la Yougoslavie). Alors que l'équipe
Bush fait preuve de détermination lors de l'invasion de Panama ou du recours
à la force contre l'Irak, elle paraît manquer de vision à long terme pour
définir une politique extérieure post-guerre froide. Cette dualité s'explique en
grande partie par le caractère et les comportements contradictoires d'un
président à l'allure pragmatique mais qui manque de flair pour imiter un
Ronald Reagan au style et au discours mobilisateurs. Principalement intéressé
par les enjeux de politique étrangère et négligeant de résoudre les problèmes
intérieurs du pays, George Bush, en novembre 1992, sera rejeté par une
majorité d'électeurs insatisfaits de sa performance et convaincus de la nécessité
d'un changement de président. L'Administration Bush sera incapable d'utiliser
ses compétences et ses réalisations en politique extérieure pour conserver le
pouvoir. En ce sens, l'habile maîtrise des rouages décisionnels n'aidera pas
George Bush à renouveler son mandat présidentiel.
La gestion du processus décisionnel sous George Bush
George Bush sera un président actif, au même titre que Franklin Roosevelt,
Harry Truman, John F. Kennedy, Lyndon Johnson, Richard Nixon et Jimmy
Carter [1]. En réalité, affirment les chercheurs Larry Berman et Bruce Jentle-
son, « Bush est sans nul doute un dirigeant plus décidé que ne l'a été Jimmy
Carter et davantage responsable que ne le fut Ronald Reagan. » En revanche,
* Professeur d'études stratégiques au Collège militaire canadien de S'-Jean, S'-Jean-sur-Richelieu
(Québec). 834 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
ajoutent-ils, « il ne se commettra pas dans la microgestion exagérée des prises
de décision, comme Lyndon Johnson ou Carter » [2]. George Bush n'aura rien
non plus d'un visionnaire ou d'un idéaliste lorsque le moment sera venu de
définir les grandes orientations de sa politique étrangère. A cet égard, son
manque de réflexion à long terme et d'imagination dans ses discours ou dans
l'annonce de ses politiques sera fortement critiqué. George Bush compensera
cette lacune par un surcroît de travail et par une nette propension aux
décisions à court terme suggérées par ses conseillers. Davantage que ses
prédécesseurs, George Bush ravivera sans relâche ses contacts avec les memb
res de son Administration, avec les législateurs ou les électeurs, multipliant
les entretiens directs et les appels téléphoniques. « En plusieurs occasions,
observent les journalistes Michael Duffy et Dan Goodgame, Bush intervien
dra personnellement de façon décisive » [3]. Cette stratégie de consultation
accentuera le style hyperactif du Président. Au lieu de se concentrer sur un
ou deux enjeux fondamentaux, George Bush attaquera de front plusieurs
problèmes. Son approche sera teintée de prudence, voire de procrastination, et
il donnera parfois l'impression de favoriser le statu quo. Même au début du
conflit avec l'Irak, l'attitude du Président demeurera circonspecte et graduelle,
et il s'assurera d'avoir les appuis nécessaires à ses prises de décision. George
Bush voudra constamment éviter les erreurs dans le choix de ses décisions et
de ses politiques. Si John F. Kennedy voulait toujours faire mieux, George
Bush voudra, lui, éviter le pire. «Je ne veux pas répéter la bévue de Kennedy
avec la Baie des cochons. Je ne veux pas faire quoi que ce soit de stupide »
dira-t-il à son personnel [4]. D'où son apparente volonté de rechercher les
meilleures solutions dans l'intérêt public.
« Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, j'adore sincèrement mon travail de
président » dira George Bush, à plusieurs reprises, pendant la première année
de son mandat [5]. Comme Ronald Reagan, son enthousiasme sera illimité
envers les possibilités de sa présidence. George Bush se souciera beaucoup de
son image publique, des sondages d'opinion et de l'impact de ses politiques
sur les électeurs. Il divisera le monde entre les bons et les méchants, préférant
croire que ces derniers constituent une minorité qu'il faut parfois ramener à
l'ordre (comme Manuel Noriega ou Saddam Hussein). En effet, George Bush
possède une confiance inébranlable en la bonté humaine ; il adopte donc un
comportement positif et encourageant. Rien de surprenant au fait que les
Américains l'aient appuyé massivement pendant les trois premières années de
son mandat. Il fut estimé parce qu'il reprenait le discours optimiste reaganien,
jusqu'à ce que, en 1992, ce discours soit devenu inapte à régler les problèmes
socioéconomiques de l'Amérique.
George Bush adoptera une structure décisionnelle relativement simple et
adaptée à sa personnalité et à ses habitudes de travail. La gestion du
processus décisionnel se

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