La résistance chinoise et ses incidences actuelles - article ; n°4 ; vol.11, pg 389-408
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Description

Politique étrangère - Année 1946 - Volume 11 - Numéro 4 - Pages 389-408
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 72
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Yvon
La résistance chinoise et ses incidences actuelles
In: Politique étrangère N°4 - 1946 - 11e année pp. 389-408.
Citer ce document / Cite this document :
Yvon Louis. La résistance chinoise et ses incidences actuelles. In: Politique étrangère N°4 - 1946 - 11e année pp. 389-408.
doi : 10.3406/polit.1946.5468
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1946_num_11_4_5468LA RÉSISTANCE CHINOISE
ET SES INCIDENCES ACTUELLES
les « fleuves Là Chine qui est s'y une jettent. mer qui » sale tous
(Proverbe chinois.)
Depuis les temps les plus reculés, la Chine, de même que la Russie, a
toujours réagi avec succès contre ses envahisseurs. Réaction de masse, pro
fonde, lente, servie par le facteur géographique, et en premier lieu l'espace,
mais lente et informe parce que le plus souvent inorganisée et inconsciente.
Réaction toujours victorieuse en fin de compte et conduisant soit à l'absorpt
ion, soit au rejet pur et simple de l'envahisseur temporaire.
Conquise par les Mongols et organisée par eux, la Chine digère ses
conquérants, qui lui permettent de porter ses frontières jusqu'à l'océan
Indien et au delà aes sables khirgizes. Soumise à une dynastie mandc
houe, qui fige pendant deux siècles les caractères propres de sa civilisa
tion et manque de lui imposer, par faiblesse et sans contrepartie loyale,
des éléments étrangers disparates, la Chine réagit violemment en 1901.
Réaction menée, d'abord, à l'ancienne manière, sous l'influence et la direc
tion des sociétés secrètes, puis, après la proclamation de la République,
en 1911, sous l'influence de jeunes intellectuels et dirigeants politiques,
formés pour la plupart à l'étranger pour échapper aux rigueurs de la loi
mandchoue.
Rôle du parti Kouomintang.
Cette jeunesse intellectuelle, avide de s'instruire, en échappant aux
anciennes formes, avait été réveillée par la guerre sino-japonaise de 1 895,
les traités inégaux conclus avec les grandes puissances et sous leur pression,
et surtout la guerre russo- japonaise de 1905. Elle était ralliée aux idées pro
fessées par le D* Sun-Yat-Sen, alors réfugié au Japon, qui, déjà soucieux
de se tailler une place prépondérante sur le continent asiatique, avait ouvert LOUIS YVON 390
ses portes aux réfugiés politiques et aux étudiants qu'il instruisait dans
ses écoles militaires. Réunis par des liens secrets extrêmement actifs
entre universités de l'ancien et du nouveau monde, ces «jeunes Chinois»
constituaient le parti Ko-Min-Tang (parti de ceux qui déchirent le
pacte), transformé plus tard en parti Kouo-Min-Tang (parti national
populaire) sous l'égide du triple démisme (nation-peuple-esprit secial),
formule de ralliement lancée par le Dr Suh-Yat-Sen, fondateur de la doc
trine de la démocratie chinoise.
Le parti Kouomintang, qui préside encore actuellement aux desti
nées de la Chine, s'était donné dès l'époque pour mission de conduire la
nouvelle République vers de nouvelles voies de réformes sur le plan inté
rieur et international.
Dans l'ensemble, il n'a pas failli à cette mission ; si, au début, ses
premières manifestations furent à base d'exaspération nationaliste et
d'extrémisme xénophobe, ses dirigeants aperçurent bien vite l'avantage
de développer dans un sens humain, démocratique et international les
aspirations profondes de la Chine.
Toute son idéologie consiste à utiliser le pouvoir qu'il détient au nom
du peuple, et du peuple seul, en vue de hâter l'évolution de la Chine dans
le sens général de la marche de l'humanité. .Trait d'intelligence chinoise,
souci de ne plus rester en arrière, besoin de s'appuyer sur les forces démoc
ratiques pour agir, tel fut le souci constant des négociateurs et des juristes
chinois dans les diverses conférences avec les puissances qui suivirent la
première guerre mondiale, en particulier à Genève et à Washington.
Le Kouomintang demandait : le remplacement des traités inégaux par
la libre collaboration, la suppression des privilèges étrangers et en parti*
culier du droit d'exterritorialité, le paiement des taxes et des impôts
par tous les étrangers installés en Chine, la suppression du régime des
concessions et des douanes et leur remise à la Chine.
Autrement dit, la Chine tendait, par des moyens légaux, à s'affranchir de
ce qu'elle considérait comme une tutelle étrangère.
Mais, très vite, elle fut amenée à faire cadrer ses revendications avec les
grandes lignes de la politique mondiale suivie par les grandes puissances
et avec l'appui de leurs élites intellectuelles.
Les ambitions japonaises.
C'est qu'en effet, depuis 191 5 et le dépôt par le Japon des vingt et une
demandes, qui, en fait, plaçaient la Chine sous protectorat japonais, les dir
igeants du Kouomintang avaient reconnu que, pour résister aux ambi- RÉSISTANCE CHINOISE ^ 391 LA
tions d'un tel voisin, mieux valait se ranger du côté des Alliés, pour que la
Chine fût présente lors du règlement des comptes. En 1916, elle déclarait
la guerre à l'Allemagne. Le Japon, par son ambition, son rêve de dominat
ion panasiatique, venait de se montrer pour la Chine plus redoutable
que n'importe quelle autre puissance étrangère, et la «Terre des Fleurs»
lui semblait une proie facile au moment même où les Alliés étaient occupés
en Europe et où les États-Unis ne paraissaient pas encore décidés à entrer
en guerre. Dès lors, la résistance chinoise se cristallisa face aux ambitions
japonaises et rechercha les amitiés étrangères, soucieuse « d'harmoniser
les intérêts particuliers de la Chine avec les intérêts du monde entier ».
Après la conférence de Washington, la pratique de la porte ouverte et
de l'égalité des chances en Chine par les États-Unis, la diplomatie améri
caine entrait de plus en plus dans le jeu chinois.
Les Chinois sont patients. Les Japonais étaient pressés. Après une
longue période d'anarchie, de rivalités entre « grands seigneurs delà guerre »,
ou chefs provinciaux, d'intrigues étrangères de toutes sortes, séquelle
presque obligatoire du réveil d'un aussi grand pays, aussi peuplé et aussi
divers, les efforts d'organisation poursuivis par le Kouomintang de 1925
à 1 927 commençaient à porter leurs fruits.
Les Japonais n'avaient pu profiter de ces troubles comme ils l'avaient
projeté. Les armées de Tchang-Kaï-Shek — on disait à l'époque les armées
sudistes — étaient entrées à Pékin. Le réveil nationaliste était manifeste, et
la Chine menaçait de s'unir, par entente entre grands chefs nordistes et
sudfetes, sous le drapeau bleu à soleil blanc du Kouomintang. En 1931,
tes Japonais occupèrent la Mandchourie ; en 1 932, la province du Jéhol ;
en 1 933, le Chahar, menaçant Pékin et coupant ainsi les seuls moyens de
communication entre la Chine du nord, la Mongolie et la Mandchourie.
Les Chinois protestèrent de manière énergique et demandèrent l'arbi
trage de la Société des Nations. Ils prétendirent, avec habileté, et les événe
ments leur ont donné raison, que les garanties offertes par le pacte de la
Société des Nations ne devaient être transgressées en aucun cas et que toute
atteinte qui leur serait portée compromettrait le succès de Y ensemble.
Ainsi l'universalité du droit international était affirmée une fois de plus.
Des juristes éminents prirent à l'époque la défense du point de vue chi
nois. Ils ne furent écoutés que dans la mesure où leurs protestations ne
gênaient pas.
La commission Lytton ne trancha pas contre l'agresseur, et les Japonais
continuèrent à porter atteinte un peu partout aux droits souverains de la
Chine.
Dès lors, les Chinois apprirent à ne compter provisoirement que sur eux-
jnê.mes et commencèrent à se préparer au conflit inévitable, pour lequel 392 LOUIS YVON
ils étaient loin d'être prêts. Le slogan « le plus d'amis possible, un seul
ennemi : le Japon » devint le mot de ralliement de la résistance chinoise,
résistance armée en 1 932 à Shangha

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