«Le mouvement tunisien est historique. La peur de défier les ...
1 page
Français

«Le mouvement tunisien est historique. La peur de défier les ...

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
1 page
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

«Le mouvement tunisien est historique. La peur de défier les ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 161
Langue Français

Extrait

International
Le Temps
Vendredi 14 janvier 2011
4
«Le mouvement tunisien est historique.
La peur de défier les institutions a disparu»
Maghreb
Les voisins de la Tunisie suivent de très près la contestation. Tous les jeunes de la région sont dans le désarroi
Angélique Mounier-Kuhn
Chercheur au CERI-Sciences Po et
actuellement directeur scientifique
à l’Ecole de gouvernance et d’écono-
mie à Rabat,au Maroc,LuisMartinez
évalue la portée du mouvement de
contestation en Tunisiedansun con-
texte historique et régional.
Le Temps: Quelle est la nature du
mouvement de protestation en
Tunisie?
Luis Martinez:
C’est une révolte
contre un sys-
tème politique
qui n’a pas tenu
ses promesses.
Ben Ali est arrivé
au pouvoir en
1987 dans le
contexte de crise sociale et économi-
que qui a marqué la fin du règne du
président Bourguiba. Il a parlé de
modernisation économique, de
sécurité mais aussi de démocratie.
Or il a fait le choix de la sécurité
comme garante du développement
économique. Il a voulu faire de son
pays le plus prospère de la région,
un Chili du Maghreb, en prenant
Pinochet pour modèle. Vingt ans
après, pour les Tunisiens, la sécurité
est devenue étouffante, destructri-
ces de libertés. Un tiers des moins de
30 ans sont au chômage, les diplô-
més représentent 50% des chô-
meurs; si tout semble bien aller dans
les villes touristiques du littoral, les
conditions de vie dans l’arrière-pays
sont beaucoup plus difficiles. Les
Tunisiens étaient prêts à accepter un
état de servitude volontaire, à condi-
tion qu’il les fasse sortir de l’écono-
mie de subsistance. Les autorités
n’ont pas respecté le marché et les
jeunes explosent. Ils sont rejoints
par les trentenaires, quarantenaires,
quinquagénaires qui ne sont pas
dans le même désarroi matériel
mais revendiquent plus de libertés.
– Ce mouvement est-il irréversible?
– Ce qui se passe en Tunisie depuis le
17 décembre diffère des mouve-
ments sectoriels de contestation des
dix dernières années, comme celui
des mines. Depuis début janvier, il y
a une convergence de tous les
secteurs de la société, jeunes et
moins jeunes, villes du littoral et de
l’intérieur, salariés et non salariés.
Ce mouvement est véritablement
historique: la peur de défier les
institutions a disparu en Tunisie, la
population défie physiquement les
autorités. La réaction de ces derniè-
res est proportionnelle. Elles sont en
train de mettre en place un rapport
de force non plus fondé sur l’habi-
leté politique mais sur la terreur.
– Cette disparition de la peur est-elle
irréversible?
– On ne peut pas le dire, car le ré-
gime n’a mis en œuvre qu’une partie
de l’arsenal de répression. La police
a tiré à balles réelles, mais l’état
d’urgence n’a pas pour l’heure été
proclamé et l’appareil sécuritaire n’a
pas été déployé dans toutes les
villes, notamment touristiques. Plus
le régime, dont les condamnations
sont surréalistes, s’enferme dans son
déni de réalité, moins il y aura de
possibilités de retour à des rapports
plus pacifiques avec la société.
– De Rabat au Caire suit-on avec
inquiétude la situation?
– Le désarroi est commun à tous les
jeunes du Maghreb. Les moins de
30 ans, en particulier les diplômés,
sont voués au même destin de
précarité. Mais le contexte dans
l’Algérie post-guerre civile diffère.
La société vit dans l’inquiétude du
redémarrage d’un cycle de violen-
ces. Les émeutes y sont des événe-
ments récurrents, presque banals.
Mais il est peu vraisemblable
qu’une convergence génération-
nelle et sectorielle s’enclenche pour
défier le régime algérien comme
c’est le cas en Tunisie. En Algérie, un
tel mouvement a eu lieu dans les
années 1980, alors que l’Etat FNL
(Front national de libération) était
devenu irrespirable.
– Et en Libye, en Egypte?
– Tripoli suit très attentivement la
situation, car une grande partie de
la Libye est très liée à la Tunisie par
les échanges commerciaux, touristi-
ques. Et il y a des similitudes: des
jeunes n’ayant pas choisi le régime
qui méprise les droits de l’homme.
Il y a, de plus, en Libye des richesses
colossales dont ne profite pas la
société. Des émeutes ponctuelles
ont parfois lieu; elles sont dissua-
dées et très peu médiatisées. Pour
beaucoup, en Libye, la dynamique
tunisienne peut être tentante. A une
nuance près, la peur du régime n’a
pas disparu. Quant à l’Egypte, elle
est actuellement confrontée à une
autre ligne de fracture: celle du
vivre ensemble entre chrétiens
coptes et musulmans. Certains se
posent d’ailleurs la question de
l’opportunité de l’attentat d’Alexan-
drie, comme facteur ayant permis
de déplacer la ligne des inquiétudes
vers les violences confessionnelles
et loin de la contestation du régime.
– Peut-on faire un parallèle entre la
révolte tunisienne et le Mouvement
vert en Iran?
– On peut dresser des parallèles,
mais la situation diffère. En Iran, la
contestation ne portait pas tant sur
le régime que sur l’usage qu’il a fait
d’un vote républicain. La rue tenait à
exprimer son attachement à l’im-
portance de son choix électoral, en
faveur de Mir Hossein Moussavi,
rival légitime d’Ahmadinejad. En
Tunisie, où les scrutins sont une
immense farce, ce n’est pas un
événement politique qui a fait
déborder le vase, mais des facteurs
socio-économiques.
Nouvelles promesses
de Ben Ali
Le président tunisien
Zine el-Abi-
dine Ben Ali a annoncé jeudi ne pas
avoir l’intention de briguer un nou-
veau mandat. «Pas de présidence à
vie et je refuse de toucher à la limite
d’âge fixée par la Constitution», a
déclaré le président, au pouvoir
depuis 1987 et qui a été réélu en
octobre 2009 pour un mandat de
cinq ans. Il était sollicité par des
membres de son parti pour se
représenter en 2014.
«Assez de tirs à balles réelles»,
a-t-il ajouté dans ce discours
prononcé en tunisien dialectal dans
une intention apparente de se faire
comprendre par tous les Tunisiens.
«Je vous ai compris», a martelé le
président à plusieurs reprises,
avant de promettre la
«liberté
totale» de l’information
et de
l’accès à Internet, sujets sur les-
quels il était critiqué notamment
par les Etats-Unis.
Sur le terrain, des
affrontements
meurtriers
entre manifestants et
forces de sécurité ont eu lieu à
Tunis et dans sa banlieue. Un
manifestant a été tué. La prési-
dente de la Fédération internatio-
nale des ligues des droits de
l’homme (FIDH), Souhayr Belhas-
sen, a affirmé à Paris détenir une
liste nominative de
66 personnes
tuées
depuis le début des troubles
mi-décembre, dont huit dans la nuit
de mercredi à jeudi dans la ban-
lieue de Tunis, malgré le couvre-feu
nocturne décrété la veille.
AFP
Après la complaisance, Paris réagit
François Fillon réprouve
le recours à la violence
Il y a un mois, Nicolas Sarkozy a
adjuré l’Ivoirien Laurent Gbagbo,
président autoproclamé malgré le
verdict des urnes, de quitter le pou-
voir. Depuis que la Tunisie est ébran-
lée par les violences, pas la moindre
déclaration forte du président fran-
çais à l’endroit des dirigeants de son
ancien protectorat, dont la police a
tiré à balles réelles sur la foule. Deux
poids deux mesures?
Après un communiqué timoré du
Quai d’Orsay lundi, il a fallu que le
bilan des victimes atteigne au moins
66 morts, selon la Fédération inter-
nationale des ligues de droits de
l’homme, dont un Franco-Tunisien,
pour que le premier ministre, Fran-
çois Fillon, s’émeuve jeudi de «l’utili-
sation disproportionnée de la vio-
lence».
Mardi,
sa
consœur
des
Affaires étrangères, Michèle Alliot-
Marie, en était encore à proposer de
mettre à la disposition des autorités
tunisiennes «le savoir-faire» français
en matière de sécurité pour «régler
des situations sécuritaires de ce
type». Le malaise engendré par le
mutisme français a été répercuté par
plusieurs ténors politiques, notam-
mentdegauche,tellesocialisteJean-
Marc Ayrault, qui a jugé hier «inévi-
table» le départ du président Ben Ali.
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë,
né en Tunisie, comme feu Philippe
Séguin qui en était un grand ami, a
luiaussiprissesdistancesendépitde
ses attaches: «Je suis au côté du peu-
ple tunisien.»
Passer l’éponge
La discrétion, voire la complai-
sance, de Paris à l’égard des métho-
des du régime autocrate et de ses
violations des droits de l’homme
n’est pas nouvelle. Elle lui a fait pas-
ser l’éponge sur quantité de frasques
du clan Ben Ali. Dans les années
1990, Moncef, le frère du président,
porteur de valises dans le réseau de
trafiquants de drogue de la «cous-
cous connection», n’a jamais purgé
sa peine de prison en France. Plus
récemment, c’est à peine si les ne-
veux de Leïla,l’épouse de Ben Ali,ont
été inquiétés par la justice française
pour avoir volé le yacht d’un ban-
quier parisien, proche de Nicolas
Sarkozy.
Cetteindulgenceatoujoursétéde
misedepuisl’indépendancedelaTu-
nisie en 1956, à l’exception des quel-
ques critiques formulées à l’époque
où Lionel Jospin était premier minis-
tre (1997-2002), rappelle Vincent
Geisser, chercheur au CNRS. «La
France est soucieuse de ne pas frois-
ser le gouvernement en place et n’a
jamais, contrairement aux Etats-
Unis, noué en Tunisie de liens avec la
société civile», explique-t-il.
Si Ben Ali est loin d’être aussi pétri
de francophilie que son prédéces-
seur Bourguiba, Paris a toujours ac-
crédité l’idée qu’il était le meilleur
rempart du monde arabe contre l’is-
lamisme. D’autant mieux qu’il a cul-
tivé l’image d’une Tunisie moder-
niste, séculariste, soucieuse de la
conditiondesfemmesetcoopérative
enmatièredeluttecontrel’immigra-
tion illégale. «Cette vision idéologi-
que,résumeVincentGeisser,afaitde
la Tunisie une petite oasis de stabi-
lité», choyée par la France à chacune
de ses visites officielles. En 2003, Jac-
ques Chirac estimait à Tunis que «le
premier droit de l’homme, c’est celui
de se nourrir».Ily a deux ans,Nicolas
Sarkozy, qui venait y conclure plu-
sieurscontratsd’affaires(Airbus,Als-
tom), a affirmé: «Aujourd’hui, l’es-
pacedelibertéprogresse.Cesontdes
signaux encourageants que je veux
saluer.»
A. M.-K.
Conseil de Berne aux Suisses: «Rentrez!»
Une Suisso-Tunisienne
tuée par la police
«Tout s’est passé vers 17h30. Il y
avait une foule dans la rue, des ma-
nifestants qui criaient des slogans
contre le président, et beaucoup
d’agitation, des bruits de balles
aussi», raconte Hédia, la sœur
d’une ancienne infirmière de 67
ayant la double nationalité suisse
et tunisienne. Laquelle a été tuée
mercredi soir à Dar Chaabane el
Fehri, près de Nabeul, dans le nord
de la Tunisie. Le Temps a joint Hé-
dia par téléphone, qui témoigne.
«Ma sœur, qui était en vacances
chez notre mère, a entendu du
bruit et est sortie sur la terrasse, en
haut de la maison, avec d’autres
femmes. Elles étaient six ou sept.
Ce sont elles qui m’ont raconté
comment c’est arrivé. Moi, j’avais
essayé de venir à la maison, mais il
y avait des policiers et les soldats
dans la rue, et des cartouches par-
tout, je suis rentrée chez moi.
»Les policiers avaient déjà tiré
dans la foule, et deux enfants ont
été tués, ils avaient 12 et 14 ans. Des
soldats n’ont pas voulu les laisser
tirer alors ils sont montés en haut
de la mosquée, qui se trouve en face
de la maison, à une centaine de
mètres. Ils étaient deux ou trois. Les
policiers ont tiré sur ma sœur, ils
ont tiré deux fois. Une balle a at-
teint le mur, et la deuxième a tou-
ché ma sœur à la gorge, près de
l’oreille. Il n’y a eu aucune somma-
tion. Elle est morte en un quart
d’heure. Nous l’avons emmenée à
l’hôpital où il n’y avait pas de mé-
decin. Maintenant, son corps est à
la morgue et doit être autopsié.
»La fille de ma sœur n’est pas
encore au courant, c’est une fille
unique, elle est chez une voisine. Le
mari de ma sœur doit arriver cet
après-midi [jeudi] de Suisse. Ils ha-
bitent dans la banlieue de Lau-
sanne. Ma sœur travaillait comme
infirmière aide opératrice en chi-
rurgie. Elle était en Suisse depuis
plus d’une dizaine d’années.
»Ma mère pleure et crie comme
une folle. Nous crions tous.»
Sites touristiques touchés
Un des neveux de la victime ré-
sidant en Suisse, Adel Tajouri, a
indiqué que sa tante, retraitée,
avait travaillé à Neuchâtel et Yver-
don. Le CHUV, à Lausanne, a pour
sa part démenti que cette femme
avaitétéleuremployée.Hier,pour
la première fois depuis le début
des révoltes, le Département fédé-
ral des affaires étrangères (DFAE)
a appelé la Tunisie au «respect du
dialogue, des libertés fondamen-
tales et des droits humains;
ceux-ci incluent la liberté d’opi-
nion et de réunion».
Le mouvement s’étend désor-
mais dans les zones touristiques,
comme Djerba ou Hammamet,
qui étaient livrées aux pilleurs: un
poste de police, un bâtiment ad-
ministratif ont été détruits, ainsi
que des résidences qui appartien-
draient, selon les habitants, aux
proches du chef de l’Etat.
Face à l’accélération des violen-
ces, la présidente de la Confédéra-
tion, Micheline Calmy-Rey, a ex-
primé sa «préoccupation» pour
les Suisses de Tunisie. Aussi, le
DFAE déconseille désormais aux
Suisses de se rendre dans le pays.
Actuellement, 230 touristes ayant
voyagé avec Kuoni se trouvent en
Tunisie, une centaine avec TUI et
95 avec Hotelplan, qui a contacté
ses clients pour organiser leur re-
tour vendredi.
Catherine Frammery
Collaboration: Feriel Mestiri
Otages au Niger: Al-Qaida revendique
Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a revendi-
qué jeudi, dans un enregistrement audio diffusé par
la chaîne Al-Jazira, l’enlèvement de deux jeunes
Français au Niger retrouvés morts après un assaut
des forces françaises en territoire malien. La justice
française a indiqué hier qu’outre les deux otages,
quatre ravisseurs et trois gendarmes nigériens
étaient morts. Mais, près d’une semaine après les
faits, la confusion continuait de régner sur le dérou-
lement de l’opération et sur les circonstances exactes
du décès des deux otages. Le Ministère français de la
défense a affirmé que les corps des deux Français
avaient été retrouvés «entravés» avec des impacts de
balles: l’un d’eux tué d’une balle dans la tête et «le
corps du second portait plusieurs impacts de balles
et des brûlures importantes». Ces éléments vont
dans le sens d’une exécution comme l’a affirmé le
premier ministre, François Fillon. (AFP)
Enquête sur Eric Woerth
L’ancien ministre français du Travail, Eric Woerth, déjà
au cœur de l’affaire Bettencourt, va faire l’objet d’une
enquête judiciaire pour «prise illégale d’intérêts» au
sujet des conditions de vente d’un hippodrome à
Compiègne, près de Paris, a annoncé jeudi le Parquet
général près la Cour de cassation, la plus haute juri-
diction pénale française. La Cour de justice de la Répu-
blique, seule apte à juger des infractions commises
par des membres du gouvernement dans l’exercice de
leurs fonctions, pourrait juger l’ancien ministre. (AFP)
DR
Berlusconi: les procès pourraient reprendre
Italie
La Cour constitutionnelle a opté pour un compromis sur la loi d’immunité
Pour des motifs «d’opportunité
politique», les juges de la Cour
constitutionnelle italienne avaient
préféré repousser leur verdict sur
l’immunité judiciaire de Silvio Ber-
lusconi,
prévu
initialement
le
14 décembre dernier, jour du vote
de la motion de censure contre le
chef du gouvernement. A la Cham-
bre des députés, celui-ci avait fina-
lement échappé de justesse, pour
trois voix seulement, à la démis-
sion forcée. Jeudi, les membres de
la Cour ont terminé l’examen de la
loi dite de «l’empêchement légi-
time» et considéré que la protec-
tion dont il bénéficie était partiel-
lement inconstitutionnelle.
La loi sur mesure qu’il a fait
adopter l’an passé par sa majorité
de droite prévoit qu’il puisse pen-
dant dix-huit mois, c’est-à-dire jus-
qu’en octobre prochain, ne pas ré-
pondre
aux
convocations
des
procureurs milanais en prenant
prétexte d’engagements politiques
et
institutionnels,
l’empêchant
donc «légitimement» de se présen-
ter aux audiences. Cette loi, consi-
dérée comme provisoire par ses
promoteurs, avait été votée en ur-
gence pour éviter que le Cavaliere
ne se retrouve nu devant la justice
après que la Cour constitutionnelle
eut déjà retoqué une autre mesure
accordant une immunité, totale
cette fois, au président du Conseil
durant l’exercice de son mandat.
Fraude fiscale, corruption
La Cour avait en effet estimé que
cette dernière solution, qui rompt
le principe de l’égalité des citoyens
devant la loi, devait passer par une
réforme de la Constitution, beau-
coup plus difficile à faire adopter
au parlement. En attendant, «l’em-
pêchement légitime», voté à la ma-
jorité simple, devait donc permet-
tre de boucher un vide juridique
périlleux pour le chef du gouverne-
ment. Mais au bout du compte, la
Cour constitutionnelle a égale-
ment égratigné hier la dernière pa-
rade du Cavaliere. Ses quinze mem-
bres ont jugé que la norme était
admissible dans son principe, mais
ils ont repoussé son caractère auto-
matique.
En clair, Silvio Berlusconi devra
trouver
des
prétextes
valables
pour ne pas se présenter au tribu-
nal de Milan ou il est soupçonné
de fraude fiscale et de corruption
de témoins. Par exemple, l’inaugu-
ration d’un tunnel sur une auto-
route ne pourra plus comme par le
passé lui servir d’alibi pour ne pas
s’expliquer sur le versement sup-
posé de 600 000 dollars à l’avocat
anglais David Mills déjà con-
damné à 4 ans et 6 mois de prison
pour avoir menti aux autorités ita-
liennes à propos de pots-de-vin de
la Fininvest.
Prescription
«La Cour constitutionnelle a dé-
cidé que ce sont les juges eux-mê-
mes qui évalueront si l’empêche-
ment est légitime», a commenté,
avec regret, Osvaldo Napoli, un dé-
puté proche de Silvio Berlusconi.
Suspendus en attente du verdict de
la Cour constitutionnelle, les pro-
cès
devraient
donc
reprendre.
Même si, à terme, Silvio Berlusconi
devrait échapper à une éventuelle
condamnation grâce à la prescrip-
tion, l’obligation de se rendre dans
les prochains mois au tribunal
pourrait l’affaiblir ultérieurement.
«La sentence de la Cour constitu-
tionnelle n’aura aucune influence
sur la tenue du gouvernement», a
toutefois assuré mercredi l’inté-
ressé. Une partie de l’opposition
craint même qu’il ne décide d’en
profiter pour se présenter comme
une victime des juges, lesquels
l’empêcheraient de gouverner. Une
arme qu’il pourrait notamment
utiliser en cas d’éventuelles élec-
tions législatives anticipées. A l’an-
nonce de la décision, l’entourage
de Silvio Berlusconi a d’ailleurs fait
savoir que celui-ci se rendra ven-
dredi matin dans les studios télévi-
sés de son groupe pour s’adresser
aux Italiens et dénoncer «la persé-
cution judiciaire» dont il serait
l’objet.
Eric Jozsef, Rome
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents